4.3
CAPITAL NATUREL 2 : INDICATEUR DE LA QUALITÉ D'EAU DOUCE
4.3.1 Description de l'indicateur
proposé
La présence d'une eau propre est une fonction
écologique cruciale, qui soutient à la fois l'habitat
naturel et un grand nombre d'activités économiques.
L'agriculture, le tourisme et les activités industrielles,
par exemple, sont touchés par le degré de pollution
des lacs, des rivières et des autres plans d'eau ou cours
d'eau.
L'indicateur de la qualité de l'eau douce permettra
une mesure nationale de la qualité globale de l'eau, établie
à partir d'objectifs reliés aux grandes utilisations
de l'eau au Canada (par exemple, l'eau utilisée pour
la vie aquatique, les activités récréatives
et l'agriculture). L'indicateur permettra d'évaluer si la
qualité de l'eau est altérée au point de ne
plus satisfaire les objectifs reliés à ces utilisations
bénéfiques (c'est-à-dire les utilisations qui
ne détériorent pas la qualité de l'eau). Comme
il s'agit là d'un des indicateurs les plus complets de la
qualité de l'eau au pays, celui-ci regroupera pour la première
fois les données des indices provinciaux existants et permettra
d'établir la proportion des masses d'eau déjà
soumises à l'observation qui sont jugées de qualité
" marginale " ou " mauvaise 1
". L'indicateur reposera sur la méthodologie entérinée
par le Conseil canadien des ministres de l'Environnement (CCME).
4.3.2 L'indicateur aujourd'hui
Un certain nombre d'administrations au Canada
calculent déjà des indices de la qualité
de l'eau à partir d'un réseau de masses d'eau
soumises à l'observation. En effet, des indices de
qualité de l'eau sont déjà établis
selon la méthodologie du CCME pour des masses d'eau
situées en Alberta, en Colombie-Britannique, au Manitoba,
au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve et Labrador, dans
les Territoires du Nord-Ouest (pour le fleuve Mackenzie),
en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du-Prince-Édouard.
Des données similaires sont également recueillies
en Ontario et au Québec, bien que ces deux provinces
n'appliquent pas la méthodologie du CCME.
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© Parc Canada / W. Lynch
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L'indicateur national de la qualité d'eau douce
proposé dans ce rapport comprend des données provenant
de tous ces indices et initiatives de surveillance de la qualité
de l'eau (voir tableau 1) 2
. Aucune masse d'eau du Yukon ou du Nunavut ne figure dans cette
version de l'indicateur, en raison du manque de données appropriées
au moment du calcul. De toutes les masses d'eau sous surveillance,
21 pour 100 sont jugées de qualité marginale ou mauvaise.
Ce chiffre représente la valeur de l'indicateur pour les
années 2002 à 2003.
Il importe de souligner que l'indice de la qualité
d'eau douce calculé dans ce rapport est un outil rudimentaire
qui ne doit pas être considéré comme un point
de référence ou de départ pour le calcul des
tendances de l'avenir. Il s'agit plutôt d'une étude
pilote qui donne un premier aperçu de l'image globale de
la qualité d'eau douce au Canada.
4.3.3 Justification
L'indicateur de la qualité d'eau douce proposé
dans ce rapport mesure un service important assuré par le
capital naturel : l'apport d'une eau propre, dépourvue d'effets
nocifs sur la santé de l'homme et sur les écosystèmes.
Cet indicateur fournira l'une des rares perspectives nationales
sur la qualité globale de l'eau douce non traitée
au Canada. Les messages découlant de l'indicateur seront
clairs : dans quelle mesure l'eau douce est-elle menacée
ou polluée, et dans quelle mesure sa qualité se rapproche-t-elle
d'un niveau acceptable (c'est-à-dire apte à soutenir
les utilisations bénéfiques) ? L'indicateur pourrait
dégager la nécessité d'une réaction
sous forme de politique ou de l'amélioration des efforts
de prévention, d'atténuation ou de correction afin
d'assurer la protection à long terme et un usage durable
de l'eau.
Les écosystèmes d'eau douce assurent
des biens et des services essentiels à tous les Canadiens
: nous buvons l'eau, en plus de l'utiliser pour l'irrigation, le
cheptel, la transformation industrielle, les usages récréatifs,
l'élimination des déchets et la production d'énergie.
