Évaluation
de l'initiative de réaménagement
des sites urbains contaminé réhabilitables
Résumé
le
2 mai 2005
Acronymes utilisés
dans ce rapport
|
ASTM |
American Society for Testing and Materials |
RSUC |
Réaménagement des sites urbains contaminés
réhabilitables |
IRSUC |
Initiative de réaménagement des sites urbains
contaminés réhabilitables |
CBN |
Canadian Brownfields Network |
CCME |
Conseil canadien des ministres de l'environnement |
NBA |
National Brownfield Association (État-Unis et Canada) |
ONG |
Organisation non gouvernementale |
TRNEE |
Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie |
CGRR |
Cadre de gestion et de responsabilisation axées sur
les résultats |
Définitions
liées aux méthodes d’évaluation
|
Participants |
Personnes qui ont directement participé
à l’initiative de la TRNEE en qualité de
membre du groupe de travail sur le réaménagement
des sites urbains contaminés réhabilitables ou
en qualité de consultant auprès du groupe de travail
ou de ses comités. |
Parties intéressées |
Personnes qui ont assisté aux ateliers ou aux autres
événements organisés dans le cadre de l’IRSUC,
qui ont reçu des documents du groupe de travail ou qui,
autrement, ont été repérées comme
des personnes s’intéressant au RSUC. |
Répondants |
Personnes qui ont rempli les formulaires de sondage à
l’occasion du processus d’évaluation. |
Interlocuteurs privilégiés |
Personnes qui ont été interrogées en
toute confidentialité en vue de fournir des renseignements
aux évaluateurs. |
RÉSUMÉ
Fondée en 1994, la Table ronde nationale
sur l’environnement et l’économie (TRNEE) est
un organisme fédéral indépendant financé
par les pouvoirs publics. La TRNEE a pour mandat de «
jouer un rôle catalyseur dans la définition, l’interprétation
et la promotion, pour tous les secteurs de la société
canadienne de même que pour toutes les régions du pays,
des principes et de la pratique du développement durable
». La TRNEE prodigue des conseils et des recommandations
aux décideurs du gouvernement fédéral et à
d’autres intervenants sur le plan national, dans des domaines
qui se situent au carrefour de l’environnement et de l’économie.
L’évaluation indépendante
de l’Initiative de réaménagement des sites urbains
contaminés réhabilitables (IRSUC) a été
réalisée par Prairie Research Associates. Elle évalue
l’incidence des travaux de la TRNEE dans ce domaine, en examinant
la pertinence du programme et la mesure dans laquelle il a permis
d’appuyer les résultats immédiats et stratégiques
de l’organisme.
MÉTHODOLOGIE
Soixante-deux personnes issues de divers secteurs
ont participé à l’évaluation.
Secteur d’activité
ou industrie de l’organisme |
Secteur |
Entrevues |
Sondage par télécopieur |
Total |
|
Participants |
Autres parties intéressées |
Participants |
Autres parties intéressées |
Nombre |
% |
Organisme / ministère fédéral |
2 |
3 |
5 |
2 |
12 |
22% |
Organisme / ministère provincial ou territorial |
2 |
0 |
4 |
3 |
9 |
16 % |
ONG environnementale |
11 |
1 |
3 |
2 |
17 |
30 % |
Milieu universitaire |
1 |
1 |
3 |
1 |
6 |
11 % |
Administration municipale |
1 |
0 |
1 |
0 |
2 |
4 % |
Autres ONG ou organisme sans but lucratif |
2 |
1 |
1 |
0 |
4 |
7 % |
Secteur privé |
1 |
0 |
1 |
1 |
3 |
5 % |
Groupe autochtone |
1 |
0 |
1 |
1 |
3 |
5 % |
Total |
21 |
6 |
19 |
10 |
56 |
100% |
L’étude a suivi les méthodologies
suivantes :
- Un examen des documents qui comprenait
une étude des divers documents, rapports et autres;
- Une revue de la documentation pertinente
afin d’examiner le processus consultatif d’élaboration
de politiques entrepris par la TRNEE, d’autres institutions
et initiatives analogues relevant d’autres juridictions,
la justification de la méthode suivie par la TRNEE axée
sur la consultation des intervenants et la signification de l’approche
au regard des résultats du programme de réaménagement
des sites urbains contaminés réhabilitables;
- Des entrevues avec les interlocuteurs
privilégiés qui ont été réalisées
auprès de 19 participants au programme (y compris les membres
de la TRNEE et du groupe de travail) ainsi que 10 autres entrevues
auprès d’autres parties intéressées;
- Des sondages ont été
transmis par télécopieur à un total
de 220 intervenants afin de saisir l’importance de la question
du réaménagement des sites urbains contaminés
réhabilitables et la mesure dans laquelle le programme
et ses extrants (c.-à-d. rapports, recherches) pourraient
avoir influé sur les gouvernements et les décideurs.
