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Nouveau siècle, nouveaux risques : Enjeux pour le développement social au Canada - Les 18 et 19 novembre 2004

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Séance en petits groupes 3A : Nouvelle architecture sociale

Animatrice : Naomi Alboim, Université Queen's

Cynthia Williams, fellow principale de recherche, Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques

Cynthia Williams commence son exposé en soulignant l'importance de reconnaître les réussites — et non pas seulement les échecs — de l'architecture sociale actuelle du Canada. Elle compare le Canada à un « arbre dont quelques branches sont endommagées » et ajoute que l'architecture sociale de l'après-guerre s'est révélée très souple et réceptive au changement, mais qu'en même temps, elle est l'un des éléments qui expliquent les enjeux sociaux d'aujourd'hui. Ces enjeux, fait-elle remarquer, n'ont pas changé depuis le Rapport Marsh d'il y a 60 ans, époque où l'architecture sociale que nous connaissons aujourd'hui a vu naissance. Même si les plus grands dossiers auxquels le Canada doit s'attaquer à l'heure actuelle — le revenu, la famille, le décès — étaient déjà considérés comme des enjeux pressants il y a 60 ans, leurs dimensions ont changé. Mme Williams se concentre ensuite sur deux de ces enjeux, soit le revenu/la pauvreté et la famille.

Pour ce qui concerne le revenu, Mme Williams reconnaît qu'il existe deux groupes différents, celui des travailleurs à faible salaire et celui des personnes qui connaissent une pauvreté persistante. Elle soutient que les programmes actuels comme ceux du salaire minimum et des suppléments salariaux sont adéquats pour aider les travailleurs à faible salaire si le salaire est au coeur du problème dans ce groupe. Toutefois, si les difficultés sont attribuables au marché du travail et aux services, les programmes actuels présentent des faiblesses lorsqu'il s'agit de combiner revenu et services. Pour au moins trois des cinq groupes de personnes qui connaissent une pauvreté persistante, la réponse ne réside pas dans le revenu, mais bien dans les pratiques et politiques sociales. Mme Williams met en lumière l'importance du lien entre l'exclusion sociale et la pauvreté.

Mme Williams aborde ensuite la question des enjeux familiaux; elle fait valoir que le régime actuel d'assistance sociale repose sur un cycle de vie qui n'existe plus. Lorsqu'il a été mis en place dans les années 1940, il avait été conçu en fonction d'un cycle de vie bien compartimenté; par exemple, 99 % des enfants voyaient un parent rester à la maison pour les élever. Aujourd'hui, les familles ne sont plus composées de la même façon (ainsi, dans beaucoup de familles, les deux parents travaillent). Le défi à relever pour l'avenir, selon Mme Williams, c'est de concevoir un système d'assistance sociale qui tient compte de ces changements.

Pour conclure, Mme Williams fait valoir que certains des outils actuels sont raisonnablement fiables (p. ex., le soutien du revenu) et que d'autres sont efficaces parce qu'ils étaient suffisamment souples pour avoir été adaptés au fil des ans (p. ex., les programmes de prestations familiales ou de pensions). Il reste plusieurs enjeux auxquels il faut s'attaquer, notamment la capacité d'élaborer une politique sociale exhaustive et la création de nouveaux modèles du risque qui tiennent compte des relations fédérales-provinciales qui se sont détériorées ces dernières années. Mme Williams reconnaît qu'il reste encore beaucoup à faire dans les dossiers des partenariats sociaux et de la reddition des comptes.

Katherine Scott, vice-présidente de la recherche, Conseil canadien de développement social

Katherine Scott reconnaît que l'un des défis les plus pressants que doivent relever les Canadiens et les Canadiennes aujourd'hui consiste à mieux sensibiliser la société à la situation des personnes pauvres vulnérables. Se concentrer uniquement sur la création d'emplois serait une erreur, car la pauvreté n'est pas seulement une question d'emploi. Parmi les autres questions auxquelles il faut s'attaquer, on retrouve l'apprentissage tout au long de la vie et les enjeux liés aux soins à dispenser. Dans le passé, on tenait pour acquis que les femmes allaient s'occuper des enfants, des personnes âgées, etc., mais ce n'est plus le cas — ou en tout cas, ça ne devrait plus l'être — parce que les femmes sont plus nombreuses sur le marché du travail et qu'on ne peut/qu'on ne doit pas s'attendre à ce qu'elles assument en plus les besoins en matière de soins à dispenser.

Mme Scott soutient que le Canada doit se concentrer sur l'innovation et la solidarité à l'intérieur du pays, plutôt qu'au-delà de ses frontières. S'agissant de l'avenir, elle énumère plusieurs questions sur lesquelles il faudra se pencher :

  • Définir des rôles appropriés pour les partenaires dans le dossier de l'aide sociale.
  • Définir ce qu'on entend par « collectivité ». La définition a besoin d'être clarifiée.
  • Devrait-on continuer d'employer les mêmes outils (c'est-à-dire le système fiscal pour la sécurité du revenu) ou faut-il recourir à de nouveaux outils?
  • Est-il plus important d'investir dans les enfants (et donc de se concentrer sur demain) et, ce faisant, d'accepter des compromis pour ce qui est de l'égalité aujourd'hui?
  • Quelle est la meilleure façon de mobiliser les Canadiens et les Canadiennes dans ces dossiers?

