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Numéro 69
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Capsule météo ![]() |
La conservation à la croisée des chemins : les hérons et les scientifiques s'adaptent à un paysage en changement |
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Le long de la côte suburbaine du détroit de Georgia, près de Vancouver (Colombie-Britannique), il est commun d'observer au printemps des Grands Hérons adultes à la recherche de petits poissons dans les baies et les estuaires pour nourrir leurs jeunes dans les héronnières avoisinantes. Certaines des plus grandes héronnières de plus de 400 nids sont bien établies et bien connues des résidents et des naturalistes de la région. Le détroit de Georgia est une région de nidification particulièrement importante pour la sous-espèce non migratrice faninni du Grand Héron, que le gouvernement fédéral a inscrite sur la liste officielle des espèces préoccupantes sur la recommandation du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). |
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Des écologistes éclairés ont reconnu l'importance de la protection des héronnières dans le paysage suburbain menacé et, en collaboration avec le Service canadien de la faune, le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique et les municipalités locales, ils ont acheté les petites parcelles de terres boisées où se trouvent les héronnières. La Nature vient compliquer les choses
Aux cours des dernières années, les Pygargues à tête blanche sont devenus nombreux à Vancouver et à proximité ainsi que sur la côte sud de la Colombie-Britannique; le Recensement des oiseaux de Noël de la National Audubon Society a révélé une augmentation annuelle d'environ 5 p. cent de l'effectif durant environ les deux dernières décennies. Le rétablissement du Pygargue à tête blanche sur la côte du Pacifique est considéré comme une réussite sur le plan de la conservation en Amérique du Nord. Au cours des dernières décennies, l'espèce est passée d'une période d'échec de la reproduction attribuable à une exposition au DDT à un stade d'abondance résultant de la réduction de l'utilisation des pesticides et de l'interdiction de se servir du DDT en Amérique du Nord. Prenant les biologistes par surprise, l'augmentation de l'effectif de pygargues a entraîné plus de perturbations dans les héronnières et plus d'abandons des colonies, dont celles qui sont situées dans les terres achetées à des fins de conservation. Les écologistes tentent d'établir précisément comment la relation entre les pygargues et les hérons affecte les héronnières. Selon une théorie, le harcèlement des héronneaux par un nombre plus élevé de pygargues adultes a forcé les hérons à prendre une décision importante sur le plan de la nidification : devraient-ils élever les jeunes dans une grande colonie où ils seraient facilement repérables par les pygargues mais un peu protégés étant donné que le nid ne serait qu'un des centaines de nids que pourraient attaquer les pygargues? Ou devraient-ils plutôt nicher ailleurs, peut-être seuls et cachés dans les arbres, où il est peu probable que les pygargues trouvent le nid mais, s'ils le trouvaient, pourraient tuer tous les héronneaux? Dans la zone d'étude, il semble que les hérons aient opté pour les deux stratégies. Certaines colonies protégées, telles que la héronnière de 125 nids du ruisseau McFadden, située dans l'île Salt Spring, ont été complètement abandonnées, et les chercheurs ne savent pas à quel endroit les hérons adultes ont décidé de nicher par la suite. Aucune nouvelle grande colonie n'a été découverte à proximité de la colonie abandonnée.
Dans d'autres cas, la population de Pygargues à tête blanche affecte les héronnières de manière différente. Une colonie abandonnée de 400 nids, située à la pointe Roberts, dans l'État de Washington, juste au sud de Tsawwassen (Colombie-Britannique), a déménagé à proximité dans une petite parcelle d'arbres près de la gare maritime de la société B.C. Ferries. Dans ce cas, les hérons ont établi une colonie le plus près possible d'une riche aire d'alimentation côtière située en bordure d'un paysage suburbain en expansion, ce qui ne constitue pas un habitat idéal. La héronnière partage actuellement avec un couple nicheur de pygargues une parcelle forestière qui subsiste. D'après une théorie, cette curieuse association de nicheurs s'explique par la protection qu'assure la présence, au milieu de la héronnière, du couple de pygargues adultes territoriaux qui empêchent qu'un grand nombre de pygargues juvéniles viennent attaquer les héronneaux. |
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