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D’UN POSTE FRONTALIER À L'AUTRE
C’est l’endroit le plus sûr pour décharger votre cargaison illégale. Le territoire est beaucoup trop vaste entre Sarnia et Windsor (ON) pour que la police puisse en contrôler chaque kilomètre carré. Vous jetez un dernier regard sur les neuf personnes pressées les unes contre les autres pour lutter contre le froid dans le fond de votre bateau, puis vous pénétrez dans les petits fonds. Vous n’avez aucune idée de la raison pour laquelle ils désirent entrer aux États-Unis. Vous ne savez pas ce qu’ils feront une fois à destination, mais vous vous en fichez. C’est pour vous un moyen facile de faire de l’argent et puis, on ne vous attrapera jamais. Erreur, dit le gend. Chuck Stevens, de l’équipe intégrée de la police des frontières de la GRC à Windsor-Détroit. Essayez-vous à passer de la contrebande dans ce secteur de la frontière canado-américaine et vous vous ferez pincer, juger et condamner à une peine de prison dans un pénitencier fédéral des États-Unis. C’est ce qui est arrivé à ce contrebandier plus tôt cette année. Au cours d’une opération policière conjuguée, les autorités américaines et canadiennes l’ont appréhendé, ainsi que sa cargaison humaine et les 5 lb de drogues fourrées dans le sac de sport. Grâce à un rapport de renseignement, les autorités ont eu vent de l’opération de contrebande. Le reste tient à la collaboration et à une communication efficace. « Dans ce cas-ci, nous avons repéré le bateau alors qu’il traversait les eaux, puis nous avons averti l’Immigration and Naturalization Service et la patrouille frontalière américaine par cellulaire, explique le gend. Stevens. Ils étaient fins prêts pour cueillir le passeur alors qu’il touchait la rive. Des coups de filet
comme celui-là surviennent de plus en plus fréquemment sur
les quelques centaines de kilomètres de terre sauvage séparant
les points frontaliers entre le Canada et les États-Unis, précise
le gend. Stevens. Dans la foulée du 11 septembre, les deux pays
se sont donné comme priorité de faire échec à
la menace de terroristes et de criminels le long de la frontière. En octobre dernier, le gouvernement fédéral a accordé 59 M$ à la GRC pour améliorer la sécurité nationale. Ces fonds ont servi à financer l’échange de renseignements et la technologie opérationnelle, ainsi que l’affectation d’effectifs à la répression d’activités criminelles transfrontalières. En décembre 2001, le budget fédéral octroyait 517 M$ de plus à la GRC pour le financement de ses initiatives touchant la sécurité nationale. Dans le même mois, le Canada et les États-Unis ont formulé leur intention de conjuguer leurs ressources policières pour réprimer les acti-vités criminelles à la frontière, pour prévenir le terrorisme dans le cadre du Plan d’action pour la création d’une frontière sûre et intelligente. Ce plan en 30 points a été mis en oeuvre en septembre, dans le but d’assurer la libre circulation des biens et services entre les pays tout en améliorant la sécurité frontalière. Il comporte notamment la délivrance de cartes de résident permanent aux immigrants au Canada, l’échange de fiches dactyloscopiques et de casiers judiciaires entre les pays, une entente visant le blocage conjoint des biens des terroristes et des mesures de répression à grande échelle à la frontière. Répression
à la frontière Auparavant, il n’y avait que quatre EIPF — en C.-B., en Ontario, au N.-B. et au Québec. Aujourd’hui, on en compte 22 d’un océan à l’autre, dans 15 régions frontalières distinctes. Les équipes relèvent conjointement de six partenaires nationaux : la GRC, l’Agence des douanes et du revenu du Canada, la patrouille frontalière américaine, les douanes américaines, Citoyenneté et Immigration Canada et la garde côtière américaine. Sur le plan local, le programme est mis en oeuvre par chacun des organismes policiers compétents de la région. « Les gens imaginent que nous faisons une patrouille à bord de voitures identifiées, confie l’insp. Jean-Yves Lemoine, mais ce n’est pas là le rôle des EIPF. » Une équipe intégrée de la police des frontières fait appel à des équipes d’enquêteurs qui recueillent des renseignements sur la sécurité