Drapeau du Canada
Gouvernement du Canada Symbole du gouvernement du Canada
 
English Contactez-nous Aide Recherche Site du Canada
À notre sujet Services près de chez vous Politiques et Programmes Index A à Z Accueil
   
Ressources humaines et Développement social
 
Renseignements généraux



Foire aux questions



Liens connexes



Lois et accords



Recherches et statistiques



Publications



Formulaires



Services en direct

   
  Services pour les : particuliers entreprises organismes Services près de chez vous

Nouveau siècle, nouveaux risques : Enjeux pour le développement social au Canada - Les 18 et 19 novembre 2004

Page précédente Table des matières Page suivante

Plénière d'ouverture : Nouveau siècle, nouveaux risques

Président : Hugh Scott, Institut d'études canadiennes de McGill

Céline Le Bourdais, Université McGill

La vie de famille a beaucoup évolué au Canada au cours des quarante dernières années, selon Céline Le Bourdais, de l'Université McGill. Les changements démographiques ont présenté de grands défis et ont eu d'importantes répercussions pour la dynamique familiale et la politique sociale. Au Canada, la petite taille des familles d'aujourd'hui, les nouvelles attitudes face au mariage, le report de la procréation, parallèlement au vieillissement et à la diminution de la population, constituent des défis sociétaux. Les taux de divorce ont énormément augmenté au Canada et les couples sont de plus en plus nombreux à préférer la cohabitation au mariage.

La définition du couple est plus floue et englobe désormais les unions civiles, les mariages homosexuels et les couples qui vivent séparément. La diversification et la désinstitutionnalisation de la vie conjugale ont compliqué les critères traditionnels d'accès aux programmes sociaux.

Parallèlement à l'augmentation du nombre de séparations, on assiste à une hausse du nombre de parents qui amorcent de nouvelles relations. Les familles reconstituées sont plus nombreuses et elles posent de nouveaux défis, par exemple au chapitre de la définition des droits des parents biologiques et des beaux-parents.

David Green, Université de la Colombie-Britannique

On observe une hausse tendancielle de l'inégalité du revenu marchand, mais selon David Green, on compte trop sur une politique du capital humain pour régler le problème. L'évolution technologique et la mondialisation de même qu'une plus grande polarisation du revenu et sa stagnation sous-tendent une croissance systématique de l'inégalité.

La politique de l'éducation est souvent avancée comme solution. Toutefois, l'accroissement de l'inégalité du revenu marchand s'accompagne d'écarts sur le plan de la scolarité. La politique de l'éducation est présentée comme une panacée qui permet à un plus grand nombre de personnes de s'instruire et qui produit une pyramide comptant à son sommet un plus grand nombre de personnes gagnant un salaire élevé et à sa base des salaires plus élevés; mais l'accent qui a été mis sur les études supérieures n'a pas permis d'atteindre cet équilibre, de dire M. Green. Plutôt que de se demander comment utiliser la politique du capital humain pour redistribuer la richesse, il faudrait plutôt se demander comment créer une société véritablement juste à l'ère de la politique du capital humain.

Peter Hicks, Développement social Canada (DSC)

La pauvreté n'est pas un concept individuel, mais bien un concept familial, selon Peter Hicks. Le nombre de soutiens et d'enfants dans une famille est une caractéristique fondamentale des travailleurs à faible salaire. Mais la situation de famille ne fait pratiquement jamais l'objet des débats stratégiques. Le plan d'action stratégique ne repose pas sur un cadre de référence satisfaisant. L'interaction des caractéristiques familiales doit être intégrée au débat sur le marché du travail et la nature de la pauvreté et de la vulnérabilité doit être mieux comprise.

Il reste encore beaucoup de chemin à faire du point de vue de la recherche de solutions stratégiques. M. Hicks soutient que quelqu'un qui travaille à plein temps et à longueur d'année ne devrait pas se retrouver en dessous du seuil de pauvreté. Il est essentiel d'examiner les caractéristiques économiques et sociales des travailleurs à faible salaire et leur vulnérabilité, ainsi que l'échec apparent de l'État-providence lorsqu'il s'agit de régler ces problèmes, conclut-il.

Provocateur : Jean-Pierre Voyer, Projet de recherche sur les politiques

Jean-Pierre Voyer souligne d'abord certaines questions qui n'ont pas été abordées dans les exposés, notamment la famille et les conflits de travail, de même que leurs répercussions sur les enfants et leur rendement scolaire. De plus, la plus grande diversité culturelle et la montée du fondamentalisme religieux posent des défis sociaux.

Il rappelle que Mme Le Bourdais a mis l'auditoire au défi d'examiner la transformation du marché du travail et celle de la structure familiale, qui sont toutes deux des éléments clés d'une analyse préalable à l'élaboration de politiques, ajoute-t-il. Les politiques doivent être adaptées à ces situations diverses et atypiques.

