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Guide de l'enseignant

Résumé

Certaines expériences ont une telle ampleur qu'elles ne peuvent s'effectuer dans un laboratoire. Voilà pourquoi un petit coin du nord-ouest de l'Ontario est réservé aux chercheurs avec de grandes idées. Cet endroit s'appelle la zone des lacs expérimentaux. Les scientifiques de Pêches et Océans essaient de reproduire ce qui se passe à une échelle beaucoup plus grande ailleurs, par exemple l'acidification de lacs ou l'inondation de tourbières ou d'une forêt bien drainée. Les résultats de ces recherches sont maintenant utilisés pour aider à atténuer l'impact environnemental de projets comme la construction de barrages hydroélectriques.

Transcription de la vidéo

Jill Deacon
Certaines expériences scientifiques ont une telle ampleur qu'elles ne peuvent s'effectuer dans un laboratoire. Voilà pourquoi un petit coin du nord-ouest de l'Ontario est réservé aux chercheurs... Baptisé zone des lacs expérimentaux, cet endroit en a vu de toutes les couleurs au nom de la science.

Jay Ingram
C'est un laboratoire unique en son genre. Près de 60 lacs lui servent d'éprouvettes, et sa boîte de Pétri est le Bouclier canadien.

On est loin de tout développement urbain ici. Aucun déchet industriel ne pollue ces eaux virginales.

Voix non identifiée
Cet endroit existe depuis 32 ans déjà... il est relativement isolé puisque personne n'habite les bassins versants.

Jay Ingram
Les bassins versants qui alimentent les lacs expérimentaux sont restés comme ils étaient il y a des milliers d'années... bien avant que les gens et les machines ne commencent à polluer l'air.

Selon le biologiste John Shearer, c'est l'un des plus grands laboratoires au monde.

M. John Shearer
Nous essayons d'utiliser un système naturel à petite échelle pour reproduire ce qui se passe à une échelle beaucoup plus grande ailleurs au pays ou même dans d'autres parties du monde.

Jay Ingram
Dans les années 70 et 80, c'est ici que les scientifiques ont effectué des études innovatrices sur les pluies acides. Afin de reproduire les effets des émissions de soufre sur les milliers de lacs de l'est du Canada, ils ont pollué des lacs entiers et mesuré les résultats. Ces études ont placé le Canada au premier rang de la lutte contre les pluies acides, en plus d'aider à modifier les lois qui ont forcé les grandes sociétés à se responsabiliser face à l'environnement.

Le même site sert aujourd'hui à évaluer les effets du développement hydroélectrique.

D'énormes zones de terre sont souvent submergées, dans le cadre des projets hydroélectriques, pour exploiter l'énergie produite par l'eau.

Depuis toujours, on considère ce genre de développement comme la «solution propre» à nos besoins grandissants d'énergie.

Mais ce n'est pas ce que concluent les chercheurs des lacs expérimentaux.

John Shearer
Une nouvelle idée circulait selon laquelle les réservoirs pouvaient constituer une source importante de gaz à effet de serre, et nous voulions vérifier cela.

Jay Ingram
Les gaz à effet de serre et les combustibles fossiles formaient une vieille paire. Se pouvait-il que l'hydroélectricité produise les mêmes effets néfastes?

Drew Bodaly s'est rendu aux lacs expérimentaux pour le découvrir.

Ses collègues et lui ont construit des digues au bout de ce lac pour simuler un réservoir. Le petit lac est devenu cinq fois plus grand. Les arbres sont morts... et les épaisses tourbières ont commencé à pourrir sous un mètre et demi d'eau.

Et cela a donné des résultats surprenants.

Drew Bodaly
Nous avons relevé dans l'eau des concentrations de diméthylmercure 20 fois plus élevées qu'avant l'inondation... et dans l'air, d'importants mouvements de gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone et le méthane.

Jay Ingram
Le mercure et les gaz qui montaient en bulles à la surface de l'eau étaient des sous-produits de la décomposition de la flore. Pire encore, le poisson contenait un niveau élevé de mercure, et les chercheurs savent que, dès que la chaîne alimentaire est touchée, l'humain est menacé.

Le sol produit naturellement du mercure, mais l'inondation semble provoquer une concentration. Quant aux gaz à effet de serre, ils continuent de se libérer six ans plus tard, et le processus pourrait se poursuivre tout le prochain siècle, selon les chercheurs.

Ils ont constaté que la solution qu'on croyait si propre pouvait produire jusqu'au tiers des gaz à effet de serre d'un générateur à charbon, depuis longtemps considéré comme la méthode de production d'énergie la plus polluante.

Mais les réservoirs des projets hydroélectriques recouvrent parfois une forêt bien drainée plutôt qu'un marécage, et la prochaine étape de l'étude permettra de comparer les deux.

Ces murs de bois retiennent un étang de plus de deux mètres. Trois énormes réservoirs ont été construits sur un point élevé, et l'eau recouvre maintenant une forêt de pins géants. Les chercheurs ont hâte de comparer les niveaux de mercure et de gaz à effet de serre à ceux de la zone marécageuse.

Jay Ingram
Ils prélèvent des échantillons d'air plusieurs fois par jour. À l'aide d'une seringue, ils aspirent le gaz emprisonné dans les débulleurs qui flottent à la surface du réservoir. [PAUSE] Des échantillons d'eau sont aussi analysés sur place. Les essais chimiques permettent d'en déterminer la teneur en oxygène. Cette mesure est importante, car la décomposition de la matière organique et la production des gaz à effet de serre consomment de l'oxygène. Si l'eau en manque, c'est donc que le réservoir dégage des gaz.

Les chercheurs ne croient pas qu'une forêt sèche produira autant de mercure et de gaz nocifs qu'un marécage, car elle n'est pas tapissée d'une épaisse couche de tourbe. Or, c'est justement la décomposition de la tourbe qui contribue le plus à la production des gaz à effet de serre dans les réservoirs.

En combinant les données obtenues du marécage-réservoir et de la forêt inondée, les planificateurs en hydroélectricité devraient pouvoir élaborer des modèles informatiques qui leur permettront de prévoir les coûts écologiques de leurs barrages.

Plusieurs sociétés hydroélectriques font déjà attention aux conclusions de l'étude. Elles ont refait leurs plans pour éviter d'inonder des marécages.

Drew Bodaly
Eh bien, ça fait plaisir à entendre. C'est très agréable d'être ici et de faire de la recherche, et j'aime beaucoup travailler sur le terrain, mais c'est encore mieux de savoir que les résultats de ma recherche sont utilisés dans la vraie vie... que des sociétés hydroélectriques tiennent réellement compte des effets sur l'environnement lorsqu'elles planifient leurs projets hydroélectriques.

Jill Deacon
Cette édition de Planète vivante a été réalisée de concert avec le ministère des Pêches et des océans.