ALLOCUTION
PRONONCÉE PAR
L'HONORABLE LAWRENCE CANNON,
MINISTRE DES TRANSPORTS, DE L'INFRASTRUCTURE ET DES COLLECTIVITÉS, LORS DE LA
RÉUNION SCIENTIFIQUE ANNUELLE DE
L'ASSOCIATION MÉDICALE DE L'AVIATION CIVILE
OTTAWA (ONTARIO)
LE 5 OCTOBRE 2006
Bonjour. Je vous remercie et je tiens à vous souhaiter à tous la bienvenue à
Ottawa pour la réunion scientifique annuelle de l'Association médicale de
l'Aviation civile.
Je voudrais surtout souhaiter la bienvenue à ceux qui proviennent de l'extérieur
du Canada et aux Canadiens qui visitent Ottawa pour la première fois. Il s'agit
de la plus belle période de l'année pour visiter notre ville. Les feuilles
d'automne sont très belles à ce temps-ci.
J'espère que, malgré vos horaires chargés, vous aurez du temps libre pour
marcher le long du canal Rideau ou pour vous promener en voiture dans les
collines de la Gatineau. Vous pourriez aussi visiter le Musée de l'aviation du
Canada.
La région d'Ottawa est aussi connue comme un centre d'innovation des
technologies d'information et de communication, et elle possède aussi une
communauté de recherche médicale très dynamique.
Par exemple, le Conseil national de recherches du Canada a établi son Institut
des sciences biologiques ici à Ottawa. L'Institut se concentre sur trois
programmes de recherche majeurs : l'immunobiologie, la glycobiologie et la
neurobiologie.
Je ne suis pas un médecin ni un scientifique. En tant que politicien, j'attache
certainement de l'importance au croisement entre les sciences et la politique
publique. Je dois aussi être à l'écoute de la perception du public.
Parfois, la perception du public et les preuves scientifiques s'opposent. C'est
dans ces moments qu'il est important pour les politiciens de montrer l'exemple.
J'ai pour rôle de m'assurer que les politiques sont basées sur des preuves et,
parfois, il est de mon devoir de faire concorder la perception du public avec
les preuves scientifiques.
Nous pouvons assurément observer l'évolution de la perception du public et des
preuves scientifiques au cours de la longue et éminente histoire de la médecine
de l'aviation civile. Pensez aux origines de l'aviation civile et aux aptitudes
physiques et mentales qui étaient considérées nécessaires. Dans les années
suivant la Première Guerre mondiale, il existait un marché, à l'état naissant,
pour l'aviation civile, mais lorsque le public pensait aux aviateurs, ils
songeaient aux as de l'aviation.
Les pilotes d'aviation civile ont plusieurs autres attributs. Cependant, je ne
crois pas qu'aujourd'hui les gens s'attendent ou veulent que leur avion soit
piloté par un Billie Bishop ou un Eddie Rickenbacker. En effet, ils pourraient
même être effrayés par cette idée.
Pourtant, lorsqu'elle a mis sur pied une sous-commission médicale, la Commission
internationale de navigation aérienne a obtenu des normes médicales qui étaient
très rigoureuses.
Cette exclusivité était peut-être nécessaire en raison de la technologie du
jour, mais je me demande s'il ne s'agissait pas plutôt d'une tendance à
réglementer les normes selon la perception du public sur ce que devait être un
pilote.
Après 1944, lorsque l'Organisation de l'aviation civile internationale a été
créée pour continuer le travail de la Commission internationale de navigation
aérienne, les normes médicales internationales sont devenues plus libérales. Ce
fut également le cas au Canada.
Cela ne signifie pas que nous faisions preuve de laxisme. Au contraire, les
normes sont devenues plus appropriées en fonction de ce qui est réellement
nécessaire. Aujourd'hui, vous n'êtes pas obligé d'être un pilote de Top Gun pour
piloter dans l'aviation civile. En fait, s'ils le souhaitaient, la majorité des
gens au Canada de plus de 16 ans pourraient passer les examens du certificat
médical de l'aviation ― mais cela ne veut pas dire qu'ils obtiendraient leur
licence de pilote, bien entendu.
Votre organisation, tout au long de l'évolution des normes médicales pour
l'aviation civile, n'a jamais compromis la sécurité du public voyageur. Les
normes continueront d'évoluer. Elles doivent évoluer puisque nous en apprenons
plus sur la médecine, la psychologie et les exigences de l'industrie de
l'aviation civile. Les règlements et les normes du Canada tiendront toujours
compte des développements changeants.
