Signature d'Environnement Canada Logo du gouvernement canadien
sauter le premier menu
  English Contactez-nous Aide Recherche Site du Canada
Quoi de neuf
À notre sujet
Thèmes Publications Météo Accueil

Numéro 26
21 novembre 2002


Page d'accueil d'EnviroZine

Numéros précédents

Furetez par sujet

Questions?

EnviroJeunesse

Impliquez-vous!


Abonnez-vous!

Écrivez-nous!

EnviroZine: Reportages.
Vous êtes ici : EnviroZine > Numéro 26 > 2e reportage

Le mariage du savoir écologique traditionnel et de la science occidentale

Scientifiques d'Environnement Canada présentant aux aînés innus les résultats des tests sur la composition chimique de l'eau. Cliquez pour agrandir.
Scientifiques d'Environnement Canada présentant aux aînés innus les résultats des tests sur la composition chimique de l'eau. Cliquez pour agrandir.

Ayant vécu des ressources naturelles depuis des siècles, les peuples autochtones du Canada possèdent une compréhension unique des plantes, des animaux et des phénomènes naturels. Grâce à elle, ils ont mis au point des techniques spéciales de chasse, de pêche, d'agriculture et de foresterie. La science environnementale, surtout dans le Nord canadien, établit des rapports étroits avec le savoir traditionnel afin de nouer des liens entre celui-ci et les sciences, en particulier dans le domaine de la gestion et de la conservation de l'environnement.

Le projet Ashkui

Depuis 1998, Environnement Canada, en partenariat avec la nation innue, le Gorsebrook Research Institute de l'Université Saint Mary's (Nouvelle-Écosse) et Ressources naturelles Canada, explore de nouvelles façons d'allier savoir traditionnel et science occidentale.

Les ashkuis sont des secteurs d'eaux libres précoces ou permanentes qui constituent une importante ressource pour les Innus au printemps. Les chercheurs innus aident les spécialistes des sciences naturelles et sociales à étudier ces emplacements et à traduire les constatations du projet pour les membres de la communauté innue. Cliquez pour agrandir.
Les ashkuis sont des secteurs d'eaux libres précoces ou permanentes qui constituent une importante ressource pour les Innus au printemps. Les chercheurs innus aident les spécialistes des sciences naturelles et sociales à étudier ces emplacements et à traduire les constatations du projet pour les membres de la communauté innue. Cliquez pour agrandir.

Il en est découlé le projet Ashkui, initiative novatrice fondée sur l'idée selon laquelle il est possible d'élaborer une forme combinée de savoir écologique qui reconnaît les qualités et les limites des systèmes de connaissances innu et scientifique et les situe dans le contexte spécifique de l'époque au cours de laquelle ils sont produits.

Pour examiner le paysage et l'écologie du territoire, le projet fait appel aux connaissances des habitants du Nitassinan, patrie ancestrale des Innus qui recouvre une partie de la forêt subarctique et des terres stériles de l'intérieur de la péninsule du Québec-Labrador.

Carte de la forêt subarctique et des terres stériles de l'intérieur de la péninsule du Québec-Labrador où les 13 ashkuis étudiés sont situés (indiqués par des triangles).
Carte de la forêt subarctique et des terres stériles de l'intérieur de la péninsule du Québec-Labrador où les 13 ashkuis étudiés sont situés (indiqués par des triangles). Cliquez pour agrandir.

Étant donné l'intensification des pressions subies par la région en faveur de projets de développement de grande ampleur et l'absence d'information scientifique provenant des évaluations environnementales, les Innus et les Inuits constituent une source importance de connaissances écologiques. Les Innus, les Inuits, les Métis et les colons ont créé des cultures uniques pour vivre en harmonie avec ce territoire. Les gouvernements, les promoteurs et les Autochtones sont conscients de la nécessité d'une planification minutieuse pour développer le Labrador d'une manière durable. Par conséquent, tous les grands projets de développement doivent faire l'objet d'études exhaustives de leur impact sur l'environnement qui tiennent compte non seulement du milieu physique mais aussi de la culture de la région et de la compréhension autochtone traditionnelle du paysage.

Des scientifiques d'Environnement Canada ont travaillé étroitement avec des aînés autochtones afin de mieux connaître les éléments du paysage qui sont essentiels à la culture et au mode de vie innus. L'objectif consiste à employer diverses méthodes, tirées du savoir innu, des sciences et des sciences sociales, pour parvenir à une large compréhension de l'écologie du Labrador et de son importance pour ses habitants. Les deux groupes ont décidé de focaliser leur collaboration sur les ashkuis, secteurs des rivières, des lacs et des estuaires qui sont libres de glace en permanence ou qui sont les premiers à le devenir au printemps.

L'étude de ces zones découvertes vise à identifier et à localiser les ashkuis avant leur ouverture complète, à comprendre la composition chimique de l'eau des ashkuis et de leurs environs et à examiner l'incidence des ashkuis sur l'environnement.

Un apprentissage pratique

Afin de pouvoir comprendre les ashkuis, les chercheurs doivent non seulement connaître leurs caractéristiques scientifiques, mais aussi apprendre et reconnaître la culture des Innus. En prenant le temps de se renseigner sur la communauté autochtone, ils commencent à découvrir la valeur du paysage pour les gens qui en dépendent.

Les premières années du projet Ashkui ont été consacrées au tissage de liens entre les aînés et les scientifiques, à la réalisation d'entrevues, au façonnage de l'initiative et à la détermination de zones d'étude d'intérêt mutuel. Des rencontres ont eu lieu dans des camps, ce qui a permis aux chercheurs de passer plusieurs jours sur le terrain.

