Commission du droit du Canada Canada
English Contactez-nous Aide Recherche Site du Canada
Accueil Salle de lecture Salle des nouvelles Plan du site Liens
Quoi de neuf
À propos de nous
Recherche de services
Événements à venir
Coin du président
Projets de recherche
Concours, Compétitions et Partenariats
L'initiative Rapports en évolution
Programme Chercheur en résidence virtuelle
Initiative « Perspectives juridiques »
Prix Audace de l'imagination Nathalie Des Rosiers
Effort commun
Concours Roderick A. Macdonald
Les rapports ministériels
Ressources
Version imprimableVersion imprimableEnvoyez cette page par courrielEnvoyez cette page par courriel

Page d'accueil Concours, Compétitions et Partenariats Effort commun Table des matières Éthique de la négociation : confiance, reconnaissance

Concours, Compétitions et Partenariats

Effort commun

Table des matières

Parlons franchement à propos des traités

Retour à la table des matières

Éthique de la négociation : confiance, reconnaissance

Trudy Govier

Trudy Govier est titulaire d’un doctorat en philosophie de l’Université de Waterloo (1971), et fut pendant plusieurs années professeure à la faculté de Philosophie de l’Université Trent, à Peterborough, en Ontario. Elle a également enseigné à l’Université d’Amsterdam, à l’Université Simon Fraser, ainsi qu‘à l’Université de Lethbridge. Trudy Govier a notamment publié six ouvrages, dont un texte largement utilisé en matière d’argumentation et intitulé « A Practical Study of Argument » (Wadsworth, 4e édition, 1997), un essai intitulé « Social Trust and Human Communities » (McGill-Queen’s University Press, 1997) et, dernièrement, un livre sous le titre « Dilemmas of Trust » (McGill-Queen’s University Press, 1998). Elle se consacre présentement à l’étude des mécanismes de négociation des accords de paix et de résolution des conflits.

Confiance, respect, éthique – notions élémentaires

La confiance est un sentiment qui affecte fondamentalement les interactions et les relations dans la négociation et affecte en réalité toutes nos interactions et toutes nos relations. Lorsque la confiance existe, il est relativement facile de communiquer et de résoudre les problèmes. Cela devient difficile et pratiquement impossible, lorsqu'il y a absence de confiance.

La confiance fait appel aux sentiments, aux valeurs, aux croyances, au risque. Lorsqu'en confiance, on se sent relativement à l'aise, détendus, car l'on croit que ceux ou celles à qui l'on fait confiance ne vont pas nous faire de mal ni nous menacer nous-mêmes ou menacer les choses auxquelles l'on accorde de la valeur, même si l'on est vulnérable et que le risque est inhérent à cette relation de confiance. Dans la confiance fondamentalement, on s'attend à ce que ceux à qui on fait confiance ne vont pas nous faire de mal. La nature et le degré de la confiance varient selon les contextes. On estime en général que la confiance existe entre des personnes qui se connaissent dans une certaine mesure. Une certaine confiance existe pourtant entre des étrangers et on peut dire que la confiance et la méfiance caractérisent les relations entre les groupes. Si l'on envisage la confiance dans un contexte familier, par exemple une visite chez le dentiste, il devient apparent qu'elle comporte deux dimensions fondamentales : la compétence et la motivation. On est bien disposé et on accepte de remettre notre bien-être à une autre personne dans une telle situation de vulnérabilité pour autant que l'on est persuadé que le dentiste est compétent et justement motivé.

Pour confier à un dentiste le soin de vérifier, de fraiser, de modifier ou d'extraire nos dents, il faut croire qu'il en connaît assez sur ces actions et qu'il sait comment les accomplir : il s'agit là de compétence. Si l'on ne fait pas confiance à la compétence de son dentiste, on ne se remet pas entre ses mains. La seconde dimension, celle de la motivation, est tout aussi fondamentale : il faut penser que notre dentiste a de bonnes intentions envers nous et la motivation pour nous aider. C'est-à-dire qu'on ne pense pas qu'il va procéder à des interventions inutiles à nos dépens. Si une telle confiance n'existe pas, on ne va pas chez le dentiste. La confiance suppose donc que l'on ressent de la certitude, de la sécurité, une relative détente et une absence de peur et que l'on croit à la compétence et à la motivation de la personne à qui l'on fait confiance, en fonction du contexte de cet acte de confiance.

Examinons à présent le contexte de la négociation pour analyser la signification de la confiance dans ce contexte. J'approfondirai plus tard les négociations entre des parties qui représentent des Canadiens autochtones ou non, en matière notamment de droits autochtones et de revendications foncières. Je parle pour l'instant de la négociation en général et j'appellerai donc les parties par A et B. Supposons que A et B soient des groupes que représentent une ou plusieurs personnes dans une négociation. Afin de ne pas nous embarquer dans des explications techniques, ces lettres « A » et « B » vont me servir pour qualifier les parties à la négociation; je ne m'étendrai pas sur la distinction entre les personnes qui représentent le groupe et le groupe lui-même.