Le taux de réponse a été faible : 27 sondages
seulement ont été remplis (sur 160 sondages transmis,
soit 17 %) et renvoyés par les participants, et six sondages
(sur les 60 questionnaires transmis, soit 10 %) ont été
reçus de la part des autres parties intéressées.
Le taux de réponse n’a pas été plus
élevé parce que les intervenants qui participaient
moins aux programmes ne possédaient pas beaucoup de connaissances
sur le sujet ou étaient peu intéressés à
participer au sondage deux ans après la conclusion du programme.
DESCRIPTION DU PROGRAMME
Au Canada, un site urbain contaminé
réhabilitable est défini comme une «
propriété industrielle ou commerciale abandonnée,
inoccupée ou sous-utilisée, où les activités
qui s'y exerçaient ont laissé une contamination réelle
ou probable de l'environnement et qui présente un bon potentiel
de réaménagement » 1.
Le réaménagement des sites urbains contaminés
réhabilitables (RSUC) désigne le processus
de restauration des friches industrielles à l’occasion
duquel on les dote de services publics, de voies d’accès,
et on rénove les structures ou les bâtiments existants
ou on en construit de nouveaux afin qu’ils soient de nouveau
activement exploités. Au Canada, les différents rôles
et responsabilités inhérents au RSUC varient d’une
province à l’autre. Alors que les administrations municipales
conçoivent et mettent en œuvre des règlements
en matière de zonage et d’aménagement du territoire,
les provinces sont en général chargées de l’application
des lois en matière d’environnement et des questions
de responsabilité dans ce domaine.
L’initiative sur les sites urbains contaminés
de la TRNEE a été lancée à la suite
de sa mention dans le Budget fédéral de 2001. Cette
initiative « visait à établir une stratégie
nationale regroupant des mesures fédérales, provinciales,
municipales et du secteur privé pour favoriser le réaménagement
des sites urbains contaminés au Canada 2».
L’IRSUC de la TRNEE a été décrite
comme un processus concerté d’élaboration de
politiques impliquant des représentants du secteur privé,
d’organismes sans but lucratif (non gouvernementaux) ainsi
que des intérêts gouvernementaux de différentes
régions. Parmi les activités du groupe de travail
de la TRNEE, entreprises à l’occasion de l’élaboration
de la stratégie des sites urbains contaminés, figurent
le recrutement des membres du groupe de travail; des réunions
exploratoires entre la TRNEE, des hauts fonctionnaires fédéraux
et du Conseil canadien des ministres de l’environnement (CCME);
des réunions du groupe de travail, un atelier des intervenants;
la commande de travaux de recherche; et la production du projet
de Stratégie nationale, de sa version mise à
jour et de sa version finale (parue au mois de février 2003).
Au cours de l’exercice 2003-2004, la TRNEE a organisé
une série de sept séances d’information d’une
demi-journée chacune dans des villes canadiennes importantes.
Le budget total de l’IRSUC était de
547 735 $ en 2002-2003 et de 386 757 $ en 2003-2004.
