Les sciences et la technologie pour les Canadiens

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Résumé

Il y a plus de choix que jamais sur les tablettes des épiceries et dans les comptoirs de fruits et de légumes. Les articles que l'on considérait autrefois comme exotiques sont devenus chose commune. Toutes ces nouveautés sont cependant associées à des risques : le risque d'attraper des maladies. Mais les scientifiques sont en train d'y voir.

Transcription de la vidéo

Voix hors champ
Nos épiceries sont devenus le carrefour des quatre coins de la Terre. Les possibilités de choix sont plus nombreuses que jamais sur nos tablettes et au comptoir des fruits et légumes frais, car la rapidité du transport nous permet de tricher avec les saisons. Des produits autrefois étiquetés «exotiques» semblent bien ordinaires aujourd'hui. Mais il y a un prix à payer pour bénéficier d'un tel choix : le risque d'attraper une maladie. Heureusement, un groupe de détectives scientifiques veille à ce que lorsque nous achetons des petits fruits, nous n'obtenions que des petits fruits.

Brent Dixon
Nous importons de plus en plus de produits frais des pays en voie de développement du monde entier, et d'autres épidémies pourraient survenir.

Peter Buck
Nous sommes des détectives de la maladie et nous nous attaquons souvent à une situation donnée sans beaucoup d'indices.

Brent Dixon
Je vois Cyclospora comme une sorte de sonnette d'alarme.

Jay Ingram
Les produits exotiques nous arrivent de pays dont la saison de croissance dure toute l'année. Un petit aventurier se fraie parfois un chemin vers le nord, en même temps que les fruits et légumes : c'est Cyclospora. Il s'agit d'un parasite unicellulaire, qui se reproduit dans le petit intestin des humains. Dès qu'il y est, il forme des oocystes, ces capsules résistantes et infectantes contenant 4 autres parasites qui s'éliminent par les selles. Cyclospora poursuit son cycle de contamination en se propageant par les mains ou par l'eau. Plus de 500 Canadiens en sont devenus victimes depuis 1996.

Surimpression
Plus de 500 cas en trois ans au Canada.

Brent Dixon
Le parasite cause souvent une diarrhée chronique prolongée. C'est le plus grave des symptômes, mais il y en a d'autres : maux abdominaux, nausées, vomissements... Parfois, ils ressemblent davantage à ceux de la grippe, comme la fièvre, la fatigue, les maux de tête, etc. En fait, tout un éventail de symptômes peuvent apparaître.

Jay Ingram
Lorsque ces symptômes sont réapparus à Toronto au printemps dernier, Peter Buck et ses confrères ont pris la route pour enquêter.

Surimpression
Peter Buck, Epidémiologiste régional, Laboratoire de lutte contre la maladie

Peter Buck
On pose un tas de questions détaillées pour savoir ce que les gens ont mangé au juste, de quelle façon la nourriture était présentée exactement... Et on fait cela, en interrogeant le chef qui a conçu le menu et l'a préparé, ou le sous-chef qui l'a aidé, ou la personne qui a fait les assiettes et ajouté les sauces aux aliments, ou encore une victime, une personne qui a assisté à l'événement, qu'elle soit victime ou non. On demande : Qu'avez-vous mangé exactement? Quelle était l'apparence exacte du plat? En avez-vous mangé ou non? Ou est-il très probable que vous en ayez mangé?

Jay Ingram
M. Buck et ses collaborateurs ont trouvé des traits communs. La plupart des gens affectés avaient assisté à une réception, à laquelle des framboises importées du Guatemala avaient été servies. Leurs selles montraient la présence de Cyclospora. Mais la piste s'est arrêtée là, car ne pouvant tester les framboises provenant de ces réceptions, les scientifiques n'ont pu prouver que les fruits étaient la cause de ces malaises.

Peter Buck
... nous avons pu établir un lien épidémiologique entre l'ingestion de framboises fraîches du Guatemala et le risque d'être malade. Ce que nous n'avons pu accomplir a été de trouver l'organisme Cyclospora dans les framboises fraîches.

