Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie
Canada
English
Contactez-nous
Aide
Recherche
Site du Canada
À notre sujet
Salle des médias
Bibliothèque
Carte du site
Accueil
Atteindre un équilibre
" " Salle des médias
Contacts
Communiqués
Articles
Membres de la TRNEE
   
" " Énergie et de
changement
climatique
" " Marchés financiers
" " Écologisation de la fiscalité et énergie
" " Écologisation du budget fédéral
Subscribe to NRTEE e-briefs
-

© 2006

-
""
" "

C’est l’environnement, idiot : le Canada n’a pas les moyens de se payer un déficit écologique
Nouvelle : Les changements climatiques regorgent en fait de possibilités d’exploiter les forces du marché par les échanges de droits d’émission. David J. McGuinty

The Hill Times
23 septembre 2002

Par David J. McGuinty
Président-Directeur général
Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie

Un débat animé sur Kyoto et 15 nouveaux parcs nationaux – le discours que le Premier ministre a prononcé à Johannesburg signale que l’environnement deviendra un enjeu indépendant dans le discours du Trône de la semaine prochaine.

Bonne nouvelle. Il pourrait toutefois y en avoir encore une meilleure: ce serait d’entendre dire que nous reconnaissons comme société les liens entre un environnement sain et une économie prospère. Oublions la fiction : si nous ne reconnaissons pas cette réalité et si nous n’y donnons pas suite, nous risquons de créer un nouveau déficit – écologique, cette fois.

Des signes commencent à indiquer que nous dépassons la capacité de beaucoup de nos systèmes naturels. C’est ce qui se produit, en dépit du fait que ces systèmes naturels fournissent des services – filtration de l’eau, purification de l’air et pollinisation des cultures, par exemple – qui sont essentiels à la survie de l’être humain. La santé publique, le mieux-être de la société et l’économie sont tous perchés de façon précaire sur l’assise rocheuse de ces systèmes naturels. Dans beaucoup de cas, nous dépensons toutefois ce capital naturel au lieu de vivre frugalement des intérêts.

Pour maintenir l’équilibre du budget écologique, nous devons mettre au point de nouvelles démarches créatrices qui reconnaissent le capital naturel et y attachent de la valeur. Une de ces démarches consiste à utiliser davantage les instruments économiques pour produire de meilleurs résultats, à la fois environnementaux et économiques. Une autre consiste à réaffecter des moyens budgétaires, comme la fiscalité et les dépenses.

Il y a toutefois une certitude : lorsqu’il est question de réflexions nouvelles à cet égard et de produire des options créatrices qui sortent des sentiers battus, le Canada en est à ses premiers balbutiements. Des propos comme la douleur, le coût et le deuil dominent, par exemple, la largeur de bande étroite consacrée au discours de Kyoto. Le moment est venu de changer radicalement cette façon désuète d’aborder « l’environnement ».

Les changements climatiques regorgent de possibilités dont celle, et non la moindre, d’exploiter les forces du marché au moyen de l’instrument économique que constituent les échanges de droits d’émission. Qu’il s’agisse de l’observation de l’Accord de Kyoto ou d’un programme canadien visant à favoriser la stabilité du climat : d’une façon ou de l’autre, le Canada a énormément de travail à faire.

La Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie (TRNEE) a étudié un certain nombre de stratégies de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), et a constaté que peu importe la façon d’aborder le problème, un régime d’échange de droits d’émission permet de réaliser les réductions en question pour la moitié du coût ou moins. En deux mots, les émetteurs de GES qui peuvent réduire leurs émissions à meilleur marché, peuvent les « surréduire » et vendre leur excédent à un émetteur de GES dont le nettoyage coûterait plus cher. On cherche toutefois seulement à améliorer un aspect négatif – les coûts. Les échanges de droits d’émission ont des retombés positives. Ils permettent au libre marché de fixer une valeur pécuniaire aux réductions des émissions de dioxyde de carbone. La monétisation des émissions de dioxyde de carbone catalysera la mise au point de technologies innovatrices à mesure que des entrepreneurs chercheront à répondre à la demande de procédés, de machines et de structures peu polluants et efficaces sur le plan énergétique.

Si nous recourons aux échanges de droits d’émission pour attirer des investissements dans des solutions, qui peut dire combien de possibilités pourraient en découler pour les entreprises du Canada? Une intervention rapide au sujet des échanges de droits d’émission offre un autre avantage économique : nous pouvons garder les activités – et leurs retombées – au Canada au lieu de les vendre plus tard sur un marché étranger.

À l’époque de la réforme fiscale, prenons l’exemple de l’agriculteur à qui le gouvernement offre une subvention pour l’aider à assécher des terres inondées afin de produire davantage, même si personne ne totalise la perte d’infrastructure naturelle gratuite de filtration de l’eau et de purification de l’air.

En subventionnant un développement économique non durable, on épuise le Trésor (public) pour financer une surcharge imposée à l’environnement. C’est ce que les commentateurs appellent depuis des décennies une « subvention perverse ». Héritée de l’époque où ne comprenions pas la valeur des services dispensés par la nature, cette façon de procéder se retrouve dans toute la société.
Le gouvernement fédéral a annoncé récemment, un programme qui promet de nous aider à mettre fin à cette pratique. Ottawa a affecté 100 millions de dollars à un programme d’implantation de « cultures couvre-sol », qui encourage les agriculteurs à cesser de planter des cultures annuelles sur des terres marginales, dont les subventions de l’État masquent la non-compétitivité économique. Le programme est conçu pour provoquer l’adoption d’autres utilisations agricoles, qui ne dépassent pas la capacité à long terme des terres.

Une étude réalisée récemment par la TRNEE a montré qu’un programme d’implantation de cultures couvre-sol peut réduire les émissions de gaz à effet de serre et la séquestration de carbone. Il évite à l’État des paiements et des primes d’assurance-récolte. Il augmente les populations de poissons et de la faune, et réduit l’érosion des sols et les coûts de traitement de l’eau potable et d’enlèvement des sédiments.

Le changement de stratégie budgétaire est à noter : le gouvernement, qui subventionnait une surutilisation non durable de terres marginales, offre maintenant des incitations financières pour appuyer l’adoption d’utilisations agricoles durables.

Il s’agit là de deux exemples seulement, du type de réformes que nous devons mettre en œuvre dans l’ensemble. Nous devons aussi apprendre à mesurer et suivre nos réserves de capital naturel afin d’éviter de prendre des décisions économiques erronées, qui oublient le coût du capital en question.

La préservation de gisements de capital naturel dans des parcs naturels et la découverte de façons habiles de faire baisser le coût de la réduction des émissions déstabilisatrices du climat, démontrent que nous reconnaissons de plus en plus les liens qui existent entre l’environnement et l’économie.

C’est seulement en plaçant la nature – et les services écologiques habituellement sous-évalués qu’elle produit – carrément dans le grand courant de notre réflexion économique et de notre comportement, que le Canada peut espérer réaliser des progrès décisifs vers le développement durable.

David J. McGuinty est Président-Directeur général de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie.