Les sciences et la technologie pour les Canadiens

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Guide de l'enseignant

Transcription de la vidéo

Jane Gilbert
Les prévisions concernant le réchauffement de la planète sont plutôt sombres. Des politiciens et des scientifiques sont réunis, cette semaine, en Argentine pour trouver le moyen de réduire la pollution qui cause le problème. Au Canada, des scientifiques prédisent que les Maritimes pourraient être durement touchées par le changement climatique de la Terre. Pour avoir une idée du problème qui les guette, les Canadiens n'ont qu'à jeter un coup d'œil vers le sud.

Jay Ingram
En 1998, la saison des ouragans a été particulièrement violente dans l'Atlantique. En août, Bonnie causait des millions de dollars de dommages dans le sud des États-Unis. Puis Mitch ravageait une grande partie de l'Amérique centrale, faisant plus de 10 000 morts et des millions de sans-abri. Mais qu'en est-il du littoral canadien? Une telle dévastation pourrait-elle frapper chez nous?

Jim Abraham
Les cyclones tropicaux perdent souvent de leur force quand ils se déplacent vers les eaux froides qui entourent les provinces atlantiques. Mais parfois ils s'intensifient au lieu de s'affaiblir. C'est ce qui arrive quand ils entrent en contact avec un système frontal. Cette combinaison provoque une marée de tempête exceptionnellement haute.

Jay Ingram
Au Centre canadien de prévision d'ouragan, à Halifax, on surveille l'ouragan Lisa, qui rôde près de Terre-Neuve. Le Canada atlantique subit plus de tempêtes que toute autre partie du pays, et les scientifiques s'accordent à dire que le changement de notre climat ne fera qu'empirer les choses.

Jim Abraham
Ici, dans la région atlantique, on est au beau milieu des pires tempêtes hivernales, sans compter les cyclones tropicaux et les ouragans de l'automne. Avec le surplus de chaleur et d'humidité qui s'accumule dans le système à cause du réchauffement du globe, les tempêtes pourraient devenir plus intenses. Si le réchauffement planétaire se poursuit, ces tempêtes seront peut-être plus fréquentes, et plus violentes que jamais.

Jay Ingram
Dans la baie de Fundy, le niveau de la mer augmente de façon inquiétante, jusqu'à 35 centimètres par siècle. Et on s'attend à ce que le réchauffement de la planète le fasse monter encore davantage.

John Shaw
On prévoit que le niveau de la mer pourrait augmenter de 50 centimètres environ au cours du prochain siècle, surtout parce que la température de l'océan va monter. Dans le Canada atlantique, il faut ajouter ces 50 centimètres à une bonne partie de la hausse de niveau qui a déjà été enregistrée. En d'autres mots, le niveau de la mer dans ce marais pourrait monter de 70 centimètres au cours du prochain siècle.

Jay Ingram
Les grosses tempêtes font grimper les niveaux d'eau. Et si on y ajoute des marées déjà très hautes, on peut se retrouver avec une inondation majeure. Difficile à prévoir et impossible à éviter.

Charles O'Reilly
Une inondation causée par une marée de tempête, c'est un peu comme un coup de dés. Contrairement aux tremblements de terre, qui peuvent survenir une fois tous les cent ans, la probabilité n'augmente pas avec le temps. C'est plutôt la combinaison d'un très mauvais temps et d'une marée très forte. Cette coïncidence peut se produire demain, et de nouveau l'année prochaine... puis jamais pendant les deux ou trois prochains siècles. C'est une question de probabilités.

Jay Ingram
Charles O'Reilly étudie les marées à Burnt Cove Head, près du bout de la baie de Fundy. C'est ici qu'on a enregistré les marées les plus hautes au monde. À marée basse, on voit à quel point les vagues ont sculpté le littoral. Cette jauge indique que le niveau de l'eau est à zéro en ce moment. Vous voyez ce rocher au loin? Le voici six heures plus tard, à marée haute. La jauge est à peine visible. La marée fait un peu plus de 16 mètres, assez pour recouvrir un immeuble de cinq étages. Ce jour-là, l'eau était à son niveau le plus élevé en 19 ans. Ce phénomène fait partie du cycle naturel des marées, qui varie selon la rotation de la Terre et l'influence gravitationnelle du soleil et de la lune. Si une grosse tempête frappait un jour comme celui-ci, on pourrait avoir des ennuis.

