Rapport final
PRÉPARÉ PAR DEBRA WARD
Observatrice indépendante de la transition de la restructuration de l'industrie du transport aérien
septembre 2002
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Introduction
Il y a deux ans, la restructuration du transport aérien
s'annonçait relativement simple. Après l'acquisition de Canadian Airlines
Corporation, Air Canada pourrait-elle réussir à fusionner Canadien
International à ses propres opérations? Qu'est-ce que cela signifiait pour les
personnes touchées par l'industrie du transport aérien : collectivités,
agents, entreprises et employés des compagnies aériennes? La bonne santé de
l'économie laissait espérer qu'après une certaine agitation, le Canada
jouirait d'une industrie du transport aérien tout aussi en bonne santé :
Air Canada devait être notre transporteur international solide, transportant
les Canadiens de par le monde et au c_ur de nos collectivités. Des
transporteurs spécialisés offriraient des choix à plus bas prix pour les
vacanciers et les personnes visitant parents et amis. Puis, tout a changé.
Au milieu des répercussions des événements de 2001 -
les attaques meurtrières du 11 septembre, le déclin de l'industrie de la
technologie de pointe, le plongeon des cours boursiers - nous sommes restés indécis
et incertains relativement à notre orientation exacte, et à l'état du monde
une fois nos objectifs atteints.
Le secteur du transport aérien, plutôt que de poursuivre
sa glorieuse croissance du milieu et de la fin des années 90, comme on aurait
pu s'y attendre, a été l'un des plus durement touchés. Les voyages ont connu
une baisse prononcée. Le nombre de clients de haut rendement a fondu, laissant
les stratégies d'établissement des prix et des horaires des transporteurs aériens
offrant des services complets - visant le très convoité voyageur « à
l'avant de l'avion » - en pleine confusion, tout comme les rentrées
projetées.
Les contrôles de sûreté, auparavant considérés comme
un mal nécessaire installés entre le passager et l'avion, sont devenus une
première ligne de défense contre un mal réel. Le coût de la protection de
notre pays contre l'utilisation d'aéronefs civils comme armes de destruction de
masse a été absorbé par les passagers.
Air Canada a dû se réinventer. D'anciennes stratégies
ont été abandonnées en faveur d'une nouvelle grille de comportement
commercial : de nouvelles marques, de nouvelles filiales et des tentatives
de séduire le voyageur à l'affût des bas prix, auparavant sous-évalué.
Cette démarche radicale semble fonctionner.
WestJet a connu une période de succès à travers le
tumulte et le changement. Un nombre croissant de consommateurs ont choisi son
service à bas prix qui les amenait à destination de façon agréable, avec un
minimum de cérémonies. WestJet a déclaré des bénéfices pendant une période
des plus difficiles, notamment 12 millions de dollars pour son plus récent
trimestre, et est arrivée au deuxième rang des transporteurs « moyens »
(c.-à-d. ayant des revenus inférieurs à 4 milliards de dollars) dans le
monde, d'après la publication spécialisée Aviation Week & Space
Technology.
Entre 2000 et 2002, Air Canada a réduit sa capacité, récupérée
par d'autres, surtout les compagnies aériennes à bas prix. Par conséquent, la
concurrence s'est accrue sur les liaisons long-courriers intérieures, tout
comme les options à bas prix. Toutefois, il semble également que la capacité
sur les liaisons court-courriers ou moyen-courriers n'a pas été remplacée,
mais redéployée sur des liaisons long-courriers (si l'on considère un fléchissement
de 3 % dans le nombre de « sièges » offerts, mais une
augmentation de 5 % des « sièges-kilomètres » offerts).
Des compagnies aériennes ont démarré et fait faillite
(Roots Air), d'autres ont connu une expansion trop rapide et ont fait faillite
(Canada 3000) et d'autres encore ont démarré (Jetsgo, CanJet). Air Canada déclarait
un bénéfice de 30 millions de dollars pour son deuxième trimestre (seul
transporteur offrant des services complets en Amérique du Nord à déclarer un
profit), mais la société doit encore assumer un fardeau de dettes et
d'obligations d'environ 10 milliards de dollars. Bien que certains secteurs
de notre économie actuelle soient renversants, d'autres sont simplement renversés,
brisés par l'exode boursier, le fiasco de la haute technologie, ainsi que la
mauvaise conduite et les malversations des très grandes entreprises. L'économie
américaine et ses transporteurs sont bien loin d'une reprise. Non seulement n'y
a-t-il encore aucune lumière au bout du tunnel, mais nous ne savons rien de la
longueur de celui-ci, de sa sinuosité ni de sa profondeur.
Nous ne savons pas encore ce que notre industrie du
transport aérien pourrait devenir dans le futur. Les incertitudes sont
trop nombreuses. Toutefois, cela ne nous empêche pas de décider de ce que
l'industrie du transport aérien devrait être, et de ce que nous devons
faire pour qu'elle le devienne.
Il y a deux façons d'examiner le secteur du transport aérien.
L'une consiste à observer les changements immédiats à court terme :
l'importance de la concurrence; les liaisons touchées; l'état des finances des
transporteurs, et ainsi de suite. La deuxième consiste à observer les
politiques essentielles d'encadrement qui fixent les « règles du jeu ».
Celles-ci ont des conséquences non seulement pour les compagnies aériennes
d'aujourd'hui, mais aussi sur celles de demain.
Le présent rapport, le dernier d'une série de quatre,
recommande des mesures tant à court terme que des mesures à long terme. À
court terme, j'ai étudié l'acquisition de Canadian Airlines Corporation par
Air Canada et ses conséquences directes sur les groupes d'intérêt. Le cadre
de travail gouvernemental que j'ai utilisé pour formuler des recommandations à
court terme est le projet de loi C-26, les engagements d'Air Canada et d'autres
dispositions, comme celles de la Loi sur les langues officielles.
À plus long terme, j'ai examiné certaines des politiques
clés qui influent sur l'industrie du transport aérien de diverses façons élémentaires
qui vont au-delà des préoccupations et des exigences immédiates. Les
recommandations de mesures à long terme se fondent sur les objectifs mêmes du
gouvernement comme point de départ, qui sont les suivants :
« [...] l'objectif du Canada demeure de
disposer d'une industrie viable et efficace du transport aérien jouissant
d'une position concurrentielle nationale et internationale solide,
qui soit abordable, sensible aux besoins des usagers et des
collectivités et qui, dans l'ensemble, satisfasse aux besoins de tous
les Canadiens. » 1
Les recommandations suggèrent de nouvelles démarches
pour les divers paliers de gouvernement, les compagnies aériennes et les
groupes d'intérêt, et offrent des points de vue sur ce que chacun peut
apporter pour assurer la souplesse et la compétitivité d'une industrie du
transport aérien qui sert les Canadiens à court et à long terme. Les
recommandations portent également sur les questions de la propriété
canadienne des transporteurs, le rôle de l'accès au transport aérien dans le
développement économique, notamment pour les collectivités éloignées ou
rurales, et la participation des autres ministères fédéraux et des autres
paliers de gouvernement à l'application de solutions.
1 Budget des dépenses 2002-2003
- Rapport sur les plans et priorités, Transports Canada
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