Jay Ingram
Ce qu'ils ont trouvé constituait une preuve importante... mais non irréfutable. Et jusqu'ici, cette preuve en laboratoire continue d'échapper aux spécialistes.

Brent Dixon
Il y a encore tant à faire sur Cyclospora. C'est vraiment un nouveau pathogène, et il y a plein de choses sur sa biologie de base, ses cycles de vie, etc. que nous ne connaissons pas encore.

Jay Ingram
Les chercheurs ne savent pas si ce parasite résiste à la chaleur ou au froid, ni combien de temps il peut survivre dans l'eau, car ils ne peuvent le faire croître au labo. Mais ils savent que Cyclospora s'accroche aux framboises au lavage, ce qui en fait un danger pour la santé publique. Il faut donc trouver des techniques fiables pour le détecter sur les fruits frais.

Brent Dixon
Personne n'a jamais trouvé d'oocystes sur un fruit naturellement contaminé, mais je crois que ce n'est qu'une question de nombre en fait. Nous sommes capables de détecter les oocystes de Cyclospora que nous injectons artificiellement sur les fruits au laboratoire. Par contre, nous ne savons pas à combien d'oocystes nous avons affaire dans la nature, combien il y en a sur les fruits. Dans certains cas, ce n'est peut-être qu'un très petit nombre, et c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Nous travaillons avec deux méthodes en ce moment. Nous avons la technique de la PCR (Polymerase Chain Reaction), une méthode utilisée pour multiplier l'ADN des millions de fois, au point où on peut vraiment le détecter.

Jay Ingram
Au fond, c'est le même procédé que celui utilisé pour l'identification génétique dans les enquêtes policières. La PCR donne un «code à barres» en noir et blanc très clair, qui confirme la présence de Cyclospora. En théorie, sa sensibilité devrait permettre de détecter un seul oocyste, mais ce n'est pas le cas, et les chercheurs ne savent pas pourquoi. L'autre technique repose sur la lumière ultra-violette : Cyclospora change de couleur à son contact.

Brent Dixon
La deuxième méthode que nous utilisons est la microscopie, en particulier la microscopie épifluorescente qui tire parti de la fluorescence naturelle de l'oocyste. Le problème, c'est qu'il s'agit d'un procédé fastidieux, qui prend beaucoup de temps, même pour les gens qui savent très bien identifier Cyclospora au microscope.

Nous essayons donc d'améliorer ces méthodes pour les rendre plus sensibles et un peu plus rapides.

Jay Ingram
S'ils y arrivent, les inspecteurs d'aliments auront une chance de faire des prélèvements de contrôle ou d'agir plus vite pour isoler une épidémie en retirant les produits contaminés des magasins, et moins de gens tomberont malades.

D'autre part, M. Dixon et ses collègues tentent aussi d'améliorer les conditions de culture de petits fruits sur les fermes du Guatemala pour empêcher le parasite de se propager.

Brent Dixon
Nous faisons ce que nous pouvons pour réduire au minimum la contamination. Nous nous penchons plus particulièrement sur deux facteurs : le premier est la qualité de l'eau au Guatemala, à la source. Nous essayons de convaincre les producteurs d'installer des filtres microbiologiques, et ils ont d'ailleurs commencé à le faire récemment. C'est l'eau dont ils se servent pour se laver les mains, laver et rincer le matériel, ou encore fumiger les récoltes. La deuxième chose qui nous préoccupe, c'est l'amélioration de l'hygiène chez les travailleurs là-bas.

Jay Ingram
Mais malgré ce travail, M. Dixon dit que Cyclospora ou un micro-organisme semblable peut réapparaître, sans nécessairement provenir du Guatemala. Notre penchant grandissant pour les produits importés des pays en voie de développement ouvre la porte à n'importe quel microbe rebelle, d'où l'importance de trouver un outil de diagnostic au plus vite.