Les sciences et la technologie pour les Canadiens

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Guide de l'enseignant

Transcription de la vidéo

Jane Gilbert
Pour mettre fin au réchauffement planétaire, les États-Unis ont signé un important traité international aujourd'hui. Notre voisin adhère au protocole de Kyoto, qui exige de 38 pays industrialisés une nette réduction des émissions de gaz à effet de serre. La plupart de ces gaz se créent lorsque des combustibles fossiles sont brûlés. Or, une petite mais importante partie du problème provient du méthane que les animaux produisent. Ce soir à Planète Vivante, nous verrons comment les scientifiques tentent de contrôler les gaz que les vaches laissent échapper, en modifiant leur diète.

Jay Ingram
Ces bovins n'ont qu'une mission : manger beaucoup et grossir vite. Après avoir passé l'été à paître, ils pèsent plus de 500 kilos chacun. Le seul problème, c'est que toute cette mangeaille produit énormément de méthane.

Paul McCaughey
À l'échelle du globe, le bétail produit une quantité énorme de méthane, probablement 15 % des émissions mondiales de ce gaz. Un seul bovin peut en produire environ 65 kg par année.

Jay Ingram
Une vache laitière en produit presque le double, car elle mange davantage. Et lorsqu'elle mange, elle fait des rots. Mais, ça passe facilement inaperçu... rien de plus qu'un léger frémissement. Mais imaginez 1,3 milliard de bovins à travers le monde, qui font tous des rots, toute la journée, et vous aurez une idée de l'ampleur du problème.

Jay Ingram
Il y a beaucoup moins de méthane dans l'atmosphère que de gaz carbonique. Mais kilo pour kilo, son effet de réchauffement est 21 fois supérieur, et ses émissions augmentent à un rythme plus rapide.

Paul McCaughey
La concentration en méthane s'accroît d'environ 1 % par année et celle du gaz carbonique d'environ un demi %. Certains craignent que le méthane ne devienne un jour un problème majeur, en fait le problème le plus important.

Jay Ingram
Petite partie du réchauffement planétaire peut-être, mais tous les animaux qui se nourrissent de végétaux produisent naturellement du méthane. Presque un demi % du total des émissions animales est attribuable aux humains. La faune sauvage en produit environ 5 %. Les moutons et les chèvres, encore plus. Mais la contribution du bétail est colossale : 71 % du total.

Jay Ingram
À l'Université du Manitoba, on étudie le travail interne de l'estomac des vaches. Celle-ci s'est fait installer un bouchon en plastique... une fenêtre qui donne sur son système digestif.

Karen Wittenberg
Vous venez d'entendre la libération de peut-être un litre ou deux de gaz, que la vache aurait normalement roté ou expiré, mais qui est libéré de cette façon grâce à la fenêtre.

Jay Ingram
Le bouchon ne fait pas souffrir la vache. Celle-ci vit avec le sien depuis 5 ans. Il va directement dans son premier estomac, appelé le rumen. C'est en fait une grande cuve de fermentation...qui baratte le foin pendant qu'elle mange.

Karen Wittenberg
Et ce que vous voyez ici, c'est ce même foin une fois que l'animal l'a ingéré et que les bactéries – c'est-à-dire les microbes dans le rumen – ont commencé à le digérer et à le faire fermenter.

Jay Ingram
Tout au fond de l'estomac, il y a des jus qui aident à convertir le foin en énergie. Mme Wittenburg en retire justement un échantillon.

Karen Wittenberg
Comme vous pouvez le voir, c'est beaucoup plus liquide. Chaque goutte contient des millions de bactéries, de champignons et de protozoaires, qui transforment les aliments en source de protéine et d'énergie pour la vache.

Jay Ingram
Les bactéries de ce liquide sont visibles au microscope. Celles qui produisent le méthane sont très petites.

Karen Wittenberg
Nous les appelons communément «bactéries méthanogènes». Il peut y en avoir entre un milliard et cent milliards par millilitre de liquide dans le rumen. Elles sont minuscules. Vous en voyez peut-être quelques-unes ici, même si ce n'est pas très clair. C'est elles qui absorbent l'hydrogène et produisent le méthane.

Jay Ingram
Les chercheurs ont découvert qu'environ 85 % du méthane sort par la bouche et le nez de l'animal. Le reste voyage à travers le gros intestin avant d'être libéré par derrière.

Jay Ingram
Sachant cela, les chercheurs ont trouvé une façon de mesurer le méthane qui sort du devant de la vache pendant qu'elle broute. La boîte en acier inoxydable qui pend à son cou est sous vide et le tube étroit placé devant son nez pompe des échantillons d'air dans la boîte.

Paul McCaughey
Chaque fois que la vache rote, un peu de gaz entre dans le contenant et ça se poursuit comme ça sur une période de 24 heures.

Jay Ingram
Depuis 4 ans, les chercheurs essaient différents types d'aliments et comparent les émissions de méthane que chacun provoque.

Jay Ingram
Les vaches laitières font aussi l'objet de tests. Les mesures de méthane doivent être très précises.

Jay Ingram
Voici l'autre partie du processus de mesurage. Une petite capsule, remplie d'un gaz synthétique appelé hexafluorure de souffre ou SF6, est placée dans le rumen de la vache. Ce gaz traceur, qui est libéré à une cadence régulière et soigneusement prédéterminée, se mélange au méthane dans l'estomac. Des échantillons des deux gaz se retrouvent donc dans la boîte.

Jay Ingram
Les échantillons sont mis dans un chromatographe en phase gazeuse. Cet appareil mesure le ratio des deux gaz, à partir duquel on peut calculer l'émission totale de méthane.

Jay Ingram
On a découvert que le niveau de méthane baisse dès que la vache mange des aliments de haute qualité, faciles à digérer.

Karen Wittenberg
Nos essais de pâturage nous ont démontré que les animaux qui broutent dans des champs de luzerne produisent davantage tout en émettant moins de méthane que ceux qui se nourrissent de fourrage vert.

Jay Ingram
De fait, les émissions de méthane ont diminué de 10 % lorsqu'on a mélangé de la luzerne au fourrage.

Jay Ingram
L'âge de l'herbe a également son importance. Lorsque les vaches laitières mangent de l'herbe plus jeune, elles produisent moins de méthane.

Jay Ingram
Donc, si on pouvait inciter l'agriculteur à utiliser des aliments de haute qualité, tous en profiteraient: la vache, l'environnement et le producteur.

Karen Wittenberg
Le méthane représente une perte d'énergie pour la vache. Si on arrive à réduire la production de ce gaz, on améliore les résultats et par le fait même on rentabilise l'élevage du bétail. Ça devient une situation gagnante, à la fois pour la société et pour l'agriculteur.

Jay Ingram
L'édition Planète Vivante de ce soir a été produite de concert avec Agriculture et Agroalimentaire Canada.