Supposons donc que A et B soient en négociation; réfléchissons à l’« éthique de la négociation », sans perdre de vue que la confiance et la méfiance seront des éléments importants des relations entre A et B, de même que dans toutes les relations humaines. S'il n'existait pas un certain degré de confiance, A et B éprouveraient l'un envers l'autre trop de crainte pour pouvoir négocier. Si B éprouvait une méfiance absolue envers A, il considérerait que demander à se réunir est une ruse ou même le prélude à un meurtre ou à un enlèvement. Pourtant du fait des situations conflictuelles qui sous-tendent de nombreuses négociations, il existe une certaine méfiance entre les parties. La négociation serait superflue s'il n'y avait pas de problème, ou même de conflit, entre A et B. Dans différents contextes, à différents égards et à différents degrés, confiance et méfiance vont probablement caractériser des aspects de la relation entre A et B. La confiance va permettre la flexibilité, la crédibilité, le crédit alors que la méfiance tirera dans le sens inverse.

La norme souvent citée selon laquelle les parties à une négociation doivent « négocier de bonne foi » devient importante ici. Autrement dit, il faut que les parties se présentent comme étant réellement et uniquement orientées vers la réussite d'une entente quelconque – que ce soit un contrat ou un traité. Si A arrive pour négocier avec B, affichant donc la fonction de négociation, mais en réalité sans volonté ni même intention de conclure une entente, A ne négocie pas de bonne foi. A peut avoir de nombreuses raisons pour sembler adopter une fonction de négociation sans réellement vouloir s'entendre. Par exemple, A peut vouloir écraser un syndicat, mais avoir l'obligation légale de négocier avec ce syndicat; il ou elle va donc paraître à la table des négociations, avec la fonction de négociation, comme s'il ou elle souhaite une entente – alors que son intérêt est de ne pas s'entendre. A peut vouloir paraître négocier à des fins de relations publiques, de sorte qu'il semble intéressé par un règlement raisonnable aux yeux du public ou de tiers. A peut avoir besoin de cette apparence de négociation pour amener B à surseoir à une action en justice. A peut vouloir que B soit à la table de négociation, pendant une campagne électorale délicate. A peut même vouloir déclarer la guerre à B et se cherche donc une bonne raison ou une excuse à cette fin. A pourra ainsi alléguer l'échec des négociations comme prélude à « une guerre juste » – A pourra fixer des conditions que B ne pourra absolument pas accepter et ensuite, se servir de l'entêtement de B pour le bombarder et déclarer « il n'y avait plus rien d'autre à faire. Nous avons essayé de négocier et tout a échoué ». Dans tous ces exemples, il y a rupture entre apparence et réalité et absence de bonne foi dans le processus de négociation. A semble rechercher une entente, mais en réalité recherche la fonction de négociation en tant que moyen vers une autre fin.

Négocier de bonne foi est essentiel à l'éthique de la négociation en ce sens : affirmer que les parties négocient de bonne foi, c'est affirmer que lorsqu'elles revêtent la fonction de négociation, elles n'adoptent pas seulement une fonction, mais s'efforcent véritablement d'obtenir un règlement. Autrement dit, chaque partie est présente et s'efforce de participer à la négociation en vue d'obtenir un arrangement avec l'autre partie. Supposer que celle-ci négocie de bonne foi, c'est croire que l'apparence correspond à la réalité. Il ne s'agit pas seulement de jouer un rôle; au contraire, ceux ou celles qui se présentent pour négocier un accord s'y efforcent véritablement et en ont l'intention. Pour négocier ensemble et composer avec profit, chaque partie doit supposer que l'autre négocie de bonne foi. Une telle supposition est essentielle et c'est fondamentalement la supposition que les gens font réellement ce qu'ils semblent faire, que l'apparence est la réalité.

L'honnêteté et le respect envers l'autre partie sont d'une importance primordiale dans le processus de la négociation – particulièrement dans les modèles coopératifs de négociation tels que le Projet de négociation de Harvard. Les parties à la négociation vont devoir communiquer et partager des informations pour définir, comprendre et analyser les problèmes. À ce point, des questions d'honnêteté, de crédibilité, de confiance se posent inévitablement. Si les parties ne s'estiment pas crédibles ni dignes de confiance, elles ne vont pas croire ce qui est revendiqué et ne pourront pas recevoir des informations l'une de l'autre. Que A dise à B « nous disposons d'environ un million pour résoudre votre problème » ne va constituer une information partagée que si A dit la vérité et si B le croit. Pour qu'une communication compte quand les parties partagent des informations, il va y falloir de la confiance. Si B soupçonne que A est en train de l'abuser par des demi-vérités ou même des mensonges patents, B ne va pas croire A et ne croyant pas ce que demande A, va probablement juger ses demandes confuses et embrouillées. La communication va donc s'en trouver rompue.

