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Nouveau siècle, nouveaux risques : Enjeux pour le développement social au Canada - Les 18 et 19 novembre 2004

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Séance en petits groupes 1B : Les risques touchant la famille

Animatrice : Rutha Astravas, Orientation stratégique,
Développement social Canada

Sarah Fortin, Institut de recherche en politiques publiques

Sarah Fortin, dont les travaux portent sur la politique des garderies en milieu familial, examine la possibilité de formuler une politique sociale axée sur la famille, compte tenu de la difficulté de concilier intérêts individuels et intérêts collectifs dont il a été question dans la première plénière. Elle récapitule les facteurs et les manifestations du changement social, dont l'augmentation du nombre de familles monoparentales, la hausse des taux de divorce et de séparation, la baisse de la fertilité et la prévalence des familles à deux revenus. Elle souligne l'importance de comprendre ces nouvelles « familles reconstituées » et de s'y adapter. De surcroît, des changements doivent s'opérer aux plus hauts niveaux des institutions sociales. Le Québec, par exemple, a vu des changements comme la transposition des rôles de l'Église et de l'État, de nouvelles relations hommes-femmes, l'équilibre précaire entre le travail et la famille et les transformations qui ont marqué le marché du travail. Comment ces changements, ainsi que les répercussions d'une économie de plus en plus mondialisée, les flux démographiques de la mobilité et de l'immigration et une population vieillissante influencent-ils la façon dont les Canadiens et les Canadiennes perçoivent la politique sociale et cherchent à l'influencer? Mme Fortin fait valoir qu'il est plus important que jamais d'offrir des services de garderie éducative aux familles, plutôt que de simples services de garde. Elle mentionne le rôle significatif de la recherche — approches universelles par rapport à ciblées — et du développement; et elle parle de l'interversion idéologique entre les divers axes que sont l'évaluation et la protection contre les risques, la fourniture de soutien et la promotion de l'autonomie.

Jennifer Sinclair, Société de soutien à l'enfance et à la famille des Premières nations du Canada

Jennifer Sinclair, spécialiste du développement de l'enfance autochtone, se demande comment des conférences comme celle d'aujourd'hui peuvent correspondre aux préoccupations des Autochtones. Elle félicite Tom Kent pour son soutien sans équivoque envers une charte des enfants (Conférence Mallory du 17 novembre au McGill Faculty Club), mais elle ne démord pas de son opinion, à savoir que les préoccupations des peuples métis, des Premières nations et des Inuits du Canada doivent être prises en considération dans l'élaboration des politiques s'adressant à la population en général. Et ce, sans perdre de vue les enjeux qui concernent particulièrement les Autochtones : dans le nord de l'Ontario, 28 collectivités ont déclaré l'état d'urgence à cause de taux de suicide élevés; entre 1995 et 2001, le nombre d'enfants autochtones pris en charge dans un établissement a augmenté de 71,5 p. 100; le financement des programmes dans les réservent est de 22 p. 100 inférieur à celui des programmes à l'extérieur des réserves; et le financement gouvernemental est d'à peine 200 $ par personne.

Mme Sinclair explique qu'elle a constaté de visu comment les collectivités autochtones s'accommodent de la politique sociale de façon autonome. Sur les 108 milliards de dollars attribués au financement d'initiatives bénévoles, pratiquement rien ne va aux collectivités autochtones; et les recommandations de la Commission royale sur les peuples autochtones et d'autres programmes semblables n'ont pas été mises en oeuvre, ou lorsqu'elles l'ont été, ce n'était que partiellement. Dans ces conditions, demande-t-elle, comment les discussions d'aujourd'hui concernent-elles les enfants qui ont des idées de suicide dans les réserves inaccessibles autrement que par la voie des airs? Cette déconnexion, d'ajouter Mme Sinclair, est attribuable à ce que les réalités de la vie dans les réserves ne sont pas bien comprises et que les points communs ne sont pas reconnus. Comment les voix des collectivités autochtones peuvent-elles être entendues au même titre que les voix de l'extérieur?

Discussion

Un participant aimerait savoir pourquoi les petits organismes sociaux qui demandent des fonds pour lancer de nouvelles initiatives se voient répondre qu'il n'y a pas de fonds distincts supplémentaires et qu'ils doivent compter sur les programmes existants. Mme Sinclair répond que les problèmes sociaux auxquels font face les particuliers et les collectivités sont aggravés par l'absence de responsabilisation au niveau gouvernemental et au niveau ministériel. On observe un cercle vicieux dans les réserves dont le chômage est un bon exemple : les mauvaises conditions du marché ont pour effet de détériorer les liens sociaux, problème qui, à son tour, perpétue un marché faible.

Un participant propose une solution : des changements fondamentaux dans les définitions du travail chez les Premières nations. Avant 1995, les Autochtones étaient exclus du Régime de pensions du Canada en raison de la nature d'une grande partie de leur travail, à savoir sporadique, à temps partiel, saisonnier ou temporaire. Les solutions classiques axées sur les petites entreprises privilégient de plus gros investissements et de plus grands projets que ce qui est généralement réalisable dans les réserves, plutôt que des projets microéconomiques de petite échelle qui seraient plus réalistes. De plus, ces solutions négligent les préoccupations sociales comme la désintoxication ou l'incarcération.