RÉSULTATS DE L’ÉVALUATION
I. Importance du réaménagement
des sites urbains contaminés réhabilitables et positionnement
de cette question comme enjeu
Importance du réaménagement
des sites urbains contaminés réhabilitables
Tous les interlocuteurs privilégiés
ainsi que les participants et autres parties intéressées
s’accordaient sur l’importance du RSUC, et la plupart
d’entre eux participaient directement à cette question
de manière quotidienne. Ce groupe était composé
de représentants du secteur privé, d’ONG et
de divers paliers de gouvernement. La plupart des interlocuteurs
privilégiés ont reconnu que le RSUC était une
question aux multiples facettes et se sont montrés intéressés
à en savoir plus sur celles-ci. Toutefois, ils ont en général
concentré leur attention sur un aspect particulier de cette
question, comme les aspects techniques, les questions relatives
à la réglementation ou les facteurs de risque. Tous
les interlocuteurs privilégiés souhaitaient que le
RSUC s’intensifie et ont reconnu la complexité des
obstacles au réaménagement. En plus de l’intérêt
démontré par les interlocuteurs privilégiés,
la plupart des répondants aux sondages des participants ont
indiqué que le RSUC était directement lié aux
activités de leur organisation.
Positionnement par rapport aux priorités
et aux objectifs du gouvernement
Depuis que le discours du budget fédéral
de 2001 a enjoint la TRNEE d’aborder le sujet du RSUC, les
questions des friches industrielles et des terrains contaminés
sont régulièrement soulevées dans les déclarations
des représentants du gouvernement. L’engagement du
gouvernement fédéral et son appui en faveur de la
restauration des sites contaminés lui appartenant ont été
mentionnés dans les discours des budgets de 2003 et de 2004
4. Plus récemment, dans
le discours du budget de 2005, le gouvernement fédéral
a évoqué les friches industrielles, notamment celles
qui n’appartiennent pas au gouvernement fédéral
5. Cette annonce récente
renvoyait au nouveau pacte pour les villes et les collectivités
et aux initiatives prises par les Fonds municipaux verts.
Les interlocuteurs privilégiés, issus
du gouvernement ou d’autres secteurs, ont indiqué que
l’IRSUC s’accordait bien avec les objectifs, les priorités
et les activités de leurs propres organisations et ont accueilli
très favorablement le contenu du document exposant la Stratégie
nationale.
II. Le rôle de la TRNEE en matière
de réaménagement des sites urbains contaminés
réhabilitables
Tant les interlocuteurs privilégiés
que l’examen de la documentation pertinente indiquent que
l’approche concertée suivie par la TRNEE constituait
un moyen approprié de dégager une perspective commune
sur le RSUC. Les interlocuteurs privilégiés et les
répondants convenaient en général que la TRNEE
avait un rôle essentiel à jouer et constituait l’organisme
approprié pour organiser et faciliter l’IRSUC. Les
interlocuteurs privilégiés participants ont souligné
les points forts de la TRNEE pour occuper ce rôle, notamment
:
- elle ne fait partie d’aucun ministère
en particulier;
- elle est reconnue par le ministère des
Finances et le bureau du premier ministre;
- elle est considérée comme neutre
et impartiale par les divers intervenants;
- elle confère à cette question une
perspective nationale tout en maintenant une certaine distance
par rapport aux jeux de politique fédérale et des
groupes d’intérêts.
Les interlocuteurs privilégiés ont aussi
approuvé l’approche suivie par la TRNEE centrée
sur une consultation d’intervenants provenant de divers secteurs.
Tant les interlocuteurs privilégiés
participants que non participants ont eu du mal à désigner
une autre organisation susceptible de réaliser les travaux
de la TRNEE dans le cadre de l’IRSUC. Quelques interlocuteurs
privilégiés ont suggéré que le CCME
ou Environnement Canada pourrait peut-être assumer ce rôle.
Les interlocuteurs privilégiés ont aussi réfléchi
à la situation actuelle postérieure à l’IRSUC,
et nombreux estimaient que la contribution de la TRNEE serait précieuse
pour faire avancer la cause du RSUC si son mandat était renouvelé
(dans ce domaine). Plusieurs interlocuteurs privilégiés
représentant d’autres parties intéressées
ont indiqué que le Canadian Brownfields Network (CBN) tente
maintenant de remplir ce rôle et que d’autres ONG, comme
la Fédération canadienne des municipalités,
ont aussi contribué aux progrès continus du RSUC pour
figurer dans l’ordre du jour des politiques publiques. Toutefois,
aucun de ces groupes n’était aussi bien placé
que la TRNEE pour mener un processus de consultation à l’échelle
nationale.
