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Après L'école - Résultats d'une enquête nationale comparant les sortants de l'école aux diplômés d'études secondaires âgés de 18 à 20 ans - Janvier 1995

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2. Estimation du taux de départ du secondaire

Selon les travaux de recherche, les documents de politique générale et les reportages des média, quelque 30 % des élèves ne vont pas jusqu'au bout de leurs études secondaires. Cette estimation est tellement ancrée dans notre conscience collective qu'elle ne semble pas varier d'une étude à l'autre, ni au fil du temps.

Malheureusement, il n'existe pas de méthode standard pour calculer le taux de départ du secondaire. Ce taux est plutôt estimé selon diverses méthodes, qui mesurent chacune un phénomène différent, brossent un portrait distinct des sortants et comportent des avantages et des inconvénients.

L'information sur les départs du secondaire provient de deux sources principales: les dossiers administratifs et les données d'enquêtes. On peut se servir des dossiers administratifs des établissements scolaires pour examiner les tendances en matière de scolarité et d'obtention de diplôme, ou interroger directement les personnes d'âge scolaire au sujet de leur vécu à l'école. II existe cinq sources d'information couramment utilisées sur les départs du secondaire:

  • Les estimations fondées sur des données administratives:
    • le complément du "taux d'obtention de diplôme"
    • le "taux d'abandon scolaire apparent"
  • Les estimations fondées sur des données d'enquêtes:
    • le recensement
    • l'Enquête sur la population active
    • l'Enquête auprès des sortants

L'annexe B compare les estimations produites selon ces diverses méthodes

Estimations fondées sur des données administratives

Le complément du taux d'obtention de diplôme

La publication intitulée Portrait statistique de l'enseignement primaire et secondaire au Canada29 présente les taux d'obtention de diplôme du Canada et de chaque province pour 1988-1989 et 1989-1990. Le taux d'obtention de diplôme est défini comme étant le nombre de diplômés d'un groupe d'âge donné par rapport à la population totale de ce même groupe d'âge. Ce taux est calculé en additionnant les taux propres à chaque groupe, c'est-à-dire le nombre de diplômés de quinze ans divisé par la population de quinze ans, plus le nombre de diplômés de seize ans divisé par la population de seize ans, et ainsi de suite, plus le nombre de diplômés de vingt ans et plus divisé par la population de vingt ans.

Le complément de ce taux d'obtention de diplôme constitue le taux de départ du secondaire chez les personnes de quinze à vingt ans et a été utilisé comme estimation du taux d'abandon scolaire. Selon ces calculs, le taux canadien est passé de 33 % en 1988-1989 à 31 % en 1989-1990 (tableau 2-1). Ces chiffres sont très proches du taux de 30 % que l'on présente d'habitude comme étant le taux d'abandon de l'école secondaire. Les taux de départ obtenus grâce à cette méthode pour les deux années scolaires en question sont élevés en Alberta (39 et 40 °/O), en Colombie-Britannique (37 et 36 %), au Québec (36 %) et à Terre-Neuve (36 et 33 %). Dans deux provinces, le Nouveau-Brunswick et l'Ontario, le taux chute considérablement d'une année scolaire à l'autre.

Les données du complément du taux d'obtention de diplôme sont faciles d'accès, objectives et, parce qu'elles servent déjà à d'autres fins, relativement peu coûteuses à analyser. Le taux d'obtention de diplôme a fait l'objet de nombreuses discussions entre les provinces au sein du Conseil des ministres de l'Éducation (Canada), ou CMEC. Le taux a été accepté sous la forme qu'il prend dans la publication conjointe du CMEC et de Statistique Canada intitulée Portrait statistique de l'enseignement primaire et secondaire au Canada, et son utilisation pour fins de comparaisons entre provinces est reconnue.