Charles O'Reilly
S'il y avait même une petite tempête en ce moment, la plate-forme où nous sommes ne serait pas là. Et avec une grosse tempête, nous verrions probablement une marée encore plus haute de deux mètres, ou même deux mètres et demi.

Jay Ingram
Le vrai problème, ce sont les terres basses proches de la côte. Elles sont isolées de la mer par un réseau de vieilles digues en terre. Quand on laisse les marais salés tranquilles, ils s'ajustent à la hausse des marées de façon naturelle. La boue sous la surface est surtout composée de vase et de glaise déposées par la marée. Lorsque John Shaw a analysé ces échantillons, il a constaté que le marais avait monté de près d'un mètre depuis trois siècles, pour suivre le niveau de la mer. Mais les digues entravent ce processus naturel.

John Shaw
On a endigué un grand nombre de ces marais naturels il y a longtemps pour créer des terres cultivables. Alors, ces zones n'ont pas pu monter avec le niveau de la mer. À chaque année elles sont de plus en plus basses par rapport au niveau de l'eau à l'extérieur des digues. Le problème, c'est que si jamais une marée de tempête franchit les digues, ces terres agricoles seront inondées pour un bon moment.

Jay Ingram
C'est ce qui est arrivé en octobre 1869, au moment du grand coup de vent de Saxby. Une tempête tropicale est survenue en même temps qu'une marée extrêmement haute. Une masse d'eau de deux mètres a alors détruit des centaines d'acres de terre agricole. Des dizaines de personnes sont mortes le long de la côte Fundy, et des collectivités comme Maitland, en Nouvelle-Écosse, ont été envahies par l'eau salée.

Charles O'Reilly
Pendant l'inondation de Saxby, les eaux ont franchi les digues, déferlé dans les rues et monté dans les magasins, à peu près au niveau des fenêtres. La région s'est trouvée inondée peut-être jusqu'à un quart de mille à l'intérieur.

Jay Ingram
Charles O'Reilly et ses collègues d'Environnement Canada ont travaillé à la reconstitution exacte de la tempête. Cette image informatique montre à quelle hauteur l'eau est montée à Truro, en Nouvelle-Écosse. La tempête est survenue quelques jours avant la plus haute marée astronomique, donc les dommages auraient pu être encore pires. Voici ce qui s'est passé 107 ans plus tard, lorsque la tempête du Jour de la marmotte a frappé Yarmouth. Cette fois encore, le mauvais temps a manqué la plus haute marée. Mais l'eau a quand même monté d'un mètre et demi, causant des dizaines de millions de dollars de dommages.

Les dégâts pourraient être bien pires de nos jours, à cause du changement climatique, surtout dans des villes comme Saint John, Truro et Yarmouth. Selon les chercheurs, ce n'est qu'une question de temps avant qu'une tempête coïncide encore avec une marée très haute.

Charles O'Reilly
La vraie question n'est pas de savoir si ça va arriver, mais quand. Et la prochaine fois, il y aura une dévastation comme on n'en a pas vu depuis bien des générations.

John Shaw
Les tempêtes comme le coup de vent de Saxby sont très, très rares, et c'est justement parce qu'elles sont si rares que les gens ne sont pas suffisamment préparés. L'autre problème, bien sûr, c'est que notre infrastructure côtière s'est énormément développée. Avec une population plus nombreuse et un littoral beaucoup plus développé, nous courons de plus grands risques qu'il y a 120 ans .

Jay Ingram
Voilà pourquoi les chercheurs continuent d'étudier les marées avec leur réseau de jauges, et de suivre toutes les tempêtes avec leur système de bouées dans l'Atlantique. Grâce aux techniques modernes, nous serons peut-être prévenus un jour ou deux à l'avance quand la prochaine grosse tempête frappera.

Jane Gilbert
L'émission Planète Vivante de ce soir a été produite en collaboration avec les ministères fédéraux des Ressources naturelles, de l'Environnement et des Pêches et Océans.