Étude de cas sur la
conservation en Abitibi
(frontière Québec-Ontario)
ArborVitae Environmental Services
Boldon Group
Alexandre Boursier
Lorne Johnson
Thomas Stubbs
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Cette étude de cas a été commandée
comme recherche de base pour La Conservation du capital naturel
du Canada: Le programme de la forêt boréale.
Les opinions exprimées dans l’étude de
cas sont celles des auteurs et ne représentent pas
nécessairement celles de la Table ronde nationale,
de ses membres ou des membres du Groupe de travail du programme.
21 juillet 2004
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3 Méthodologie retenue pour l’analyse
L’équipe du projet a mené de nombreuses
entrevues, communiqué avec de multiples organismes (voir
Annexe 1), examiné un vaste éventail de documents
et de législations, et puisé dans les connaissances
de ses membres sur la région. Le processus de communication
et d’analyse de l’information s’articulait autour
de l’utilisation d’un cadre organisé selon les
critères et les facteurs dégagés en matière
d’aménagement forestier durable (AFD) par le Conseil
canadien des ministres des forêts (CCMF). Il importe de comprendre
que même si ces critères et éléments
servent de base à l’évaluation de la viabilité
de la forêt boréale en Abitibi, ils n’intéressent
pas directement la foresterie ou les activités reliées
à l’aménagement forestier. Ils constituent un
cadre objectif pour l’évaluation des répercussions
des activités économiques – individuelles ou
collectives –sur l’intégrité de la forêt
boréale au plan de l’écologie.
Le CCMF a élaboré une perspective hiérarchisée
de l’AFD, qui comprend six critères à remplir
pour considérer une forêt comme durable. À chaque
critère correspondent plusieurs facteurs qui précisent
davantage la nature des valeurs à atteindre, et à
chaque facteur est rattaché un certain nombre d’indicateurs
suggérés. Dans notre format, les critères et
les éléments sont utilisés pour permettre d’organiser
l’information et de cerner des questions stratégiques
clés que nous voulions évaluer dans le cadre de cette
étude de cas. Le Tableau 5 indique les six critères
de GDF définis par le CCMF ainsi que les indicateurs rattachés
à chaque critère. Le Tableau 5 est également
une version extrêmement condensée du cadre de notre
analyse.
Tableau 5. Les six critères d’AFD
et les indicateurs associés élaborés par le
CCMF
Critères
du CCMF |
Indicateurs du CCMF |
1. Conservation de la diversité biologique |
Diversité des paysages terrestres
Fragmentation des paysages terrestres
Espèces menacées
Diversité des espèces
Diversité génétique
Zones protégées
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2. Maintien et amélioration de l’état
et de la productivité des écosystèmes forestiers |
Processus des écosystèmes
Productivité des écosystèmes
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3. Conservation des ressources pédologiques
et hydriques |
Conservation des sols
Conservation de l’eau
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4. Contribution des écosystèmes
forestiers aux cycles écologiques planétaires |
Captation du carbone
Conversion des terres forestières
Restauration des forêts
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5. Avantages multiples pour la société |
Apport durable d’avantages
Diversification de l’économie
Développement de l’économie
Équité
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6. Acceptation de la responsabilité de
la société à l’égard du développement
durable |
Droits ancestraux et issus de traités
Valeurs autochtones
Participation du public
Édification des compétences |
Le tableau montre que le concept d’AFD retenu
par le CCMF est très large et englobe les dimensions économiques
et socioculturelles. Cette approche provient de ce qu’on appelle
le Processus de Montréal (découlant du Colloque d’experts
sur l’aménagement durable de la forêt boréale
et de la forêt tempérée, tenu en 1993). Elle
a été largement mise en application dans le secteur
forestier canadien. Elle est aussi conforme aux approches internationales
en matière d’AFD ainsi qu’aux exigences des principaux
processus de certification des forêts indépendants.
Il est essentiel de reconnaître que les critères
d’AFD élaborés par le CCMF s’appliquent
à la forêt dans son ensemble. Ce sont les activités
de tous les secteurs ayant une incidence sur la forêt qui
doivent être prises en compte au moment de l’évaluation
de la durabilité, et pas seulement celle du secteur forestier.
Par exemple, l’indicateur rattaché à la biodiversité
et qui touche à la fragmentation de la forêt et au
maintien de la connectivité prendra en compte, non seulement,
les parcelles de récolte, les chemins d’accès
aménagés par les sociétés forestières,
et les répercussions de l’exploration minière
(déboisement de sentiers, forage et, en particulier, construction
des voies d’accès), mais aussi la volonté ferme
des principaux partisans des activités de tourisme et de
loisirs de profiter d’un meilleur accès aux forêts,
et les corridors des lignes de transport d’hydroélectricité.
Un autre élément du cadre d’AFD touche à
la conversion des terres forestières à d’autres
usages. À cet égard, il faudra examiner les questions
touchant des secteurs comme l’agriculture (y-a-t-il des incitatifs
à convertir la forêt en terre agricole?), l’hydroélectricité
(prévoit-on des inondations supplémentaires?) et l’exploitation
minière (l’aménagement de sites miniers et leur
réhabilitation).
Comme indiqué, ci-dessus, le Tableau 5 est
une version condensée de notre cadre d’analyse. À
chaque critère d’AFD, l’équipe de consultation
a rattaché les indicateurs pertinents élaborés
dans le cadre de deux normes prévalentes de certification
: la norme du Forest Stewardship Council (FSC) sur la forêt
boréale et la norme sur l’AFD de l’Association
canadienne de normalisation (CSA). Nous avons ensuite défini
les grandes questions clés à aborder au moment d’évaluer
à quel point la législation, les processus de planification,
les activités de mise en œuvre et de surveillance qui
existent actuellement protégeaient les valeurs et respectaient
les principes régissant les systèmes d’AFD intégrés
au cadre d’analyse.
Par exemple, dans un cas de fragmentation des paysages
terrestres, un indicateur rattaché au premier critère,
nous nous sommes posé les questions suivantes :
- Dans quelle mesure la forêt boréale
de l’Abitibi est-elle fragmentée et quelles sont
les principales causes de cette fragmentation?
- Dans quelle mesure peut-on augmenter la connectivité,
et quels sont les organismes, politiques ou réglementations
qui y font obstacle?
Ces questions ont guidé notre examen de la
législation, des rapports et des plans. Elles ont aussi servi
à élaborer les guides d’entrevue pour le projet.
Il convient de souligner que le rôle du cadre d’analyse,
retenu pour cette étude, était d’orienter la
collecte de données –il permettait de veiller à
ce que tous les membres de l’équipe examinent, de manière
cohérente et exhaustive, les nombreux aspects de la conservation
et de la durabilité. Toutefois, nous ne nous sommes pas bornés
à suivre aveuglément le contenu du cadre d’analyse.
Les questions et lacunes, découvertes au fur et à
mesure, ont été prises en compte dans notre analyse.
Ainsi, le cadre d’analyse pouvait servir de guide sans devenir
une contrainte.
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