Un important activiste zimbabwéen affirme que le Canada peut contribuer à mettre fin à la terreur de Mugabe

Vancouver, le 19 octobre 2006 – « Le gouvernement du Canada a un rôle clé à jouer pour aider à mettre un terme à la catastrophe concernant les droits de la personne qui se déroule au Zimbabwe », dit Gabriel Shumba, l’un des avocats spécialistes des droits de la personne prépondérants de ce pays. Monsieur Shumba et Marilyn Tudor, du Forum des exilés zimbabwéens (Zimbabwe Exiles Forum- ZEF) se trouvent au Canada pour une tournée de trois semaines, organisée par Droits et Démocratie.

Monsieur Shumba, directeur exécutif du ZEF, indique que le gouvernement du Canada est particulièrement bien placé pour prendre la tête d’un mouvement incitant des organisations internationales comme les Nations Unies, le Commonwealth et l’Union africaine à intervenir au Zimbabwe et à demander des comptes au gouvernement du président Robert Mugabe concernant ses violations massives des droits de la personne et des libertés démocratiques. Le gouvernement du Canada devrait également étudier la possibilité d’utiliser les lois canadiennes pour poursuivre les responsables d’abus relatifs aux droits de la personne au Zimbabwe, en particulier la Loi sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre.

Le gouvernement du Canada devrait demander au Conseil de sécurité des Nations Unies de considérer pleinement la possibilité de recourir au principe de responsabilité de protéger,adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies l’an dernier. Le rôle du Canada a été déterminant dans la définition des principes qui sous-tendent la responsabilité de protéger, obligeant la communauté internationale à intervenir dans les pays dont le gouvernement n’est pas capable ou ne souhaite pas protéger les droits des citoyens. De telles mesures pourraient inclure des restrictions aux déplacements internationaux ou des sanctions économiques ciblées.

D’après monsieur Shumba, le Commonwealth devrait continuer à s’adresser au Zimbabwe bien que le pays ait formellement quitté l’organisme en décembre 2003. Considérant que le Commonwealth regroupe de nombreux pays possédant des liens importants avec le Zimbabwe, notamment l’Afrique du Sud et le Royaume-Uni, l’organisation constitue une tribune multilatérale où l’implication et l’autorité du Canada sur la question les droits de la personne au Zimbabwe sont nécessaires.

Selon monsieur Shumba, la région se souvient du Canada et le respecte pour le rôle clé qu’il a joué dans la disparition de l’apartheid en Afrique du Sud. De plus, elle considère le Canada comme un intermédiaire honnête non entaché par une histoire colonialiste. De ce fait, le Canada est bien placé pour travailler avec les institutions régionales comme l’Union africaine et la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, et peut jouer un rôle de renforcement. Mettre sur pied des institutions régionales fortes, engagées en faveur des droits de la personne, de la démocratie et de la bonne gouvernance, facilitera à long terme la capacité des Africains à faire face à des situations comme celle du Zimbabwe.

Possédant une législation des plus progressistes concernant la promotion internationale et la protection des droits de la personne, le Canada est aussi particulièrement bien placé pour entreprendre une action légale contre les responsables d’abus relatifs aux droits de la personne au Zimbabwe. Monsieur Shumba croit que la Loi canadienne sur les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre (2000) ainsi que l’article 7(3.7) du Code criminel du Canada, qui rend l’article 269.1 (torture) assujetti à la juridiction universelle, pourraient être utilisés pour inculper les protagonistes du régime de Mugabe. Le 21 juillet 2006, le Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international du Canada a adopté une motion demandant au ministre canadien de la justice d’évaluer la possibilité d’utiliser ces lois pour se dresser contre le gouvernement du Zimbabwe. La motion demande au ministre de la Justice de faire connaître ses conclusions au comité avant le 15 novembre 2006.

Droits et Démocratie est une organisation indépendante investie d'un mandat international, créée par le Parlement canadien en 1988 pour favoriser et appuyer les valeurs universelles des droits de la personne et pour promouvoir les institutions et les pratiques démocratiques dans le monde entier. En coopération avec des individus, des organisations et des gouvernements, au Canada et à l'étranger, Droits et Démocratie défend les droits de la personne et les droits démocratiques définis dans la Charte internationale des droits de l'homme des Nations Unies.

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