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Les enjeux de la productivité au Canada (Volume 10, 2002)
Directeurs généraux de la publication : Someshwar Rao et Andrew Sharpe, University Of Calgary Press

On peut acheter les documents de recherche en s'adressant aux presses de l'Université de Calgary. N'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires à l'adresse suivante : mepa.apme@ic.gc.ca.

Introduction

La croissance de la productivité est le principal moteur de l'amélioration du revenu réel et du niveau de vie à long terme. Les gains de productivité augmentent la richesse économique, libérant des ressources supplémentaires qui peuvent être investies en vue de répondre aux besoins de la population dans des domaines tels que les soins de santé, l'éducation, l'environnement, les infrastructures publiques et la sécurité sociale.

Après le premier choc pétrolier en 1973, la croissance de la productivité a chuté au Canada, comme dans les autres pays de l'OCDE. Puis, dans les années 90, la croissance de la productivité au Canada a pris du retard sur celle de son principal partenaire commercial, les États-Unis. Ces tendances inquiétantes ont stimulé l'intérêt des chercheurs et suscité un vif débat public au Canada.

Ce recueil d'études sur la productivité favorisera une meilleure compréhension de la dynamique de la croissance de la productivité au Canada et des causes de la piètre performance relative du pays à ce chapitre. Il aborde une gamme étendue de sujets : tendances et déterminants de la productivité, innovation et productivité, investissement et productivité, liens mondiaux et productivité, productivité et nouvelle économie et, enfin, aspects sociaux de la productivité. Certaines de ces études ont déjà été publiées par Industrie Canada - quelques-unes occupant une place de choix dans le débat sur la productivité - mais plusieurs paraissent ici pour la première fois.

Points saillants du volume

Les études publiées dans ce volume sont regroupées en six parties : les tendances et les déterminants de la productivité, l'innovation et la productivité, l'investissement et la productivité, les liens à l'échelle mondiale et la productivité, la productivité dans la nouvelle économie et, enfin, les aspects sociaux de la productivité. Chaque partie renferme un document de synthèse; ces documents ont été rédigés par des économistes canadiens de renom. On avait demandé aux auteurs de ces synthèses de faire quatre choses : premièrement, regrouper les principaux résultats des études présentées dans leur partie de l'ouvrage; deuxièmement, intégrer les résultats d'autres travaux de recherche effectués au Canada ou à l'étranger dans ce domaine; troisièmement, répertorier les lacunes les plus importantes au niveau de la recherche, le cas échéant; enfin, faire ressortir les conséquences des principaux résultats empiriques des travaux actuels sur les plans de la recherche et des politiques. Dans ce qui suit, nous pré sentons un bref aperçu de chaque étude et document de synthèse.

Les tendances et les déterminants de la productivité

L'étude de la productivité débute par un examen des tendances actuelles de la productivité et une analyse des facteurs déterminants de la croissance de la productivité. Cette partie renferme six études consacrées à ces tâches dans le contexte canadien. La première, de Wulong Gu et Mun Ho, compare la croissance de la productivité dans 33 industries canadiennes et américaines, sur une base cohérente, pour la période 1961-1995. La principale observation qui se dégage de cette étude est la détérioration continue de la croissance de la productivité totale des facteurs au Canada par rapport aux États-Unis, qui traduit une érosion du phénomène de rattrapage ou de convergence. Avant 1973, le taux de croissance de la productivité totale des facteurs dans la plupart des industries canadiennes était supérieur à celui des industries correspondantes aux États-Unis; au cours de la période 1973-1988, la croissance de la productivité a été sensiblement la même dans les deux pays; cependant, durant la période 1988-1995, la productivité a progressé plus lentement au Canada dans la plupart des industries.