Tableau 2-1 Complément du taux d'obtention de diplôme, Canada et provinces, 1988-1989 et 1989-1990
  %
  1988-89 1989-90
Canada 33 31
Terre-Neuve 36 33 36 33
Î.P.É. 25 24
Nouvelle-Écosse 31 30
Nouveau Brunswick 22 17
Québec 36 36
Ontario 30 26
Manitoba 28 27
Saskatchewan 26 25
Alberta 39 40
Colombie-Britannique 37 36
Source: Portrait statistique de l'enseignement primaire et secondaire au Canada,
Statistique Canada et Conseil des ministres de l'Éducation (Canada), juillet 1992.

Une telle technique représente cependant les taux d'une cohorte artificielle et non réelle. En effet, elle mélange ou additionne les taux d'obtention de diplôme des divers groupes d'âge pour estimer le nombre de diplômés ou, à l'inverse, le nombre d'élèves qui abandonnent leurs études. Le "complément" du taux amalgamé d'obtention de diplôme représente en fait le risque, chez les personnes de quinze ans et plus, de ne pas obtenir de diplôme au cours d'une année scolaire précise. Cela ne permet pas à l'analyste de déterminer le taux de départ d'une cohorte de personnes d'un même groupe d'âge au fil de leurs études secondaires. De plus, cette méthode ne porte que sur l'abandon des études secondaires normales effectuées le jour. Elle ne tient pas compte des élèves qui suivent des cours équivalents ou des cours de substitution ou qui font des études supérieures par la suite. L'analyse n'inclut pas non plus la migration entre provinces, ni les variables démographiques et les variables d'antécédents. II est possible que les changements dans les données d'année en année reflètent des modifications aux systèmes de tenue de dossiers plutôt que des changements dans les comportements des élèves.

Le "taux d'abandon scolaire apparent"

"La méthode du taux d'abandon scolaire apparent" consiste à faire le décompte des inscriptions et des diplômes décernés afin de simuler la progression d'une cohorte de son entrée à l'école secondaire jusqu'à la remise des diplômes ou à l'abandon des études. À partir des données sur les inscriptions au secondaire et sur les diplômes décernés (les dossiers scolaires administratifs étant fournis par les ministères provinciaux de l'Éducation), il est possible de comparer le nombre d'élèves qui commencent leur 9e année au cours d'une année scolaire précise avec celui des diplômés du secondaire trois et quatre ans plus tard. L'estimation du complément du taux d'obtention de diplôme de cette cohorte constitue le taux d'abandon scolaire "apparent" ou le taux de départ "apparent". Les dossiers comparés entre eux n'étant pas suivis ni comparés dans le temps, le taux ne représente qu'une estimation approximative du nombre de diplômés ou de sortants.

Pour le Canada, le taux calculé de cette façon révèle dans l'ensemble une baisse de 46 % en 1975-1976 à 32 % en 1990-1991 (tableau 2-2). Le taux produit selon cette méthode est élevé pour l'Alberta, la Colombie-Britannique et l'Ontario et, pour plusieurs provinces, varie considérablement sur de courtes périodes.

Tableau 2-2
Taux d'abandon apparent d'une cohorte d'élèves de la 9e année en montant, Canada et provinces
Année de remise des diplômes 1975-76 1976-77 1977-78 1978-79 1979-80 1980-81 1981-82 1982-83
Année de la cohorte de 9e année 1972-73 1973-74 1974-75 1975-76 1976-77 1977-78 1978-79 1979-80
(en pourcentage)
Canada 46 47 39 38 38 36 36 33
Terre-Neuve 44 43 41 41 44 47 41 s/o
Île-du-Prince-Édouard 41 40 33 34 31 30 28 28
Nouvelle-Écosse s/o s/o s/o s/o s/o s/o s/o s/o
Nouveau-Brunswick 37 35 30 30 28 29 26 22
Québec 56 33 34 33 31 31 24 17
Ontario 45 45 43 40 40 36 37 38
Manitoba 37 42 38 37 32 32 34 27
Saskatchewan 39 36 29 33 35 34 34 30
Alberta 44 45 43 47 46 46 45 42
Colombie-Britannique 42 40 39 37 36 38 36 32
Yukon 67 65 56 59 61 66 65 60
Territoires du Nord-Ouest 70 67 77 74 75 71 74 71
 