Le respect est de nature complexe et peut se révéler difficile à exprimer dans des contextes où les rapports entre A et B ont été conflictuels et marqués par des inégalités. Le processus de négociation lui-même possède des normes latentes d'égalité et de réciprocité qui se fondent sur un respect sous-jacent. Le fait même que A et B négocient démontre qu'il y a pour chacun quelque chose en jeu, que chacun est confronté à un ou à des problèmes et que de ce fait, A et B se trouvent dans une relation où chacun, d'une façon quelconque, est vulnérable à l'autre. Chacun dispose d'un certain pouvoir, qui peut être inégal et de nature différente. A peut par exemple avoir un pouvoir juridique et économique et B, la supériorité morale dans une intervention en public. Dans une négociation éthique, chaque partie traite l'autre en égal avec qui les différends vont se résoudre et un arrangement va en définitive se conclure, arrangement auquel chaque partie va s'engager. L'autre partie est à envisager en égal dont les intérêts, les croyances et les sentiments méritent respect, attention et considération. Chaque partie possède une valeur et une dignité intrinsèque – et ne doit pas être manipulée, exploitée ni réifiée par l'autre. Une norme sous-jacente de respect moral et d'égalité caractérise la négociation.

L'éthique de celle-ci possède par ailleurs les dimensions de représentativité et de capacité d'engagement. Il faut distinguer ici les négociateurs individuels, qui négocient eux-mêmes et ceux qui négocient pour des groupes. Lorsque des groupes et des institutions sont représentés par des personnes qui négocient en leur nom, celles-ci doivent posséder la capacité représentative de parler au nom des premiers et de les engager dans un arrangement (peut-être après avoir vérifié auprès d'eux au préalable). Les négociateurs au nom d'une partie supposent que les négociateurs au nom de l'autre partie ont l'autorité nécessaire pour s'exprimer en son nom et s'engager à des décisions et à des orientations en son nom. Il est ici aussi question de confiance : chaque partie doit avoir confiance que l'autre a les capacités institutionnelles et l'intégrité pour sélectionner et autoriser des représentants compétents et intègres à négocier et à transiger. La confiance à la table des négociations va dépendre non seulement de l'interaction entre négociateurs mais aussi de façon plus large des rapports entre pouvoirs publics et groupes et des relations quotidiennes de travail entre les parties.

Enfin, la capacité de garantir la mise en œuvre d'une entente éventuelle est aussi une dimension importante. Prenons l'exemple suivant. Le responsable d'un département négocie avec une universitaire indépendante la possibilité qu'elle devienne professeur adjointe dans son département. Il lui fait valoir que grâce à un tel poste, qui ne serait pas rémunéré, sa candidature à des bourses de recherche serait admissible, ce qui devrait l'inciter à accepter son offre. Alors qu'elle se renseigne davantage sur ces bourses, le doyen adjoint lui indique que les professeurs adjoints n'y sont pas admissibles. Elle demande donc des éclaircissements au responsable du département. À présent occupé à étudier les demandes de poste salarié, il néglige de lui répondre. Se sentant blessée et insultée, elle remet en question tout le processus de leur négociation, car elle craint qu'il ne pourra plus tenir ses promesses. Elle estime qu'il est sincère, mais de façon superficielle – elle ne se méfie pas de lui au point de croire qu'il a menti délibérément et elle croit qu'il voulait vraiment qu'ils se mettent tous deux d'accord. Le fait qu'il ait négligé d'apporter des éclaircissements ou même de lui répondre révèle une absence de sérieux dans les affaires pratiques, une indifférence envers ses intérêts et ses besoins à elle et un certain manque de politesse. Étant donné cette absence de suivi pratique, elle va mettre en doute la profondeur de l'engagement de son interlocuteur. S'ils doivent renégocier, elle aura probablement peu confiance en lui ou dans leur négociation elle-même.

En résumé, une négociation conduite selon l'éthique possède les aspects suivants, qui exigent tous une confiance dérivant du contexte entre les deux parties.

(a) Les parties négocient de bonne foi, chacune supposant que l'autre fait de même.

(b) Les parties partagent les renseignements pertinents en toute honnêteté, chacune supposant que l'autre est fondamentalement honnête à son égard.

(c) Les parties ont des rapports de respect et de réciprocité et ne cherchent pas à s'exploiter ni à se manipuler.

(d) Les parties sont convenablement représentées à la table des négociations; autrement dit, les représentants d'un groupe plus vaste sont dûment autorisés à le faire.

(e) Les parties s'engagent sérieusement à mettre en œuvre les ententes qu'elles auront conclues.

Des sentiments de méfiance peuvent exister et la confiance peut sembler instable, mais la méfiance ne doit jamais être considérée comme étant inévitable ou définitive. Il y a des raisons d'être optimiste quant à la confiance en la négociation : ce qui caractérise toutes les négociations, c'est qu'il y a assez de confiance pour que les parties arrivent à la table des négociations; une confiance réaliste et bien ancrée peut se bâtir à partir d'une succession de petits succès.

Critiques envisagées

Permettez-moi d'anticiper ici deux critiques. Elles soulèvent toutes deux la question de l'idéalisme et du réalisme ou si vous préférez, des disparités entre analyse selon l'éthique et analyse selon le pouvoir.

