LE BECASSEAU D'ALASKA

Bon nombre d'entre nous, visiteurs des rivages durant l'été, allons tomber tôt ou tard sur les bécasseaux se précipitant le long de la plage. En Colombie Britanique, les deux endroits les plus achalandés sont les laisses de vase de Boundary Bay près de Vancouver et de Tofino Inlet près du village de Tofino. L'espèce la plus répandue est le Bécasseau d'Alaska. Cette espèce migre par centaines de milliers le long de notre côte chaque printemps pour se diriger vers les terrains de reproduction dans l'ouest de l'Alaska et est de passage à nouveau à l'été lorsqu'ils vont rejoindre leurs quartiers d'hiver situés en Amérique du sud et en Amérique centrale. Au cours des dernières années, une équipe de scientifiques et d'étudiants en biologie a réuni de remarquables informations sur la migration de cet oiseau (Condor 98:10-21; Wilson Bulletin 108:662-672; Auk 114:456-466).

Au printemps, le petit bécasseau qui pèse environ le même poids que 6 "loonies", quitte ses quartiers d'hiver et parcours des centaines ,voir même des milliers de kilomètres dans un même vol. Les "aéroports" pour ces oiseaux sont la Baie de San Francisco, Grays Harbor, le delta de la rivière Fraser, le delta de la rivière Stikine et le delta de la rivière Copper. Cependant, plusieurs ne s'arrêteront pas à tous ces "aéroports" avant d'atteindre leur destination finale. Un oiseau transportant un émetteur a parcouru 3200 kilomètres de San Franscisco jusqu'au delta de la rivière Copper et ce, en moins de 40 heures!! Comment peuvent-ils y arriver? Une recherche démontre qu'au printemps, ces oiseaux se laisseraient transporter par les forts vents en provenance du sud soufflant en direction du nord et, se font ramener à la masion en été par les vents soufflant du nord-ouest. Lorsqu'ils retournent en direction du sud, nous croyons qu'ils volent sans arrêt de l'Alaska jusqu'au sud de la Colombie Britanique en effectuant un vol direct survolant le golfe de l'Alaska. Pour ce faire, ils utilisent les vents soufflant de l'ouest au-dessus du Pacifique. Ces vols sont des tours de force qui nécessitent une quantité énorme de carburant sous forme de graisse. En effet, les Bécasseaux d'Alaska transportent environ la moitié de leur poids en graisse et ce, afin de pouvoir effectuer leurs longs périples. Voilà pourquoi les laisses de vase sont si importantes.

Des algues microscopiques et unicellulaires vivent dans la vase et s'intègrent aux graines sédimentaires qui produisent de longues traînées muqueuses semblablent aux traînées faitent par les escargots lesquelles agissent comme liens pour réunir les graines ensemble. La surface lisse de la muqueuse permet à la marée montante de passer par-dessus le sédiment au lieu de l'éroder, créant ainsi un environnement stable pour les invertébrés qui s'y logent. Ces algues microscopiques sont également une excellente chaine alimentaire pour les laisses de vase. Les invertébrés tels que les vers et les amphipodes (petites crevettes des vases) se nourissent de cette matière qui, en retour, sont le festin des oiseaux de rivage tels que les bécasseaux. Sur la côte Est du Canada, dans la baie de Fundy, la relation entre cette algue microscopique, l'amphipode et le bécasseau est très connue et bien documentée. Cependant, sur cette c&pcirc;te le lien entre les habitants des laisses de vase et ce que les oiseaux en retirent durant leur séjour est très évasif.

Une étude effectuée par une équipe de chercheurs du Service canadien de la faune, Dr. Terri Sutherland, Dr. Bob Elner, Pippa Shepherd, Holy Butler et Harpreet Gill, a demontrée que les bécasseaux se nourrissent dans des endroits très denses en sédiment, contenant de fines graines et un gel vaseux rempli d'invertébrés. Harpreet Gill a effectuée sa recherche sur la plus petite fraction de vers et a trouvé jusqu'à 9 vers par centimètre cube. C'est l'équivalent d'environ 300 vers pour une tranche de gâteau au chocolat! Nos expériences préliminaires indiquent que les oiseaux de rivage prennent grands soins des vers et des petits crustacés. Il est important de maintenir une forte densité de la population d'invertébrés durant la période de séjour de 6 semaines où les oiseaux de rivage sont dans les environs de nos berges entre les marées.

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