Dans la seconde étude, Frank Lee et Jianmin Tang examinent les différences de niveau de productivité et de compétitivité sur le plan des coûts entre les industries canadiennes et américaines. Ils utilisent des parités de pouvoir d'achat (PPA) afin d'estimer les niveaux de productivité et les taux de change du marché et d'évaluer les tendances de la compétitivité sur le plan des coûts. Conformément aux résultats obtenus par Gu et Ho au sujet de l'érosion progressive de l'effet de rattrapage, Lee et Tang constatent que le niveau de la PTF au Canada est passé de 76 pour cent du niveau des États-Unis en 1961 à 92 pour cent en 1980, mais qu'il a fléchi après 1985 pour ne plus représenter que 88 pour cent en 1995. Il est intéressant de constater que la différence de PTF est beaucoup plus restreinte que la différence de productivité du travail (qui était de 82 pour cent du niveau américain en 1995, sur la base du PIB par travailleur mesuré selon les estimations du U.S. Bureau of Labor Statistics), en raison d'une plus grande intensité de capital de la production aux États-Unis. Les tendances de la compétitivité sur le plan des coûts ont été principalement déterminées par les fluctuations du taux de change : la compétitivité s'est détériorée de 1963 à 1976 alors que la valeur du dollar canadien s'appréciait par rapport au dollar américain, et elle s'est améliorée de 1976 à 1995, à la faveur de la dépréciation de la devise canadienne.

Dans la troisième étude, Serge Coulombe examine ce qu'il appelle le paradoxe canado-américain de la croissance de la productivité, qu'il définit comme étant une croissance plus rapide de la productivité multifactorielle dans le secteur des entreprises au Canada par rapport aux États-Unis depuis le début des années 80, en dépit d'une croissance plus lente de la productivité du travail au Canada, selon les estimations officielles de Statistique Canada et du Bureau of Labor Statistics (BLS). Selon l'auteur, cette situation inusitée peut s'expliquer par les différences entre les méthodologies employées par les deux organismes de statistique dans le calcul de la productivité multifactorielle, différences qui ont trait à la composition de la population active, à la définition du stock de capital et aux profils de dépréciation. Il soutient que la méthodologie du BLS est, dans les trois cas, supérieure à celle de Statistique Canada, ce qui l'incite à recommander que cet organisme révise la méthodologie qu'il emploie pour calculer la productivité multifactorielle. Depuis que cette étude a été réalisée en 1999, Statistique Canada a effectivement modifié la méthodologie servant au calcul de la productivité multifactorielle conformément aux recommandations de Coulombe.

Dans la quatrième étude, Serge Nadeau et Someshwar Rao examinent le rôle de la structure industrielle dans l'explication du retard de la croissance de la productivité du travail au Canada par rapport aux États-Unis dans le secteur manufacturier. Les auteurs constatent que deux industries - le matériel électronique et électrique, et les machines et équipements industriels - sont à l'origine de l'écart observé entre les deux pays dans la croissance de la productivité manufacturière, durant les années 90. Ces industries ont une taille plus importante aux États-Unis, où elles ont enregistré une croissance plus rapide de la productivité. Les auteurs attribuent la faiblesse relative de ces deux industries au Canada à leur incapacité à se développer au même rythme que leurs rivales américaines, et ils présentent divers exemples de la performance inférieure du Canada pour certaines facettes importantes de l'innovation et de l'acquisition et de l'utilisation du savoir.

Dans la cinquième étude, Richard Harris offre un examen détaillé des déterminants de la croissance de la productivité à partir d'une revue de la documentation disponible. À la lumière de ce qu'il considère comme une preuve empirique accablante, il énumère ce qui constitue, à son avis, les trois principaux déterminants ou leviers de la productivité : l'investissement en machines et en matériel, le développement du capital humain et l'ouverture au commerce et à l'investissement. L'auteur présente trois suggestions à l'intention des responsables de l'élaboration des politiques qui sont à la recherche d'une plus grande productivité : être prudent, en s'en tenant généralement à des politiques qui favorisent ces trois déterminants; ne pas négliger les données nouvelles; et enfin, adopter une attitude de réalisme dans une perspective mondiale, en reconnaissant la concurrence intense qui prévaut à l'échelle internationale sur le plan des facteurs de production.