La première critique est que les gens négocient même s'il manque quelques-unes de ces conditions éthiques, qui suscitent la confiance. Peut-être que ceux qui ont vraiment participé à des négociations vont lire cette description de l'éthique de la négociation et conclure que leur travail n'avait rien de comparable. Lorsque la différence est si forte entre théorie et pratique, elle peut s'attribuer à une déficience soit de la théorie, soit de la pratique. C'est en définitive à l'homme de terrain de se prononcer sur l'utilité du modèle éthique exposé ici. En l'absence d'arguments probants à l'effet du contraire, j'affirme donc ceci : le fait que des gens aient négocié avec des êtres trompeurs ou manipulateurs ou ayant négligé de faire ce à quoi ils s'étaient engagés ou n'ayant à l'évidence aucune intention d'arriver à une entente ne prouve pas que notre éthique de la négociation soit défectueuse. Cela indique plutôt un processus défectueux. Il y a lieu de tenter de l'améliorer à ces égards ou si cela n'est pas possible, de décider en toute lucidité si une telle négociation vaut mieux que pas de négociation du tout.

La seconde critique porte sur le fait que le modèle de négociation posé ici est celui du Projet de négociation de Harvard. Ces théoriciens, grâce à leurs programmes de formation complets et à leurs publications si souvent consultées (Comment réussir une négociation de Roger Fisher et William Ury, D'une bonne relation à une négociation réussie de Roger Fisher et Scott Brown), ont eu une influence énorme sur l'étude et la pratique du règlement des différends et de la négociation; mais ce serait un euphémisme que d'affirmer que de nombreuses négociations ne se conduisent pas de la façon dont ces auteurs le recommandent. Quelqu'un qui ne serait pas formé à un tel modèle coopératif de négociation contesterait probablement notre affirmation et alléguerait que la négociation n'a rien à voir avec la coopération. Il ou elle pourrait ajouter que dans la négociation, il s'agit de concurrence, de pouvoir, d'obtenir tout ce que l'on peut et tout ce qu'il y a de mieux pour soi-même ou pour la partie que l'on représente. S'il existe une éthique de la négociation « plus réaliste » ou orientée vers le pouvoir, celle-ci ne serait-elle pas semblable à celle que nous venons d'exposer ? Les négociations dans la réalité sont fort compétitives et fondamentalement contradictoires – c'est un mythe idéaliste édulcoré de penser que les parties qui négocient puissent coopérer ou être des partenaires plutôt que des opposants.

Selon Roger Fisher et les nombreux adeptes des modèles coopérateurs, les parties à une négociation seraient des collaborateurs travaillant ensemble à résoudre des problèmes communs. Par la promesse alléchante de solutions bénéfiques à tous, de tels modèles ont fait beaucoup d'adeptes dans le monde entier. Et si leurs postulats étaient trop idéalistes pour faire face à la réalité du pouvoir et de l'avidité ? Et si la négociation était contradictoire de façon inhérente et irrémédiable ? Et alors ? Toute « éthique » de la négociation selon le pouvoir se définirait comment se battre le plus efficacement possible pour ses intérêts propres tout en conservant une politesse superficielle et parfois même sans trahir les apparences. Dans ces conditions, une telle éthique ferait l'apologie de la duperie, de la tromperie, de la manipulation, de l'exploitation, du mensonge grossier et au bout du compte de la trahison. Dans une négociation selon le pouvoir, les parties ne sont plus des partenaires qui coopèrent, mais des adversaires en concurrence. Les ententes ne se font plus au bénéfice de tous, mais au bénéfice de l'un et au détriment de l'autre. Chaque partie se bat alors pour elle-même, pour gagner et à cette fin, faire perdre l'autre.

On peut soutenir, et on le soutiendra, que le modèle coopératif bénéfique à tous n'est pas réaliste et que toute analyse éthique postulant ce modèle ne peut s'appliquer à des négociations réelles. Que peut-on répondre à cette critique fondamentale ? a) Même dans une négociation construite et menée dans la coopération, il va inévitablement exister des éléments de désaccord, d'opposition et d'intention de poursuivre ses propres intérêts. b) Je reconnais que ces aspects contradictoires de la relation de négociation ont tendance à miner la confiance dans la mesure où ils vont probablement encourager ou inciter les parties à se dissimuler des renseignements utiles, à se tromper, à s'exploiter, à se menacer l'une l'autre. La confiance va donc être instable en contexte de négociation. c) Il n'y a pas lieu de supposer qu'il est probable, ni même possible, que chaque négociation débouche sur une situation bénéfique à chaque partie. Je soutiens en revanche une modification de procédure en faveur d'un mode coopératif et éthique de négociation. Il est davantage probable que des négociations menées selon l'éthique établissent et maintiennent de vrais rapports de confiance, qui seront nécessaires à la mise en œuvre concrète de tout accord, à l'efficacité de négociations à venir et à la coopération et à la réconciliation ailleurs qu'à la table des négociations elle-même.

Rapports entre Autochtones et non-Autochtones

J'aborde à présent notre propos ici, c'est-à-dire les négociations, les traités, les rapports entre les Canadiens qui sont Autochtones et ceux qui ne le sont pas.