L'argument de M. Green selon lequel une politique du capital humain n'est pas une méthode efficace de redistribution est convaincant. Au Canada, les pouvoirs publics abordent la politique du capital humain dans une optique économique plutôt que dans une optique sociale, précise M. Voyer, investissant d'abord et avant tout en fonction du développement économique. Ils doivent disposer de données de meilleure qualité et mieux comprendre ce qu'est le capital humain au juste.

M. Voyer rappelle que M. Hicks a montré l'importance d'aligner les instruments de politique sur les objectifs établis, tout en faisant valoir l'importance de se concentrer sur le segment des travailleurs à faible salaire qui n'accèdent pas à tous les avantages auxquels ils ont droit en matière de pension, de services de santé, etc. M. Voyer ajoute qu'il faut disposer de données plus nombreuses axées sur les familles.

Discussion

Il est important de s'assurer d'aborder tous les risques, selon une participante. On accorde trop d'attention aux enfants et aux familles en négligeant le risque découlant de la société vieillissante et le soin des membres de la famille qui sont vulnérables et plus âgés, ajoute-t-elle. La dénatalité et l'accroissement du nombre de familles dont les deux parents travaillent se répercuteront sur la disponibilité des aidants naturels. Il faut une politique sociale et des mécanismes de redistribution qui maintiendront la solidarité et combleront ces clivages au sein de la société.

Mme Le Bourdais a fait mention d'un récent rapport de Statistique Canada sur le nouvel enjeu de la « génération intermédiaire », à savoir les parents de 45 à 60 ans qui ont encore de jeunes enfants à la maison et qui doivent également s'occuper de parents vieillissants. Un soutien financier serait peut-être de mise, compte tenu des réseaux familiaux qui vont s'amenuisant, estime-t-elle.

M. Green fait remarquer qu'il y a de fortes corrélations intergénérationnelles en ce qui concerne l'éducation et que c'est peut-être là un élément rassembleur lorsqu'il s'agit de s'entendre sur une politique. Il précise toutefois qu'il faut éviter de diviser les pauvres selon qu'ils sont méritants ou non méritants, les enfants étant considérés comme des pauvres méritants et les personnes qui n'ont pas réussi dans la vie en dépit de toutes les chances qui leur ont été données, comme des pauvres non méritants.

Un participant mentionne un point commun qui ressort des exposés, soit la lourde tension qui se manifeste de nos jours entre l'individuel et le collectif. Les valeurs de la société ont changé et on accorde plus d'importance à la satisfaction individuelle, ce qui explique les faibles taux de nuptialité et de natalité, etc. Mais, ajoute-t-il, la plupart des problèmes sont multidimensionnels et au moment d'élaborer des politiques, il faut prendre de nombreuses variables en ligne de compte.

Les outils analytiques ne sont pas efficaces lorsqu'il s'agit de prendre en considération les parcours de vie individuels, mais ils s'améliorent de jour en jour, comme le fait valoir M. Hicks. On peut accomplir d'énormes progrès en désagrégeant l'information. Il serait utile, pour élaborer des politiques rationnelles, d'examiner des sous-populations plus finement ventilées. Un participant réplique qu'il faut disposer d'une information agrégée pour pouvoir formuler des politiques et tâcher de faire consensus parmi les décideurs et d'obtenir le soutien du public.

La réponse se trouve au carrefour de l'économie, de la philosophie, de la science politique et de la sociologie, d'ajouter M. Green. Il demande comment assurer une redistribution à l'ère des changements technologiques incessants, une ère qui se caractérise de surcroît par l'importance qui est accordée à l'individualisme dans la culture.

Selon un participant, la réalité sociale est plus diversifiée et les familles ont beaucoup évolué, mais les politiques publiques accusent du retard par rapport à ces changements rapides. Il serait peut-être préférable de disposer de politiques publiques plus universelles et génériques en matière de redistribution, par exemple en ce qui concerne le salaire minimum, les services publics, la garde à l'enfance, etc.

M. Voyer rappelle que dans son exposé préalable à la conférence, Tom Kent a préconisé un retour aux politiques universelles. Au cours des 10 ou 12 dernières années, le Canada a connu des difficultés économiques qui se sont soldées par des déficits publics importants. Mais aujourd'hui, l'économie a pris du mieux et les problèmes de déficit sont en train de se résorber — le moment est donc propice pour restaurer l'esprit collectif, ajoute-t-il.

Une participante se demande si la diminution du nombre de grosses familles est vraiment un problème, puisqu'elle permet d'éviter la surpopulation. L'évolution démographique donne lieu également à des changements positifs, précise-t-elle.

Page précédente Table des matières Page suivante
     
   
Mise à jour :  2006-04-12 haut Avis importants