III. Influence du programme
Utilisation éventuelle des travaux
réalisés par la TRNEE
La plupart des interlocuteurs privilégiés,
les participants et autres parties intéressées ont
indiqué avoir utilisé les documents de différentes
manières, en particulier la Stratégie nationale
qui, selon eux, ajoutait aux connaissances sur le RSUC et permettait
de mieux comprendre le sujet. De nombreux interlocuteurs privilégiés
connaissaient déjà bien ces questions, mais les participants
ont indiqué que la participation à l’IRSUC leur
a permis de mieux saisir d’autres perspectives ainsi que leurs
interactions. Par contre, quelques interlocuteurs privilégiés
(une petite minorité) se sont montrés moins positifs
au sujet des documents rédigés dans le cadre de l’IRSUC,
estimant qu’ils n’avaient pas fait l’objet d’une
distribution aussi large qu’ils l’avaient espéré
et que le contenu de la stratégie s’inspirait en grande
partie d’autres sources.
Progrès menant à l’atteinte
de résultats
L’un des principaux objectifs de l’évaluation
était de cerner l’incidence du programme. À
court terme, les résultats obtenus par la TRNEE étaient
notamment une meilleure sensibilisation du client et une meilleure
compréhension des problèmes et des possibilités.
À long terme (de un à cinq ans), figuraient l’influence
sur le plan de l’élaboration des politiques gouvernementales
et les décisions clés ayant des répercussions
sur l’environnement.
Les opinions divergeaient quant à savoir si
les extrants de l’IRSUC, notamment la Stratégie
nationale, touchaient leur auditoire cible. Les participants
directs ont rapporté que le document constituait un outil
éducatif utile doublé d’un outil de référence
sur le plan des principes et des recommandations. La généralité
de l’appui au processus parmi les intervenants a été
largement considérée comme une composante essentielle
de ce document. Comme l’indique un interlocuteur privilégié
: « Ils ont tout compris ». Toutefois, malgré
ces échos favorables et la circulation de la Stratégie
nationale, l’opinion répandue insistait sur la
nécessité de la communiquer davantage et d’intensifier
les activités de sensibilisation, même après
la rédaction de la stratégie et la réalisation
de la « tournée urbaine » de la TRNEE. La plupart
des interlocuteurs privilégiés ont reconnu le rôle
limité de la TRNEE à cet égard et certains
ont noté les efforts du CBN et des chapitres canadiens de
la National Brownfield Association (NBA) pour assurer ce rôle.
Toutefois, une préoccupation sous-jacente demeure que le
RSUC perdrait sa prééminence dans l’ordre du
jour de politique publique à moins de réaliser un
sérieux effort pour le publiciser davantage.
Les répondants estimaient que l’IRSUC
réussissait à réunir les pièces
du casse-tête en matière d’approche concertée
nationale, mais se sont montrés moins positifs sur la question
de savoir si l’initiative avait pu impliquer l’éventail
complet des intérêts afin de promouvoir le RSUC. Les
répondants ont exprimé un avis mitigé quant
à savoir si l’IRSUC avait contribué à
la création d’instruments de politique publique visant
à relever les défis prioritaires du RSUC.
Les interlocuteurs privilégiés étaient
partagés sur la question de l’influence exercée
par l’IRSUC sur le plan de l’élaboration de la
politique publique. Une faible majorité a déclaré
que seuls des petits changements avaient eu lieu dans les différentes
provinces, et aucuns d’entre eux n’a évoqué
la possibilité de changements importants. Peu d’entre
eux étaient en mesure d’évaluer les progrès
interprovinciaux qui avaient pu être réalisés.
Une grande majorité a indiqué qu’elle ne savait
pas si les travaux de la TRNEE avaient entraîné des
changements en matière de politique gouvernementale. Parmi
les « retombées » de l’IRSUC évoquées
par les interlocuteurs privilégiés figurent la création
du CBN (citée par une majorité), les chapitres canadiens
de la NBA, les activités de lobbyisme exercées par
les ONG et les recherches effectuées par la Société
canadienne d'hypothèques et de logement.