Tous les êtres humains ont fondamentalement besoin de respect. Les droits de la personne, tels que les établissent notamment la Déclaration des Nations Unies de 1948 et la Charte canadienne des droits et libertés de 1982, se fondent sur la dignité et la valeur de l'être humain. Même si l'argument est plus implicite qu'explicite, ces textes articulent des droits fondamentaux pour les êtres humains, fondés sur le postulat que ceux-ci ont quelque chose de spécial et que ce quelque chose fonde ces droits. À la base, se trouve la revendication que tous les êtres humains possèdent cette valeur et cette dignité, indépendamment de la culture, de la croyance, de l'origine raciale ou nationale, du sexe, de l'orientation sexuelle, de l'âge ou de la situation socio-économique. Elle s'ancre en ce que nous sommes – des êtres capables de sentir, de penser, de juger, de choisir et d'exprimer nos valeurs individuelles et culturelles selon la façon dont nous choisissons de donner un sens à notre vie. En contexte de négociation de même que dans toute autre interaction, nous nous devons ce respect fondamental.

La rhétorique des droits de la personne, en logique et en philosophie, nous engage à nous respecter en tant qu'êtres humains, fondamentalement, spirituellement et moralement égaux. Je crois que l'engagement contemporain envers les droits de la personne nous engage envers ce que les philosophes qualifient d'éthique du respect envers les personnes. Respecter quelqu'un, c'est estimer qu'elle ou lui possède intrinsèquement valeur et dignité, et mérite donc d'être traitée ou traité en conséquence. En sa qualité d'être digne de respect, une personne mérite reconnaissance, attention, réparation; elle ne doit pas être insultée, humiliée ni réduite à un stéréotype. En sa qualité d'être humain, en tant que personne qui réfléchit et choisit des vecteurs moraux, chacun – qu'il soit noir, blanc ou jaune, homme ou femme, vieux ou jeune, Autochtone ou non – a droit à ce respect fondamental.

Le respect ne s'arrête pas là : il possède deux dimensions supplémentaires, fort pertinentes dans le contexte des rapports Autochtones–non-Autochtones. En tant qu'être humain, nous sommes davantage que des agents abstraits. Nous appartenons à des groupes culturels et en même temps, nous sommes des individus avec notre propre histoire et nos propres valeurs. De par notre appartenance à des groupes culturels, nous nous efforçons que ceux-ci soient reconnus et respectés pour leurs caractéristiques, leurs réalisations et la place qu'ils occupent dans le monde. Nous ne sommes pas seulement des membres de ces groupes culturels, nous sommes des individus et avons notre propre identité. Au XIXe siècle, les Blancs étaient en majorité partisans de l'esclavage et pourtant, ce sont des abolitionnistes, appartenant aux mêmes cultures, qui l'ont combattu et presque anéanti.

Le respect peut donc s'envisager à partir de trois perspectives : d'abord, envers la personne agent moral, ayant la dignité et étant capable de choisir; ensuite, envers la personne appartenant à une culture; enfin, envers la personne individu, avec son vécu et ses actions, à ne pas réduire à des clichés. Manquer de respect à une personne dans l'une de ses trois perspectives va fondamentalement endommager les rapports avec celle-ci.

Affirmer que nous voulons être respectés, que nous en avons besoin et que nous nous sentirons profondément insultés si l'on nous manque de respect peut sembler une simple question de bon sens. Du point de vue de l'éthique, c'est une question de bon sens. Nous pouvons pourtant marquer l'irrévérence de nombreuses façons – certaines subtiles, d'autres non. Nous pouvons ne pas consulter, ne pas reconnaître ou supposer que nous sommes au fait des besoins de l'autre. Nous pouvons dénigrer une culture, en la conceptualisant comme une forme inférieure qui doit aller ailleurs ou bien s'assimiler à un ensemble plus vaste. Nous pouvons aussi stéréotyper les personnes, négligeant ainsi de prendre en considération leurs propres capacités et leur vécu et en les identifiant selon ce que nous savons d'un groupe dans son ensemble. En matière de théorie et de principes, l'exigence de respect qu'expriment les doctrines des droits de la personne et sa fonction fondamentale dans une société civile et dans un État respectueux de ces droits semblent évidentes et même vaines. La triste vérité est que les mots, les actions et les politiques qui expriment sincèrement un tel respect sont loin d'être vaines. Il est difficile de respecter l'autre et d'exprimer ce respect avec efficacité, surtout pour ceux que séparent la culture, l'histoire et l'économie.

Fort proche du respect se situe la reconnaissance. Le rapport de 1996 sur les peuples autochtones appelle à maintes reprises la société canadienne dominante à reconnaître les contributions matérielles et culturelles des Canadiens autochtones ainsi que les difficultés matérielles et psychiques que beaucoup ont éprouvées, du fait du colonialisme, des efforts d'assimilation, de la perte de leurs terres et de la dislocation de leur culture. Les commissaires ont exprimé cette demande de reconnaissance parce qu'il a dû leur sembler que celle-ci n'existe pas en général dans la société canadienne non autochtone. La reconnaissance est fondamentale pour les négociations, car elle établit un point de départ honnête vers un début de réconciliation. Les traités sont nécessaires à cause des inégalités culturelles et matérielles. Si les négociateurs – et de façon plus générale les gouvernements et les peuples qu'en définitive ils représentent – négligent de reconnaître les valeurs, les méthodes et les orientations qui ont engendré ces inégalités, leur négociation n'aura qu'un fondement des plus ténus et aucun motif raisonnable d'espérer que des traités négociés améliorent le bien-être et établiront de meilleurs rapports. Il est primordial pour les négociations de reconnaître ce qui a été, ce qui fait problème, ce qui a structuré ce passé, qui a souffert et a été blessé et de quelle manière.

