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Numéro 69
Le 13 octobre 2006


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La conservation à la croisée des chemins : les hérons et les scientifiques s'adaptent à un paysage en changement

L'augmentation de l'effectif de Pygargues à tête blanche a entraîné plus de perturbations dans les héronnières et plus d'abandons des colonies. Photo : Tom Middleton
L'augmentation de l'effectif de Pygargues à tête blanche a entraîné plus de perturbations dans les héronnières et plus d'abandons des colonies. Photo : Tom MiddletonCliquez pour agrandir

Le long de la côte suburbaine du détroit de Georgia, près de Vancouver (Colombie-Britannique), il est commun d'observer au printemps des Grands Hérons adultes à la recherche de petits poissons dans les baies et les estuaires pour nourrir leurs jeunes dans les héronnières avoisinantes. Certaines des plus grandes héronnières de plus de 400 nids sont bien établies et bien connues des résidents et des naturalistes de la région.

Le détroit de Georgia est une région de nidification particulièrement importante pour la sous-espèce non migratrice faninni du Grand Héron, que le gouvernement fédéral a inscrite sur la liste officielle des espèces préoccupantes sur la recommandation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Des écologistes éclairés ont reconnu l'importance de la protection des héronnières dans le paysage suburbain menacé et, en collaboration avec le Service canadien de la faune, le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique et les municipalités locales, ils ont acheté les petites parcelles de terres boisées où se trouvent les héronnières.

La Nature vient compliquer les choses

La sous-espèce non migratrice faninni du Grand Héron, sur la côte de la Colombie-Britannique. Photo: Tom Middleton
La sous-espèce non migratrice faninni du Grand Héron, sur la côte de la Colombie-Britannique. Photo : Tom MiddletonCliquez pour agrandir

Aux cours des dernières années, les Pygargues à tête blanche sont devenus nombreux à Vancouver et à proximité ainsi que sur la côte sud de la Colombie-Britannique; le Recensement des oiseaux de Noël de la National Audubon Society a révélé une augmentation annuelle d'environ 5 p. cent de l'effectif durant environ les deux dernières décennies.

Le rétablissement du Pygargue à tête blanche sur la côte du Pacifique est considéré comme une réussite sur le plan de la conservation en Amérique du Nord. Au cours des dernières décennies, l'espèce est passée d'une période d'échec de la reproduction – attribuable à une exposition au DDT – à un stade d'abondance résultant de la réduction de l'utilisation des pesticides et de l'interdiction de se servir du DDT en Amérique du Nord.

Prenant les biologistes par surprise, l'augmentation de l'effectif de pygargues a entraîné plus de perturbations dans les héronnières et plus d'abandons des colonies, dont celles qui sont situées dans les terres achetées à des fins de conservation. Les écologistes tentent d'établir précisément comment la relation entre les pygargues et les hérons affecte les héronnières.

Selon une théorie, le harcèlement des héronneaux par un nombre plus élevé de pygargues adultes a forcé les hérons à prendre une décision importante sur le plan de la nidification : devraient-ils élever les jeunes dans une grande colonie où ils seraient facilement repérables par les pygargues mais un peu protégés étant donné que le nid ne serait qu'un des centaines de nids que pourraient attaquer les pygargues? Ou devraient-ils plutôt nicher ailleurs, peut-être seuls et cachés dans les arbres, où il est peu probable que les pygargues trouvent le nid mais, s'ils le trouvaient, pourraient tuer tous les héronneaux?

Dans la zone d'étude, il semble que les hérons aient opté pour les deux stratégies. Certaines colonies protégées, telles que la héronnière de 125 nids du ruisseau McFadden, située dans l'île Salt Spring, ont été complètement abandonnées, et les chercheurs ne savent pas à quel endroit les hérons adultes ont décidé de nicher par la suite. Aucune nouvelle grande colonie n'a été découverte à proximité de la colonie abandonnée.