Le sentiment général, exprimé
par les interlocuteurs privilégiés et confirmé
par les répondants, est que les progrès réalisés
sur le front du RSUC sont lents. L’opinion commune veut que
les divisions des compétences demeurent un obstacle au progrès,
et les gouvernements semblent ne pas pouvoir ou ne pas vouloir régler
les aspects liés à la responsabilité et au
financement dans le cadre d’une approche de RSUC fondée
sur le risque. Ce dernier sujet a aussi tendance à être
éclipsé par d’autres questions figurant à
l’ordre du jour des politiques publiques. Alors que les administrations
municipales ne cessent de se sensibiliser au RSUC et que croît
la volonté de trouver des solutions pratiques et réalisables
émanant du secteur privé, les progrès réalisés
sur le plan des friches industrielles appartenant au gouvernement
fédéral sont mal connus. Tout le monde reconnaît
que le gouvernement fédéral demeure intéressé
par la question.
CONCLUSIONS
Les interlocuteurs privilégiés ont
exprimé plusieurs commentaires d’ordre général
sur le contexte de politique du RSUC, reconnaissant les limites
du mandat de la TRNEE, les nombreuses facettes du sujet et les défis
soulevés par l’obtention de changements législatifs
dans les différentes sphères de compétence.
Les interlocuteurs privilégiés ont offert
les suggestions suivantes :
- le dossier ne pourra progresser que s’il
est piloté par un organisme disposant d’un budget
de fonctionnement;
- un ministère fédéral doit
« promouvoir » le dossier auprès du Cabinet
et du public en général;
- l’approche globale reflétée
dans les recommandations formulées dans la Stratégie
nationale doit être présentée comme un
ensemble, et il faudrait décourager les gouvernements de
sélectionner telle ou telle mesure en particulier
au détriment de cet ensemble;
- les provinces qui ont déjà entrepris
d’apporter des changements à leur législation
et programmes ont moins tendance à adopter toutes les recommandations
formulées dans la Stratégie nationale;
- il existe un « cloisonnement » entre
les différents ministères, à l’intérieur
même des ministères et entre les paliers de gouvernement,
ce qui rend l’approche globale en matière d’élaboration
de politiques particulièrement difficile.
Deux ans après la publication de la Stratégie
nationale, de nombreux interlocuteurs privilégiés
sont encore confrontés à ces questions. Quelques-uns
suggèrent que l’approche tripartite proposée
pour la mise en œuvre de la politique était irréaliste,
même si elle a été efficace au moment de la
formulation de la Stratégie nationale. Pour d’autres,
les questions illustrent un paradoxe inhérent au processus
de la TRNEE : la neutralité du processus était sa
force, mais elle a affaibli les possibilités de promotion
de cette question.
Bien que la TRNEE, par ses travaux, puisse avoir
une influence et éduquer, elle ne peut pas directement invoquer
des changements de politique. En même temps, elle peut présenter
des produits susceptibles d’intéresser un large éventail
de parties intéressées, un résultat que tous
les processus consultatifs ne peuvent revendiquer. Alors que les
conseils prodigués par la TRNEE au milieu des années
1990 étaient le fruit d’un consensus, cette manière
de procéder semble avoir influé dans une certaine
mesure sur le processus de RSUC. Toutefois, l’importance accordée
dès le départ à l’élaboration
d’un processus n’a pas supplanté la volonté
des parties intéressées au RSUC d’obtenir des
extrants pertinents et les résultats souhaités.
À cette fin, les travaux de la TRNEE
dans ces deux domaines semblent davantage relever du processus d’«
aide à la prise de décisions » mentionné
par Gregory et autres (2001) malgré les critiques de ces
auteurs relativement à l’orientation fondée
sur la recherche d’un consensus adoptée par la TRNEE.
Même si le rôle de la TRNEE s’avère limité,
le fondement de son approche est solide et a permis d’obtenir
les produits voulus. Il s’agit d’une méthode
qui pourrait être aussi appliquée à l’articulation
de questions particulières inhérentes à la
mise en œuvre, comme la responsabilité et la gestion
du risque.
