Comment ceci peut vous affecter?
Un regard sur les changements climatiques au Canada : L'étude
pancanadienne
On projette qu'au cours du siècle qui vient, les températures
mondiales vont connaître des modifications plus importantes
que toutes celles des 10 000 dernières années. Les
scientifiques savent que ces changements amèneront des perturbations
sans précédent du climat du globe, qui variront d'un
endroit à un autre et créeront de nombreuses répercussions.
L'Étude pan-canadienne est la première évaluation
nationale intégrée des répercussions sociales,
biologiques et économiques des changements climatiques pour
le Canada. Environnement Canada a réuni des spécialistes
en climatologie du gouvernement, de l'industrie, des institutions
d'enseignement et d'organismes non gouvernementaux pour examiner
les connaissances actuelles relatives aux conséquences des
changements climatiques et aux moyens de s'y adapter, pour identifier
les lacunes dans la recherche et pour indiquer quels renseignements
il faudrait chercher à obtenir en priorité
Le Canada a connu un réchauffement d'environ 1° C au
cours du siècle dernier et une augmentation des précipitations
annuelles durant les 50 dernières années. Ces chiffres
concordent avec les tendances mondiales. Les projections sur les
changements climatiques laissent supposer que pendant le siècle
qui vient, il y aura encore un réchauffement de 1 à
3,5° C.
Compte tenu de ce scénario, l'Étude pan-canadienne indique que les répercussions des changements climatiques sur les ressources en eau sont cruciales pour déterminer les répercussions générales sur tous les secteurs et régions du pays.
Au total, les incidences des changements climatiques sur les forêts,
les populations de poissons et l'agriculture pourraient être
extrêmes. Ainsi,la saison de croissance agricole se prolongera,
les zones agricoles s'étendront vers le nord et l'agriculture
risque de souffrir de plusieurs facteurs, comme le manque d'humidité,
les parasites, les maladies et les incendies; les populations de
poissons subiront des répercussions qui pourraient se traduire
par des augmentations dans certaines zones, surtout dans l'Arctique
et au nord de la côte du Pacifique, et des diminutions dans
d'autres, particulièrement dans les lacs et les rivières
du Bouclier canadien;les effets sur le potentiel hydroélectrique
varieront, le faisant augmenter au Labrador et dans le Nord du Québec
et diminuer en Ontario, dans les Prairies et dans le Sud-est de
la Colombie-Britannique; les populations d'oiseaux aquatiques seront
exposées à des risques attribuables à la baisse
du niveau des lacs, des rivières et des marécages;
les changements qui pourraient se produire dans l'occurrence de
graves événements météorologiques auraient
d'importantes conséquences pour la sécurité
et l'intégrité des ressources naturelles, des systèmes
sociaux et des infrastructures du Canada, et des répercussions
subséquentes sur l'industrie des assurances et les secteurs
publics du soutien.
Pour déterminer les répercussions pour le Canada,
l'Étude s'est fondée sur 26 composantes dans six régions
du Canada et 20 questions sectorielles et connexes ayant une importance
socio-économique. On trouvera ici les grandes lignes ces
rapports pour chacune des régions. Il est important de garder
à l'esprit que des incertitudes demeurent quant au type,
à l'ampleur et aux intensités des changements climatiques
à l'avenir. Ces incertitudes imposent des limites quant à
la capacité des scientifiques à projeter les incidences
des changements climatiques, notamment aux niveaux régional
et local.
Colombie-Britannique et Yukon
Les changements climatiques auront des conséquences importantes
en Colombie-Britannique et au Yukon et entraîneront des risques
d'inondations dans certaines régions, de sécheresse
dans d'autres et de vastes perturbations pour les forêts,
les pêches, la faune et la flore.
L'augmentation du niveau de la mer pourrait atteindre 30 cm sur
les côtes du nord de la Colombie-Britannique et 50 cm sur
les côtes nordiques du Yukon d'ici l'an 2050, surtout à
cause du réchauffement de l'océan. Cela pourrait entraîner
une augmentation de la sédimentation, des inondations côtières
et une inondation permanente de certains écosystèmes
naturels, mettant en danger des habitations côtières,
des quais et des installations portuaires.
Voici d'autres incidences possibles des changements climatiques
:
En hiver, l'augmentation des précipitations, la dégradation
du pergélisol et le recul des glaciers consécutivement
à l'élévation de la température pourraient
donner lieu à des glissements de terrain dans les régions
montagneuses instables et menacer l'habitat des poissons et de la
faune, les routes et d'autres structures artificielles.
L'accroissement des précipitations ferait augmenter les
contraintes subies par les systèmes d'aqueduc et d'eaux usées,
tandis que le rétrécissement des glaciers pourrait
affecter le volume des rivières et des ruisseaux tributaires
des glaciers, et entraîner des conséquences néfastes
pour l'industrie touristique, la production d'énergie hydroélectrique,
l'habitat du poisson et les modes de vie.
Au printemps, les dommages causés par les inondations pourraient
s'aggraver sur les côtes et à l'intérieur de
la Colombie-Britannique, ainsi qu'au Yukon, et les mesures de protection
contre les inondations pourraient devenir insuffisantes.En été,
la sécheresse le long de la côte sud et à l'intérieur
de la région sud entraînerait une réduction
du débit des ruisseaux dans ces régions, mettant en
danger la survie des poissons et réduisant les réserves
d'eau pendant les été secs, quand l'irrigation et
l'usage domestique de l'eau sont au plus fort.
