Des cartes pour aider à protéger les régions sensibles contre les déversements d'hydrocarbures

Chaque seconde compte lorsque survient un déversement d'hydrocarbures en mer. La rapidité d'intervention des équipes d'urgence peut en effet être l'élément déterminant entre la protection de ressources vitales et une catastrophe environnementale susceptible de causer des dommages irréversibles si des habitats sensibles ou des espèces en péril sont menacés.

Afin de réduire au minimum les effets des déversements d'hydrocarbures sur la côte de l'Atlantique, des scientifiques d'Environnement Canada de Dartmouth (Nouvelle-Écosse) ont mis au point un système de cartographie numérique qui permet aux équipes d'intervention d'urgence de planifier leurs stratégies plus rapidement et plus efficacement. Non seulement ce nouveau programme définit les ressources côtières les plus importantes et les plus vulnérables qui sont en péril lors d'une urgence environnementale, mais il recommande également les meilleures techniques de protection et de nettoyage à adopter dans chaque cas. Ce système peut aussi servir d'instrument de planification prédéversement et d'outil de formation pour les équipes d'intervention.

Le projet de cartographie des zones côtières de la région de l'Atlantique consiste à diviser plus de 35 000 kilomètres de littoral en 12 000 segments qui présentent des propriétés physiques et des structures géologiques communes. Chaque segment est décrit en fonction de plus de 140 attributs différents, parmi lesquels figurent des caractéristiques physiques telles que la composition et la morphologie du littoral (p. ex., battures de vase intertidales, marais salés, plages de sable); les ressources biologiques présentes (oiseaux, poissons, mammifères, etc.); ainsi que les ressources exploitées par les humains, par exemple les exploitations d'aquaculture, les parcs, les lieux historiques et les ports de pêche. Des données logistiques et opérationnelles, notamment sur les zones de rassemblement, les rampes de mise à l'eau, les aires d'atterrissage pour hélicoptères et les services médicaux, sont également indiquées. Combinées à l'information sur le type et la quantité d'hydrocarbures déversés et sur les conditions météorologiques actuelles et prévues, ces données numériques permettent à l'utilisateur de déterminer la meilleure façon d'intervenir en cas d'urgence.

La zone cartographiée englobe l'ensemble de la région de l'Atlantique, à l'exception du Labrador. Ce projet prévoit la production de cartes topographiques de base et de cartes hydrographiques numériques détaillées (échelles de 1:50 000 et de 1:250 000), ainsi que de vidéos aériens sur chaque segment du littoral. Le système de cartographie permet au personnel d'urgence de produire des rapports, des cartes et des graphiques sur une région précise touchée par un déversement. De plus, grâce à un système d'enregistrement en ligne, l'utilisateur peut stocker et archiver tous les rapports d'incidents, cartes et photographies produits durant un déversement, en vue d'un usage ultérieur.

Ce projet de cartographie, qui se poursuit depuis déjà plusieurs années, a jusqu'à maintenant porté principalement sur la mise au point du logiciel, l'élaboration des normes et des protocoles de gestion des données, ainsi que la collecte et la saisie des données. Contrairement aux cartes des zones sensibles sur support papier, lesquelles sont établies principalement à partir de rapports publiés et d'archives gouvernementales, les cartes numériques s'appuient également sur un éventail de données écologiques inédites obtenues de sources locales, notamment de groupes communautaires, des Premières Nations et de sociétés pétrolières. Autre avantage, les cartes numériques – contrairement aux cartes sur papier – peuvent facilement être mises à jour et peuvent être transmises par voie électronique sans que la qualité n'en soit altérée.

Les cartes des zones sensibles du Canada s'adressent à un grand nombre d'utilisateurs potentiels, mais l'équipe régionale d'intervention d'urgence constitue pour l'instant le principal client de ce projet. Cette équipe consiste en un groupe multidisciplinaire présidé par Environnement Canada, qui réunit des spécialistes de l'environnement et des services d'urgence des administrations fédérale, provinciales et municipales et de l'industrie. L'équipe a déjà utilisé le logiciel pour un certain nombre d'urgences, notamment pour déterminer et protéger des ressources sensibles contre les fuites potentielles durant le renflouement de l'Irving Whale en 1996, ainsi que pour cartographier le mouvement des débris et les répercussions potentielles des fuites de carburant, à la suite de l'écrasement en 1998 de l'avion de la Swiss Air, au large des côtes de la Nouvelle-Écosse.

Le logiciel suscite beaucoup d'intérêt, tant au pays qu'à l'étranger; il a également été distribué dans d'autres bureaux régionaux d'Environnement Canada et plusieurs sont à y ajouter de nouvelles composantes et à en adapter le contenu à leurs besoins particuliers. Le Ministère a aussi l'intention de diffuser le système de cartographie sur son site Internet—la Voie verte—afin de le rendre plus accessible aux utilisateurs et de permettre aux organismes concernés de mettre leurs données à jour directement. Enfin, les discussions se poursuivent avec les groupes communautaires et les Premières Nations du Labrador, en vue d'obtenir leur collaboration à la compilation des données requises pour cette région.

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