Erwin Diewert présente ses propres estimations de la productivité globale du travail et de la productivité totale des facteurs au Canada pour la période 1962-1998, en plus de synthétiser les résultats des études publiées dans cette partie de l'ouvrage. Il constate que, pour ces deux mesures de la productivité, la performance a été meilleure aux États-Unis qu'au Canada pour l'ensemble de la période et chacune des quatre sous-périodes. Une question de recherche non encore éclaircie selon Diewert est le rôle possible des impôts plus élevés et des programmes sociaux plus généreux au Canada dans l'explication de l'écart de productivité observé avec les États-Unis.

Innovation et productivité

Il est largement reconnu que l'innovation est une condition nécessaire à l'amélioration de la productivité. Les cinq études présentées dans cette partie de l'ouvrage offrent des points de vue différents mais complémentaires sur la question de l'innovation. Dans la première, Manuel Trajtenberg se demande si le Canada ne risque pas de manquer le bateau technologique, et il répond par l'affirmative. Son analyse repose sur de nouvelles données ayant trait aux brevets obtenus par des Canadiens aux États-Unis. Il décèle quatre tendances inquiétantes : 1) le Canada est en voie de se faire dépasser par un groupe de pays de haute technologie (Finlande, Israël, Taiwan et Corée du Sud) quant au nombre de brevets par habitant et au ratio des brevets à la R-D; 2) par rapport aux autres pays, l'informatique et les communications - la technologie d'application générale dominante de notre époque - sont sous-représentées dans l'activité innovatrice au Canada; 3) les entreprises canadiennes détiennent une faible part des innovations canadiennes brevetées aux États-Unis, comparativement à la proportion élevée de ces innovations détenue par des sociétés étrangères ou non attribuée à une entité juridique; enfin, 4) la qualité des brevets canadiens, révélée par le nombre de citations, est inférieure à celle des brevets américains et des brevets d'autres pays.

Dans la seconde étude, Steven Globerman examine les liens entre les notions étroitement liées, mais distinctes, du changement technologique et de la croissance de la productivité. Il définit le changement technologique comme étant le taux auquel de nouveaux produits et procédés de production sont créés et adoptés au sein de l'économie, et il y voit une source de croissance de la productivité. Globerman identifie un certain nombre d'éléments de consensus sur des questions touchant au changement technologique - notamment que les taux de rendement sociaux sur la R-D dépassent sensiblement les taux de rendement privés et que la R-D financée par le gouvernement engendre des retombées significatives dans le secteur privé. Il note également que les raisons expliquant le faible taux de rendement sur la R-D au Canada sont mal comprises, tout comme les aspects dynamiques de la relation entre le changement technologique et la croissance de la productivité dans les industries de services, en particulier les services publics comme la santé et l'éducation, en raison de l'accent mis traditionnellement sur l'activité manufacturière.

Dans la troisième étude, Someshwar Rao, William Horsman, Ashfaq Ahmad et Phaedra Kaptein-Russell examinent les principaux déterminants de l'innovation pour tenter de mieux préciser la nature et les sources du retard d'innovation du Canada. Ils observent une relation étroite et positive entre divers indicateurs de l'innovation, par exemple le nombre de brevets et le PIB réel par habitant. Ils présentent des données sur l'innovation au Canada en soulignant la performance particulièrement faible du pays au chapitre du ratio des machines et du matériel (le plus bas des pays du G-7) et du ratio R-D/PIB (le deuxième plus bas des pays du G-7 après l'Italie). Une observation encourageante qui ressort de leur étude est que l'écart d'innovation semble se refermer selon divers indicateurs. Tout en reconnaissant que le gouvernement canadien est intervenu activement pour promouvoir l'innovation, les auteurs soutiennent que l'on devrait accorder plus d'attention à l'éducation et à la formation, ainsi qu'à l'investissement en R-D et en machines et en matériel, et que le climat d'affaires et le régime de réglementation au Canada devraient être flexibles, dynamiques et concurrentiels par rapport à ceux des autres pays de l'OCDE, et notamment des États-Unis.

