Le prix canadien pour les droits de la personne le plus convoité récompense la lutte contre le travail forcé en Birmanie

Des experts de premier plan se réunissent à Ottawa pour discuter du rôle que peut jouer le Canada pour mettre fin à l’esclavage sous le régime militaire


OTTAWA, le 6 décembre 2006 –
Le Prix John-Humphrey pour la liberté, l’un des principaux prix décernés au Canada pour reconnaître le travail réalisé dans le domaine des droits de la personne sur la scène internationale, sera présenté ce soir à la Birmane Su Su Nway lors d’une cérémonie qui se tiendra au Musée canadien des civilisations.
 
Le prix, remis chaque année par l’organisme Droits et Démocratie, de Montréal, sera décerné in absentia à Mme Su Su Nway, qui n’a pas été en mesure de venir au Canada. Les restrictions mises en place par le régime militaire répressif de la Birmanie auraient rendu son retour dans son village fort improbable, l’empêchant ainsi de poursuivre sa campagne courageuse contre le travail forcé imposé par la junte au pouvoir.
 
Su Su Nway, âgée de 35 ans, a attiré l’attention de l’opinion publique internationale par ses efforts individuels pour traduire en justice les représentants de la junte qui l’avaient forcée, elle et d’autres villageois, à réparer une route sans être rémunérés. Consciente des risques qu’elle prenait en affrontant les autorités militaires birmanes, Su Su Nway a néanmoins été récompensée pour sa détermination l’an passé lorsqu’un juge a condamné le président et un représentant du village à huit mois de prison conformément à une loi jusqu’alors inappliquée, adoptée en 1999, qui interdit le travail obligatoire. Il s’agissait du tout premier verdict prononcé contre le travail forcé, pratique imposée depuis longtemps par le régime militaire.
 
Su Su Nway a cependant été accusée, quelques mois après cette victoire, de diffamation à l’égard du nouveau président du village. Inculpée pour avoir « insulté un représentant du gouvernement en service et nui à son travail », elle a été condamnée en octobre 2005 à 18 mois d’emprisonnement à la prison d’Insein, endroit tristement célèbre pour ses horribles conditions de détention. Malgré une maladie cardiaque, Su Su Nway a passé neuf mois dans la prison d’Insein avant que les autorités ne cèdent à la pression internationale et la libèrent le 6 juin 2006.
 
La lutte de Su Su Nway pour la défense des droits et de la dignité de la personne en a fait un symbole de résistance et de courage pour le peuple birman qui la surnomme « la courageuse Su Su Nway ».
 
« Nous ne permettrons pas que l’absence de Su Su Nway la réduise au silence, a déclaré Jean-Louis Roy, président de Droits et Démocratie. Cette absence vient plutôt nous rappeler la persistance de la dictature et de l’injustice en Birmanie, de même que l’incroyable courage de ceux et celles qui maintiennent bien haut le flambeau des droits de la personne dans ce pays. »
 
En guise d’hommage à Su Su Nway, un colloque parrainé par Droits et Démocratie se tiendra le jeudi 7 décembre, au cours duquel nous aurons l’occasion d’entendre certains des spécialistes mondiaux les plus éminents sur la question du travail forcé et de sa pratique actuelle en Birmanie. Parmi les participants, on retrouve le Canadien Kevin Heppner, directeur du Karen Human Rights Group, basé en Thaïlande, et Mme Cecilia Brighi, de l’Organisation internationale du travail. Le colloque sera suivi du lancement officiel de l’association Les amis parlementaires de la Birmanie, formée de députés canadiens sensibles à la situation des droits de la personne dans ce pays. M. Sein Win, premier ministre du gouvernement de Birmanie en exil, prononcera l’allocution d’ouverture.
 
  • La cérémonie de remise du Prix John-Humphrey pour la liberté 2006 aura lieu ce soir à 18 h dans les salons du midi et du nord du Musée canadien des civilisations, au 100, rue Laurier, à Gatineau.
  • Le colloque se tiendra le jeudi 7 décembre, à compter de 9 h, dans le Salon du Centre national des Arts, au 53, rue Elgin.
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