Le temps alloué pour la participation de l'auditoire ayant été beaucoup moins long que prévu, les commentaires étaient variés et n'ont pas suscité de discussions approfondies sur un thème en particulier comme on l'avait espéré à l'origine. Quoi qu'il en soit, beaucoup de participants ont tenu à exprimer leurs opinions.

Une participante parle de la nécessité d'inclure les grandes villes dans les discussions sur le fédéralisme. Elle soutient que trop souvent, ces discussions tournent autour des relations fédérales-provinciales et ignorent le rôle important que jouent les grandes villes dans l'établissement des politiques sociales et des cadres de référence. Les relations entre les villes et les provinces et les relations entre les villes et le gouvernement fédéral ont besoin d'être renforcées. Elle fait remarquer qu'un changement qui n'a pas encore été mentionné est celui qui découle de la diversité dans les collectivités. « Le multiculturalisme est une expérience sociale au Canada, affirme-t-elle. Si la diversité est la tendance prédominante, pourquoi la considérer comme un enjeu distinct? »

Un autre participant se préoccupe du logement abordable et affirme que c'est un grave problème au pays à l'heure actuelle. L'itinérance est coûteuse et débilitante et les effets en sont très répandus. Il ajoute qu'en 1993, le programme fédéral de logement qui versait des fonds de contrepartie aux sommes dépensées par les provinces a été éliminé et deux provinces seulement, la Colombie-Britannique et le Québec, ont conservé leur programme de logement. Maintenant que le programme fédéral de financement de contrepartie a été remis sur pied, il sera important que toutes les provinces rétablissent leurs propres programmes et se concentrent sur les moyens d'accroître le parc de logements abordables pour les personnes pauvres.

Un participant affirme que le dilemme de l'environnement n'est habituellement pas abordé dans les discussions des structures sociales. Il ajoute que la plupart des Canadiens et des Canadiennes croient fermement que la technologie permettra de régler tous les problèmes qu'ils ont créés eux-mêmes, mais ce n'est pas nécessairement vrai. De plus, dans la plupart des modèles de schémas sociaux de l'avenir, les sommes mises de côté pour la recherche diminuent, ce qui a pour effet de réduire la probabilité — même si la possibilité en avait été démontrée — que la technologie puisse suivre le rythme de la détérioration environnementale qui se produit lorsque qu'il faut répondre aux besoins de nombres croissants de demandeurs à même des ressources limitées. On peut mettre sur pied de nouveaux programmes et de nouvelles structures sociales, mais si l'environnement naturel dans lequel nous vivons n'est pas sain, à quoi serviront-ils? Il faut s'intéresser de plus près à la remise en état de l'environnement et à sa conservation future si nous voulons que les nouveaux schémas sociaux qui sont proposés donnent les résultats escomptés.

Plusieurs autres participants soulèvent la question de la pauvreté. Selon l'un d'entre eux, il est difficile de croire que le Canada n'ait pas de stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Un autre fait remarquer que les buts énoncés dans le Rapport Marsh étaient un salaire minimum vital et le plein emploi. Par conséquent, si on se tourne vers l'avenir, il nous faut décider du genre d'économie que nous souhaitons, et qui se caractérisera soit par des salaires faibles et des emplois de mauvaise qualité (mais en grande quantité), soit par des salaires élevés et des emplois de grande qualité (mais en nombre limité). Les deux options supposent des compromis et nous devons décider si nous allons les accepter et de quelle façon nous allons les accepter. Le participant préconise ensuite la remise sur pied d'un programme national de formation et l'adoption d'un salaire vital à l'extrémité inférieure (c'est-à-dire pour les personnes pauvres).

Les deux derniers participants à prendre la parole parlent de l'implication du public et des collectivités. Le premier souhaite que la collectivité soit définie plus clairement et se demande si les services sociaux, le financement et les programmes réussiront à amoindrir la pauvreté si les obstacles qui existent dans les collectivités canadiennes (c'est-à-dire l'exclusion sociale, l'absence de consensus) ne sont pas éliminés d'abord. La seconde participante avance un argument avec lequel beaucoup sont d'accord dans l'auditoire, à savoir qu'il existe encore un fossé profond entre des conférences comme celle-ci et les enjeux auxquels font face les collectivités sur le terrain. Elle demande comment mieux mobiliser les collectivités et les faire participer davantage aux discussions, compte tenu de l'évolution constante des relations fédérales-provinciales.

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Mise à jour :  2006-03-21 haut Avis importants