Dans la quatrième étude, Randall Morck et Bernard Yeung présentent une synthèse des travaux de recherche actuels sur les déterminants économiques de l'innovation. Au point de départ, ils appuient la notion répandue selon laquelle les entreprises et les pays innovateurs ont une performance économique supérieure. Ils poursuivent en affirmant que, dans une économie axée sur le savoir, la principale forme de concurrence est l'innovation et non la réduction des prix. Par conséquent, le modèle économique de concurrence parfaite ne s'applique pas dans un contexte où l'innovation confère un pouvoir de monopole, à tout le moins temporaire. Les auteurs expriment leur scepticisme au sujet des avantages éventuels d'un soutien de l'État aux activités innovatrices des petites entreprises, en raison d'un problème de recherche de rentes, signalant plutôt leur préférence pour une stratégie de subvention des infrastructures et de l'éducation.

Enfin, dans le document de synthèse, Jeffrey Bernstein présente une revue détaillée de la documentation disponible sur la question de l'innovation et de la productivité, y compris les quatre études publiées dans cette partie de l'ouvrage; il traite des questions de mesure, des déterminants de l'innovation et de la politique en matière d'innovation. Parmi les nombreux points qu'il aborde, il y a celui de l'importance primordiale des retombées des travaux de R-D réalisés aux États-Unis pour la croissance de la productivité au Canada. L'auteur note qu'il ne semble pas y avoir de déclin séculaire des gains de productivité attribuables à la R-D aux États-Unis, ce qui augure bien pour les gains de productivité futurs au Canada.

Investissement et productivité

À l'instar de l'innovation, l'investissement est largement reconnu comme un déterminant fondamental de la croissance de la productivité. Les trois études réunies dans cette partie de l'ouvrage scrutent en détail la relation entre l'investissement et la productivité. Dans la première, Kevin Stiroh présente un aperçu de l'investissement et de la croissance de la productivité englobant à la fois la perspective néoclassique et celle de la nouvelle théorie de la croissance. Il soutient que ces deux écoles de pensée diffèrent sur la question du mécanisme grâce auquel l'investissement hausse la productivité. L'approche néoclassique met l'accent sur les rendements décroissants du capital, qui sont principalement internes à l'entreprise, tandis que les nouveaux modèles de croissance insistent sur les rendements croissants et les effets externes - les gains de productivité ayant des retombées hors de l'entreprise. L'auteur considère que les deux approches sont complémentaires, l'accent néoclassique mis sur l'accumulation des intrants et les rendements internes expliquant jusqu'à quatre cinquièmes de la croissance économique, tandis que la nouvelle théorie de la croissance expliquerait le reste, associé au progrès technologique.

Dans la seconde étude, Edgard Rodriguez et Timothy Sargent se demandent si un problème de sous-investissement n'a pas contribué à l'écart de productivité entre le Canada et les États-Unis. Les auteurs constatent que le Canada sous-investit sensiblement en R-D et en machines et en matériel comparativement aux États-Unis, mais ils affirment que ces écarts d'investissement n'expliquent pas nécessairement une part importante du retard de productivité. Selon eux, pour que la différence observée dans l'investissement en R-D soit à l'origine de l'écart de productivité, il faudrait que les rendements sociaux sur la R-D soient beaucoup plus élevés que les rendements privés et qu'une part importante des retombées ne franchisse pas la frontière. Pour que l'investissement moins élevé en machines et en matériel explique l'écart de productivité, il faudrait qu'il traduise des différences plus importantes sur le plan de la qualité du capital que celles qui ressortent des données disponibles. Selon les auteurs, ces hypothèses n'ont pas encore été démontrées. Ils en concluent donc que l'écart de productivité ne semble pas résulter d'un sous-investissement dans les grands agrégats, ce qui suppose que les mesures de politique telles que les impôts et les subventions axées sur ces agrégats pourraient ne pas constituer la façon la plus efficace de réduire l'écart observé.