Année de remise des diplômes 1983-84 1984-85 1985-86 1986-87 1987-88 1988-89 1989-90 1990-91
Année de la cohorte de 9e année 1980-81 1981-82 1982-83 1983-84 1984-85 1985-86 1986-87 1987-88
(en pourcentage)
Canada 28 29 30 30 s/o s/o 34 32
Terre-Neuve 39 35 38 34 32 31 29 25
Île-du-Prince-Édouard 25 29 28 27 27 27 23 24
Nouvelle-Écosse 32 33 30 30 30 28 27 25
Nouveau-Brunswick 21 19 22 23 20 21 16 15
Québec 21 23 23 30 37 37 34 28
Ontario 32 33 32 33 s/o s/o 34 34
Manitoba 28 29 31 31 31 29 27 27
Saskatchewan 27 27 28 29 29 23 27 24
Alberta 36 35 34 34 36 37 36 35
Colombie-Britannique 30 30 33 37 36 35 35 34
Yukon 61 53 37 62 61 63 54 51
Territoires du Nord-Ouest 74 65 66 68 66 69 74 68
Source: Division de l'éducation, de la culture et du tourisme, Statistique Canada.

Une telle façon de procéder est peu coûteuse et fait appel à des données existantes et faciles d'accès ainsi qu'à une méthode établie. On peut rajuster le tir pour tenir compte de la mortalité et de la migration, mais il est difficile de comptabiliser a) les élèves qui changent de programme à l'intérieur du système, comme ceux qui se réorientent vers des programmes de formation professionnelle ou d'expérience de travail et qui deviennent décalés par rapport à leur cohorte d'entrée, b) les élèves qui obtiennent leur diplôme avant les autres, c) les élèves qui prennent plus de quatre ans à obtenir leur diplôme, d) les élèves qui suivent des cours équivalents ou des cours de substitution ou qui font des études supérieures après être partis de l'école, e) les modifications aux définitions administratives (p. ex., le fait de compter les élèves qui suivent des cours spéciaux parmi la cohorte de 9e année ou parmi les inscriptions non attribuées à une année d'études particulière) ou les changements dans les méthodes de tenue de dossiers.

Dans une certaine mesure, impossible à estimer, la cohorte de diplômés contient toujours des élèves issus de cohortes d'entrée différentes (des élèves qui sont retournés aux études, ou des élèves d'une autre cohorte qui prennent plus de temps à terminer), ce qui peut compenser les variations dans les délais d'obtention de diplômes de la cohorte d'entrée. Le principal inconvénient de cette méthode tient sans doute au fait qu'en mélangeant de si nombreux facteurs, il devient impossible d'isoler les effets attribuables au changement du taux d'obtention de diplôme ou de la durée d'études des diverses cohortes. Les calculs étant effectués sur une longue période (trois ou quatre ans), il existe un décalage inhérent entre le moment où les changements se produisent et celui où ils se font sentir. De plus, cette méthode ne permet pas d'effectuer des analyses selon des variables démographiques ou des variables d'antécédents.

Estimation du bassin des sortants sur la base des données d'enquêtes

Dans la méthode du bassin des sortants, on se sert d'enquêtes de dénombrement synchroniques pour estimer, pour une année précise, la proportion des personnes d'un même groupe d'âge qui ne vont pas à l'école et qui ne possèdent pas de diplôme ou de certificat d'études secondaires.

À partir des données d'enquêtes, il est possible de calculer pour n'importe quel groupe d'âge la proportion de personnes qui ne possèdent pas de diplôme d'études secondaires. Si l'on additionne tous les groupes d'âge, les chiffres obtenus représentent le bassin des sortants, ou le pourcentage de gens qui ont abandonné leurs études dans la population générale, mais non le taux d'abandon de la population d'âge scolaire au moment présent (en effet, le bassin peut inclure des personnes de 65 ans et plus).

