4.6
CAPITAL NATUREL 5 : ÉTENDUE DES TERRES HUMIDES
4.6.1 Description de l'indicateur proposé
Le Canada est responsable d'une proportion élevée
des terres humides du monde, qui représentent un patrimoine
naturel d'une importance mondiale. Établi à partir
de données de télédétection par satellite,
cet indicateur mesurera l'étendue des terres humides au
Canada et leur évolution au fil du temps.
4.6.2 L'indicateur aujourd'hui
L'indicateur des terres humides est le seul
indicateur proposé pour lequel il n'existe pas à
l'heure actuelle de données nationales raisonnablement
crédibles. Malgré l'absence de données
de qualité sur le suivi chronologique de l'étendue
des terres humides au Canada, nous disposons de preuves suffisantes
pour établir que les terres humides peuvent être
menacées et que des indicateurs doivent être
établis à leur endroit.
La figure 2 donne une estimation grossière
de la distribution des terres humides au Canada. Malheureusement,
comme nous l'expliquons au point 4.6.3, la plupart des données
utilisées pour la produire présentent de sérieuses
lacunes.
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© Parc Canada / D. Wilkes
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En règle générale, les terres
humides sont situées dans les provinces centrales et sont
le moins répandues dans l'Est de l'Arctique et dans les régions
montagneuses. Par exemple, on trouve des concentrations importantes
de terres humides dans le Bouclier boréal et les plaines
de la taïga. Plus précisément, les concentrations
les plus élevées de terres humides se trouvent dans
la région située au sud de la baie d'Hudson, au Nord
du lac Winnipeg, à la frontière entre l'Alberta et
les Territoires du Nord-Ouest et à celle qui sépare
le Yukon des Territoires du Nord-Ouest.
Une partie importante des terres humides situées
dans le sud du Canada ont été perdues par drainage
ou conversion à d'autres usages. Par exemple, on estime que
les conversions sont de l'ordre de 70 pour 100 pour les fondrières
des Prairies, 65 pour 100 pour les marais salants de l'Atlantique,
80 à 98 pour 100 pour les marais en milieu urbain, 70 pour
100 pour les marais d'estuaire du Pacifique, et 70 à 80 pour
100 pour les rives marécageuses et les marécages à
feuillus du sud de l'Ontario et de la vallée du Saint-Laurent
9.
Ces évaluations ne sont toutefois que des estimations et
ne se fondent pas sur des données concrètes vérifiables.
4.6.3 Justification
Malgré l'absence de données chronologiques
immédiatement disponibles sur l'évolution des terres
humides, la TRNEE a choisi de conserver cet indicateur pour deux
raisons : l'existence de méthodes et de sources de données
satellite qui pourraient permettre la création à court
terme d'un indicateur crédible de l'étendue des terres
humides et l'importance de ces dernières.
Les terres humides constituent un type important de
capital naturel, riche par sa productivité et sa diversité.
Les milieux humides abritent, nourrissent et protègent un
grand nombre d'espèces. Au Canada, on estime que les écosystèmes
humides abritent plus de 600 espèces animales chassables
et autres, dont un tiers des espèces menacées du Canada
10.
Les terres humides sont également des points chauds de la
biodiversité, et l'on croit même que les réserves
de terres humides du Canada pourraient servir à établir
par procuration la santé de l'écosystème global.
Les terres humides assurent également de nombreuses
fonctions écologiques essentielles. Les activités
biologiques qu'elles soutiennent aident à filtrer et purifier
l'eau, et à entreposer de grandes quantités de carbone.
Par la rétention et la libération de grands volumes
d'eau, les terres humides contribuent au renouvellement et à
la rétention des eaux souterraines, au contrôle des
inondations et des eaux de ruissellement, à la réduction
de l'érosion et à la protection des rivages. De plus,
elles soutiennent indirectement un large éventail d'activités
économiques, comme la pêche, l'agriculture et les activités
récréatives.
Dans plusieurs secteurs au Canada, y compris le secteur industriel,
on se dit préoccupé par l'érosion et l'état
de santé des terres humides. Toutefois, il n'existe à
l'heure actuelle aucune compréhension de l'étendue
de cette érosion, ni de mesure ou rapport qui se ferait à
l'échelle nationale. Malgré le savoir-faire considérable
du Canada en matière de terres humides, les données
actuelles ne permettent pas la création d'un indicateur national,
en raison de l'absence d'une couverture suffisante, de séries
chronologiques et de normes, de classification et d'échelles
uniformes qui permettraient de regrouper ces données.
À l'heure actuelle, on compte au Canada plusieurs
inventaires des terres humides, y compris des cartes présentant
la position estimative des terres humides et des tourbières
au Canada (voir figure 2). Toutefois, ces cartes ont été
produites à partir de données recueillies à
des périodes différentes (dans certains cas, les données
les plus récentes datent des années 60) et ne permettent
pas d'analyses des séries chronologiques; de plus leur résolution
est très basse. Bien qu'il existe différents inventaires
régionaux et provinciaux 11,
il est difficile de les combiner pour obtenir la représentation
d'une zone plus étendue.
Si cet indicateur est mis en place, il s'agira du
seul indicateur permettant une évaluation rapide de l'évolution
des terres humides à l'échelle nationale. À
ce titre, il s'agirait d'un outil important dans l'évaluation
des menaces envers ce type d'écosystème, par exemple
l'influence du changement climatique (plus particulièrement
en ce qui a trait aux terres humides du Nord) et de l'urbanisation.
4.6.4 Présentation de l'indicateur et
améliorations ultérieures
En raison des profondes lacunes dans les données
actuelles, il faudra environ deux ans de travail pour élaborer
et raffiner les données satellite nécessaires en vue
d'un rapport sur l'indicateur de l'étendue des terres humides.
Les organismes suivants participeront à l'élaboration
ou à la publication de cet indicateur :
- Statistique Canada publiera l'indicateur de l'étendue
des terres humides dans le cadre de son rapport périodique
sur tous les indicateurs issus de l'Initiative des IDDE;
- Le Centre canadien de télédétection
de Ressources naturelles Canada, l'Agence spatiale canadienne
et Environnement Canada travailleront ensemble à la collecte
de données satellite et à l'élaboration de
l'indicateur.
L'indicateur mesurera la surface totale couverte
par les terres humides, mais ne pourra en distinguer les différents
types. Des améliorations pourraient être apportées
plus tard à l'indicateur, par l'ajout d'information sur les
types de terres humides dans la base de données. Le Service
canadien de la faune (Environnement Canada), en collaboration avec
l'Agence spatiale canadienne, a entrepris d'élaborer la méthodologie
d'un système d'inventaire et de classification des terres
humides à partir de données de télédétection
qui fourniraient ce type d'information. La phase I de ce projet,
qui comprend la préparation d'un inventaire coordonné
et complet des terres humides dans quatre zones-test du pays 12,
a donné des résultats prometteurs. Ces travaux sont
financés par le SCIE et l'Agence spatiale canadienne.
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