Étude de cas d'Al-Pac
Partie II - Obstacles réglementaires
et options stratégiques
Daniel
Farr, Biota Research
Steve
Kennett, Institut canadien du droit des ressources
Monique
M. Ross, Institut canadien du droit des ressources
Brad Stelfox, Forem Technologies
Marian
Weber, Alberta Research Council
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Cette étude de cas a été commandée
comme recherche de base pour La Conservation du capital naturel
du Canada: Le programme de la forêt boréale.
Les opinions exprimées dans l’étude de
cas sont celles des auteurs et ne représentent pas
nécessairement celles de la Table ronde nationale,
de ses membres ou des membres du Groupe de travail du programme.
Juillet
2004
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3. Méthode de l’étude
de cas
Cette partie du document
traite de trois aspects de la méthode de l’étude
de cas qui se rapportent à l’analyse de la réglementation
: (1) cadre analytique général; (2) méthodes
de recherche; (3) participation des intervenants autochtones.
3.1. Cadre analytique
L’analyse de
la réglementation présentée dans cette partie
du rapport s’inscrit dans le cadre analytique général
élaboré pour l’étude de cas de la ZGF
d’Al-Pac par l’équipe de projet 7.
Au cœur de ce cadre s’inscrit la série d’objectifs
possibles de gestion pour la ZGF d’Al-Pac, qui a été
définie et analysée dans la première partie.
Ces objectifs ont été retenus parce qu’ils indiquent
comment l’exploitation du territoire et des ressources dans
la région pourrait être gérée de façons
qui soient favorables à la conservation de divers aspects
du capital naturel. La sélection initiale des objectifs reposait
sur le savoir-faire des membres de l’équipe de projet
et sur un examen de la documentation publiée pertinente.
L’équipe de projet a ensuite peaufiné les objectifs
en procédant entre autres à une analyse plus poussée
et à un examen des commentaires obtenus dans le cadre des
entrevues auprès des intervenants et d’un atelier sur
l’étude de cas, qui a eu lieu à Fort McMurray,
le 3 mai 2004.
La première
partie du rapport démontre comment ces objectifs sont liés
à la fois aux valeurs de la conservation dans la ZGF d’Al-Pac
et à l’ensemble des utilisations humaines du territoire
et des ressources qui aura ou pourrait avoir des effets négatifs
sur le capital naturel de la région. La première partie
fournit ainsi la base de l’analyse dans les parties II et
III des obstacles à la conservation du capital naturel (c.-à-d.
les obstacles à la réalisation des objectifs de gestion)
et des options stratégiques pour surmonter ces obstacles.
3.2. Méthodes de recherche
La méthode
de recherche la plus importante qui s’est appliquée
à cette analyse des enjeux et des options réglementaires
se compose d’une série d’entrevues clés,
certaines réalisées en personne, mais dans la plupart
ayant été effectuées par téléphone.
Les personnes interrogées comptaient des membres du Groupe
de travail qui supervisent le Programme de la forêt boréale
de la TRNEE, ainsi que des représentants du gouvernement
(fédéral et provincial), de l’industrie (pétrole
et gaz, foresterie), de groupes environnementaux et d’organismes
autochtones. Une liste des personnes interrogées figure à
l’annexe 1. La sélection de ces personnes s’est
faite surtout d’après les principaux intervenants que
connaissait l’équipe de projet, et d’après
les suggestions formulées par des membres du Groupe de travail,
par le personnel de la TRNEE et par les personnes interrogées.
L’équipe de projet avait pour objectif d’interroger
un vaste éventail de représentants des principaux
intervenants et d’autres personnes qui s’intéressent
à la ZGF d’Al-Pac ou qui la connaissent. Les personnes
interrogées ne constituent néanmoins pas un échantillon
représentatif d’un groupe plus large. Les contraintes
de temps et de budget n’ont pas permis de mener une série
d’entrevues plus complète.
En général,
on communiquait d’abord par courriel avec les personnes pressenties
pour les entrevues, pour voir si elles accepteraient de se prêter
à cet exercice. La lettre de première prise de contact
figure à l’annexe 2. Au moins un courriel de suivi
était envoyé aux personnes qui n’avaient pas
répondu à la première demande d’entrevue.
Toutes les personnes interrogées ont reçu un exposé
des points de discussion avant l’entrevue (voir l’annexe
2). Un petit nombre des personnes avec lesquelles nous avons communiqué
nous en ont recommandé d’autres au sein de leur organisme
que nous pourrions interroger et, dans certains cas, plusieurs personnes
d’un même organisme ont été interrogées.
En général, les entrevues duraient environ une heure
et portaient sur une partie mais non sur la totalité des
enjeux définis dans l’exposé. Certaines entrevues
collaient de près à la liste des questions figurant
dans l’exposé, tandis que d’autres se faisaient
de manière moins structurée. Toutes les entrevues
ont été menées sous le couvert de l’anonymat.