Si on limite les calculs du bassin des sortants aux personnes de quinze à vingt-quatre ans, c'est-à-dire à un groupe d'âge précis, de nombreuses personnes du groupe d'âge en question fréquenteront encore l'école. Parmi celles qui n'y vont plus, certaines peuvent retourner aux études (les "sortants temporaires") et finir par obtenir leur diplôme. II est donc nécessaire de faire la distinction entre persévérants et sortants (les deux groupes sont sans diplôme d'études secondaires, mais les persévérants essaient encore d'en obtenir un et de choisir un groupe d'âge où la plupart des gens auront terminé leurs études. De cette façon, il est possible de tenir compte des absences temporaires de l'école (les "abandons temporaires") et des études secondaires prolongées.

En combinant les données d'enquête touchant la scolarité (sauf celles sur les personnes encore inscrites ) et le niveau d'instruction (des personne sans diplôme d'études secondaires), on obtient une estimation du bassin de sortants chez les jeunes adultes. II est également possible, à l'aide de données d'enquête, d'exclure du calcul sur l'abandon scolaire les personnes qui ont suivi des cours équivalents ou des cours de substitution ou qui ontfait des études supérieures.

Estimations tirées du recensement

Selon certaines classifications spéciales du recensement, en 1991, 18 % des personnes âgées de vingt ans n'allaient pas à l'école (ni à plein temps, ni à temps partiel), ne possédaient pas de certificat d'études secondaires et n'avaient pas reçu de formation supplémentaire (tableau 2-3). Les estimations pour les moins de 29 ans sont sensiblement les mêmes (18 ou 19 %) et atteignent 20 % pour les personnes de 26 à 28 ans. Si l'on compte les personnes qui ont reçu une formation supplémentaire, au total, le bassin de sortants pour toute la population est plus élevé; il représente 21 % des personnes de vingt ans et grimpe à 30 % pour les personnes âgées de 26 à 28 ans. La proportion des personnes sans formation supplémentaire demeure stable jusqu'à la tranche d'âge des 26 à 28 ans, tandis que la proportion des personnes qui ont reçu une formation supplémentaire augmente avec l'âge (tableau 2-3).

Tableau 2-3
Estimations du bassin des sortants selon l'âge1, d'après les données du recensement canadien de 1991

Âge
% sans
formation suppl.
% avec
formation suppl.
% total
20 18 3 21
21 19 5 24
22 18 6 24
23 18 7 26
24 19 8 27
25 19 9 28
26-28 20 10 30
29 22 10 32
30+ 39 11 50

1 En pourcentage des personnes qui ne vont pas à l'école (ni à plein temps, ni à temps partiel)
et qui ne possèdent pas de certificat d'études secondaires.

On peut procéder à des calculs semblables à partir des données du recensement de 1981 pour analyser les changements dans le temps. En 1981, 29 % des personnes de vingt ans n'allaient pas à l'école, ne possédaient pas de diplôme ou de certificat d'études secondaires et n'avaient pas reçu de formation supplémentaire (tableau 2-4). Ici encore, les proportions calculées selon l'âge ne varient sensiblement que chez les plus de 29 ans.

De 1981 à 1991, le nombre de jeunes sortants qui n'avaient reçu aucune formation supplémentaire a baissé de l'ordre de 10 à 11 %. Pour la même période, on constate aussi une tendance à la baisse dans le pourcentage de sortants de tout âge qui avaient reçu une formation supplémentaire, mais cette différence relative s'atténue à mesure que l'âge augmente (tableau 2-4).

Tableau 2-4
Estimations du bassin des sortants selon l'âge1, d'après les données du recensement canadien de 1981

Âge
% sans
formation suppl.
% avec
formation suppl.
% total
 
20 29 6 36
21 29 8 37
22 29 9 38
23 29 10 39
24 29 10 39
25 28 11 39
26-28 26 12 38
29 26 12 38
30+ 50 13 63

1 En pourcentage des personnes qui ne vont pas à l'école (ni à plein temps, ni à temps partiel)
et qui ne possèdent pas de certificat d'études secondaires.

