Signature d'Environnement Canada Logo du gouvernement canadien
sauter le premier menu
  English Contactez-nous Aide Recherche Site du Canada
Quoi de neuf
À notre sujet
Thèmes Publications Météo Accueil

Version imprimée


 
Bullein science et environnement- septembre/octobre 2000

L'aquaculture et les pesticides

Un colorant est ajouté à la solution pesticide utilisée dans un parc à filet de salmoniculture afin que, lorsque la bâche entourant le parc sera retirée, les scientifiques puissent suivre le mouvement du panache et en déterminer la toxicité.

Vous ne le savez peut-être pas, mais il y a de bonnes chances que le saumon que vous faites griller sur le barbecue ne soit pas un poisson sauvage, mais qu'il provienne plutôt d'un vaste parc à filet aménagé au large des côtes de l'Atlantique ou du Pacifique—là où peuvent se retrouver, dans une même cage, jusqu'à 15 000 autres saumons élevés pour la consommation. Au cours de la dernière décennie, l'élevage piscicole est devenu une entreprise florissante au Canada—cette industrie a pris tellement d'essor qu'elle devance maintenant la culture de la pomme de terre au premier rang des productions agricoles, au Nouveau-Brunswick.

Or, comme toute autre activité agricole, ces parcs à filet densément peuplés sont vulnérables aux ravageurs, ce ravageur étant, dans le cas du saumon, le pou du poisson. Ce crustacé vorace, qui ressemble à la crevette, se nourrit à la surface des poissons, réduisant du même coup leur valeur commerciale et provoquant même la mort, dans certains cas. En 1995 seulement, les infestations par les poux du poisson ont entraîné des pertes de revenu évaluées à plus de 20 millions de dollars, pour les salmoniculteurs des provinces de l'Atlantique du Canada.

Pour lutter contre ces infestations, un grand nombre de producteurs ont recours aux pesticides qu'ils appliquent en entourant les parcs de bâches géantes; ils ajoutent ensuite la solution pesticide, puis celle-ci est libérée dans le milieu environnant après que les poissons y ont été exposés pendant environ une heure. Cependant, certains se préoccupent des effets que pourraient avoir ces pesticides sur les organismes aquatiques non visés, en particulier sur les crustacés comme les homards et les crevettes qui sont apparentés au pou du poisson.

En 1996, des rapports faisant état d'une mortalité massive dans un vivier à homards du Nouveau-Brunswick ont révélé la présence de cyperméthrine—un pesticide de synthèse dont l'usage est autorisé aux États-Unis et dans un certain nombre d'autres pays, mais non au Canada. Alertés par cet incident, et sensibles aux pressions croissantes de l'industrie en faveur de l'homologation de la cyperméthrine au Canada, les spécialistes de la toxicologie et de la lutte contre la pollution, de la Région de l'Atlantique d'Environnement Canada, ont procédé à des essais en collaboration avec des représentants de Pêches et Océans Canada, afin d'évaluer le devenir et la toxicité de divers pesticides lors de traitements simulés dans l'embouchure de la baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick.

Trois traitements ont été faits avec la cyperméthrine et trois avec l'azaméthiphos—un insecticide organophosphoré dont l'usage avait été provisoirement homologué par l'Agence canadienne de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA). Un colorant a été ajouté aux solutions de pesticides pour suivre la dispersion des panaches, et des échantillons d'eau ont été analysés pour en déterminer la teneur en pesticides et la toxicité pour un petit crustacé des profondeurs, apparenté au homard.

La plupart des échantillons prélevés après l'application d'azaméthiphos se sont révélés non toxiques pour les organismes expérimentaux utilisés lors d'essais biologiques à court terme, et aucune toxicité n'a été observée dans les échantillons prélevés plus de 50 minutes après la libération de l'insecticide. En revanche, la presque totalité des échantillons recueillis après la libération dans l'environnement d'une seule cage traitée à la cyperméthrine se sont avérés toxiques—jusqu'à cinq heures après la libération du pesticide. Par ailleurs, la concentration de cyperméthrine dans le panache est demeurée supérieure au seuil de toxicité sur une distance d'un kilomètre—ce qui indique que la norme opérationnelle consistant à traiter plusieurs cages avec le pesticide pourrait avoir de graves effets sur les espèces sensibles non visées, à l'intérieur d'un vaste secteur. Les études ont également révélé la présence de cyperméthrine dans le plancher océanique de la zone intertidale, là où le pesticide pourrait avoir une incidence sur les espèces des profondeurs, en particulier les crustacés. D'autres études indiquent que la cyperméthrine se lie à la matière organique, laquelle pourrait ensuite se déposer dans les sédiments.

Depuis que les résultats de l'étude ont été communiqués à l'ARLA, aux salmoniculteurs, aux fabricants de pesticides et aux associations environnementales locales, le Canada a décrété l'homologation complète de l'azaméthiphos. L'usage de la cyperméthrine demeure cependant illégal et les pressions visant à faire homologuer ce pesticide ont diminué. L'industrie de la salmoniculture examine plutôt diverses méthodes san pesticides pour lutter contre le pou du poisson, dont bon nombre ont déjà fait leurs preuves en Europe. Parmi ces méthodes, mentionnons la réduction du nombre de poissons dans les parcs à filet, la séparation des poissons par classe d'âge à chaque site, un mode d'utilisation des parcs de manière à ce que chacun soit utilisé pendant un an puis soit laissé au repos pendant un an, ainsi que l'agitation des sédiments sous les cages.



D'autres articles dans ce numéro
Prenons le pouls de nos écosystèmes Les pluies acides menacent toujours les lacs et les huarts
Eaux nauséabondes dans les Grands Lacs Capteur pour déterminer l'épaisseur des marées noires
Un réseau pour localiser la foudre Pour explorer le Saint-Laurent en direct
Sites connexes
Research on the Dispersion of Sea Louse Pesticides (anglais)


divider

  Accueil |  Air |  Action environnementale |  Changements climatiques |  Eau |  Espèces en péril |  Faune |  L'habitat |  Météo |  Pollution |  Science atmosphérique |  Technologie

| Aide | Recherche | Site du Canada |
La Voie verteMC, site Web d'Environnement Canada