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Nouveau siècle, nouveaux risques : Enjeux pour le développement social au Canada - Les 18 et 19 novembre 2004

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Séance en petits groupes 1A : Les risques liés au marché du travail

Animateur : Louis Grignon, Planification et politique stratégique, Ressources humaines et Développement des compétences Canada

Michael Smith, Université McGill

Au moment d'examiner une politique, il faut se demander non seulement qui elle aidera, mais également à qui elle fera du tort, selon Michael Smith. Certains indicateurs sont typiquement traités comme s'ils se rapportaient à un problème de marché du travail. On considère souvent qu'une offre restreinte et précaire signale l'existence d'emplois à temps partiel involontaires et d'emplois temporaires. Mais il cite l'exemple de la réussite économique spectaculaire de l'Irlande au cours des quinze dernières années, qui s'est accompagnée d'une augmentation du travail à temps partiel, qui n'existait pas auparavant. Le travail à temps partiel et le travail temporaire peuvent également témoigner d'un marché du travail robuste, ajoute-t-il. Certains indicateurs d'un rendement médiocre du marché du travail sont impropres.

S'agissant de la question de savoir s'il est bon de voir le capital humain utilisé comme moyen d'améliorer la variété des résultats obtenus par les gens et de régler les problèmes d'inégalité, M. Smith affirme que ce qu'il faut faire, c'est utiliser l'éducation comme moyen d'assurer une plus grande égalité des chances, même s'il n'a pas été démontré que cela se traduit par une plus grande égalité des résultats.

Andrew Jackson, Congrès du travail du Canada

Il faut s'employer à assurer une plus grande égalité des résultats sur le marché du travail, de dire Andrew Jackson. Le problème devrait être défini en termes d'inclusion sociale et d'acquisition de compétences et de capacités, ainsi que de meilleurs emplois. La question est de savoir s'il faut s'attaquer au problème des emplois peu rémunérés au moyen de mesures de redistribution comme les suppléments au revenu familial, ou agir directement sur le marché du travail lui-même. Les deux entrent en jeu, ajoute-t-il.

La discussion a tendance à tourner autour de la question du salaire minimum. M. Jackson fait valoir que le salaire minimum est un outil important pour améliorer la qualité des emplois, qu'il peut avoir une influence positive sur la productivité et qu'il oblige les employeurs à investir dans les compétences importantes et à améliorer les emplois. Toutefois, les négociations collectives peuvent se révéler un instrument beaucoup plus flexible pour la négociation des salaires et des conditions de travail entre employés et employeurs.

Il y a un rapport entre les enjeux de la qualité des emplois et des salaires et la façon dont la société organise les services publics et les services sociaux, de préciser M. Jackson. Les sociétés font le choix de payer des impôts relativement élevés et, en contrepartie, d'investir dans des services publics et sociaux de niveau relativement élevé, ce qui se répercute aussi sur la structure de l'emploi. Si les sociétés choisissent d'investir davantage dans la garde à l'enfance et les soins aux aînés, la façon dont ces services seront dispensés aura des répercussions directes sur la qualité du chômage, ajoute-t-il en conclusion.

Discussion

Selon une participante, la perspective de l'employeur n'a pas été examinée dans la discussion sur le salaire minimum. Les employeurs sont souvent prisonniers de l'équation faible productivité/faible salaire, qui se caractérise par un fort roulement, l'absence d'investissements pour améliorer les compétences et l'absence d'engagement de la part des travailleurs. Elle ajoute qu'il n'est pas obligatoire que les services soient dispensés par le secteur public. Des initiatives intermédiaires faisant intervenir les coopératives communautaires, les organismes sans but lucratif et les entreprises à but lucratif peuvent être d'autres moyens de dispenser les services.

Un participant fait une mise en garde, à savoir qu'une stratégie axée sur les investissements sociaux dans la formation du capital humain ne saurait se concentrer exclusivement sur l'extrémité supérieure du marché du travail. Ainsi, si on met l'accent sur les moyens de favoriser les études postsecondaires, y a-t-il vraiment des gains de productivité à tirer d'un plus grand nombre de diplômés universitaires? Le problème se situe à l'autre extrémité du marché du travail — il faut investir dans la formation du capital humain à l'intention du tiers inférieur de la main-d'oeuvre, en améliorant les compétences à toutes les étapes : développement de la petite enfance, études primaires et secondaires, études postsecondaires et autres niveaux de compétence.

Un participant fait remarquer qu'il y a apparemment un débat sur la question de savoir si le Canada doit se doter d'une politique de compassion assortie de services exhaustifs, de chances abondantes et de sécurité d'emploi pour les travailleurs, ou d'une politique « néo-darwinienne » qui met l'accent sur la plus grande compétitivité possible en cette ère de mondialisation. Les répercussions des nouvelles technologies sur la productivité, la sécurité d'emploi et les services sociaux doivent être examinées de plus près. Par exemple, les lois régissant la propriété intellectuelle ont créé un cartel du nouveau savoir qui peut inhiber l'élaboration de nouvelles technologies.