Les estimations du bassin des sortants qui n'ont pas reçu de formation supplémentaire calculées selon une telle méthode sont plus élevées que la moyenne nationale dans toutes les provinces sauf l'Ontario (15 %) et le Québec (18 %) (tableau 2-5). Pour l'ensemble des sortants, les estimations provinciales sont supérieures à la moyenne nationale (21 %) partout sauf en Ontario (16 %).

Tableau 2-5
Estimations du bassin des sortants1 âgés de vingt ans, d'après les données
du recensement de 1991, Canada et provinces
  % personnes de
20 ans sans
formation suppl.
% personnes
de 20 ans au
total
Canada 18 21
Terre-Neuve 25 29
Î.P.É. 21 24
Nouvelle-Écosse 21 26
Nouveau-Brunswick 20 22
Québec 18 23
Ontario 15 16
Manitoba 24 26
Saskatchewan 22 26
Alberta 23 26
Colombie-Britannique 19 22

1En pourcentage des personnes qui ne vont pas à l'école (ni à plein temps, ni à temps partiel),
qui ne possèdent pas de certificat d'études secondaires et qui n'ont pas reçu de formation
supplémentaire et en pourcentage du total (des personnes avec ou sans formation supplémentaire).

Les avantages des données du recensement sont les suivants: a) I'information sur le niveau d'instruction est basée sur un échantillon de 20 % de la population totale, ce qui réduit considérablement le taux d'erreur d'échantillonnage, b) on obtient des données sur le niveau d'instruction étalonnées dans le temps ainsi qu'un grand nombre de caractéristiques sur les individus et les ménages - et la grande quantité de données ainsi obtenues permet d'effectuer de nouvelles analyses, c) on obtient un portrait détaillé du niveau d'instruction de la population, ce qui permet de contourner les différences entre les dossiers administratifs des divers ministères de l'Éducation.

Les limites de l'utilisation des données du recensement pour produire de telles estimations sont les suivantes: a) comme pour tout autre sondage, la valeur des données du recensement dépend de l'exactitude des déclarations des personnes interrogées au sujet de leur niveau d/instruction, b) les données sur le niveau d'instruction sont présentées selon le domicile actuel des personnes interrogées plutôt que selon le lieu de leurs études, certaines modifications pouvant toutefois être apportées à l'aide de la variable de mobilité, c) le recensement a lieu tous les cinq ans, et les données ne sont généralement disponibles que dix-huit mois à deux ans environ après avoir été recueillies.

Estimations tirées de l'Enquête sur la population active

Les données de l'Enquête sur la population active sont recueillies auprès d'environ 200 000 personnes (10 000 nouveaux ménages par mois). Les estimations annuelles sur le taux de départ du secondaire peuvent être produites à partir des données sur le niveau d'instruction des personnes interrogées âgées de vingt ans. Pour 1991, I' estimation nationale du taux de départ ainsi obtenue est de 20 % chez les personnes de vingt ans, et les estimations provinciales fluctuent entre 16 % (Colombie-Britannique) et 24 % (Alberta et Île du Prince-Édouard) (tableau 2-6).

Tableau 2-6 Taux de départ du secondaire, selon le données de l'Enquête de 1991 sur la population active (moyennes annuelles)
  % personnes de 20 ans
Canada 20
Terre-Neuve 23
Î.P.É. 24
Nouvelle-Écosse 22
Nouveau-Brunswick 20
Québec 19
Ontario 21
Manitoba 21
Saskatchewan 18
Alberta 24
Colombie-Britannique 16

Les avantages de l'Enquête sur la population active sont les suivants: a) les données obtenues brossent un portrait très actuel du phénomène des départs scolaires, b) les données servent à comparer les taux de départ du secondaire des pays de l'OCDE (l'organisation de coopération et de développement économiques), c) comme les données sur le niveau d'instruction ne sont que l'un des nombreux aspects de l'Enquête sur la population active, elles peuvent facilement faire l'objet d'une analyse comparative avec les données sur l'emploi, et donc être mises en rapport avec les tendances économiques.

