Les
comptes des ressources naturelles et de l'environnement
de GPI Atlantic : Expérience vécue et leçons
apprises en Nouvelle-Écosse
Ronald Colman, Ph. D.,
directeur de GPI Atlantic
Les choses que nous mesurons
nous indiquent véritablement nos choix de valeurs
en tant que société. Si les actifs sociaux
et écologiques essentiels ne sont pas inventoriés
et évalués dans nos façons de mesurer
le progrès, ils obtiennent une attention insuffisante
sur la scène politique.
Pour remédier à
ces imperfections, l'indicateur de progrès réel
(GPI) peut fournir une mesure du progrès pratique
et politiquement pertinente qui est plus complète
et plus précise que les mesures courantes fondées
sur le produit intérieur brut (PIB).
GPI Atlantic est un groupe
de recherche sans but lucratif, fondé en 1997, qui
réalise actuellement un tel indice du développement
durable pour la Nouvelle-Écosse. Au départ,
l'indicateur de progrès réel (GPI) utilise
la même structure de la comptabilité que le
PIB, mais il établit ensuite des distinctions capitales
: il additionne les contributions économiques du
ménage et du bénévolat, mais il soustrait
des facteurs comme la criminalité, la pollution et
l'éclatement des familles.
Les travaux de GPI Atlantic
résumés dans ce texte focalisent sur la réalisation
et l'estimation des comptes des ressources naturelles relatifs
à diverses ressources renouvelables et non renouvelables
de Nouvelle-Écosse. Les indicateurs réalisés
mesurent à la fois des changements quantitatifs dans
les stocks et des changements qualitatifs comme des variations
dans la structure des générations et des espèces.
Ce document fait valoir que
la réalisation initiale des comptes de ressources,
qui évaluent les fonctions non marchandes de l'écosystème,
est laborieuse, mais que les mises à jour subséquentes
devraient être plus simples, une fois que les liens
essentiels auront été établis et que
les indicateurs représentatifs auront été
déterminés. Des données fiables sont
essentielles. Même si les données disponibles
au Canada sont relativement bonnes, il existe encore des
lacunes majeures. Les données ne sont pas situées
ni regroupées de façon commode au même
endroit. Très souvent, ce sont des données
brutes qui n'ont pas encore été analysées
ou publiées.
Ce texte avertit également
du danger afférent à l'évaluation du
développement durable uniquement par le truchement
de l'utilisation des comptes de ressources naturelles. En
situation isolée, les comptes de ressources naturelles
laissent entendre que le fardeau de la durabilité
est tributaire des changements dans les pratiques d'exploitation
des producteurs. Mais les habitudes de consommation et les
forces économiques mondiales influent sur les efforts
aux échelons local et national qui visent à
améliorer la durabilité de la ressource. En
conséquence, l'indicateur de progrès réel
(GPI) comprend également une analyse de l'empreinte
écologique qui évalue les répercussions
des habitudes de consommation sur l'utilisation de la ressource.
Après quatre ans de
travaux dans ce domaine, on peut établir les conclusions
suivantes :
-
la comptabilisation des
ressources naturelles peut être réalisée,
pourvu que l'on n'exige pas un produit "final"
et que l'on conserve une transparence continuelle pour
améliorer les données, les méthodes
et les indicateurs à venir;
-
des données suffisantes
doivent être disponibles pour produire des comptes
des ressources naturelles significatifs et complets au
Canada qui comprennent les évaluation non marchandes;
-
les méthodes et
les structures existantes fournissent une base adéquate
pour l'élaboration de comptes de ressources humaines
concrets et complets au Canada;
-
il n'y a pas de raccourcis
possibles à l'étape de l'élaboration,
et c'est une erreur de brusquer les choses vers des évaluations
de base avant d'avoir réuni un éventail
complet de données provenant d'une vaste gamme
de sources pour chacun des ensembles de comptes de ressources;
-
des comptes de ressources
naturelles significatifs doivent inclure des évaluations
des ressources non marchandes et des fonctions de l'écosystème,
ils doivent rendre compte des liens entre une gamme étendue
de variables écologiques, sociales et économiques,
et ils doivent comprendre les répercussions locales,
régionales, nationales et mondiales;
-
les comptes de ressources
naturelles doivent être complétés
par d'autres outils, comme une analyse de l'empreinte
écologique, afin que la responsabilité du
développement durable soit partagées à
la fois par les consommateurs et par les producteurs;
-
parce que les politiques
s'élaborent aux échelons provinciaux et
régionaux, tout effort pour élaborer des
indicateurs nationaux de la durabilité doit inclure
et soutenir des efforts parallèles à l'échelon
infranational, si on veut que ces indicateurs aient des
répercussions sur la scène politique.
En dernier lieu, le travail fait valoir qu'il
est à la fois possible et nécessaire de viser
trois publics-cibles différents (gouvernement, experts
et grand public). Le gouvernement ne peut pas favoriser le
développement durable sans rallier tout le public au
projet collectif, et les deux autres niveaux sont tributaires
de la contribution et de l'approbation des experts.
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