ALLOCUTION DU
MINISTRE DES TRANSPORTS DAVID COLLENETTE
LORS DE LA
16E CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR L'ALCOOL, LES DROGUES ET LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
MONTRÉAL (QUÉBEC)
LE 5 AOÛT 2002
Je vous remercie de cette aimable présentation.
C'est un honneur pour moi, en tant que ministre canadien des Transports, de
vous souhaiter la bienvenue au Canada ainsi que dans cette ville dynamique et
cosmopolite qu'est Montréal, à l'occasion de la 16e Conférence internationale
sur l'alcool, les drogues et la sécurité routière.
Et je suis heureux de me trouver ici aux côtés du ministre québécois des
Transports, M. Serge Ménard, et du Dr Jeff Runge, administrateur de la National
Highway Traffic Safety Administration des États-Unis.
Permettez-moi d'abord de féliciter le Conseil international sur l'alcool,
les drogues et la sécurité routière d'avoir organisé cette conférence et de
saluer le travail que vous avez accompli ces 50 dernières années pour
accroître la sécurité routière dans le monde. J'aimerais aussi souligner le
rôle clé qu'a joué la Société de l'assurance automobile du Québec dans
l'organisation de la conférence de cette année.
Il va sans dire que je suis extrêmement fier de la contribution de
Transports Canada à la sécurité routière ainsi que du rôle qu'a joué mon
ministère, en tant que l'un des commanditaires clés, pour accueillir cette
importante conférence internationale à Montréal.
Comme vous le savez sans doute, c'est en 1975 que s'est tenue au Canada cette
conférence la dernière fois, et c'est la première fois qu'elle se tient en
Amérique du Nord depuis 1989. Nous avons depuis fait des progrès remarquables
pour réduire la conduite avec facultés affaiblies. En 1975, 59 pour cent des
conducteurs ayant trouvé la mort au volant étaient sous l'influence de
l'alcool. En 2000, ce nombre avait chuté à 36 pour cent. De toute évidence,
l'attitude des gens envers l'alcool au volant a beaucoup changé. Ce qui
autrefois était considéré comme un comportement social normal est aujourd'hui
jugé inacceptable, et cela à juste titre.
Les changements de comportement chez les conducteurs à travers le monde
appellent la participation de tous, la sécurité routière étant l'affaire de
chacun. Tous les niveaux de gouvernement, les autorités policières, les
organisations non gouvernementales et le public ont un rôle à jouer à ce
chapitre.
Ici au Canada, plusieurs intervenants importants se sont concertés pour
résoudre le problème de l'alcool au volant. Les gouvernements fédéral,
provinciaux et territoriaux ont introduit des lois et des mesures d'application
parmi les plus rigoureuses au monde.
Sur le plan national, le gouvernement du Canada a modifié le Code criminel
en 1999 afin d'accroître les peines imposées aux conducteurs avec facultés
affaiblies. Le Code comporte maintenant plusieurs infractions et toute une gamme
de sanctions appliquées de façon uniforme à travers le pays, depuis la
suspension du permis de conduire à l'application d'amendes et de peines
d'emprisonnement. Au Canada, la peine maximale applicable à toute personne
reconnue coupable d'avoir causé la mort alors qu'elle conduisait sous
l'influence de drogues ou d'alcool est l'emprisonnement à vie. Le gouvernement
du Canada prend cette question très au sérieux.
Les gouvernements provinciaux et territoriaux ont aussi fait leur part en
introduisant de nouvelles lois et procédures pour traiter de la conduite avec
facultés affaiblies, ce qui ajoute au Code criminel. Les sanctions comprennent
des suspensions administratives ainsi que des suspensions à court ou à long
terme, la saisie d'un véhicule, l'installation de dispositifs antidémarrage et
des évaluations médicales obligatoires.
Sur une même note, Transports Canada entreprend, de concert avec le Conseil
canadien des administrateurs en transport motorisé, un sondage auprès de
procureurs de la Couronne et d'avocats de la défense afin de connaître leur
attitude et leurs perceptions en ce qui concerne les amendes et les poursuites
intentés aux conducteurs avec facultés affaiblies.
Le renseignements recueillis dans le cadre de ce sondage aideront Transports
Canada à mieux connaître les vues des << premiers intervenants >>
du système judiciaire. En retour, cela aidera le Ministère à mieux évaluer
la situation et à élaborer des politiques qui tiennent compte de la façon
dont les infractions liées à l'alcool au volant sont traitées devant les
tribunaux, et à identifier les aspects du système qui fonctionnent bien et
ceux qui pourraient être améliorés.
