Le programme watertox-essais effectués sur l'eau dans le monde

Bien que dans la plupart des régions du Canada, il suffit de tourner le robinet pour obtenir de la bonne eau potable, plus de 2,5 milliards d'humains sur terre n'ont pas accès à cette ressource de base. Ce problème sévit particulièrement dans les pays en voie de développement où les règlements régissant l'élimination des déchets et l'utilisation de produits chimiques toxiques sont souples. Les dangers pour la santé humaine sont exacerbés par le fait que les tests de la qualité de l'eau sont tout simplement trop onéreux pour bon nombre de collectivités.

Au cours des deux dernières années, les scientifiques d'Environnement Canada de Burlington et de Montréal ont travaillé afin de permettre le transfert de connaissances de simples techniques rentables visant à tester la toxicité de l'eau à des scientifiques dans les pays en voie de développement afin que ces derniers puissent relever des sources d'eau très contaminées. Parmi leurs efforts, faisant partie intégrante du programme WaterTox du Centre de recherches pour le développement international (CRDI), mentionnons l'élaboration et l'amélioration des épreuves biologiques, la formation des scientifiques, la prestation de services techniques à des laboratoires moins sophistiqués, la préparation d'échantillons d'eau contaminée, l'évaluation des résultats et la rédaction d'un manuel ressource.

Le premier défi qu'ont dû relever les scientifiques consistait à trouver des tests qui pouvaient être effectués au moyen de matériel de base et de fournitures facilement accessibles. On a choisi six épreuves biologiques parmi 25 tests et il s'agit d'essais comprenant l'exposition de petits organismes vivants à des échantillons liquides et de la mesure des résultats. Dans deux de ces épreuves, soit l'épreuve de germination de la graine de laitue et le test d'inhibition de la racine d'oignon, la toxicité est évaluée en fonction du ralentissement de la croissance de la plante. Dans l'essai de toxicité aiguë de la Daphnia magna, le test de l'hydre d'une durée de 96 heures et le test de toxicité des nématodes et d'inhibition de la croissance, le taux de mortalité des petits invertébrés sert d'indicateur. Ils sont tous facilement visibles et représentent sans ambiguïté des indicateurs de la contamination toxique.

Ayant généralement la forme d'un minuscule tronc d'arbre avec des tentacules, l'hydre est un signe apparent de la contamination chimique puisqu'elle change de forme lorsqu'elle meurt.

Les scientifiques provenant de différents organismes du Costa Rica, de la Colombie, du Mexique, de l'Argentine, du Chili, de la Turquie, de l'Inde, de l'Ukraine et du Canada ont participé à un atelier de deux semaines à Cornwall, en Ontario, afin d'apprendre la façon d'effectuer ces épreuves biologiques et on leur a offert des fournitures et des organismes d'essais pour qu'ils puissent les rapporter à leur laboratoire. À titre d'exercice initial de formation, on leur a fait parvenir un jeu de 24 échantillons contenant des métaux, des matières organiques et des pesticides pour analyse et on leur a demandé de retourner les résultats pour évaluation.

Les résultats ont indiqué de grands écarts dans le contrôle de la qualité et de la reproductibilité entre les laboratoires participants. Quelques problèmes étaient attribuables au manque de personnel à temps plein affecté aux épreuves biologiques tandis que d'autres problèmes étaient circonscrits, dont le manque d'installations pour la croissance à air contrôlé, la variabilité dans l'approvisionnement en eau distillée et la fermeture des laboratoires en raison des interruptions de la population. Le manque d'installations appropriées a influé sur les tests de graines et d'oignons, qui avaient tendance à pousser ou à pourrir au cours de la période de remisage.

Afin d'uniformiser et de calibrer ces essais, le processus a été répété récemment en utilisant moins d'échantillons et d'épreuves biologiques. Lorsque la deuxième étape des résultats sera compilée ce printemps, les laboratoires commenceront l'analyse des échantillons environnementaux naturels. Dans l'intervalle, les scientifiques de l'université de Bogota, en Colombie, s'affairent à l'élaboration de simples méthodes de concentration d'échantillons naturels de sorte que les contaminants puissent être détectés en fonction des parties par million, soit la limite de la plupart des épreuves biologiques.

L'un des résultats de ce projet consistera à préparer un manuel ressource à l'intention des laboratoires intéressés, qui permettra la documentation des protocoles de mise à l'essai et des procédures de contrôle de la qualité et assurera l'interprétation des résultats de l'ensemble de base des épreuves biologiques. On espère que les organisations participant actuellement au programme WaterTox transféreront en bout de ligne leurs nouvelles techniques à d'autres laboratoires de leur pays.

Des garçons lavent la vaisselle dans un lac près de leur domicile. L'eau contaminée est la norme plutôt que l'exception dans les pays en voie de développement.

Le CRDI a récemment appliqué quelques techniques rattachées au programme WaterTox de même que de simples procédures bactériologiques, à son nouveau programme AQUAtox 2000 qui a été mis sur pied en février dernier. Dans le cadre de ce programme, des douzaines d'écoles publiques et d'écoles secondaires au Canada et à l'échelle mondiale mènent des essais environnementaux sur la pollution bactérienne et la présence de produits toxiques. En offrant aux personnes les outils visant à mesurer la qualité de l'eau, ces programmes sensibilisent la communauté internationale devant les dangers de l'eau contaminée et permettent aux citoyens de prendre des décisions plus éclairées sur leur santé

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