Un autre participant parle de divers autres problèmes de nature économique dans les réserves, notamment le manque de propriété, le manque de capitaux propres et les politiques paternalistes d'Affaires indiennes et Nord Canada (AINC). À ces enjeux il faut ajouter les problèmes de la sous-représentation et de la représentation inexacte des Autochtones à l'extérieur des réserves — des situations hétérogènes appellent des solutions différentes.

L'animatrice de la séance intervient pour demander que la discussion revienne sur la famille, et que les questions politiques et économiques soient réservées pour d'autres séances.

Un participant fait remarquer que la politique familiale est conçue pour opérer en tandem avec des questions économiques. Par exemple, l'une des conséquences socioéconomiques de l'industrie minière dans le Nord, qui, même si les emplois y sont bien payés, n'en demeure pas moins saisonnière et temporaire, est une précarité qui pose d'incroyables problèmes aux familles. Il est impératif de tenir compte des conséquences sociales aussi bien que du revenu par habitant lorsqu'il s'agit de déterminer les avantages et les inconvénients de certains secteurs d'activité. Il est également important de tenir compte de la mesure dans laquelle les femmes autochtones en particulier se retrouvent aux premières lignes du projet Eldorado, des mines de diamant du Nord, du pipeline et d'autres projets semblables.

En ce qui concerne plus particulièrement la mise en oeuvre des politiques au niveau municipal, le participant est d'avis qu'une simple mobilisation est insuffisante. Il faut exercer des pressions politiques. Les citoyens doivent exercer des pressions auprès des groupes de réflexion pour que ceux-ci proposent des stratégies sociales viables. Il faut de toute urgence axer le discours sur le partenariat dans la sphère de l'administration urbaine et même si certains corps administratifs souscrivent pour la forme à un tel discours, ils n'y donnent pas toujours suite.

Mme Sinclair aborde la question des programmes de prévention, notamment ceux qui ont pour objet de maintenir les enfants chez eux dans les réserves; des programmes législatifs par opposition aux programmes optionnels; et du problème des priorités conflictuelles d'AINC, qu'on arrive difficilement à comprendre ou à démêler de l'extérieur.

Mme Fortin souligne qu'il est valable et sage de se concentrer sur les services aux enfants par l'entremise de programmes comme le Programme d'aide préscolaire, d'autant plus que les taux de natalité sont plus élevés dans les collectivités autochtones.

Une participante demande si on a envisagé de recourir à des fondations comme solutions de rechange aux options de financement gouvernemental et Mme Sinclair répond que certains programmes sans liens de dépendance sont déjà en place. « Même s'il nous faut nous adresser à d'autres sources de financement que le gouvernement, il est difficile d'avoir accès au financement privé », ajoute-t-elle. En outre, rares sont les habitants des réserves qui savent comment solliciter un tel financement et y avoir accès, bien que des programmes comme le récent projet Caring Across the Boundaries aient pour objet de créer des liens entre le secteur bénévole et les collectivités.

Un participant soulève la question du manque de continuité — on consacre beaucoup d'énergie au classement des politiques par ordre de priorité, notamment les politiques concernant les enfants, mais il y a des lacunes parmi ces priorités et il arrive souvent que les politiques ciblées négligent des enjeux qui pourraient peut-être avoir de plus grandes répercussions. En réponse, Mme Sinclair donne l'exemple de la récente rencontre d'Anishnawbe à Thunder Bay, qui a montré que les leaders autochtones comme les membres des collectivités reconnaissent massivement l'importance de cerner les signes avant-coureurs des problèmes. Mme Fortin rappelle que les problèmes de nature sociale touchent des enfants de plus en plus jeunes. Elle ajoute qu'en ce qui concerne la plénière de la matinée, il est impossible de séparer la politique publique de la politique de la main-d'oeuvre.

Selon un participant, Mme Sinclair a répondu à l'observation de Mme Fortin au sujet de la nécessité de faire des recherches sur les familles : nous devons nous concentrer sur les collectivités autochtones. De plus, il faut tenir compte des questions de la diversité familiale, ethnique et sociodémographique. Le Rapport Marsh sur la sécurité sociale au Canada (1943), dont cette conférence est en quelque sorte une commémoration, préconisait des politiques sociales pour tous les Canadiens et les Canadiennes. Mais peut-être qu'en 2004, la population canadienne est trop diversifiée pour la démarche proposée par M. Marsh : le Canada a peut-être besoin de politiques ciblant divers sous-groupes démographiques.

Mme Fortin réaffirme l'importance de discuter des transferts en espèces, des approches ciblées et des conclusions des recherches. Mais la solution consiste peut-être à adopter une démarche ciblée dans un contexte social universel.

Mmes Fortin et Sinclair donnent chacune un synopsis de la séance. Mme Fortin parle des deux pôles de l'élaboration des politiques sociales à l'avenir, soit la recherche et la dimension politique à proprement parler. Mme Sinclair ajoute que la recherche est également un important facteur d'influence lorsqu'il s'agit de trouver des solutions aux problèmes sociaux des Autochtones — « pas seulement la recherche dont nous faisons l'objet, précise-t-elle, mais aussi la recherche que nous effectuons nous-mêmes ». Elle rappelle aux participants les principes PCAP, soit propriété, contrôle, accès et possession, qui préconisent une démarche holistique en matière d'élaboration de politiques sociales.

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Mise à jour :  2006-03-21 haut Avis importants