Les hérons comptent sur la présence dans la héronnière d'un couple de pygargues nicheurs pour se protéger contre d'autres oiseaux prédateurs. Photo : Tom Middleton
Les hérons comptent sur la présence dans la héronnière d'un couple de pygargues nicheurs pour se protéger contre d'autres oiseaux prédateurs. Photo : Tom MiddletonCliquez pour agrandir

Dans d'autres cas, la population de Pygargues à tête blanche affecte les héronnières de manière différente. Une colonie abandonnée de 400 nids, située à la pointe Roberts, dans l'État de Washington, juste au sud de Tsawwassen (Colombie-Britannique), a déménagé à proximité dans une petite parcelle d'arbres près de la gare maritime de la société B.C. Ferries. Dans ce cas, les hérons ont établi une colonie le plus près possible d'une riche aire d'alimentation côtière située en bordure d'un paysage suburbain en expansion, ce qui ne constitue pas un habitat idéal. La héronnière partage actuellement avec un couple nicheur de pygargues une parcelle forestière qui subsiste. D'après une théorie, cette curieuse association de nicheurs s'explique par la protection qu'assure la présence, au milieu de la héronnière, du couple de pygargues adultes territoriaux qui empêchent qu'un grand nombre de pygargues juvéniles viennent attaquer les héronneaux.

Faits éclairs :

Le COSEPAC a inscrit la sous-espèce faninni du Grand Héron sur la liste des espèces préoccupantes en raison surtout du déclin de son taux de reproduction et de la vulnérabilité des colonies nicheuses à l'égard de l'expansion urbaine.

Les Grands Hérons commencent à se rassembler dans les héronnières dès janvier. À la fin de juin, la plupart des jeunes à l'envol ont quitté le nid pour s'alimenter en milieu côtier.

L'augmentation de l'effectif de Pygargues à tête blanche dans le sud-ouest de la Colombie-Britannique a constitué pour les Grands Hérons un nouveau défi en ce qui concerne la prédation dans les héronnières.

L'emplacement des héronnières peut varier d'une année à l'autre. La conservation du Grand Héron nécessite la protection des habitats possibles de nidification dans le paysage plutôt que la simple protection des héronnières actuelles.

Sites connexes

Information sur les écosystèmes - Le Grand Héron

Faune et flore du pays - Fiche d'information sur le Grand Héron

Faune et flore du pays - Fiche d'information sur le Pygargue à tête blanche

Heron Working Group *

Pacific WildLife Foundation – Birds of the Pacific *

Stanley Park Heronry *

* (Disponible en anglais seulement)

La science passe à l'approche par paysage

La relation exceptionnelle entre les populations de Grands Hérons et de Pygargues à tête blanche sur la côte sud de la Colombie-Britannique a incité les écologistes à réviser leur stratégie. Ils ont appris que la réussite des programmes de conservation nécessite une protection de l'habitat prévoyant les possibilités futures de nidification et de survie, le fait de ne tenir compte que des conditions actuelles pouvant entraîner de mauvais résultats. Si les écologistes veulent que le Grand Héron demeure commun dans le paysage suburbain près de Vancouver, ils doivent agir pour préserver les « possibilités de héronnières » et non pas uniquement les héronnières connues à l'heure actuelle.

L'approche scientifique sur laquelle repose une stratégie de conservation efficace pour ces hérons exige que les écologistes examinent la situation non seulement de façon classique en termes d'espèces et d'habitat, mais aussi en termes de paysage. Dans le cas des hérons observés près de Vancouver, les écologistes doivent associer les choix possibles de héronnières dans le paysage terrestre avec la grandeur et la qualité des aires d'alimentation marines et attribuer une valeur écologique au paysage qui peut être géré dans le but de conserver l'espèce.

Pour attribuer une valeur écologique au paysage suburbain de la région de Vancouver, il faut associer l'écologie locale à un modèle mathématique fondé sur des prémisses biologiques établies. Une fois que les études scientifiques auront été menées à bien, la prochaine étape essentielle consistera à influer sur les autorités régionales responsables de la gestion du territoire pour qu'elles gèrent le paysage de manière à aménager un habitat propice aux hérons et à d'autres espèces qui vivent dans le même habitat. La gestion à l'échelle du paysage est une approche de conservation proactive, car elle permet de protéger de nombreux endroits avant qu'ils ne disparaissent, au lieu de s'en tenir à la protection des seuls un ou deux endroits propices aux espèces visées qui subsisteront après des années de développement dans la région.

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