Justice pour Jean Dominique - deux ans aprês son exécution: message de solidarité avec les organisations haïtiennes qui travaillent pour la justice

Montréal - 3 avril 2002 - Le Centre international de ressources juridiques, la Coalition nationale pour les Droits des Haïtiens, le Comité pour juger Duvalier, Droits et Démocratie, le Haiti Support Group, Human Rights Watch, Trocaire, le Washington Office on Latin America et le World Association for Christian Communication expriment leur solidarité avec la Fondation Eko Vwa Jean Dominique, ainsi qu'avec toutes les organisations haïtiennes qui luttent pour la justice et pour mettre fin à l'impunité. Il y a aujourd'hui exactement deux ans que des tueurs à gage ont assassiné Jean Dominique, directeur de Radio Haïti Inter à Port-au-Prince et Jean-Claude Loussaint, gardien de la station, croyant ainsi faire taire toutes les voix qui réclament la liberté d'expression et la démocratie.

En solidarité avec la Fondation Eko Vwa Jean Dominique, l'Association des journalistes haïtiens, la Plateforme des organisations haitiennes pour les droits de l'homme ainsi qu'avec d'autres organisations, nous renouvelons notre appel pour que justice soit faite dans ce cas. Permettre à la justice de suivre son cours dans le cas de M. Dominique donnerait de l'espoir à tous les Haïtiens qui vivent aujourd'hui menacés par la violence et l'insécurité, un espoir que leurs droits soient enfin respectés et que l'impunité recule.

Nous pressons instamment le gouvernement haïtien de répondre aux demandes déjà formulées par les organisations ci-dessus nommées:

  • Nous saluons le travail accompli jusqu'à maintenant par le juge d'instruction Claudy Gassant, en dépit des conditions difficiles auxquelles il a d? faire face. Nous demandons au Président Aristide de revenir sur sa décision de ne pas renouveler le mandat du juge Gassant, un geste qui indiquerait sa détermination à obtenir justice pour Jean Dominique.


  • Nous demandons une fois de plus la levée de l'immunité parlementaire du Sénateur Dany Toussaint. Sa comparution volontaire en cour en février ne suffit pas à assurer que l'enquête puisse faire conna — tre toute la vérité sur l'assassinat de Jean Dominique.


  • Nous nous réjouissons de l'arrestation du soi-disant dirigeant populaire Ronald Camille dit « Ronald Kadav » en vertu d'un mandat d'arrestation émis contre lui déjà depuis plusieurs mois. Cependant, nous reprenons l'appel des organisations haïtiennes de droits de la personne qui demandent l'exécution des mandats d'amener contre les gardes de sécurité du Sénateur Toussaint, Richard « Chacha » Salomon et Frank Joseph. Ces personnes ne sont pas au-dessus de la loi, et le défaut du syst'me judiciaire d'exécuter des mandats contre eux ne fait que contribuer à l'impunité qui prévaut dans le pays.


  • Dans le but de mettre fin à l'état d'impunité qui prévaut dans le pays, le gouvernement devrait déclencher une campagne de désarmement. Selon les informations recueillies par les organisations haïtiennes de droits de la personne, des élus de Lafanmi Lavalas et des représentants des « organisations populaires » violeraient ouvertement les lois haïtiennes concernant la possession des armes à feu. Nous faisons écho à l'appel de nos coll'gues haïtiens qui demandent que la campagne de désarmement s'adresse tout d'abord aux élus et organisations proches de ces derniers.


  • Nous réiterons l'appel des organisations haïtiennes pour qu'une enquête soit menée suite au lynchage de Panel Rénélus le 9 novembre 2001, un des suspects identifiés dans l'affaire de Jean Dominique, enlevé du sous commissariat de Léog‚ne, et ensuite lynché par un groupe de personnes. Nous demandons que l'enquête initiée par le juge Gassant soit reprise, et que les responsables de ce crime soient reconnus coupables, incluant les policiers dont la négligence a permis que le crime ait lieu.


  • Nous dénonçons encore une fois les appels du Chef de l'État faits en juin dernier en faveur de la politique « zéro tolérance »; ceux-ci n'ont fait que perpétuer l'absence d'état de droit et engendrer un climat de terreur. Nous reprenons le slogan des organisations haïtiennes de « zéro tolérance contre l'intolérance », en demandant que la liberté d'expression et d'association de celles-ci soit respectée, surtout pendant cette période de mobilisation des Haïtiens pour demander justice dans l'assassinat de Jean Dominique.

Nous manifestons encore une fois notre solidarité avec la Fondation Eko Vwa Jean Dominique, la Plateforme des organisations haitiennes des droits de l'homme, l'Association des journalistes haïtiens, ainsi qu'avec tous les organismes qui luttent pour que justice soit faite dans ce cas, et pour une fin à l'impunité. Nous exigeons que le gouvernement garantisse la sécurité et l'intégrité physique de ces courageux travailleurs qui oeuvrent pour le plein respect des droits de tous les Haïtiens.



Centre international de ressources juridiques, Montréal

Comité pour juger Duvalier, Paris

Coalition nationale pour les droits des haïtiens, New York

Droits et Démocratie (Centre international des droits de la personne et du développement démocratique), Montréal

Haiti Support Group, Londres

Human Rights Watch, New York

Trocaire (L'agence catholique irlandaise pour le développement mondial), Dublin

Washington Office on Latin America, Washington D.C.

World Association for Christian Communication, Londres

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