On peut vouloir faire table rase du passé avant d'entamer la négociation et travailler pour l'avenir. Pourtant, c'est en définitive manquer de respect et faire fi des effets graves et durables des anciennes souffrances, si ceux qui ont bénéficié des injustices passées exigent de ceux qui en ont souffert qu'ils les ignorent. La partialité de ce point de vue révèle ce manque de respect : les négociateurs autochtones sont censés se détacher du passé, alors que les négociateurs non autochtones, parlant au nom des gouvernements blancs (pour la plupart), insistent que leur pouvoir sur les terres est souverain, imposant ainsi cet aspect absolument central et à ne pas remettre en cause de l'héritage qui selon eux leur revient. De toutes façons, l'idée de faire table rase du passé, de le mettre de côté dans la négociation est une fiction impossible. Le passé est l'élément central qui modèle et structure la culture, le groupe, la personne – tout le monde tel qu'il est actuellement. Le passé se prolonge dans le présent et c'est dans le présent que les négociateurs doivent se situer pour rechercher un avenir meilleur. La reconnaissance du passé et des torts du passé tels que l'usage et le contrôle des terres, les traités manipulateurs, les promesses non tenues, l'arrogance culturelle, les violences physiques et sexuelles dans les internats est une dimension fondamentale du respect pour les cultures, les groupes et les personnes autochtones. Il est impossible en même temps d'ignorer le passé et de communiquer avec les peuples autochtones d'aujourd'hui. Ce sont cette histoire, cette arrogance, ces postulats, ces préjudices, ces spoliations, cette aliénation, cette souffrance qui ont engendré le contexte des négociations.

C'est en définitive les torts du passé que les négociations actuelles s'efforcent de redresser. Dans la mesure où l'on ne reconnaît pas le caractère préjudiciable notamment du racisme, de l'arrogance coloniale, des méthodes manipulatrices lors des négociations des traités historiques, de l'exploitation et de l'assimilation culturelle grossière, le contexte des négociations va être faussé. Ne pas reconnaître la vérité historique et morale des relations entre les peuples autochtones et non autochtones dans notre pays va créer un fossé qui ne pourra être comblé.

Pourquoi la reconnaissance est-elle importante en ce sens ? Le concept africain d'ubuntu, selon lequel une personne n'existe que par ses rapports avec les autres, est pertinent ici. Quelqu'un qui n'est pas respecté ni reconnu pour ce qu'il est peut bien sûr se convaincre qu'il est ceci, cela, que c'est ce qu'il est – qu'il est cela quoique disent les autres. Il en va de même pour un groupe : entre eux, les gens peuvent se dire que ce groupe a véritablement des traditions et des façons d'agir qui ont de la valeur, qu'il a véritablement un passé de souffrance et de lutte – indépendamment de la façon dont les autres l'envisagent. Des gens au caractère trempé, qui savent garder leur dignité quelle que soit la façon dont la majorité les dénigre ou les ignore, sont capables d'un isolement aussi stoïque. Celui-ci sera en fait énormément difficile pour la plupart des gens et des groupes, car les êtres humains acquièrent leurs connaissances, façonnent leur caractère et existent par leurs rapports avec les autres. C'est ensemble que nous construisons notre réalité sociale, comme on le dit si souvent de nos jours. La plupart d'entre nous, la plupart du temps, ne peuvent s’empêcher d'agir et de réagir en fonction des attentes des autres par rapport à nous-mêmes. Une femme peut croire qu'elle est une bonne mère, consciencieuse, mais si ses enfants, son mari, ses parents, sa communauté n'ont pas une telle opinion d'elle – si l'on ne prête pas attention à ce qu'elle fait, si l’on ne le reconnaît pas, si l'on indique par des mots ou des actions que ce qu'elle fait n'a aucune valeur, aucune valeur monétaire immédiate par exemple – il lui sera d'autant plus difficile de conserver l'opinion qu'elle a d'elle-même et le sentiment de sa dignité personnelle qui l'accompagne. De même, il sera difficile pour les membres d'une culture aborigène de lui accorder de la valeur, si cette culture est moquée ou dénigrée par des personnes qui lui sont extérieures. Cette énorme importance du respect et de la reconnaissance est attribuable au fait que les rôles que nous adoptons, les situations que nous occupons, ce que nous sommes capables de faire, jusqu'à nos pensées et nos sentiments les plus secrets sont fondamentalement liés aux autres – à des interactions, à des attentes, à des actions et à des réactions. Notre interdépendance touche même la façon dont nous comprenons et nous évaluons notre moi propre. L'isolement stoïque est rare et difficile, à supposer qu'il soit possible. C'est une des raisons fondamentales pour lesquelles la reconnaissance est importante.