Dans le document de synthèse, Ronald Giammarino analyse la relation investissement-productivité dans le contexte des travaux de recherche effectués jusqu'ici et des deux études précitées. Il affirme que l'approche économique traditionnelle en matière d'investissement pourrait mettre à profit les connaissances acquises dans le domaine du financement des entreprises, notamment sur la façon dont les décisions d'investissement sont prises en présence de nombreuses imperfections du marché. Selon cette dernière approche, les problèmes d'information sont au centre des décisions d'investissement des entreprises, et il faut examiner les liens entre ces décisions et des facteurs tels que le capital autogénéré et les régimes juridiques et comptables.

Les liens à l'échelle mondiale et la productivité

La productivité d'un pays subit l'influence des relations économiques qu'il entretient avec d'autres pays, par les canaux internationaux que sont les transferts de technologie et les flux de commerce et d'investissement. Cette partie de l'ouvrage regroupe trois études consacrées à l'incidence de ces mécanismes sur la productivité. La première étude, de Daniel Trefler et Gary Sawchuk, est consacrée à l'incidence de l'Accord de libre-échange Canada-États-Unis sur la productivité dans le secteur manufacturier. La principale constatation qui ressort de cette étude est que, durant la période 1989-1995, les réductions de droits tarifaires ont haussé la productivité du travail de 3,2 pour cent par an dans les industries les plus touchées et de 0,6 pour cent par an dans l'ensemble du secteur manufacturier.

Dans la seconde étude, Someshwar Rao et Jianmin Tang se demandent si les entreprises manufacturières sous contrôle canadien sont moins productives que leurs rivales sous contrôle étranger. Ils répondent par l'affirmative, observant que le niveau de la productivité multifactorielle dans les entreprises sous contrôle canadien est, en moyenne, de 19 pour cent inférieur à celui des entreprises sous contrôle étranger sur la période 1985-1995. Les auteurs constatent également que les déterminants classiques des écarts de productivité, comme la qualité de la main-d'oeuvre, la syndicalisation, l'orientation vers l'exportation et la taille des entreprises, n'interviennent pas dans l'explication de l'écart de productivité. Ils soutiennent plutôt que ces écarts sont attribuables à des pratiques et à des stratégies de gestion supérieures, ainsi qu'au savoir-faire technologique des entreprises sous contrôle étranger.

Dans le document de synthèse, John Ries présente un aperçu de la documentation récente sur l'investissement étranger, le commerce et la performance industrielle, et il met en relation ces travaux de recherche et les deux études publiées dans cette partie de l'ouvrage. Il attire l'attention sur la prédiction théorique voulant que le commerce engendre à la fois des gains statiques et dynamiques au chapitre de la croissance de la productivité, et que la réaffectation de la main-d'oeuvre vers les industries à productivité plus élevée peut être particulièrement importante. Par contre, l'auteur affirme que les travaux empiriques publiés jusqu'à maintenant n'ont pas réussi à confirmer de façon systématique l'existence d'un lien entre l'ouverture au commerce ou le volume des échanges commerciaux et une plus forte croissance de la productivité dans un pays, bien que plusieurs - sinon la majorité - des études, comme celle de Trefler et Sawchuk, font état d'une relation positive à cet égard.

La productivité et la nouvelle économie

L'accélération de la croissance de la productivité du travail aux États-Unis au cours de la seconde moitié des années 90 a incité certains auteurs à parler de nouvelle économie, expression qui désigne une économie marquée par une hausse permanente de la croissance tendancielle de la productivité, attribuable à l'effet favorable des technologies de l'information sur la productivité. Les cinq études présentées dans cette partie de l'ouvrage explorent diverses facettes du débat consacré à la nouvelle économie. Dans la première, Steven Globerman décrit et évalue les liens entre le commerce électronique et la croissance de la productivité. Tout en reconnaissant que le commerce électronique en est encore aux premières étapes de son développement, l'auteur est d'avis que ses répercussions économiques auront probablement un caractère évolutif plutôt que révolutionnaire. Comme les données montrent que le commerce électronique n'a eu, jusqu'à maintenant, que des retombées limitées, Globerman affirme qu'il y a peu de justification théorique à chercher à promouvoir le commerce électronique en tant qu'objectif de la politique publique.

