Moules zébrées sur une roche recueillie à une profondeur de 3 m près de Nanticoke, sur la rive est du lac Érié. Photo : Ron Dermott. Cliquez pour agrandir.
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En marchant le long des Grands Lacs, les observateurs verront probablement beaucoup plus de coquillages aujourd'hui que dans les années précédentes. Les masses d'écailles proviennent des Moules zébrées et de leurs cousines, les Moules quaggas, deux espèces étrangères qui ont envahi ces étendues d'eau.
Les Moules zébrées sont arrivées dans les Grands Lacs vers 1986. Elles ont d'abord été décelées dans le lac Sainte-Claire, situé entre les lacs Huron et Érié. Elles ont probablement été introduites lors de la vidange de l'eau de ballast d'un navire de charge européen. Actuellement, elles vivent par millions dans le réseau des Grands Lacs. Leur taux de croissance reproductive est incroyablement rapide et elles n'ont pas de prédateur naturel en Amérique du Nord. Depuis la fin des années 1980, les moules se sont répandues dans tous les Grands Lacs, le réseau hydrographique du Mississippi et de nombreux lacs intérieurs (voir carte ci-dessous).
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Des envahisseuses problématiques
Les Moules zébrées peuvent modifier considérablement la nature du fond des lacs, altérant ainsi l'habitat et le frai des poissons. Dans les zones à proximité des rives où elles dominent, les moules semblent transformer le processus naturel en captant les nutriments et en perturbant le flot normal de ceux-ci vers les eaux plus profondes. En outre, par leurs excrétions de nutriments, elles créent un milieu susceptible de subir des problèmes de qualité de l'eau, comme la salissure des rives rocheuses par les algues, le mauvais goût de l'eau potable et des éclosions de botulisme mortel chez des espèces sauvages, surtout lorsque l'eau est chaude.
Mais l'incidence de ces moules envahissantes ne se limite pas au changement du fond des lacs. Les moules se nourrissent en filtrant les algues contenues dans l'eau. Or, de nombreuses espèces de poissons indigènes et d'autres organismes utilisent aussi cette source de nourriture. Il en résulte globalement une réduction de la quantité de nourriture disponible pour les espèces indigènes. En fait, les Moules zébrées ont entraîné le déclin spectaculaire de la population de moules des Grands Lacs. Elles infestent la coquille exposée au point que la moule indigène ne peut obtenir suffisamment de nourriture pour survivre.
Gros plan de Moules zébrées en train de filtrer. Photo : ministère des Ressources naturelles de l'Ontario. Cliquez pour agrandir.
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Les industries qui utilisent l'eau des rivières pour le refroidissement et d'autres processus dépensent, chaque année, des millions de dollars pour enlever les moules incrustées qui obstruent les tuyaux et les structures d'adduction et d'évacuation.
De plus, les coquilles acérées risquent de nuire aux nageurs. L'odeur de décomposition qui règnent sur les plages et l'envahissement par les moules de lieux historiques, notamment des épaves, nuisent à l'industrie touristique de nombreux secteurs riverains des Grands Lacs.
Depuis trois ans, un groupe de scientifiques de l'Université de Waterloo, de l'Institut national de recherche sur les eaux et des ministères de l'Environnement et des Ressources naturelles de l'Ontario étudient les effets des moules sur le milieu naturel de l'extrémité est du lac Érié. Le travail sur le terrain sera terminé en 2003 et les résultats seront communiqués au cours des deux prochaines années.
Aidez à empêcher la propagation!
Roche colonisée par des Moules zébrées recueillie de la rive est du lac Érié. Photo : Ron Dermott. Cliquez pour agrandir.
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Les Moules zébrées se déplacent d'un lac ou d'un réseau fluvial à un autre en « faisant du pouce » sur des bateaux, des remorques pour embarcations, des hydravions et d'autres pièces d'équipement aquatique. Juvéniles et adultes peuvent se fixer aux coques, aux moteurs, aux ancres et à d'autres pièces d'équipement submergées ainsi qu'à des végétaux accrochés aux bateaux et aux remorques. À leur stade juvénile microscopique, les moules peuvent aussi se transporter dans l'eau de cale, les viviers et les seaux à appâts et sur les scaphandres autonomes.
Si vous vivez dans un secteur riverain ou si vous y êtes en visite, vous pouvez empêcher la propagation des moules en prenant quelques précautions après vos excursions de navigation de plaisance ou de pêche.
- Inspectez soigneusement l'embarcation et la remorque afin de détecter la présence de moules et de végétation aquatique et, le cas échéant, jetez celles-ci à la poubelle.
- Enlevez toute l'eau de l'embarcation, y compris l'eau de cale et celle du vivier et du système de refroidissement du moteur.
- Faites sécher l'embarcation et la remorque au soleil pendant au moins cinq jours ou, si vous utilisez votre bateau plus tôt, rincez celui-ci, la remorque, l'ancre, le câble d'ancrage, les pare-chocs et le moteur à l'eau chaude ou à un lave-auto.
- Ne ramenez pas les appâts aquatiques vivants. Donnez-les à quelqu'un qui se sert du même plan d'eau ou jetez-les à la poubelle.
- Les propriétaires de chalets et de maisons et les entreprises qui obtiennent leur eau directement d'un plan d'eau envahi par des Moules zébrées doivent protéger leur système contre l'infestation.
Il n'existe aucune méthode connue d'élimination des Moules zébrées d'un secteur où elles se sont établies. L'aide de la population, en empêchant la propagation de cette espèce très envahissante et en signalant les nouvelles infestations, est essentielle à la réduction de l'incidence négative de cette espèce sur l'économie et l'environnement locaux.
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