Qui plus est, les personnes qui ne sont ni respectées ni reconnues par les autres ne peuvent interagir avec eux complètement et honnêtement. Nier les aspects fondamentaux de notre histoire et de notre identité, prétendre que des événements déplaisants ou honteux ne sont jamais arrivés va ériger un mur et sous-entendre un manque d'engagement total, puis gêner la confiance et la relation de sécurité nécessaires à la négociation. Une partie peut ne pas reconnaître l'autre parce qu'elle n’admet pas l'importance de son histoire, de sa culture, de ses réalisations ou de sa situation. De façon plus radicale encore, l'absence de reconnaissance s'exprime quand on oublie négligemment l'existence de l'autre partie. On agit simplement comme si l'autre n'existait pas. Cette absence la plus grossière de reconnaissance, cette négation de l'existence des autres s'est manifestée quand pour justifier des vols à basse altitude au-dessus du Labrador, l'OTAN l'a qualifié de « région inhabitée, vide » – même si 26 000 Innus y habitent. Une absence de reconnaissance si radicale et si odieuse est fréquente dans les rapports entre les Aborigènes et les Blancs – elle est implicite dans certaines formes de multiculturalisme et dans quelques expressions erronées et pernicieuses telles que « découverte de l'Amérique », « terres vierges », « conquête » et l'idée que le Canada possède deux peuples fondateurs, les Français et les Anglais.

Quand deux parties entament une négociation, chacune a reconnu au moins de façon superficielle l'existence de l'autre et celle des questions qui les réunit. Toute négociation honnête et productive entre deux parties doit supposer que chacune reconnaît l'autre, en tant que partie possédant son intégrité propre et méritant le respect. Mais la reconnaissance dans un sens plus profond est plus difficile à obtenir, dans la mesure où les négociateurs sont des êtres humains qu'affectent profondément les usages et les attentes de leur culture. Ainsi que l'a déclaré un négociateur autochtone, il semble trop souvent que le colonialisme est encore présent à la table des négociations – et que le respect en est absent. Les négociateurs non autochtones ne devraient pas dire à des gens qui ont été traités injustement qu'ils doivent à présent faire leur deuil du passé et aller de l'avant. Car il leur faut peut-être regarder le passé pour aller de l'avant – même s'il ne s'agit pas de nier que la culture évolue et change.

L'histoire des relations entre les Canadiens autochtones et non autochtones contient des histoires d'amour, d'espoir et de coopération. Mais elles ne sont pas la majorité. Affirmer que cette histoire est loin d'avoir été positive pour les Canadiens autochtones, dont la plupart ont perdu terres, moyens d'existence, indépendance, langue, culture et identité du fait des colonies de peuplement et des manipulations des Blancs serait un énorme euphémisme. Les négociations de traités actuelles et à venir se déroulent dans ce contexte de perte, dans une société où les Canadiens non autochtones ont eu tendance à ignorer les problèmes des Autochtones et jusqu'à l'existence même de ceux-ci. Bien peu ont vraiment regardé ce genre d'information qu'a présenté le rapport de 1996 sur les peuples autochtones. La scène politique a été accaparée par l'économie, l'environnement, et les rivalités entre provinces, au détriment des droits issus de traités, des dédommagements pour les sévices infligés dans les internats, de la conservation de la culture et de l'autonomie gouvernementale.

Pour les Canadiens non autochtones, cette absence de cadrage a des avantages à court et à moyen termes. Elle nous permet surtout de persister dans notre refus de quelques vérités fondamentales sur notre propre histoire et sur notre complicité. Dans de telles conditions, l'articulation et la reconnaissance nécessaires pour reconnaître sont fort difficiles à obtenir. De nombreux facteurs nous incitent à rejeter l'autre, parfois à parler et à agir comme si ces gens différents, « étrangers », n'existaient pas du tout ainsi qu'à ignorer les preuves que nous avons bénéficié des graves torts dont ils ont été victimes et dont nous sommes complices. Quelques-uns parmi nous diront qu'ils ignoraient la pauvreté et le désespoir qui ont été le lot de nombreux Canadiens autochtones. Pourquoi ne sommes-nous pas au courant ? Leurs histoires paraissent parfois dans la presse et certains d'entre eux vivent parmi nous. À mon avis, nous avons des preuves, mais nous les avons ignorées. Il faut souligner ici que pour ignorer quelque chose, il faut d'abord le remarquer, puis décider de l'ignorer. Ignorer suppose que l'on a remarqué et l'ignorance est fondée sur la décision et le choix. L'ignorance entraîne le fait d'ignorer, de ne pas savoir; puis si l'on ne sait pas, on a une bonne excuse pour demeurer insensible et ne pas agir. Si nous ne faisons pas attention, nous ne saurons pas – comme quand une ménagère ignore une toile d'araignée dans un coin difficile d'accès et ne sait donc pas qu'elle est en train de grandir, de devenir graisseuse et poisseuse. Le fait de ne pas savoir soutient le refus et la non-reconnaissance qui sont fondés sur l'ignorance délibérée. Ça n'a parfois aucune importance, comme dans le cas de la toile d'araignée. Mais quand le bien-être de quelqu'un, le respect qu'il a de lui-même, son identité et sa vie même sont en jeu, c'est une toute autre affaire. Cela a alors de l'importance; il faut le reconnaître, ne pas l’ignorer.