Les limites de l'enquête sur la population active sont les suivantes: a) les données recueillies proviennent des déclarations des personnes interrogées ou sont fournies par personne interposée (c.-à-d., par un autre membre du ménage) - elles ne reflètent donc pas toujours exactement le niveau d'instruction, b) les données indiquent le domicile actuel des personnes interrogées, qui ne correspond pas nécessairement au lieu des études, c) les estimations peuvent contenir des erreurs d'échantillonnage.

L'Enquête auprès des sortants

L'Enquête auprès des sortants a pour but d'estimer le taux de départ du secondaire chez les jeunes adultes et d'examiner les facteurs connexes. D'avril à juin 1991, Statistique Canada a demandé à 9 460 personnes âgées de dix-huit à vingt ans de répondre à une série de questions sur leur vécu scolaire et leur niveau d'instruction. Voici un bref glossaire des expressions employées dans l'enquête:

  • diplômé ou finissant = personne qui possède un diplôme ou un certificat d'études secondaires
  • ex-décrocheur = personne qui a quitté l'école, mais qui y est retournée par la suite
  • persévérant = personne qui fréquente actuellement l'école
  • sortant temporaire = personne qui interrompt temporairement ses études secondaires
  • "impersévérant" ou sortant = personne qui ne fréquente pas l'école actuellement et qui ne possède pas de diplôme ou de certificat d'études secondaires
  • sortant avec formation suppl. = sortant qui a continué ses études ou reçu une formation supplémentaire
  • sortant sans formation suppl. = sortant qui n'a pas suivi de cours équivalents ou de cours de substitution, ni fait des études ou suivi de formation à un niveau supérieur.

On emploie souvent de manière interchangeable les qualificatifs "sortant scolaire", "impersévérant" et "décrocheur" pour désigner les élèves qui ont quitté l'école sans recevoir de diplôme ou de certificat. Cependant, le mot "décrocheur" a une connotation péjorative et comporte une note de blâme, comme s'il traduisait un échec personnes. Comme l'affirme Vincent Tinto, le mot "décrocheur" est employé à tort et à travers aujourd'hui. "On s'en sert pour qualifier tous les sortants, quelles que soient les raisons ou les circonstances de leur départ".30 Par conséquent, pour présenter les résultats de l'enquête, nous utilisons l'expression "sortant scolaire", jugée plus neutre.

L'Enquête auprès des sortants comporte également de nombreuses variables impossibles à analyser par les autres méthodes d'estimation du taux de départ du secondaire. A titre d'exemple, on a interrogé les personnes sur leur intérêt pour les cours, sur leurs résultats scolaires et sur l'importance accordée par leur famille et leurs amis à l'obtention d'un diplôme d'études secondaires.

Pour préparer l'étude, Statistique Canada a organisé dans tout le pays 38 groupes de discussion formés de sortants scolaires, d'élèves, de professeurs et de spécialistes de l'enseignement31. Cette recherche qualitative a permis de constater qu'aux yeux des élèves, l'abandon des études n'est pas un événement isolé, mais un processus32. Lors d'une réunion d'un groupe de discussion, un sortant scolaire a déclaré: "Je n'ai pas "décroché", je me suis simplement éloigné peu à peu33." Certains élèves quittent l'école secondaire, y retournent et abandonnent de nouveau sans diplôme. D'autres quittent l'école temporairement, y retournent et obtiennent leur diplôme. Par exemple, 12 % de l'ensemble de l'échantillon de l'Enquête auprès des sortants (soit 5 % des diplômés, 37 % des persévérants et 33 % des sortants) avaient abandonné l'école et y étaient retournés. Ces résultats confirment la perception, chez de nombreux élèves, selon laquelle l'abandon scolaire serait un processus plutôt qu'un événement isolé. Ce constat a d'importantes conséquences sur l'estimation des taux et sur la recherche de facteurs explicatifs.