Environ 950 médecins-examinateurs de l'aviation civile désignés dans l'ensemble
du Canada et à l'étranger ont effectué 55 000 examens médicaux chaque année.
Nous faisons confiance à nos médecins-examinateurs de l'aviation civile. Ce sont
les seules personnes qui examinent physiquement le pilote. Il s'agit du lien le
plus important dans la chaîne de sécurité du processus de certification
médicale.
La direction de la médecine aéronautique civile m'avise aussi, en tant que
Ministre, des normes publiques appropriées. Elle a dirigé des recherches et une
discussion stratégique sur les nombreux secteurs dans lesquels la réglementation
continuera d'évoluer.
Elle a tenu des ateliers sur des questions allant du diabète au VIH, du
vieillissement à la consommation de drogues. Les groupes de travail de la
direction continuent d'enquêter sur des sujets allant de l'évacuation
aéromédical à la qualité de l'air de la cabine; du rôle de l'aviation civile
dans la prévention des pandémies à l'impact des rayons cosmiques sur les
équipages d'aéronefs.
Grâce aux résultats du travail de la direction avec la communauté médicale
aéronautique, Transports Canada a produit des directives pour la certification
médicale dans des secteurs comme la neurologie, la cardiologie et le diabète.
Au cours des prochaines années, la médecine aéronautique jouera un rôle de plus
en plus important dans la sécurité aérienne puisque nous nous concentrerons de
plus en plus sur les facteurs humains. Notre défi est le suivant : après
plusieurs décennies de progrès technologiques comme les moteurs plus fiables et
les systèmes de navigation, l'industrie de l'aviation est très sécuritaire.
L'industrie continuera de croître. Le nombre de vols augmentera. En tant
ministre des Transports du nouveau gouvernement du Canada, j'ai l'intention
d'accroître considérablement le nombre d'accords avec les transporteurs aériens
étrangers.
Avec cette hausse, à moins que nous trouvions des moyens supplémentaires
d'améliorer les facteurs de sécurité, le nombre d'accidents augmentera. Outre
des conséquences tragiques, cela pourrait porter atteinte à la confiance du
public en ce qui a trait au transport aérien. Nous devons trouver une façon de
réduire le nombre total d'accidents.
Aujourd'hui, la majorité des accidents peut être attribuée aux facteurs humains
ou organisationnels. Il existe peu de possibilités de trouver des solutions
technologiques pour ces types d'accidents. Nous avons solutionné les problèmes
plus faciles, maintenant nous devons nous occuper de la lourde tâche de trouver
un moyen d'améliorer les éléments humains et organisationnels de la sécurité
aérienne.
Cela nous aide à justifier notre insistance sur les systèmes de gestion de la
sécurité qui gèrent, de façon proactive, les risques tout en utilisant le
personnel technique plus efficacement. Le but consiste à miser sur les
excellents antécédents au titre de la sécurité aérienne afin d'amener
l'industrie aéronautique canadienne à un nouveau niveau de sécurité.
Le rôle du gouvernement a changé, au lieu de servir d'organisme de
réglementation de commandement et de contrôle, il évalue la conformité de
l'industrie aux normes qui ont été mises en place.
Dans le domaine des normes médicales, l'insistance sur les systèmes de gestion
de la sécurité a entraîné la délégation de l'autorité de validation aux
examinateurs. Il n'est pas nécessaire que les fonctionnaires exercent cette
fonction, alors que les professionnels de la santé ont l'expertise pour le
faire. Ce processus fonctionne bien.
Les choses changent dans l'aviation civile. Elles changent quant à notre
compréhension des exigences médicales pour l'industrie. Une seule chose ne doit
pas changer, nous devons nous assurer de maintenir la sécurité et garder la
confiance des voyageurs.
Nous devons continuer de démontrer que les normes médicales confirment
l'intégrité et la sécurité de l'aviation civile; et votre groupe joue un rôle
essentiel.
Indiquez-moi quels sont les nouveaux problèmes. Débattez des conséquences pour
l'aviation des nouvelles preuves que la science révèlera. Donnez-moi la
justification des normes qui, selon vous, devraient être appliquées. Je ferai
tout en mon pouvoir, en tant que décideur des politiques publiques, pour
m'assurer que l'industrie de l'aviation civile canadienne est plus sécuritaire
grâce à vos connaissances et à votre expertise.
Je vous souhaite à tous une réunion agréable et fructueuse.
Je vous remercie.
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