Aux dires d'une autre participante, l'éducation ne réussira pas à elle seule à améliorer le sort des travailleurs du tiers inférieur du marché du travail. L'éducation de la petite enfance, par exemple, ne saurait se révéler efficace si les enfants viennent de familles qui n'ont pas la sécurité financière nécessaire pour leur assurer le vivre et le couvert. De plus, elle fait remarquer que les travailleurs du tiers inférieur peuvent éprouver de la difficulté à avoir accès à des programmes sociaux comme l'assurance-emploi parce qu'il y a peu de soutiens juridiques auxquels ils peuvent s'adresser pour réclamer leur dû et démissionner d'un mauvais emploi mal rémunéré.

Un participant ajoute que les jeunes gens et les personnes handicapées ont de la difficulté à s'intégrer au marché du travail, tandis que les travailleurs de plus de 45 ans ont de la difficulté à s'y réintégrer parce qu'on estime qu'ils ont trop d'expérience. Les partenariats communautaires et l'économie sociale peuvent être des moyens d'aplanir les difficultés auxquelles font face ces travailleurs atypiques, dit-il.

M. Jackson rappelle qu'il existe une diversité de modèles pour la prestation des services sociaux : la prestation directe par le secteur public, la prestation faisant appel à la fois au secteur public et au secteur privé, ou la prestation par le biais de l'économie sociale. Toutefois, il précise que des relations instables et un financement gouvernemental inadéquat peuvent poser des problèmes.

D'après un participant, l'étude sur l'alphabétisation de l'Organisation de développement et de coopération économiques (OCDE) et de Statistique Canada a montré que les déterminants du tiers inférieur du marché du travail ne sont pas corrélés au pourcentage du PIB qui est consacré à l'éducation, mais plutôt à la question de l'inégalité. L'éducation n'est pas une panacée pour améliorer le marché du travail — il est essentiel d'examiner un éventail de mesures à prendre pour réduire l'inégalité et améliorer la situation des personnes qui se retrouvent dans le tiers inférieur de la courbe de distribution du revenu.

Une participante fait remarquer qu'il y a eu beaucoup de discussions sur les moyens d'améliorer le marché du travail, mais peu de comptes ont été rendus et de résultats obtenus lorsqu'il s'agissait d'apporter des changements aux politiques de développement social. Les changements ne s'opèrent pas assez rapidement sur le terrain, affirme-t-elle. Il doit s'écouler moins de temps entre la discussion d'une part et l'action concrète et l'élaboration de politiques d'autre part, et il faut également se pencher sur la déconnexion qu'on observe entre les auteurs des politiques et les travailleurs des premières lignes.

Un participant remet en question la notion voulant que l'amélioration du sort des travailleurs du tiers inférieur du marché du travail soit plus efficace du point de vue de la productivité. C'est une question de justice sociale, mais il est dangereux de mêler la justice sociale au discours économique. Les données montrent que les investissements dans les études supérieures peuvent présenter un taux de rendement substantiel, mais l'argument selon lequel l'amélioration du sort des travailleurs du tiers inférieur se traduira par une plus grande productivité et un meilleur taux de rendement est discutable, car les gains seront davantage des gains sociaux que des gains économiques, ajoute-t-il.

« Les deux aspects ne s'excluent pas mutuellement », de répondre M. Jackson. Il fait remarquer qu'il y a une grande lacune dans le plan d'action pour le capital humain, car près de 50 p. 100 des jeunes ne font pas d'études postsecondaires. Selon de nombreuses indications, l'amélioration des compétences et le fait de donner aux travailleurs du tiers inférieur des possibilités de s'instruire et d'acquérir des compétences peuvent se traduire par de bons résultats du point de vue de la productivité. L'expérience d'autres pays montre que la qualité et la productivité dans les secteurs à faible salaire peuvent être transformées radicalement, ajoute-t-il.

Un participant fait remarquer que les débats et les travaux de recherche qui se sont concentrés sur les faibles revenus n'ont pas examiné les salaires très élevés qu'on retrouve aux niveaux supérieurs dans le secteur privé. Les discussions sur les politiques devraient aussi examiner les échelles salariales aux échelons supérieurs, affirme-t-il. M. Jackson répond qu'il est évident qu'au cours des quinze dernières années, les gains é conomiques sont allés dans des proportions démesurées aux échelons supérieurs du marché du travail. C'est par le biais de la politique fiscale qu'il conviendrait de régler cette question d'égalité.

Un participant fait valoir que les personnes handicapées font face à des défis comme l'absence de mesures d'aménagement du milieu de travail, l'absence d'horaires flexibles, l'absence de soutien et de services et une formation inadéquate, qui les empêchent de participer au marché du travail. Des organismes communautaires sont chargés d'aider ces personnes sur le terrain, mais sont constamment aux prises avec des réductions de financement. Les modalités dont sont assorties les politiques doivent tenir compte de la façon dont les services sont dispensés à la base.

Un participant précise qu'aujourd'hui, le taux de chômage chez les diplômés universitaires se rapproche de ce qu'il était pendant la récession du début des années 90; mais le Canada continue de former des diplômés en nombre croissant chaque année. Le fardeau d'endettement des diplômés est de près de 25 000 $, car on continue de croire à cette promesse creuse voulant que des études universitaires soient un moyen infaillible de se sortir de la pauvreté. Il faut faire connaître la réalité, ajoute-t-il, car les premiers emplois que décrochent les diplômés sont en fait des emplois à faible salaire.

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Mise à jour :  2006-04-12 haut Avis importants