|
|
|
4. Les marchandises transportées par camionAu Canada, environ 90 % des camions servent à transporter des marchandises ou de l'équipement sur la voie publique. Les autres camions sont utilisés soit dans des applications tout terrain, soit dans des applications où ils ne transportent pas de marchandises. La présente section porte sur les marchandises transportées par les camions. TONNAGE TOTAL Graphique 14 : Volumes des marchandises transportées au pays, 2000 Selon d'autres sources, les volumes transportés par camion sont beaucoup plus importants. Par exemple, si l'on effectue une extrapolation des données recueillies en 1999 dans le cadre d'une enquête sur route portant sur les camions - échantillon d'une semaine comptant plus de 65 000 observations - pour obtenir des volumes annuels, le total pourrait atteindre 474 millions de tonnes. Ce chiffre ne tient pas compte des marchandises transportées dans les régions urbaines ou sur les routes secondaires. De plus, en raison de la méthode d'échantillonnage, on sait que ce volume de 474 millions de tonnes sous-estime le volume des marchandises transportées quand la distance parcourue est inférieure à 200 kilomètres. Nous disposons d'une source d'information plus complète pour les flux des échanges commerciaux transfrontaliers. Les statistiques du commerce extérieur, en dollars, ont été converties en tonnes. Dans ce cas, une catégorie « autres », qui correspond surtout au transport par pipelines, est ajoutée comme service de transports (graphique 15). Les camions ont fait franchir la frontière canado-américaine à 140 millions de tonnes de marchandises en 2001. Bien que cela ne représente que 30 % du volume (tonnes) de marchandises transportées, cela correspond à 64 % de la valeur du commerce entre les deux pays. Graphique 15 : Volumes des marchandises transportées entre le Canada et les É.-U., 2001 Pour illustrer les différences entre les deux sources d'information, l'enquête menée par Statistique Canada auprès des plus importantes entreprises de camionnage pour compte d'autrui montre que 73,7 millions de tonnes de marchandises ont franchi la frontière par camion en 2000. Selon les données sur le commerce extérieur, il y en aurait eu 140 millions. Une petite partie de cet écart est attribuable aux camions privés et une autre partie, peut-être moins que le tiers, est attribuable aux marchandises transportées par des camions exploités par des transporteurs dont le siège est aux États-Unis. L'observation faite à propos des chiffres différents provenant de sources différentes est importante. Par exemple, une étude sur le transport du grain dans les provinces des Prairies pour la récolte agricole de 1995-1996 a estimé qu'au total 51,6 millions de tonnes ont été transportées par camions. Le gros de ce volume (84 %) était classé comme étant des transports locaux, habituellement effectués par des camions de ferme, entre une exploitation agricole et un silo-élévateur ou une autre destination locale. Comme le suivi des volumes de céréale est bien fait, ces estimations sont exactes. La question se pose donc : quelle information les autres sources nous fournissent-elles à propos des mouvements de grains? Selon l'enquête de Statistique Canada, dans laquelle la population cible ne comprend pas les camions de ferme, 2,8 millions de tonnes de grain non moulu ont été transportées par camion en 1996 dans l'ensemble du Canada. Même si l'on inclut le grain moulu, le total, pour tout le Canada, n'est que de 3,5 millions de tonnes. D'après les résultats de l'enquête sur route de 1999, qui tente d'estimer les mouvements de 200 kilomètres ou plus sur les grandes routes, 4,3 millions de tonnes de grain céréalier ont été transportées par camion dans tout le Canada. La différence entre ces chiffres est énorme, 51,6 millions de tonnes dans trois provinces par opposition à entre 2,8 et 4,3 millions de tonnes pour l'ensemble du Canada. Cela ne signifie pas qu'une source quelconque soit inexacte : ces sources ne visent qu'une partie des activités de camionnage. Mais cela montre comment l'on doit comprendre les sources, du point de vue de ce qu'elles essaient d'estimer. Cela renforce aussi l'observation déjà faite, soit que personne ne connaît le volume des marchandises transportées par camion. LE MARCHÉ DU CAMIONNAGE ET CELUI DU TRANSPORT FERROVIAIRE
Le Comité d'examen de la Loi sur les transports au Canada, commission fédérale d'étude de la politique fédérale des transports, a examiné les volumes du trafic ferroviaire et fait remarquer que le transport ferroviaire, mesuré soit en tonnes, soit en tonnes-kilomètres, n'avait augmenté que de 0,8 % par année entre 1988 et 1999. Selon le Comité, « [cette croissance anémique] s'explique par la dépendance continue de l'industrie ferroviaire à l'égard du secteur des marchandises en vrac. En raison de la flexibilité inhérente de ses services, l'industrie du camionnage a davantage profité de la croissance de la nouvelle économie que le train, malgré les efforts considérables déployés par les compagnies ferroviaires pour conquérir une plus grande part du trafic à forte croissance et de grande valeur. De plus, le secteur du camionnage a été le principal bénéficiaire de la croissance des échanges nord-sud ». Le marché du transport plurimodal du fret - les marchandises transportées par conteneurs, ou parfois par semi-remorques, qui voyagent à bord de wagons et sur la route - est un domaine où les camions et les chemins de fer se font concurrence et collaborent en même temps. Pour donner une idée du lien étroit qui existe entre les deux secteurs, considérez le fait que pour les sociétés Canadien Pacifique Limitée et la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada, au cours des neuf premiers mois de 2002, les revenus des services intermodaux - des conteneurs ou des semi-remorques - représentaient 20 % des revenus totaux de marchandises. Presque toutes ces marchandises sont transportées sur la route avant, après ou avant et après le transport par chemin de fer. CARACTÉRISTIQUES DES MARCHANDISES TRANSPORTÉES POUR COMPTE D'AUTRUI Les deux lignes suivantes, qui ne portent que sur le trafic intérieur, nous présentent de l'information importante à propos des services de camionnage. Nous utilisons le volume de 10 tonnes comme ligne de séparation qui sert d'approximation grossière pour faire la distinction entre les services d'envoi en camion complet (ECC) et les expéditions de détail-Camion (EDC). Ces deux services sont très différents. Le service ECC est direct : le camion prend les marchandises au quai de l'expéditeur et les livre au quai du consignataire - les marchandises d'un seul client sont à bord. Les marchandises EDC sont cueillies, transportées à un terminal où elles sont groupées avec d'autres marchandises allant à la même destination, puis transportées par un camion grande distance jusqu'à un terminal près de la ville de destination puis finalement livrées par un autre camion. Cette façon de procéder comprend plusieurs variations, mais le point important est que la prestation du service exige un terminal servant au tri des marchandises.
Cette distinction entre les deux services peut être mise en évidence par le fait que les services EDC ne transportent que 9 % du volume (en tonnes) de marchandises, mais réalisent 42 % des revenus. Par contre, les marchandises dont le transport est fait par le service ECC, représentent 92 % des tonnes, mais seulement 58 % des revenus. Dans les trois dernières lignes, on compare les caractéristiques des cargaisons intérieures et transfrontalières. Les cargaisons transfrontalières ont tendance à être plus grosses et à parcourir de plus longues distances. Mais, parce que la proportion de chargements ECC dans cette combinaison de trafic transfrontalier est beaucoup plus importante que dans le service intérieur, le revenu moyen par tonne-kilomètre est considérablement plus faible. SERVICES DE CAMIONNAGE RÉALIGNEMENT NORD-SUD Deuxièmement, les chiffres du graphique 16, qui ne portent que sur les plus grosses entreprises de camionnage pour compte d'autrui, sont révélateurs. Le transport transfrontalier de marchandises a augmenté brutalement, passant d'environ 13 % des volumes totaux, en 1987, à presque 27 % en 2000. Les revenus découlant de ce service représentent maintenant 47 % de l'ensemble des revenus des entreprises de camionnage pour compte d'autrui. Graphique 16 : Activité transfrontalière des entreprises Une dernière remarque à propos de la croissance du transport transfrontalier de marchandises. Les camionneurs canadiens ont augmenté leur part du volume total de ce transport depuis une dizaine d'années. En 1984, les camions canadiens représentaient 59 % des camions qui franchissaient la frontière; en 2000, ils représentaient 70 % de ces camions. Dans ce cas, l'expression « camionneur canadien » désigne une entreprise de camionnage domiciliée au Canada et qui utilise des camions immatriculés au Canada et des conducteurs canadiens. La société elle-même peut appartenir à des intérêts américains, parce qu'il y a un nombre considérable d'entreprises de camionnage qui ont des activités des deux côtés de la frontière. MOUVEMENTS DE MARCHANDISES DANS LES VILLES Mais cette estimation de 2 milliards de tonnes doit être comprise en contexte. Quand on additionne les mouvements de marchandises dans les villes, les marchandises peuvent être comptées deux ou trois fois ou même plus. D'abord, une bonne partie des volumes interurbains est comptée deux fois, en ce sens que le transport commence dans une région urbaine et arrive dans une autre région urbaine. Si la même marchandise passe d'un entrepôt à un point de vente au détail, elle est comptée une autre fois. Dans certains cas, cette même marchandise est aussi transportée par camion d'un point de vente au détail à une résidence. Une partie de cette marchandise figure aussi sous forme de déchets quand elle est transportée par camion à un poste de transfert et, de là, par un autre camion (et sous forme d'un autre mouvement de marchandises dans les villes) à une décharge. Ce qu'il faut retenir, c'est que l'estimation faite par Statistique Canada de 278 millions de tonnes de marchandises interurbaines (dans le cas des grosses entreprises de camionnage pour compte d'autrui) ou l'estimation de l'enquête sur route de 474 millions de tonnes de transport urbain de marchandises (camions sur les grandes routes) ne peuvent être comparées aux 2 milliards de tonnes (possibles) de marchandises transportées dans les villes que si l'on tient compte des différences entre les deux mesures.
|