Personnes interrogées lors de l'Enquête auprès des sortants

Parmi les 9 460 jeunes adultes de dix-huit à vingt ans interrogés dans le cadre de l'enquête, 63 % étaient des diplômés, 21% fréquentaient encore l'école (les "persévérants"), et 16 % étaient des sortants. Cet échantillon correspond à 184 000 sortants, 241 000 persévérants et 711 000 diplômés. Pour déterminer le taux de départ du secondaire de la population appropriée, il faut faire les calculs à partir du groupe le plus âgé afin de tenir compte des retards dans l'obtention du diplôme (études secondaires prolongées pour diverges raisons: abandon temporaire, réorientation, etc.). L'importance de l'âge est bien documentée; c'est ainsi que pour les femmes comme pour les hommes interrogés dans le cadre de l'enquête, plus l'âge augmente, plus diminue le nombre de persévérants, et plus augmente celui des diplômés et des sortants (diagramme 2-1). II existe d'importantes différences entre les sexes; en effet, à vingt ans, plus de femmes que d'hommes possèdent un diplôme (83 % contre 71%), et moins de femmes fréquentent encore l'école ou ont abandonné leurs études.

Bon nombre des persévérants de vingt ans obtiendront leur diplôme, ce qui fera augmenter le taux d'obtention de diplôme; d'autres abandonneront l'école prématurément, ce qui fera augmenter le taux de départ. Par contre, certains des sortants de vingt ans retourneront à l'école secondaire et termineront leurs études ou finiront par obtenir des qualifications scolaires équivalentes ou supérieures même sans diplôme d'études secondaires. A titre d'exemple, 17 % des sortants mentionnent être inscrits, avoir terminé ou avoir suivi des programmes d'enseignement ou de formation de niveau supérieur au secondaire. Si seulement un tiers de ces sortants terminent éventuellement ces programmes, quelques 6% de ceux qui restent auront reçu un certificat d'études équivalentes ou supérieures.

Diagramme 2-1
Situation scolaire des personnes interrogées lors de l'Enquête auprès des sortants, par âge et par sexe

Diagramme 2-1 Situation scolaire des personnes interrogées lors de l'Enquête auprès des sortants, par âge et par sexe


Statistique Canada
Enquête auprès des sortants
 

Les données et l'échantillon actuels de l'Enquête auprès des sortants ne permettent pas d'estimer les incidences des programmes ci-dessus, ni d'autres formes d'enseignement non traditionnelles, sur le taux d'abandon scolaire. Des études de suivi et des analyses longitudinales pourraient cependant fournir les données nécessaires à des calculs de ce genre et permettre d'estimer avec précision le taux d'abandon scolaire final.

Taux d'abandon scolaire selon l'Enquête auprès des sortants

Selon l'enquête, le taux d'abandon scolaire pour le Canada est de 18 %. Pour les raisons mentionnées plus haut, ce taux est basé sur les personnes les plus âgées de l'échantillon, soit celles de vingt ans. Le taux d'abandon scolaire chez les personnes de cet âge était en général élevé dans les provinces de l'est et plus faible dans l'ouest (diagramme 2-2). On trouve les taux d'ensemble les plus élevés à l'Île du Prince-Édouard (25 %) et à Terre-Neuve (24 %), et les plus faibles en Alberta (14 %), en Saskatchewan (16 %) et en Colombie-Britannique (16 %).

D'autre part, le taux d'abandon scolaire des hommes était beaucoup plus élevé que celui des femmes dans les provinces de l'est (33 % contre 17 % à l'Île du Prince-Édouard, 29 % contre 13 %* en Nouvelle-Écosse et 29 % contre 19 % à Terre-Neuve). Cependant, dans l'ouest, la différence était moins prononcée (16 %* pour les deux sexes en Saskatchewan, 20 % contre 18 % au Manitoba, 17 %* contre 14 %* en Colombie-Britannique et 16 %* contre 12 %* en Alberta). Autrement dit, l'écart entre hommes et femmes, très prononcé dans l'est, de 10 à 16 points de pourcentage, s'affaiblit dans l'ouest de 0 à 4 points de pourcentage (diagramme 2-3).