La seconde étude, également réalisée par Steven Globerman, renferme un examen du phénomène des grappes industrielles, à la lumière de la perception croissante que l'activité économique dans les secteurs à coefficient élevé de savoir se distingue par la formation de grappes régionales. Alors que ces activités sont attirées vers les localités offrant des niveaux élevés de capital humain et une infrastructure matérielle et sociale bien développée, elles pourraient en principe s'établir à de nombreux autres endroits. Par conséquent, les gouvernements pourraient favoriser l'éclosion de ces grappes en privilégiant le développement du capital humain et des infrastructures. Néanmoins, Globerman adopte une attitude de laissez-faire face au phénomène des grappes, affirmant que les gouvernements ne devraient pas tenter de déterminer quelles grappes ayant des traits géographiques particuliers devraient faire l'objet d'une promotion, mais qu'ils pourraient avoir un rôle légitime à jouer en rationalisant ou en arbitrant les revendications concurrentes des régions en matière de soutien public. De l'avis de l'auteur, la tâche la plus redoutable qui incombe au gouvernement fédéral en pratique est d'user de son pouvoir de persuasion auprès des provinces pour les dissuader de s'engager dans une rivalité futile en vue d'attirer des grappes.

La troisième étude, réalisée par Andrew Sharpe et Leila Gharani, présente un tour d'horizon des écrits consacrés à la croissance de la productivité tendancielle et à la nouvelle économie. Les auteurs examinent le regain de productivité enregistré aux États-Unis depuis 1995, en notant que les industries de services, comme le commerce et les finances, connaissent enfin une meilleure croissance de la productivité grâce aux importants investissements faits dans les technologies de l'information. Ils évaluent les points de vue articulés par les partisans de la nouvelle économie, comme Dale Jorgenson, et ceux de ses critiques, comme Robert J. Gordon. Les auteurs adoptent une position mitoyenne sur la question de la nouvelle économie. Ils attribuent environ la moitié de la hausse d'un point de pourcentage de la croissance de la productivité du travail observée durant la seconde partie des années 90 à des facteurs temporaires ou à court terme, tels que la vigueur de l'économie et la poussée de l'investissement, et l'autre moitié de la hausse permanente de la productivité tendancielle à l'adoption des technologies de l'information.

Dans la quatrième étude, Ronald Hirshhorn, Serge Nadeau et Someshwar Rao examinent et évaluent le rôle joué par le gouvernement sur le plan de l'innovation dans l'économie du savoir. Ils signalent au départ qu'en 1996-1997, le gouvernement fédéral a consacré plus de 7 milliards de dollars aux mesures de soutien à l'activité scientifique et technologique, sous forme de dépenses directes et d'allégements fiscaux. Les auteurs notent que la justification de l'intervention de l'État dans le domaine de l'innovation repose sur l'imperfection du marché associée aux retombées positives ou aux externalités engendrées par la R-D du secteur privé. Selon les auteurs, il est difficile de prétendre que le Canada n'encourage pas suffisamment l'innovation par des mesures d'incitation fiscale et par ses lois sur la propriété intellectuelle. De fait, ils affirment qu'il est loin d'être clair que le Canada profite d'un système de subventions à la R-D plus généreux que celui des autres pays, et que nous aurions probablement intérêt à rééquilibrer les mesures de soutien gouvernemental axées sur la R-D en abaissant les impôts des sociétés et en réduisant les crédits d'impôt et les subventions.

Dans le document de synthèse, Peter Dungan et Thomas Wilson résument le débat sur la nouvelle économie et discutent de ses conséquences pour la croissance future de la productivité au Canada. Tout en partageant l'optimisme des tenants de cette vision, ils soutiennent qu'il n'est pas approprié de projeter que le Canada enregistrera le même taux de croissance de la productivité que celui que les États-Unis ont connu depuis 1995. Les auteurs estiment que la performance supérieure des États-Unis au chapitre de la productivité ne peut être répétée dans d'autres pays en raison de la taille importante du secteur des technologies de l'information aux États-Unis et de certains facteurs uniques du côté de la demande. Si le profil de croissance de la productivité au Canada durant la première décennie du présent siècle devait reproduire fidèlement celui observé aux États-Unis durant la seconde moitié des années 90, les auteurs prévoient alors une croissance annuelle de la production par travailleur d'environ 1,8 pour cent, ce qui serait supérieur à la performance enregistrée au cours de chacune des trois décennies précédentes.