nationale et le crime organisé. Ces données sont relayées à des analystes qui établissent les principales menaces dans chacune des 15 régions géographiques. L’information est par la suite communiquée aux autres régions couvertes par une EIPF par l’intermédiaire d’une base de données partagée. On fait appel à des spécialistes comme des enquêteurs sur les drogues ou sur les délits commerciaux, au besoin. « La réussite de la démarche repose sur la participation de tous les intervenants et sur l’échange de renseignements », explique l’insp. Lemoine. Selon lui, le nombre d’EIPF devrait doubler d’ici les cinq prochaines années, si l’on veut respecter l’engagement canado-américain d’améliorer la sécurité frontalière. « Nous avons toujours collaboré avec les autorités policières des États-Unis, mais c’était de façon ponctuelle. Désormais, nous déterminons les questions d’intérêt mutuel et collaborons en vue de les résoudre. »
Les équipes intégrées de la sécurité nationale (EISN), créées à l’aide du nouveau financement accordé par le gouvernement à la lutte antiterrorisme, font partie de la S.-dir. des enquêtes relatives à la sécurité nationale, sous la Direction des renseignements criminels. Constituées de plus de 200 enquêteurs et analystes et situées dans les grandes villes du canada, les EISN visent à mettre au jour les menaces terroristes. Si les enquêtes des EISN ont une portée nationale et internationale, les réseaux de collecte et de communication des renseignements perfectionnés existant entre les EIPF aux frontières et les EISN dans les centres urbains ont aussi favorisé la sécurité frontalière depuis le 11 septembre. Tout comme les EIPF, les équipes intégrées de la sécurité nationale ne découlent pas uniquement des attentats du 11 septembre. Le surint. Wayne Pilgrim, off. resp. de la S.-dir. des enquêtes relatives à la sécurité nationale, explique que des sections des enquêtes relatives à la sécurité nationale existaient auparavant dans 11 divisions. « Nous possédions déjà l’expertise et la capacité de collecte de renseignements et d’enquête dans ces secteurs avant les attentats, précise-t-il. La différence, depuis le 11 septembre, c’est l’augmentation du financement, des effectifs et, surtout, l’adoption d’une nouvelle démarche. » Cette démarche est axée sur le renseignement et l’intégration, explique le surint. Pilgrim. Les EISN partagent leurs ressources et les renseignements avec d’autres secteurs de la GRC, ainsi qu’avec des organismes internationaux, nationaux, provinciaux, régionaux et locaux participant à la lutte au terrorisme. Le surint. Pilgrim ajoute que les autres sections des enquêtes relatives à la sécurité nationale du pays ont aussi adopté le principe de l’intégration. « C’est une façon de rehausser nos capacités de répression », explique-t-il. L’un des plus grands défis est l’absence de bases de données communes entre les partenaires. En d’autres termes, les renseignements recueillis par le Service canadien du renseignement de sécurité ne sont pas accessibles électroniquement par les enquêteurs et les analystes de la GRC. « Nous travaillons de concert pour veiller à l’établissement de ces réseaux et ces voies de communication pour faire de l’échange d’information la priorité dans l’esprit de chacun, surtout en ce qui a trait à la sécurité nationale et au terrorisme », ajoute-t-il. Selon le surint. pr. Dan Killam, de la Direction des renseignements criminels, si l’augmentation du financement et la révision des programmes ont modifié les opérations policières depuis le 11 septembre, c’est surtout le changement d’attitude au sein de la culture policière, à l’échelle nationale et internationale, qui a renforcé la sécurité au pays et aux postes frontaliers. « Dans le passé,
les organisations de police avaient une mentalité très territoriale
en ce qui concernait le renseignement, explique-t-il. Le 11 septembre
a eu pour conséquence, de faire réfléchir les gens
sur leur façon de fonctionner. Des gens qui n’étaient
pas prêts à échanger des renseignements dans le passé
collaborent entre eux. C’est cela, l’intégration :
l’établissement de partenariats sur le terrain. »
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