Prairies
Les modèles actuels laissent croire que les changements
climatiques pourraient entraîner une élévation
de la température de l'air et une diminution du niveau d'humidité
du sol. On est moins certain s'il y aura augmentation ou diminution
des précipitations ou si les changements climatiques affecteront
les phénomènes météorologiques graves.
La plupart des scénarios laissent croire que les régions
semi-arides des Prairies risquent de connaître une augmentation
de la fréquence et de la durée des périodes
de sécheresse.
Ces changements pourraient amener d'autres conséquences :
Le rendement moyen des récoltes pourrait diminuer de 10
à 30 p. 100 à cause des hausses de température
et de la diminution de l'humidité du sol. Par contre, l'augmentation
de la température pourrait rallonger la saison de croissance
et faire augmenter le rendement des récoltes dans les régions
nordiques où le sol est approprié.
La nécessité accrue de pomper l'eau et de refroidir
les habitations en été, entraînée par
la sécheresse, et la baisse de la demande d'électricité
pour le chauffage en hiver, occasionnée par l'élévation
de la température, pourraient créer des pointes dans
la demande d'électricité en été, précisément
durant la période où le volume d'eau nécessaire
à la production d'énergie hydroélectrique est
au plus bas. Il pourrait en résulter une production d'énergie
thermique accrue et une augmentation de l'utilisation de combustibles
fossiles et de l'émission de gaz à effet de serre.
Les marécages semi-permanents et saisonniers pourraient
s'assécher, ce qui ferait diminuer le taux de reproduction
des oiseaux aquatiques et d'autres espèces sauvages.
L'Arctique
Au cours des 100 dernières années, le district du
Mackenzie a connu un réchauffement de 1,5° C et la zone
de la toundra arctique, de 0,5° C, tandis que les montagnes
de l'Arctique et les fjords de l'est de l'Arctique se sont légèrement
refroidis. Les projections laissent croire à une augmentation
de 5 à 7° C sur le continent et la plupart des îles
de l'Arctique et un faible refroidissement dans les régions
arctiques les plus à l'est. On s'attend à des hausses
des températures estivales de jusqu'à 5° C sur
le continent et jusqu'à 1 à 2° C dans les régions
maritimes. Les précipitations annuelles augmenteraient de
près de 25 pour cent.Ces changements de températures
et de précipitations auraient des effets dramatiques sur
les écosystèmes de la toundra et de la taïga/toundra,
réduisant leur étendue jusqu'au tiers de leur superficie
actuelle.
Plus de la moitié du pergélisol discontinu pourrait
disparaître, amenant une instabilité marquée
de la surface à court terme. La faune et la flore seraient
touchées également, de nombreuses espèces de
poissons de ruisseaux seront repoussées vers le nord de 150
km pour chaque degré d'augmentation de la température
ambiante, et le caribou de Peary de l'extrême Arctique, le
boeuf musqué et l'ours polaire seraient menacés d'extinction.
Les changements climatiques rallongeraient aussi la saison du trafic
maritime dans l'Arctique, et l'élévation du niveau
de la Mer de Beaufort menacerait les infrastructures côtières.
Ontario
L'Ontario pourrait subir un réchauffement annuel moyen de
3 à 8° C annuellement d'ici la dernière partie
du 21e siècle, ce qui amènerait une diminution du
nombre de semaines de neige, un allongement de la saison de croissance,
une diminution du taux d'humidité du sol et une augmentation
de la fréquence et de la gravité des sécheresses.
Voici les autres conséquences que les changements climatiques
peuvent entraîner :
- augmentation du nombre de jours où le stress thermique et la pollution atmosphérique qui risquent d'affecter la santé de la population;
- accroissement probable de la fréquence et de la gravité des feux de forêt;
- modification des écosystèmes aquatiques et des marécages.
En outre, le niveau d'eau des Grands Lacs pourrait diminuer à des niveaux
record d'ici la dernière partie du 21e siècle, ce
qui réduirait la capacité de la navigation.
Québec
Si le niveau de dioxyde de carbone double, le Québec connaîtra
des hausses de température de 1 à 4° C dans le
sud et de 2º à 6° C dans le nord. Les précipitations
resteront les mêmes ou diminueront légèrement
dans le sud et augmenteront de 10 à 20 p. 100 dans le nord.
Ces phénomènes pourraient avoir comme conséquences :
- une baisse du niveau d'eau du fleuve Saint-Laurent, ce qui affecterait le transport fluvial,
la navigation et l'environnement marin du fleuve;
- des effets positifs sur l'agriculture, notamment la prolongation de la période de
croissance et l'extension de l'agriculture vers le nord.
L'Atlantique
Les changements climatiques dans la région atlantique n'ont
pas suivi la tendance nationale du réchauffement au cours
du siècle dernier; il s'est même produit un léger
refroidissement au cours des 50 dernières années.
Cette tendance concorde avec les projections fondées sur
les modèles climatiques.La région atlantique du Canada
serait particulièrement vulnérable en cas d'élévation
du niveau de la mer, ce qui pourrait entraîner des risques
accrus d'inondations, d'érosion côtière, de
sédimentation côtière et de réduction
des glaces de mer et de rivière.
Les autres conséquences pourraient comprendre :
- des pertes d'habitat pour certains poissons;
- la modification du nombre de jours sans glace, ce qui pourrait affecter le transport maritime
et l'industrie pétrolière et gazière au large des côtes;
- des changements dans la répartition et l'étendue du territoire et le taux du succès de reproduction des oiseaux marins.
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