L'eau est essentielle à la survie des organismes aquatiques.
En fait, une eau de bonne qualité est nécessaire au
maintien de presque toutes les formes de vie.
Et pourtant, la qualité de l'eau et les écosystèmes
d'eau douce sont constamment menacés par une variété
d'activités humaines, comme les effluents municipaux (égouts,
combinaison du trop-plein des égouts et des eaux de ruissellement),
effluents industriels, déchets de l'élevage intensif,
ruissellement agricole et dépôt de la pollution atmosphérique.
La méthodologie qui sous-tend l'indicateur
de la qualité de l'eau douce a été élaborée
et adoptée par le Conseil canadien des ministres de l'environnement
(CCME). L'objectif du CCME était de créer un indice
de la qualité de l'eau qui calculerait l'écart entre
la concentration mesurée de différents polluants et
les objectifs préétablis de la qualité de l'eau,
fixés au cas par cas selon les utilisations bénéfiques
de la masse d'eau faisant l'objet des mesures et le polluant en
cause.
Bien que les objectifs de qualité pour différentes
masses d'eau puissent varier, c'est l'uniformité de la méthodologie
qui permet le regroupement des données à l'échelle
nationale. L'indice de la qualité de l'eau de chacune des
administrations tient compte de trois aspects de la non-satisfaction
des objectifs qualitatifs :
- étendue (le nombre de substances pour lesquelles
les objectifs ne sont pas atteints);
- fréquence (le nombre de fois où les
objectifs n'ont pas été atteints au cours de la
période de référence);
- amplitude (l'écart entre le résultat
obtenu et l'objectif).
Cet indicateur offrira une perspective importante
sur la qualité de l'eau douce au Canada, tout en mettant
en lumière la situation des données nationales sur
ce sujet. Bien que la plupart des administrations canadiennes se
soient dotées d'une certaine capacité d'évaluation
de la qualité de l'eau, les données de ces sources
distinctes n'ont pas été reliées à un
système national d'information qui soit cohérent et
uniforme. Cette situation est diamétralement opposée
à celle de la collecte des données sur la qualité
de l'air.
4.3.4 Présentation de l'indicateur et
améliorations éventuelles
Les organismes suivants participeront à la
présentation ou à la publication de cet indicateur
:
- Statistique Canada publiera l'indicateur de la
qualité d'eau douce dans le cadre de son rapport périodique
sur tous les indicateurs issus de l'Initiative des IDDE;
- Environnement Canada, Statistique Canada, le Groupe
de travail sur la qualité de l'eau de la CCME et les autres
instances gouvernementales travailleront ensemble au calcul et
à l'examen des améliorations qui doivent être
apportées à la méthodologie de regroupement
national;
- Par leur participation au CCME, Environnement Canada
et les gouvernements participants fourniront l'information sur
la qualité de l'eau;
- Le SCIE a financé un projet de développement
visant un système national de référenciation
des données sur la qualité de l'eau afin d'intégrer
les bases de données fédérales, provinciales
et municipales sur la qualité de l'eau brute et de l'eau
potable. Le SCIE jouera également un rôle important
dans l'élaboration d'un système national d'information
plus cohérent et plus complet sur la qualité de
l'eau douce.
Au fil du temps, l'amélioration de l'indicateur
dépendra directement du renforcement des systèmes
de surveillance et de l'amélioration des liens entre les
réseaux au sein des différentes administrations et
entre celles-ci au Canada. Par ailleurs, les masses d'eau sous observation
et servant au calcul de l'indicateur ne couvrent pas pour le moment
l'ensemble du Canada; elles tendent à être concentrées
dans les régions plus peuplées du pays, où
la menace à la qualité de l'eau est généralement
plus marquée.
À long terme, le développement de l'indicateur passera
par le suivi d'un plus grand nombre de substances, d'autres médias
comme les sédiments et le biote, et les eaux souterraines.
Enfin, la méthode de regroupement à
l'échelle nationale est nouvelle. Il faudra exécuter
d'autres travaux pour l'améliorer, tout comme pour assurer
une plus grande uniformité à l'échelle nationale
(p. ex. dans la fréquence et le type d'échantillonnage,
de même que dans la présentation et l'analyse des données).
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