Cette enquête spéciale auprès des sortants a pour avantage d'être stratégique et à jour, d'inclure des variables démographiques et des variables d'attitudes et de constituer une base solide pour suivre les élèves dans le temps. Les données de l'enquête montrent les étapes du processus d'abandon scolaire ("départ", "retour", "persévérance", "achèvement") plutôt que de représenter le phénomène comme un événement isolé ("décrochage"). De plus, l'enquête permet de déterminer la province d'étude, car elle comprend une question sur le lieu des études en plus de celle sur le domicile actuel.

Les limites de l'Enquête auprès de sortants sont les suivantes: a) les estimations peuvent contenir des erreurs d'échantillonnage - on a contacté 60 % de l'échantillon et interrogé 88 % de ces personnes -, b) les données sur les études et la formation après l'âge de vingt ans ne sont pas saisies, c) la qualité des données est fonction de l'exactitude des déclarations des personnes interrogées, d) comme il s'agit d'une enquête spéciale, on ne peut s'en servir pour produire des estimations des tendances.

Diagramme 2-2
Taux d'abandon scolaire des personnes de vingt ans interrogées, par province

Diagramme 2-2 Taux d'abandon scolaire des personnes de vingt ans interrogées, par province

Statistique Canada
Enquête auprès des sortants
 

Diagramme 2-3
Taux d'abandon scolaire des personnes de vingt ans interrogées, par province et par sexe

Diagramme 2-3 Taux d'abandon scolaire des personnes de vingt ans interrogées, par province et par sexe


Statistique Canada
Enquête auprès des sortants
 

L'ampleur de l'abandon scolaire

Quel niveau de scolarité les sortants atteignent-ils avant d'abandonner l'école? La majorité d'entre eux (62 %) avaient terminé leur 10e année ou moins, et près du tiers (32 %) n'avaient terminé que leur 9e année ou moins (diagramme 2-4). Les données sur l'âge au moment de l'abandon scolaire sont tout aussi surprenantes: 17 % des sortants avaient quatorze ou quinze ans et étaient donc en dessous de l'âge d'abandon scolaire minimum de seize ans. Vingt et un pour cent des autres avaient seize ans. Ainsi, près de 40 % des sortants avaient seize ans ou moins au moment d'abandonner l'école (diagramme 2-5). Dans la conjoncture actuelle, les perspectives professionnelles pour les jeunes qui n'ont poursuivi leurs études que jusqu'en 10e année ou moins sont très sombres.

Diagramme 2-4
Niveau de scolarité des sortants

Diagramme 2-4 Niveau de scolarité des sortants


Statistique Canada
Enquête auprès des sortants
 

Diagramme 2-5
Âge des sortants au moment de leur départ

Diagramme 2-5 Âge des sortants au moment de leur départ


Statistique Canada
Enquête auprès des sortants
 

 

Notes Bibliographiques


29 Conseil des ministres de l'Éducation (Canada) et Statistique Canada, 1991

30 Tinto, Vincent, Leaving College: Rethinking the Causes and Cures of Student Attrition, University of Chicano Press. Chicago. 1987.

31 On peut obtenir un rapport qualitatif sur l'abandon scolaire de M. Doug Higgins, chef, section des Projections et des Analyses, division de l'Éducation, de la Culture et du Tourisme, à Statistique Canada.

32 Plusieurs travaux de recherche arrivent à cette conclusion. Cf: Rumberger, RW., "High school dropouts: a review of the issues and evidence ", Review of Educational Research, 57, 1987.

33 Price Waterhouse. "Recherche qualitative sur les décrocheurs", rapport final, 25 octobre 1990.

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Mise à jour :  2006-08-16 haut Avis importants