Chaque printemps, jusqu'à 80 000 caribous femelles migrent vers la petite aire centrale de mise bas située dans la plaine côtière de la réserve. Les femelles gestantes (qui se déplacent vers le Nord avant la pointe du brout du début du printemps) sont en déficit d'énergie constant pendant cette période, et elles parcourent en moyenne 20 km par jour. Elles s'efforcent d'atteindre cette étroite plaine côtière, située entre les montagnes escarpées de la chaîne de Brooks et l'océan Arctique, qui offre le fourrage le plus nutritif pour les femelles en lactation et leurs petits, tout en renfermant relativement peu de prédateurs.
Le faible nombre de prédateurs et la brise fraîche prenant naissance dans l'océan Arctique couvert de glace (et laissant les insectes à distance) ne sont que quelques-unes des caractéristiques qui justifient, pour le caribou, la migration de 1 000 km sur une période de deux mois pour atteindre cette région. Selon les biologistes d'Environnement Canada, le taux de survie est de huit à onze pour cent plus élevé pour les veaux nés dans les terres 1002.
L'expérience de l'exploitation pétrolière à Prudhoe Bay indique que les caribous de la harde du Centre de l'Arctique évitent les routes, les pipelines et l'activité humaine. Le déplacement des lieux préférés de mise bas peut mener à un équilibre énergétique négatif, ce qui aurait pour effet de réduire la survie des veaux et, en bout de ligne, les taux de productivité de la harde de caribous de la Porcupine.
Un mode de vie
Les Gwich'in, qui vivent dans des peuplements répartis dans les Territoires du Nord-Ouest, au Yukon et en Alaska, occupent les mêmes terres que la harde de caribous de la Porcupine. Depuis des millénaires, ils dépendent de cette harde pour la préservation de leur mode de vie. Le maintien de la harde est essentiel au maintien du mode de vie des Gwich'in. Les aires de mise bas ont toujours été considérées comme sacrées par les Gwich'in, et on s'entend, dans les collectivités Gwich'in, pour éviter de perturber la région et d'y chasser. Un tabou de longue date les empêche même de visiter la région.
Au Canada, le Conseil de gestion de la harde de caribous de la Porcupine, le Gwich'in Steering Committee et les Conseils des ressources renouvelables dans chacune des collectivités Gwich'in travaillent de concert pour assurer la survie à long terme de la harde. Ces organismes cogérés et dirigés par des Autochtones facilitent la recherche, établissent et vérifient les niveaux de prélèvement, surveillent la santé de la harde, conseillent les gouvernements quant aux pratiques de gestion et font des pressions pour la conservation de l'habitat du caribou.
Selon le Conseil de gestion de la harde de caribous de la Porcupine, les taux de prélèvement par les chasseurs autochtones et non autochtones sont durables et se situent entre trois et cinq pour cent de la population totale. Toutefois, on prévoit que l'exploitation entraînerait une augmentation de la perturbation et du déplacement des caribous en période de mise bas, brisant un équilibre délicat et causant un déclin de la productivité du caribou.
Voilà pourquoi le Canada s'oppose au forage pétrolier et gazier dans la portion la plus sensible du parcours de la harde. Depuis longtemps, le Canada encourage les États-Unis à assurer une protection permanente des espèces sauvages sur les terres 1002 de la réserve faunique nationale de l'Arctique.
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