Les déterminants sociaux de la productivité

Outre les déterminants économiques, des facteurs sociaux peuvent influer, directement et indirectement, sur la croissance de la productivité. Les trois études présentées dans cette partie de l'ouvrage explorent diverses dimensions des déterminants sociaux de la productivité. La première étude, de Richard Harris, renferme une analyse détaillée des liens existant entre la politique sociale et la croissance de la productivité. L'auteur souligne que si l'on pouvait établir que les déterminants sociaux constituent un facteur quantitativement important de la croissance de la productivité, alors l'arbitrage traditionnel entre l'équité et l'efficience n'existerait pas. Au terme d'un examen minutieux de la documentation, Harris conclut que nous n'avons pas encore de preuve claire de l'existence de liens robustes entre la politique sociale, l'égalité et la croissance de la productivité, bien qu'il reconnaisse l'existence possible de tels liens et la nécessité de poursuivre les recherches dans ce domaine.

Dans la deuxième étude, Andrew Sharpe analyse la relation bidirectionnelle entre la productivité et le bien-être économique, défini en fonction de quatre dimensions ou composantes : la consommation, le stock de richesse, l'égalité et la sécurité économique. L'auteur examine comment chacune de ces composantes peut subir l'influence positive d'une productivité accrue et comment, en sens inverse, les améliorations observées sous certaines dimensions du bien-être économique, comme l'égalité et la sécurité économique, peuvent se répercuter favorablement sur la croissance de la productivité. L'étude nous rappelle que l'importance de la productivité va bien au-delà de l'augmentation du revenu réel parce qu'elle peut avoir des répercussions positives notables sur d'autres aspects du bien-être économique.

Dans le document de synthèse, Lars Osberg examine les aspects sociaux de la productivité dans le contexte des travaux publiés jusqu'ici et des deux études présentées dans cette partie de l'ouvrage. Il affirme que le processus de production s'inscrit dans un contexte social dont les caractéristiques influent fortement sur la quantité de travail et de capital directement requise pour produire une quantité donnée de biens et de services. L'auteur note que les intrants qui n'ont pas un prix explicite, par exemple l'environnement ou le capital social, ne sont pas pris en compte à l'heure actuelle dans la mesure de la productivité, mais qu'ils devraient l'être afin d'en arriver à une comptabilisation complète des intrants et des extrants économiques et sociaux. Il conclut en recommandant que l'une des priorités de la recherche future sur la productivité soit de mieux définir et de me surer avec plus de précision ces intrants hors-marché.

Conclusion

Voici certains des messages clés qui se dégagent des travaux de recherche présentés dans cet ouvrage : mesurer avec précision la productivité revêt une importance critique pour la compréhension et l'analyse des problèmes de la productivité du Canada et d'élaboration de politiques et de stratégies appropriées; le Canada a pris un retard significatif sur les États-Unis durant les années 90 au chapitre de la productivité et des revenus réels; le Canada doit mettre en oeuvre des politiques et des stratégies efficaces pour refermer l'écart sur le plan de l'innovation; le secteur de la production des TIC a fait un apport important à la croissance globale de la productivité au Canada, mais nous n'avons pas de preuve solide d'une hausse de la croissance de la productivité dans les industries qui utilisent les TIC; il n'y a pas de consensus sur l'éventualité d'une hausse de la croissance de la productivité tendancielle au Canada; l'orientation accrue vers l'extérieur a eu une incidence positive sur la productivité au Canada; la croissance de la productivité peut améliorer la situation sociale, la cohésion sociale et la qualité de vie, mais on ne s'entend pas sur la présence d'un effet de rétroaction positif des investissements dans les programmes sociaux sur la productivité; enfin, les gouvernements peuvent jouer un rôle important en vue d'accélérer la croissance de la productivité.

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Création : 2003-04-16
Révision : 2004-03-03
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