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Guide de l'enseignant

Dans un proche avenir, l'analyse de l'ADN pourrait servir à capturer les voleurs d'arbres. Chaque année, en Colombie-Britannique, des pertes de 20 millions de dollars sont attribuables à des vols de bois d'oeuvre sur des terres publiques, des terrains privés et dans des réserves écologiques. L'idéal serait de prendre les bûcherons en flagrant délit au moment où ils récoltent du bois d'oeuvre à maturité, mais cela semble pratiquement impossible étant donné les millions d'hectares de terres boisées dans la province. Jusqu'à maintenant, la seule façon de faire le rapprochement entre une pièce de bois volée et sa souche, et d'être ainsi en mesure de porter des accusations, consistait à comparer la forme et le nombre des anneaux de croissance des deux pièces de bois. Les travaux d'un scientifique de Ressources naturelles Canada sur le recours à l'ADN des arbres contribueront à rendre ce rapprochement plus facile et plus économique.

Transcription de la vidéo

Narrateur
Qu'est-ce que le procès d'OJ Simpson et un progrès de la science au Canada ont à voir avec le vol d'un cèdre rouge de 800 ans?

Mme Eleanor White
Voici l'arbre en question. Un jour, un homme du service forestier de la C.-B. m'a téléphonée, en furie. Venu pour vérifier le travail de certains bûcherons dans ce parc, il avait constaté que ce gros arbre avait été abattu. Son service était assez sûr de l'identité du coupable, mais à moins de le prendre sur le fait... pas de condamnation possible. Nous étions en plein procès d'OJ Simpson à l'époque. Il m'a dit qu'il avait besoin d'une preuve d'ADN comme celle utilisée au procès pour comparer le bois chargé dans le camion suspect à celui de la souche coupée illégalement. Après m'être exclaffée, je me suis demandée si c'était possible.

Narrateur
Jamais auparavant on n'avait comparé l'ADN d'une souche à du bois soupçonné d'avoir été volé. Mme White entreprend donc d'étudier l'ADN des arbres en 1996.

Eleanor White
C'est difficile à croire, mais chaque arbre a son propre ADN, qui est étonnamment semblable à celui des humains. Les deux ont les mêmes éléments constitutifs, les mêmes bases, organisées de la même façon. Le code génétique est également le même chez les arbres et les êtres humains. Les similarités sont surprenantes.

Narrateur
Puisque chaque arbre a un ADN différent, un appariement précis devient possible. Le défi de Mme White consiste à trouver les sections d'ADN qui permettent le mieux d'identifier l'arbre.

Eleanor White
Une fois l'ADN extrait et purifié, nous en amplifions des régions particulières qui sont utiles pour l'identification. On appelle ces régions des microsatellites. Ce sont simplement des sections d'ADN qui, en l'occurence, sont très différentes d'un spécimen à l'autre.

Narrateur
L'appariement d'un seul microsatellite ou marqueur peut donner une véritable paire ou n'être que le fruit du hasard. Plus on compare de marqueurs, plus les probabilités que l'appariement résulte du hasard diminuent.

Mme White a étudié l'ADN de plus d'une centaine d'arbres pour trouver les marqueurs les plus utiles. Sur environ une demi-douzaine de marqueurs prometteurs, 3 conviennent et un 4e est encore à l'étude. Avec 4 marqueurs d'ADN à comparer, la probabilité d'un appariement aléatoire est seulement d'1 ou 2 par million, ce qui permet d'utiliser cette preuve contre les voleurs d'arbres.

Jerry Hunter
L'analyse d'ADN va nous aider de deux façons. Premièrement, elle va nous permettre d'obtenir des condamnations en cour. Deuxièmement, elle va accélérer et faciliter énormément notre travail d'enquête. Au lieu d'avoir à ramasser et à transporter de gros paquets d'éclats de bois qui peuvent peser entre 80 et 100 lbs chacun, soit 40 kg ou plus, nous n'aurons qu'à rapporter une poignée de sciure ou de petits échantillons que le laboratoire judiciaire pourra analyser.

Narrateur
Dans le cas du cèdre rouge de 800 ans, le voleur s'en est tiré parce que le bois soupçonné d'avoir été volé n'a pu être comparé à la souche. Mais à l'avenir, les recherches que Mme White poursuit sur l'ADN donneront aux forces de l'ordre les preuves dont elles ont besoin pour faire condamner les coupables. L'utilisation de l'ADN d'un arbre comme preuve en cour marquera une première juridique et scientifique au Canada... et peut-être même dans le monde.

L'émission Planète vivante est produite en collaboration avec Ressources naturelles Canada.