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Résumé

Conséquence de l'accélération des échanges commerciaux internationaux, l'équilibre biologique et la biodiversité naturelle des forêts canadiennes sont menacés par des insectes forestiers étrangers, ce qui pourrait avoir des répercussions pour la santé des forêts et de l'économie du pays. La menace la plus récente vient du longicorne brun de l'épinette. Ce printemps, des chercheurs du Service canadien des forêts (SCF) ont confirmé que ce coléoptère est responsable du dépérissement des épinettes rouges dans le parc Point Pleasant à Halifax (Nouvelle-Écosse). Les chercheurs du SCF participent à un groupe de travail réunissant plusieurs organismes et qui fait équipe pour prendre les meilleures décisions en vue d'éradiquer ce ravageur étranger. Comme c'est toujours le cas lorsque des ravageurs non indigènes se sont établis, plusieurs saisons pourraient être nécessaires pour juger du succès des tentatives d'élimination. Entre-temps, le SCF poursuit ses recherches sur le longicorne brun de l'épinette dans ce nouveau milieu afin de mieux comprendre son comportement et de cerner les risques qu'il pose à long terme pour les forêts du Canada.

Transcription de la vidéo

Gillian Deacon
Comme il est plus facile et moins coûteux de voyager qu'avant, notre planète commence à devenir un gros village. Et pas seulement pour les êtres humains. Des envahisseurs européens, entrés clandestinement au Canada, donnent du fil à retordre aux scientifiques.

Jay Ingram
Sud de la Colombie-Britannique – 1999 – la guerre bactériologique bat son plein... parce qu'un naturaliste de Boston a, en 1868, laissé s'échapper une sorte de papillon de nuit européens.

Vince Nealis
À l'heure actuelle, la spongieuse s'est établi, en gros, à partir de l'ouest du Nouveau-Brunswick et de certaines parties de la Nouvelle-Écosse jusqu'aux Grands Lacs. Dans les années 90, elle a défolié, en Ontario seulement, jusqu'à 300 000 hectares par année.

Jay Ingram
Afin d'empêcher la spongieuse de s'établir dans l'Ouest et d'y détruire les arbres, on a vaporisé du BTk autour de Victoria et de Vancouver, dans les zones infestées. Les bactéries présentes dans le Btk sont des organismes du sol, jugés sans danger pour les êtres humains, mais mortels pour la chenille. À l'aide de simulations sur ordinateur, les chercheurs ont planifié la vaporisation en fonction de l'éclosion des chenilles. En l'an 2000, la spongieuse s'est faite très rare dans les régions vaporisées, mais il est fort possible qu'elle revienne. En effet, cet insecte peut se déplacer sur des milliers de kilomètres... même si la femelle ne peut voler.

Vince Nealis
C'est que la femelle pond ses œufs sur des objets que les gens déplacent : meubles de jardin, BBQ, canots... Quand les gens emportent ces objets ailleurs au pays, ils traînent évidemment les œufs avec eux, et c'est ainsi que la spongieuse s'établit dans de nouvelles régions.

Jay Ingram
Une fois qu'une espèce étrangère est aussi bien établie dans une région que la spongieuse l'est dans le sud de l'Ontario, il est trop tard pour l'éradiquer. Il vaut mieux l'empêcher d'entrer.

Vince Nealis
Nous surveillons les marchandises et les conteneurs qui pourraient cacher des insectes. Les employés sont formés pour reconnaître les différents stades de vie des insectes. Tout ce que nous puissions faire c'est d'essayer de déterminer d'où proviennent les nouveaux ravageurs et d'essayer de les empêcher d'entrer.

Jay Ingram
Malgré tout, les insectes envahisseurs réussissent à s'infiltrer. En 1999, une espèce étrangère est repérée à Halifax lorsqu'un fonctionnaire de Ressources naturelles Canada qui inspectait le port à conteneurs remarqué les arbres morts dans le parc de l'autre côté de la route. Première surprise, le longicorne brun de l'épinette est le seul type de scolyte présent sur les arbres morts, et, deuxième surprise, il est là depuis bien plus longtemps qu'on ne le soupçonnait.

Jon Sweeney
En examinant les collections du musée de la Nouvelle-Écosse, un de nos biologistes découvrent que 17 coléoptères ont été prélevés au parc Point Pleasant en 1990, dans le cadre d'une étude sur les scolytes. Malheureusement, on les a mal identifiés à l'époque : on les a pris pour une espèce indigène de longicorne. Nous savons donc qu'il y a des longicormes dans le parc depuis au moins à 1990.

Jay Ingram
À l'été 2000, des études révèlent que le longicorne brun de l'épinette s'est répandu dans un rayon de 15 km du parc Point Pleasant. On ne sait pas grand-chose de cet insecte. Les chercheurs font des expériences pour comprendre pourquoi il dévore des arbres mourants ou malades en Europe, mais s'attaque à des arbres apparemment sains au Canada. On s'inquiète des répercussions que sa propagation pourrait avoir sur l'environnement.

Jon Sweeney
C'est d'autant plus inquiétant que l'épinette rouge est un peu en déclin. Elle pourrait bien se passer d'un autre parasite qui l'attaque et la tue. Nous savons que le longicorne s'en prend à l'épinette blanche... comme probablement à la plupart des épinettes d'ailleurs – en tout cas à l'épinette de Sitka, à la blanche, à la rouge... Il pourrait donc représenter – même si cela reste à confirmer – une menace pour les forêts d'épinettes d'un bout à l'autre du pays s'il s'y répand.

Jay Ingram
On tente de contenir et d'éradiquer le longicorne brun de l'épinette en supprimant les arbres infestés. D'autres stratégies seront mises en œuvre à mesure qu'on en saura davantage à son sujet. Une chose est certaine : tant que le commerce et les voyages internationaux existeront, des insectes étrangers continueront de se faufiler au pays. Le défi permanent consiste donc à les détecter et à les supprimer avant qu'ils ne s'établissent.

L'émission Planète vivante est produite en collaboration avec Ressources naturelles Canada.