Le Zimbabwe a besoin d’un engagement ferme du Canada pour mettre fin à la crise des droits de la personne

MONTRÉAL, le 15 novembre 2006 – La décision récente du gouvernement du Canada voulant qu’il ne peut poursuivre le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, pour crimes contre l’humanité en vertu du droit national ne devrait pas signifier que le Canada renonce à s’occuper du dossier de meurtres, de tortures, de viols et autres violations graves des droits de la personne de ce régime.

En juin dernier, le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international du Canada a adopté une motion demandant au ministre de la Justice d’étudier la possibilité de recourir à la loi canadienne sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre pour inculper le président Mugabe pour des violations des droits de la personne commises au Zimbabwe, et de faire connaître ses conclusions avant le 15 novembre. Le ministre de la Justice du Canada, l’honorable Vic Toews, a donné suite à cette demande et a conclu que M. Mugabe jouissait de l’immunité reconnue aux chefs d’État et que, à ce titre, il était hors de portée des tribunaux canadiens.

Les efforts du Canada pour que M. Mugabe et les représentants de son gouvernement rendent compte des graves violations des droits de la personne commises à l’endroit des Zimbabwéens, y compris le recours généralisé à la torture et au viol contre des opposants politiques, ne peuvent prendre fin avec cette décision. En tant que principal promoteur du devoir de protection, un principe adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2005, le gouvernement du Canada doit prendre la tête d’un mouvement international pour tenter de protéger la population du Zimbabwe contre son propre gouvernement.

« La population du Zimbabwe réclame que le Canada s’élève contre les violations systématiques et souvent même sadiques des droits de la personne de la part de son gouvernement, affirme Jean?Louis Roy, président de Droits et Démocratie. Le Canada a joué un rôle capital et direct pour mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud, et cet engagement ferme à agir est à nouveau nécessaire au Zimbabwe. »

Récemment, lors d’une visite au Canada de Gabriel Shumba et Marilyn Tudor, du Forum des exilés zimbabwéens (Zimbabwe Exiles Forum, ZEF), parrainée par Droits et Démocratie, les Canadiens ont montré qu’ils étaient gravement préoccupés et troublés par les atrocités commises au Zimbabwe. Des éditorialistes de tout le pays ont appuyé les efforts du ZEF pour que M. Mugabe et ses représentants soient amenés devant les tribunaux. Ils ont également écrit en des termes on ne peut plus clairs au sujet de l’obligation morale qu’a le Canada de se dresser contre le président Mugabe et de rallier la communauté internationale contre ses exactions.

Le Canada peut faire beaucoup en ce sens. Tout d’abord, notre pays doit continuer d’appuyer directement, et même appuyer davantage, les organisations de la société civile telles que le ZEF qui travaillent à promouvoir les droits de la personne et la primauté du droit, au Zimbabwe et en exil dans les pays voisins.

Le Canada doit également œuvrer avec ses amis et alliés siégeant au Conseil de sécurité des Nations Unies à ce que le Zimbabwe soit finalement traité comme la menace à la sécurité et à la stabilité régionales qu’il est devenu. La participation du Canada au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies doit être utilisée pour renforcer la condamnation, par la communauté internationale, du dossier du régime Mugabe en matière de droits de la personne.

La position favorable du Canada au sein du Commonwealth doit être exploitée pour s’assurer que le Zimbabwe demeure inscrit à l’ordre du jour de cette organisation, et ce, même si le régime Mugabe s’est retiré du Commonwealth en 2003. Le Commonwealth comprend plusieurs gouvernements africains qui continuent d’appuyer M. Mugabe, en particulier l’Afrique du Sud, et le Canada doit jouer de son influence pour que cet appui soit contesté.

Les relations bilatérales du Canada avec l’Afrique du Sud, la Chine et d’autres pays qui ont des liens étroits avec le Zimbabwe doivent aussi refléter ses préoccupations au sujet de leur association avec le régime Mugabe, qu’elle soit économique ou autre. L’aide et les investissements de ces pays au Zimbabwe sont essentiels à la survie du régime, et le Canada doit condamner catégoriquement ces ententes tant que les violations des droits de la personne s’y poursuivront.

Pour sa part, Droits et Démocratie continuera d’appuyer les courageux défenseurs des droits de la personne du Zimbabwe ainsi que leurs efforts pour instaurer la démocratie et mettre fin à l’impunité dans ce pays.

 

Droits et Démocratie est une organisation indépendante investie d'un mandat international, créée par le Parlement canadien en 1988 pour favoriser et appuyer les valeurs universelles des droits de la personne et pour promouvoir les institutions et les pratiques démocratiques dans le monde entier. En coopération avec des individus, des organisations et des gouvernements, au Canada et à l'étranger, Droits et Démocratie défend les droits de la personne et les droits démocratiques définis dans la Charte internationale des droits de l'homme des Nations Unies.

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