Il est clair qu'en travaillant ensemble, les gouvernements ont su se donner
un cadre qui permet d'appliquer des sanctions qui correspondent à la gravité
du crime commis.
Et les autorités policières au pays ont la responsabilité bien sûr
d'appliquer ces lois, notamment en ayant recours à des mesures spéciales de
dissuasion durant la saison des fêtes ou la période estivale.
Mais n'oublions pas le rôle que jouent les organisations non
gouvernementales à ce chapitre. Des organisations comme Mothers Against Drunk
Driving ou MADD, par exemple, méritent toute notre reconnaissance pour avoir
attiré l'attention du public canadien sur cette importante question. Grâce à
la participation du public à des campagnes comme Opération nez rouge et au
recours à des conducteurs désignés, le grand public a contribué à faire de
la conduite avec facultés affaiblies non seulement un crime, mais un délit
contre la société. C'est ce mouvement de soutien qui facilite le travail des
gouvernements et des autorités policières.
Cependant, le problème n'a pas été enrayé complètement. Nous faisons des
progrès, mais il y a encore trop de collisions qui mettent en cause des
conducteurs avec facultés affaiblies. Il y a trop de morts - plus de 1 000
mortalités chaque année au Canada liées à l'alcool au volant ¾ et encore
plus de blessés graves. Les coûts qu'entraîne cette situation au chapitre de
la souffrance humaine, des soins de santé, des dommages à la propriété et
des pertes de salaire totalisent environ 9 millions de dollars quotidiennement.
L'amélioration de la sécurité du réseau routier du Canada est l'objectif
d'un programme de sécurité de grande portée, d'abord introduit par Transports
Canada en 1996, puis mis à jour et renouvelé en avril 2001, Vision sécurité
routière 2010. Un élément clé de ce programme, la Stratégie pour réduire
la conduite avec facultés affaiblies 2010, traite précisément de la question
de l'alcool au volant.
Par cette stratégie fédérale-provinciale, les gouvernements et les
autorités policières travaillent ensemble à trouver des moyens de réduire de
40 pour cent le nombre de mortalités et de blessés graves, victimes de
l'alcool au volant.
L'un de mes représentants, M. Brian Jonah, vous donnera plus de détails
demain sur Vision sécurité routière 2010. Je crois comprendre que la
Stratégie pour réduire la conduite avec facultés affaiblies 2010 sera
décrite plus en détails à la session prévue cet après-midi.
Les conducteurs avec facultés affaiblies ne sont pas tous semblables. Aussi,
nous poursuivons différentes stratégies pour quatre groupes : les
récidivistes de la conduite avec facultés affaiblies, les jeunes conducteurs,
les premiers contrevenants et les buveurs mondains. Et nous nous penchons aussi
sur les facultés affaiblies par des substances autres que l'alcool, ainsi que
sur la fatigue et les distractions, comme c'est le cas lorsque les conducteurs
cassent la croûte ou utilisent un téléphone cellulaire tout en conduisant.
Enfin, nous cherchons des occasions d'améliorer nos partenariats. Transports
Canada, en collaboration avec Santé Canada, met au point un cadre stratégique
en vue d'une meilleure collaboration au chapitre de la sécurité routière et
de la santé publique, ainsi que de la recherche, des politiques et des
programmes relatifs à la prévention des blessures.
Depuis la dernière conférence de l'ICADTS tenue au Canada, la situation
s'est beaucoup améliorée en ce qui concerne la conduite avec facultés
affaiblies. Et ce que je trouve le plus encourageant, c'est de voir à quel
point les jeunes conducteurs prennent cette question au sérieux. Mais celle-ci
mérite une attention constante. La sécurité routière demeure une priorité
première pour le gouvernement du Canada et Transports Canada, et nous serons
heureux d'apporter notre aide aux autres pays et de leur partager nos
expériences.
D'ici la fin de la semaine, vous discuterez de projets de recherche, de
politiques et de programmes rattachés à la conduite avec facultés affaiblies.
Mais cette conférence ne porte pas que sur la recherche, les politiques ou les
programmes. Elle porte avant tout sur les gens, qu'on pense à l'enfant qui doit
grandir sans son père, au jeune adulte condamné à vivre dans un fauteuil
roulant ou aux parents en deuil d'un enfant. Bref, cette conférence a pour but
de trouver des moyens de mettre fin à ces tragédies.
Au nom de ces personnes, je vous souhaite une conférence fructueuse.
Je vous remercie de votre attention.
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