À l’information
et aux idées recueillies auprès des personnes interrogées,
nous avons ajouté les commentaires reçus lors de l’atelier
des intervenants à Fort McMurray. Le programme de l’atelier
et une copie de l’« Exposé des enjeux et des
options pour les participants à l’atelier »,
distribués avant l’atelier figurent à l’annexe
3. Les membres de l’équipe de projet ont participé
à l’atelier, et des notes sommaires rédigées
par le personnel de la TRNEE ont été révisées
et intégrées dans le rapport de l’étude
de cas.
L’analyse qui
suit s’inspire surtout de ces sources de commentaires des
intervenants, même si elle reflète également
l’expertise des membres de l’équipe de projet
et les résultats d’un examen de la bibliographie pertinente.
Dans un projet de cette portée, la présentation des
résultats reflète inévitablement une série
de choix implicites et explicites concernant les sujets sur lesquels
il était important d’insister et la profondeur de l’analyse
à présenter. Les auteurs se sont efforcés de
présenter un examen aussi exhaustif que savamment dosé
des enjeux et des options dans le cadre de l’échéancier
du budget imparti pour ce projet.
3.3. Participation des intervenants
autochtones
D’entrée
de jeu, il importe de signaler que les Autochtones 8ne
sont pas « un intervenant comme les autres », du fait
qu’ils jouissent d’une protection particulière
de leurs droits en vertu de la Constitution. Tel que mentionné
précédemment, ils peuvent prétendre être
consultés par le gouvernement dans le contexte de l’exploitation
des ressources qui pourrait avoir une incidence sur leurs droits,
et les tribunaux et les gouvernements sont en train de définir
en quoi consistent des processus de consultation « adéquats
».
Les collectivités
autochtones qui vivent à l’intérieur ou à
proximité de la ZGF d’Al-Pac ont été
profondément marquées par l’intensité
de l’exploitation des ressources, en commençant par
les sables bitumineux et l’exploitation traditionnelle du
pétrole et du gaz, puis par les activités forestières.
Selon eux, la participation à un processus d’entrevue
qui sollicite leur opinion sur les questions de gestion du territoire
et des ressources, aux fins de formuler des recommandations au gouvernement
sur la réforme juridique et fiscale, peut devenir un «
processus de consultation ». Or, en raison de l’incertitude
juridique et de l’évolution politique dans cette région
actuellement, les collectivités autochtones se sont montrées
réticentes à être interrogées par des
consultants dont ils ne percevaient pas clairement le rôle.
Ils ont adopté la position suivante : c’est la TRNEE
qui aurait dû les aborder dès le début du projet,
et qui aurait dû les faire participer à la formulation
et à la planification de la recherche. Une femme membre d’une
collectivité autochtone a refusé d’être
interrogé parce qu’elle considérait l’entrevue
comme une forme de consultation avec Al-Pac, et qu’Al-Pac
n’avait pas encore discuté des incidences de ses activités
ni conclu une entente avec sa collectivité. Un aîné
d’une autre collectivité autochtone, qui s’est
opposé à ce qu’il considérait comme une
consultation inappropriée avec la collectivité, a
exprimé la même réticence. Selon lui, une entrevue
téléphonique n’était pas satisfaisante,
et il lui semblait préférable que l’entrevue
se fasse en personne. Il a ajouté qu’il était
réticent à participer sans le soutien des autres aînés
de la collectivité.
Les limites de temps
et de budget imposés à ce projet de recherche n’ont
pas permis le type d’entrevues que les représentants
autochtones auraient considéré comme adéquates.
Un autre facteur est venu compliquer cette situation : le fait que
les collectivités autochtones dans la ZGF d’Al Pac,
notamment celles qui se trouvaient dans la région de Fort
McMurray, soient inondées de demandes de consultation par
les sociétés d’exploitation des ressources,
les organismes gouvernementaux, entre autres intervenants. De nombreux
représentants et membres des collectivités autochtones
souffrent donc de cette surabondance de demandes. Par conséquent,
ils n’ont ni le temps ni la capacité humaine de répondre
à des demandes d’entrevues par des consultants, lorsque
ces entrevues ne répondent pas à un besoin immédiat
ou ne leur apportent aucun avantage direct.
Néanmoins,
l’équipe de projet a réussi à obtenir
certains commentaires de deux collectivités autochtones,
et plusieurs représentants autochtones ont participé
à l’atelier de Fort McMurray à l’invitation
de la TRNEE. En outre, les personnes interrogées et les participants
à l’atelier qui n’étaient pas autochtones
ont exprimé leurs points de vue sur les questions autochtones,
points de vue qui sont pris en compte dans le présent rapport.
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