Les extrants de l’IRSUC n’auraient pu
être obtenus sans les connaissances, la bonne foi et le dévouement
démontrés par les membres du groupe de travail dans
leur traitement des questions entourant le RSUC et l’aide
conférée par les parties intéressées
et les participants aux événements. En réalisant
l’IRSUC et en formulant la Stratégie nationale,
le groupe de travail a pu s’inspirer de travaux précédents
réalisés par la TRNEE, notamment les documents sur
le RSUC et les conseils relatifs au processus consultatif d’élaboration
des politiques. L’étape de la formulation, l’envergure
nationale des discussions sur les politiques et le fait de ne pas
avoir à traiter en détail d’une friche industrielle
ou d’un cadre réglementaire en particulier, ont aussi
été propices au bon déroulement de l’IRSUC
compte tenu de son budget limité et des délais impartis.
Les parties intéressées n’avaient rien à
perdre à participer au processus et à définir
une vision commune des principes et des obstacles inhérents
au RSUC.
Le document de Stratégie nationale
représente le signe du succès du processus et continue
à être mentionné et à être diffusé
par les intervenants au processus. Les résultats obtenus
sur le plan des politiques sont toutefois beaucoup plus limités,
et il est plus difficile de les attribuer directement à l’IRSUC.
Les intervenants ont en général trouvé que
le processus de l’IRSUC était utile et efficace, mais
ils ont hâte que la politique publique progresse au-delà
des recommandations formulées dans la Stratégie nationale.
Les pressions du marché qui poussent au réaménagement
des friches industrielles sont déjà fortes dans certains
centres urbains, alors qu’elles s’intensifient dans
d’autres.
RECOMMANDATIONS
Au terme de cette évaluation, les recommandations
suivantes sont formulées pour les programmes futurs de la
TRNEE :
- Comme résultat de chaque programme
ou événement, la TRNEE devrait repérer un
groupe d’intervenants clés (principaux interlocuteurs)
composé de stratèges en matière de politiques
environnementales issus du gouvernement (tous les ordres), des
ONG, du milieu universitaire et de participants intéressés
par les programmes. Ces intervenants devraient être considérés
comme la clientèle cible pour l’organisation;
- La TRNEE devrait mettre en place un processus
officiel et régulier de communication de l’information
de suivi aux membres du groupe de travail et aux intervenants
clés sur les résultats obtenus jusqu’à
présent par ses rapports et travaux de recherche. Cette
information de suivi devrait être proactive (et pas seulement
affichée sur le site Web) afin de conserver l’intérêt
du groupe de clients pour les produits de la TRNEE;
- La TRNEE devrait faire en sorte que les questions
ne soient pas trop vastes et qu’elles soient centrées
sur les enjeux immédiats auxquels font face les décideurs
et les aménageurs;
- La TRNEE devrait organiser une réunion
avec les membres du groupe de travail ayant travaillé sur
un programme plusieurs mois après la conclusion de celui-ci
afin de dresser un bilan, de discuter d’autres initiatives
possibles et d’évaluer les facteurs limitants qu’ils
ne peuvent maîtriser.
Notes
1TRNEE. (2003).
Réhabiliter le passé, Construire l’avenir
: Une stratégie nationale des sites urbains contaminés
réhabilitables pour le Canada, p. ix.
2http://www.nrtee-trnee.ca/eng/programs/Current_Programs/Brownfields_Strategy
/Brownfields_Strategy_e.htm
3 Grunwald,
Alena J. (2004). The effectiveness of a collaborative policy
process: A case study of the National Round Table on the Environment
and the Economy in promoting brownfield redevelopment. Document
non publié.
4Ministre
des Finances (2003). Le discours du budget, p. 16, http://www.fin.gc.ca/budget03/pdf/speeche.pdf;
ministre des Finances (2004), le discours du budget, p. 18, http://www.fin.gc.ca/budget04/pdf/speechf.pdf.
5Ministre
des finances (2005), Le discours du budget, p. 21, http://www.fin.gc.ca/budget05/pdf/speeche.pdf.
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