Les sciences et la technologie pour les Canadiens

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Transcription de la vidéo

NARRATEUR :

Ces chercheurs d'Environnement Canada sont au Labrador pour étudier les Ashkui, dont ils ne connaissaient rien il y a seulement cinq ans.

Ils participent à un projet de recherche conjoint en collaboration avec la Nation innu, Saint Mary's University et Ressources naturelles Canada.

Ce projet se fonde sur le principe que la science occidentale ne détient pas le monopole de la connaissance.

Que parfois, la meilleure façon de se renseigner sur un endroit, c'est d'interroger les gens qui y habitent depuis des milliers d'années.

L'équipe se dirige vers le cœur de Nitassinan, la terre ancestrale des Innu.

Autour d'eux, il y a plus qu'un paysage physique. Il y a aussi un paysage culturel. Chaque colline et chaque vallée est remplie d'histoire et de sens pour un Innu.

L'objectif à long terme du projet est de dresser la carte de tout le Labrador d'un point de vue culturel. Guidés par les Innu, les chercheurs ont défini des « unités de paysage culturel » qu'ils étudieront une à une.

La première étape de cette tournée de recherche est le campement de printemps des Innu à Seal Lake.

Ils n'en sont pas à leur première visite.

Depuis le début du projet, les scientifiques d'Environnement Canada rencontrent régulièrement les aînés innu pour partager de l'information et susciter des questions de recherche.

GEOFF HOWELL :

Ce que nous avons réussi à faire avec ce projet, c'est essentiellement de prendre les questions des aînés au sujet des sites et de tenter d'y appliquer notre science occidentale pour commencer à les régler.

NARRATEUR :

Jack Selma parle au nom de l'équipe.

NARRATEUR :

Il parle aux aînés de la recherche qui a été menée jusqu'ici sur les Ashkui.

Les Ashkui sont l'unité de paysage culturel que les aînés ont demandé aux chercheurs d'étudier en premier.

GEOFF HOWELL :

Superimposition : Geoff Howell, Environnement Canada

L'idée d'étudier les Ashkui est vraiment venue des aînés et du peuple innu, car c'est quelque chose d'important pour leur survie sur la terre durant les mois de printemps.

NARRATEUR :

Les Ashkui, ce sont les zones d'eau libre précoces ou permanentes sur les rivières, les lacs et les estuaires.

GEOFF HOWELL :

D'ordinaire, si nous étions venus ici pour choisir un sujet important, nous aurions sans doute opté pour une terre humide; nous y serions allés pour étudier les habi-tudes du gibier d'eau et l'aspect chimique de ce système. Quant à l'Ashkui, c'est un concept beaucoup plus large, plus holistique, compte tenu que nous examinons les aspects chimiques, le poisson, la terre aux alentours, la forêt et la façon dont les Innu se servent en réalité de ces systèmes, construisent leurs campements, obtien-nent leurs remèdes. C'est donc un examen dans une perspective vraiment plus large de tout l'écosystème et des gens qui en font partie.

NARRATEUR :

La science est multidisciplinaire. À cet Ashkui, les chercheurs ont pris des échan-tillons pour déterminer la composition chimique de l'eau et le degré de producti-vité biologique à la surface.

NARRATEUR :

Au site suivant, ils doivent forer la glace.

Ils font cela pour pouvoir prélever des carottes de sondages au fond du lac.

Ces carottes leur révèlent la façon dont les conditions écologiques ont changé au fil du temps. Elles leur permettent d'étudier les modèles historiques de changements climatiques et de se renseigner sur les contaminants aériens de longue distance.

Le Labrador est l'une des régions les moins industrialisées au monde. Le limon au fond du lac est donc complètement dépourvu de polluants locaux. En analysant chaque tranche, les chercheurs obtiennent un dossier historique de l'air pollué qui a soufflé jusque là.

Ils se servent de la connaissance que les aînés ont des événements historiques comme les feux de forêt pour vérifier par recoupement l'âge des carottes.

Le projet sur les Ashkui brosse le portrait frappant d'un écosystème en fluctuation.

NARRATEUR :

De retour à Seal Lake, Jack Selma termine sa présentation aux aînés.

NARRATEUR :

Simon Michel senior parle aux chercheurs des deux populations de caribous qui devraient être incluses dans toute étude sur les Ashkui.

Ce n'est certes pas le genre de chose que les scientifiques auraient considéré auparavant.

PETER PENASHUE :

Superimposition : Peter Penashue, président, Nation innu

Évidemment, lorsque vous mettez des gens ensemble dans une pièce au fin fond des bois, sans accès au téléphone ni à quoi que ce soit d'autre, des choses intéressantes se produisent.

Et suffisamment de choses ont été réalisées, je crois, pour démontrer que les scientifiques et les Innu, particulièrement les aînés, sont des gens compatibles.

MARY ANN MICHEL :

Superimposition : Mary Ann Michel

NARRATEUR :

Mary Ann Michel apprécie la façon dont les chercheurs ont respecté les préoccupations des aînés.

BEN MICHEL :

Superimposition : Ben Michel

La science occidentale commence maintenant à admettre que les Innu savent des choses.

GEOFF HOWELL :

L'Innu a une manière très holistique d'envisager le monde. C'est une philosophie de compréhension de l'ensemble. La science occidentale a tendance à faire le contraire, en ce sens que nous sommes très réductionnistes. Nous consacrons une quantité considérable d'efforts à défaire la réalité en petits morceaux pour voir comment les choses fonctionnent, puis à essayer de les remonter plus tard. Alors, voilà le défi dans tout cela : essayer de recoller ces deux gros morceaux ensemble. Les deux sont valables. Les deux offrent des moyens différents d'examiner la même chose, et je crois que les deux rendent le portrait d'ensemble beaucoup plus fort à long terme.