![Paruline de Kirtland femelle observée sur la péninsule Bruce au printemps 2002. Photo : Ethan Meleg](https://bac-lac.wayback.archive-it.org/web/20061209144600im_/http://www.ec.gc.ca/EnviroZine/images/Issue34/KIWA_Female_thumb.jpg) Paruline de Kirtland femelle observée sur la péninsule Bruce au printemps 2002. Photo : Ethan Meleg. Cliquez pour agrandir.
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Des chercheurs du Canada et des États-Unis sont déterminés à préserver la Paruline de Kirtland (Dendroica kirtlandii), l'un des membres les plus rares d'un groupe d'oiseaux nord-américains qui sont maintenant désignés comme étant en voie de disparition dans les deux pays.
Plusieurs facteurs contribuent au déclin de l'espèce. Entre autres, deux principaux obstacles nuisent à sa préservation : son besoin d'un habitat de nidification spécialisé qui n'est produit qu'à la suite de feux de forêt et le piratage fréquent de ses nids par le Vacher à tête brune. Les gestionnaires de la faune tentent de restaurer son habitat naturel et de freiner la forte chute de sa population par la modification d'activités humaines, comme la gestion des forêts et l'expansion agricole.
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Surmonter les obstacles
La Paruline de Kirtland niche exclusivement dans de jeunes peuplements de pin gris qui sont dotés d'une végétation de sous-bois herbeuse. Son habitat est créé quand des incendies s'attaquent à des peuplements mûrs de cette essence d'arbre. Celle-ci est adaptée de façon à disperser ses graines après que la chaleur d'un feu a ouvert ses pommes cireuses. Les jeunes plants de pin gris poussent rapidement dans le nouvel habitat que la Paruline de Kirtland ne fréquente que lorsqu'il est fin prêt. En moyenne, elle vit dans ces lieux de six à douze ans.
À cause d'initiatives humaines visant à supprimer les incendies de forêt naturels, la population de Paruline de Kirtland décroît. Actuellement, elle vit surtout dans dix comtés du Michigan. On ne possède qu'une seule mention de reproduction confirmée en Ontario durant les années 1940. On a depuis repéré des mâles chantants et des femelles seules en Ontario et, quelquefois, au Québec. De nos jours, on observe cette espèce une fois par année en moyenne en Ontario.
En outre, la Paruline de Kirtland possède un comportement nuisible au succès de sa reproduction. Elle est victime du Vacher à tête brune, qui pond dans les nids d'autres espèces et forcent les parents adoptifs à nourrir et à élever ses petits. Par conséquent, la Paruline de Kirtland se retrouve souvent avec des oisillons de Vacher plus gros et plus agressifs, ce qui risque d'entraîner la perte de ses propres rejetons. Selon les chercheurs, le piratage des nids a, au cours des années 1960, réduit la productivité de la Paruline de Kirtland à moins d'un jeune à l'envol par couple reproducteur par année. Cette situation, avec la perte d'habitats, pousse l'espèce au bord de l'extinction.
Historique de l'habitat
Avant l'établissement des Européens, il existait probablement des forêts de pin gris convenables à la Paruline de Kirtland du Québec à l'Ontario, au Michigan et au Wisconsin. Ces parcelles d'habitat étaient créées par la régénération du pin gris après des incendies de forêt. Dépendant beaucoup de jeunes peuplements de pin gris, l'espèce a sans doute évolué en raison des vastes communautés végétales de la savane de pin gris. On croit que celles-ci étaient plus répandues dans l'est de l'Amérique du Nord il y a de cela plusieurs millénaires, quand le climat était plus frais et plus sec. Selon des données historiques sur le pollen, le climat a changé lentement au cours des deux ou trois derniers millénaires et les vastes peuplements de pin gris ont été remplacés par d'autres essences.
Toutefois, la présence de pins gris ne constitue qu'un facteur de la détermination de l'adéquation d'un habitat. La Paruline de Kirtland ne fréquente que les jeunes peuplements de cet arbre qui possèdent des branches basses au-dessus d'un tapis de végétation herbeuse. Parce qu'elle niche au sol, elle a besoin de ces branches pour cacher son nid. Par ailleurs, les sites de nidification doivent être à l'abri des inondations durant la saison de reproduction.
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Biologie de l'oiseau
La Paruline de Kirtland possède des caractéristiques physiques et comportementales qui lui ont permis de de coloniser avec succès un habitat convenable. Comme celui-ci ne demeure pas adéquat très longtemps, il se peut que de nombreux jeunes oiseaux reviennent de leurs aires d'hivernage à la recherche d'un habitat dans de nouveaux endroits. Les mâles qui trouvent une parcelle convenable annoncent leur découverte en chantant.
De nombreux oiseaux chanteurs chantent durant la saison des amours lorsqu'il fait beau, quand leur voix porte le plus loin, mais la Paruline de Kirtland chante toute la journée, par tous les temps. Par beau temps, le chant du mâle, qui ne pèse que 16 grammes, peut franchir une distance de jusqu'à 400 mètres.
Interventions
Grâce à la mise en uvre, au début des années 1970, d'un programme de contrôle des vachers et à l'adoption de pratiques de gestion forestière qui ont assuré la présence d'habitats nécessaires dans la péninsule inférieure du Michigan, la population américaine de Parulines de Kirtland s'est accrue considérablement. Une stratégie de gestion forestière en alternance a été élaborée pour fournir un habitat à la Paruline de Kirtland, tout en produisant un approvisionnement soutenu de bois d'uvre.
Ces initiatives ont aidé à faire passer la population de mâles chantants de 250 à environ 1050 de 1990 à 2002. Étant donné que la Paruline de Kirtland a réagi si fortement à la création de nouveaux habitats, son rétablissement est perçu surtout comme une question de restauration de l'habitat. Si une stratégie semblable de gestion forestière en alternance était adoptée en Ontario pour la création d'habitats, l'espèce trouverait peut-être ceux-ci et prospérerait.
L'équipe canadienne de rétablissement de la Paruline de Kirtland est en train d'élaborer une nouvelle stratégie assortie de recommandations en faveur de relevés de la population et de l'évaluation de la faisabilité de la gestion de l'habitat. Entre-temps, un groupe de bénévoles déterminés continuera de chercher des sites potentiels au Canada, dans l'espoir d'observer cet oiseau rare.
Pour signaler des observations de la Paruline de Kirtland en Ontario ou d'autres espèces figurant sur la liste du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), veuillez téléphoner sans frais aux programmes de rétablissement des espèces en péril et de bonne intendance des habitats, du Service canadien de la faune (région de l'Ontario), au numéro 1-866-833-8888.
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