Reconnaître des torts est particulièrement difficile – à cela, plusieurs raisons. Selon la conception que nous avons de nous-même, nous sommes fondamentalement bons; nous avons une conception positive de notre origine et de notre destinée; nous tenons à préserver de telles images de toute flétrissure, de toute souillure. Nombreux sont les Canadiens, de récente date ou bien d'ancienne souche, à s'identifier à une version positive de notre histoire. Nous adhérons à une histoire du commerce des fourrures, des explorateurs, des luttes et des privations des pionniers, de la colonisation, de la croissance, du développement, de la modération, du compromis, de la tolérance envers les immigrants et les réfugiés. Nous sommes beaucoup moins disposés à accepter une histoire de manipulation, d'exploitation, de tromperie, de racisme, de cruauté de la part de ceux qui représentent les ancêtres de nos dirigeants d'aujourd'hui. Ce n'est pas ainsi que nous nous comprenons – et nous n'acceptons pas facilement des preuves que c'est ainsi que se sont surtout caractérisées les relations entre Autochtones et Blancs non autochtones. L'éloignement historique et la réticence à accepter cette situation historique plus complexe incitent fortement à se désintéresser d'un passé négatif. La tentation pour les Canadiens non autochtones est d'accepter ce qui est source de fierté, mais de résister et de refuser ce qui est source de honte. S'il s'avère que le Canada est une nation non seulement de modérés, gardiens de la paix, mais aussi de colonialistes racistes, de manipulateurs et de voleurs, nous allons nous efforcer de nous déconnecter et de refuser ces éléments de notre passé national. Nous allons souligner que nous n'étions même pas de ce monde quand tout cela a eu lieu et donc que nous n'avons rien à y voir. Nous n'avons rien fait, cela n'a pu être notre faute, ce n'est pas à nous de payer à présent.

Un prix à payer... il pourrait y avoir un prix à payer – cela nous amène à approfondir un facteur important qui va gravement à l'encontre de toute reconnaissance. Le prix. Autre raison de ne pas vouloir reconnaître les torts – nous pourrions avoir à le payer. Notre société populeuse et complexe s'est construite sur des terres enlevées à d’autres. Nous ne pouvons réparer les torts du passé et nous ne pouvons refaire notre monde, qui s'est bâti sur ces torts. Comment pouvons-nous dédommager, ou même commencer à dédommager, les pertes et les souffrances qui fondent notre propre société ? De l'argent ferait-il l'affaire – même en quantité inépuisable ? La peur et le désespoir peuvent renforcer le refus et nous inciter à persévérer dans nos attitudes de refus et de dérobade.

Il faut résister à de telles tentations. C'est ainsi que je conclus : je demande instamment aux Canadiens non autochtones de résister à ces tentations de façon à respecter et à reconnaître les sociétés aborigènes dont notre pays tire sa fondation même. Nous aurons alors et seulement alors un espoir raisonnable de soutenir des négociations de mode coopératif et des rapports de coopération et de confiance.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Asch, M., dir., Aboriginal and Treaty Rights in Canada, Vancouver (C.-B.), UBC Press, 1997.

Fisher, R. et W. Ury, Comment réussir une négociation, Paris : Seuil, 1994.

Fisher, R. et S. Brown, D'une bonne relation à une négociation réussie, Paris : Seuil, 1991.

Govier, T., Social Trust and Human Communities, Montréal (Qué.) et Kingston (Ont.), McGill-Queen’s University Press, 1997.

Govier, T., Dilemmas of Trust, Montréal (Qué.) et Kingston (Ont.), McGill-Queen’s University Press, 1998.

Govier, T., « What is Acknowledgement and Why is it Important ? », Humanities Lecture, Université Brock, 13 mai 1999 et Conférence « Dilemmas of Reconciliation », Institute for the Humanities, Université de Calgary, 5 juin 1999.

Margalit, A., The Decent Society, Cambridge, Harvard University Press, 1996.

Canada, Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones, Ottawa, Approvisionnements et Services Canada, 1996.

York, G., The Dispossessed : Life and Death in Native Canada, Toronto (Ont.), McArthur and Company, 1999. (première publication chez Lester & Orpen Dennis, Toronto (Ont.), 1989).

York, G. et L. Pindera, People of the Pines: The Warriors and the Legacy of Oka, Toronto (Ont.), Little Brown, 1991.

Parlons franchement à propos des traités

Retour à la table des matières


Quoi de neuf | À propos de nous | Recherche de services | Événements à venir | Coin du président | Projets de recherche | Concours, Compétitions et Partenariats | Les rapports ministériels | Ressources