Les participants au projet apprécient et respectent le savoir des Innus, en particulier celui des aînés. La communauté dispose maintenant de plusieurs produits qui répondent à ses questions ou à ses préoccupations : bulletins, affiches, cédéroms, rapports techniques sur la qualité et la potabilité de l'eau et cartes des zones où les glaces posent des risques au printemps.

Chercheurs recueillant des échantillons d'eau de l'ashkui du lac Shipiskan, dans le Labrador septentrional, pour en établir la composition chimique. Cliquez pour agrandir.
Chercheurs recueillant des échantillons d'eau de l'ashkui du lac Shipiskan, dans le Labrador septentrional, pour en établir la composition chimique. Cliquez pour agrandir.

Comme la nation innue a fait sien le projet Ashkui, la communauté appuie fortement tous les aspects des travaux. Au cours de la dernière année, la nation innue a ouvert à Sheshatshui un bureau consacré aux ashkuis qui a sensibilisé davantage la population à l'initiative.

Faits éclairs

Selon le savoir autochtone traditionnel, les ashkuis fournissent des habitats essentiels à de vastes populations d'animaux terrestres et aquatiques et leur servent de « pouponnières ». Les scientifiques ont appris que ces emplacements constituent des points d'escale pour de nombreux oiseaux migrateurs. Tissé d'un réseau complexe de terres humides, de rivières, de lacs et de roches de fondation exposées, tout le biome est délicatement équilibré.

Le réseau de recherche sur les ashkuis comporte 13 emplacements choisis par les aînés innus. Ces emplacements se situent le long d'un transect nord-sud de 400 km. À l'aide de l'imagerie satellitaire, on étudie l'évolution spatiale et temporelle des ashkuis à la grandeur du Labrador.

L'environnement du Labrador est très fragile. Son paysage a été façonné par des glaciers et de nombreuses zones géoclimatiques le traversent. Les sols sont relativement dépourvus d'éléments nutritifs et le climat rigoureux, assorti d'une courte saison de croissance, rend la vie difficile à la végétation. La couverture végétale va de la taïga, dans le nord et le centre, à la forêt boréale, dans le sud, près du lac Melville.

Il n'existe pas d'observations météorologiques officielles pour la région avant le milieu du XIXe siècle. Les chercheurs utilisent les commentaires renfermés dans les journaux des missionnaires, des commerçants de fourrures, des explorateurs et des colons pour se renseigner sur les conditions climatiques d'antan. Ces observations fournissent aussi de l'information sur des habitats et des espèces qui sont peut-être disparus depuis.

Liens connexes

Savoir traditionnel autochtone et gestion de l'environnement

Le projet Ashkui : Comprendre le paysage du Labrador du point de vue des Innus et de la science

Linguistic Analysis of the Word Ashkui *

Un lien exceptionnel entre la culture et la science

L’apprentissage au moyen d’expériences réelles

Premières Nations de Mamit Innuat

Commission canadienne des affaires polaires

The Ashkui Project Symposium - St. Mary's *

Innovative Communication Approaches to Link Traditional Knowledge and Western Science: The Ashkui Project *

Seventh International Conference on Public Communication of Science and Technology *

* (anglais seulement)

Articles connexes

Un investissement dans l'avenir

Apprendre à vivre en fonction de la viabilité écologique

Un intérêt croissant

Le programme en est encore à ses balbutiements et les évaluations proviennent surtout des membres de la communauté. Ces commentaires sont très positifs. Le projet est de plus en plus remarqué et reconnu pour son approche novatrice. Ainsi, plusieurs de ses éléments ont été adoptés par d'autres projets de recherche dans le Nord.

Le projet Ashkui est également en train d'acquérir une réputation internationale. Il a été fort bien accueilli au symposium organisé à Washington sur les pratiques exemplaires en matière de communication des sciences et de la technologie. En décembre, il sera présenté au Cap, en Afrique du Sud, à la septième conférence internationale sur la communication publique des sciences et de la technologie, dont le thème sera « La communication scientifique dans un monde diversifié ». Ces conférences mettent en valeur une variété d'approches scientifiques du monde entier. On espère que les leçons apprises pourront s'appliquer à des projets semblables.

Pour vous renseigner davantage sur le savoir traditionnel, lisez l'article Savoir traditionnel autochtone et gestion de l'environnement du Bulletin Science et environnement.

Les cinq premières leçons apprises par le projet Ashkui

  1. Assurez-vous de faire participer la collectivité à tous les aspects du processus décisionnel, du début à la fin. Créez une présence solide dans la collectivité, établissez un bureau physique sur place et embauchez des gens de l'endroit.
  2. Acceptez d'établir des principes d'opération. La propriété des données qui restent dans la collectivité, par exemple, est un principe important sur lequel le projet Ashkui fonctionne.
  3. Communiquez. Établissez des lieux de discussions distincts et des formats pour la communication continue entre les membres de la collectivité et les autres participants au projet.
  4. Partagez ce que vous avez appris avec les cadres supérieurs et les autres intervenants ayant une influence.
  5. Accordez de la valeur à un éventail plus grand de résultats pour le projet. Les relations avec les partenaires, la couverture par les médias populaires et les outils de gestion de l'information sont tout aussi importants pour atteindre les objectifs du projet que les documents scientifiques.
image: Version imprimée
Version imprimée
image: email story
Envoyez cette page par courriel

Également dans ce numéro

| Quoi de neuf | À notre sujet | Thèmes | Publications | Météo | Accueil |
| Aide | Recherche | Site du Canada |
La Voie verteMC, site Web d'Environnement Canada
Avis importants