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Bullein science et environnement- septembre/octobre 2000

Eaux nauséabondes dans les Grands Lacs

Eaux nauséabondes dans les Grands Lacs

Les quelques derniers étés ont laissé un goût amer dans la bouche des riverains des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, l'odeur nauséabonde et le goût désagréable de l'eau ravivant leurs craintes concernant la salubrité des approvisionnements locaux en eau potable. Les scientifiques de l'Institut national de recherche sur les eaux (INRE) d'Environnement Canada ont uni leurs efforts à ceux de l'Agence ontarienne des eaux afin de tenter de déterminer la cause du problème et les moyens de le prévenir.

En 1999, ce problème a persisté durant une période record de quatre semaines. Deux composés d'origine naturelle, la géosmine et le 2-méthylisobornéol (MIB) —lesquels peuvent être décelés par les humains à de très faibles doses—sont les principaux responsables de ce goût et de cette odeur désagréables de l'eau. La géosmine et le MIB sont produits par des actinomycètes et certaines espèces de cyanobactéries, bien que l'on ignore toujours les organismes véritablement en cause. La géosmine se formerait dans la colonne d'eau et donnerait à l'eau une odeur terreuse, tandis que le MIB est produit dans les sédiments ou la couche benthique et donne à l'eau une odeur de moisi. Ces composés résistent à l'oxydation et sont difficiles à éliminer par les traitements habituels utilisés dans les stations de traitement de l'eau.

Durant une période de six semaines, les chercheurs de l'INRE ont prélevé des échantillons du lac Ontario, à proximité des prises d'eau de deux stations de traitement de la région de Peel, à des profondeurs variant de 2 à 70 mètres de la surface et à des distances de 0,02 à 10 kilomètres du rivage. Après analyse, les scientifiques n'ont découvert aucune trace de MIB, mais ont observé des concentrations de géosmine variant de 0,9 à 223 nanogrammes par litre—les taux les plus hauts jamais enregistrés. Selon certaines hypothèses, la géosmine serait produite par des algues benthiques en décomposition à proximité du rivage; cette théorie n'a toutefois pu être prouvée, car les échantillons prélevés des eaux les moins profondes, à proximité du rivage, se sont révélés similaires à ceux recueillis des autres sites.

À la lumière des résultats obtenus, les chercheurs ont élaboré plusieurs solutions potentielles. Durant l'été, on observe une stratification de l'eau du lac Ontario en trois zones thermiques : une couche superficielle chaude, une zone de transition et une couche de fond froide. Les scientifiques ont constaté que l'eau dans la partie la plus profonde de la couche de fond froide contenait moins de géosmine que les eaux de surface; ils ont donc proposé de placer les conduites de prise d'eau à cette profondeur pour éviter de prélever de l'eau dont le goût serait altéré par la géosmine.

Une autre possibilité, déjà utilisée dans certaines régions, consiste à installer des filtres à charbon actif granulaire en plus des filtres classiques, dans les usines de traitement de l'eau. Des études ont en effet démontré que de tels filtres éliminent en moyenne 80 % de la géosmine et 60 % du MIB.

En 2000, plusieurs municipalités régionales, dont Peel, Hamilton-Wentworth, Durham, Niagara, York, Toronto et Halton, se sont jointes au consortium de recherche sur le goût et l'odeur de l'eau et elles financent les travaux de l'INRE et du ministère de l'Environnement de l'Ontario sur l'étude de ce problème. Les scientifiques chercheront maintenant à déterminer exactement quels organismes causent la formation de la géosmine et du 2-méthylisobornéol et à voir s'il serait possible de prévoir ou de contrôler la formation de ces substances. Ils étendront également la portée de leurs recherches, afin de déterminer si d'autres facteurs, comme la distribution des éléments nutritifs, les populations d'algues et la présence de moules zébrées, ont une incidence sur la manifestation répétée de ces problèmes de goût et d'odeur.

Comme les épisodes marqués par la manifestation du problème varient d'une année à l'autre, celui-ci ne pourra être réglé rapidement. On s'attend en effet à ce que les études se poursuivent pendant encore plusieurs années, afin de pouvoir évaluer les variations climatiques susceptibles d'influer sur le biote du lac. Les résultats de ces recherches seront utiles aux municipalités de l'Ontario qui cherchent à régler ce problème causé par l'altération de l'odeur et du goût de l'eau.



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