Le faible revenu au Canada de 2000 à 2002 selon la mesure du panier de consommation - juin 2006

III. Résultats

Comparaisons de l'incidence, de l'ampleur et de la persistance du faible revenu pour la période de 2000 à 2002 selon la MPC et les SFR-API

1. Incidence : 2000 à 2002

Selon la MPC, le taux global de faible revenu pour la population des dix provinces a diminué de 2000 à 2001 puis augmenté légèrement en 2002. Comme le montre le graphique 1, cette tendance est similaire à celle obtenue avec les SFR-API. Cependant, avec les deux mesures, la légère augmentation observée entre 2001 et 2002 n'était pas statistiquement significative¹⁰. Selon la MPC et les SFR-APRI, cette tendance a touché chacun des trois principaux groupes d'âges (moins de 18 ans, 18 à 64 ans et 65 ans et plus). (Voir le tableau 7.)

Comme le montre le graphique 1, en 2002, 13,7 % des Canadiens des dix provinces vivaient en situation de faible revenu selon la MPC comparativement à 11,6 % selon les SFR-API. Cette différence est attribuable à la définition plus stricte du revenu disponible utilisée par la MPC. Si l'on avait utilisé la définition du revenu disponible des SFR-API et les seuils de faible revenu de la MPC, l'incidence du faible revenu obtenue à l'aide de la MPC aurait été de 11,4 %.

L'écart entre l'incidence du faible revenu chez les enfants de moins de 18 ans obtenu à l'aide des deux mesures était cependant passablement plus important (voir le tableau 7). Le fait de soustraire du revenu disponible des familles ayant des enfants les dépenses en services de garde avant de les comparer aux seuils de la MPC contribue à ce résultat.

La situation est inversée dans le cas des personnes de 65 ans et plus, bien que les dépenses médicales personnelles, qui sont habituellement plus élevées dans le cas des ménages où le principal soutien économique a 65 ans ou plus, aient été soustraites du revenu disponible avant que celui-ci soit comparé aux seuils de la MPC.

L'effet négatif sur l'incidence du faible revenu des personnes âgées que fait ressortir la MPC est plus que contrebalancé par l'effet de l'échelle d'équivalence de la mesure du faible revenu utilisée pour son calcul. Sauf pour les personnes vivant dans des collectivités rurales et de petites collectivités urbaines, l'échelle d'équivalence de la mesure du faible revenu calcule qu'une plus petite fraction du revenu disponible d'une famille de quatre personnes est nécessaire pour qu'une famille d'une ou de deux personnes ait un niveau de vie similaire à ce qui est calculé par les échelles d'équivalence implicites des SFR-API. Puisque la plupart des personnes âgées vivent dans des familles d'une ou de deux personnes, dans des collectivités urbaines de taille moyenne à grande, leurs seuils de faible revenu et, par conséquent, leurs taux de faible revenu, en comparaison avec ceux de la famille de référence, ont tendance à être plus bas avec la MPC qu'avec les SFR-API.

Les seuils de la MPC sont plus sensibles que les SFR-API aux différences de coûts du logement et du transport entre les régions parce qu'ils tiennent également compte de l'écart entre les coûts de la vie de collectivités de même taille dans différentes provinces. Cependant, dans chaque province, les différences entre les seuils de faible revenu des régions rurales et des collectivités urbaines trop petites pour disposer d'un service de transport en commun et les seuils des grandes collectivités urbaines sont moins importantes qu'avec les SFR-API. Parce qu'il coûte plus cher d'utiliser une voiture usagée que d'acheter un abonnement pour adulte aux transports en commun et de prendre des taxis, et parce que les revenus dans les régions rurales sont habituellement inférieurs à ceux des centres urbains, il en résulte des différences importantes entre les deux mesures au regard de la distribution géographique de la population à faible revenu. En 2002, selon les SFR-API, seulement 6,5 % de la population à faible revenu du Canada vivait dans des région rurales et 60,3 %, dans les neuf régions métropolitaines de recensement (RMR) ayant une population d'au moins 500 000 habitants. Toutefois, la même année, 13,3 % de la population à faible revenu du Canada vivait dans des régions rurales et seulement 51,3 % dans de grandes RMR, selon la MPC.

2. Ampleur

S'il est important de déterminer quel pourcentage de personnes vivent dans une situation de faible revenu, il est également important de savoir dans quelle mesure le revenu de ces personnes s'éloigne des seuils de faible revenu. L'incidence du faible revenu peut être la même pour deux populations, mais si le revenu d'une de ces populations se situe, en moyenne, juste sous le seuil de faible revenu, tandis que celui de l'autre population ne correspond, en moyenne, qu'à la moitié du seuil de faible revenu, la situation de la première population est définitivement plus avantageuse que celle de la deuxième.

Il ressort du graphique 3 et du tableau 9, que les personnes identifiées comme étant en situation de faible revenu en 2002 selon la MPC vivaient dans des familles dont le revenu disponible s'éloignait moins du seuil de faible revenu que les personnes à faible revenu selon les SFR-API. Cependant, encore une fois, ces différences ne sont pas statistiquement significatives (voir la note de bas de page n^o 10). Cette observation s'applique également aux différences entre l'ampleur du faible revenu, selon les deux mesures, chez les enfants et les aînés.

Qui plus est, il est difficile de désagréger les données sur les changements liés à l'ampleur du faible revenu entre deux années particulières. En effet, tous les ans, un nombre important de personnes et de familles économiques se déplacent au-dessous et au-dessus des seuils de faible revenu indépendamment de la mesure utilisée. Par exemple, entre 2001 et 2002, le nombre de personnes faisant partie de familles économiques à faible revenu selon les SFR-API a connu une augmentation nette de 142 000. Or, simultanément, plus de 1 600 000 personnes sont devenues membres de familles économiques à faible revenu ou les ont quittées.

Le changement de l'ampleur du faible revenu durant cette période était donc le résultat net d'un ensemble de facteurs : 1) Jusqu'où, en deçà du seuil de faible revenu, les personnes qui sont entrées en situation de faible revenu sont-elles tombées?; 2) Dans quelle mesure les personnes qui sont passées au-dessus du seuil de faible revenu étaient-elles près de ce seuil avant de quitter la situation de faible revenu?; 3) Dans quelle mesure le revenu disponible des personnes qui sont demeurées sous les seuils durant les deux années s'est-il rapproché ou éloigné des seuils?

Il est intéressant de souligner que l'ampleur du faible revenu était considérablement moindre pour les aînés à faible revenu (20,2 %) et les enfants (25,9 %) que pour la population en âge de travailler (18 à 64 ans). Cette situation témoigne de la plus grande générosité des programmes de transfert gouvernementaux envers les aînés (Sécurité de la vieillesse, Supplément de revenu garanti et Régime de pensions du Canada/Régime de rentes du Québec, p. ex.) et envers les enfants (Prestation fiscale canadienne pour enfants et Supplément de la prestation nationale pour enfants, p. ex.).

3. Persistance

Les conséquences négatives de l'expérience du faible revenu, particulièrement pour les enfants, sont susceptibles d'être plus dommageables si la situation dure plus longtemps, d'où l'importance de savoir dans quelle mesure les personnes vivent une situation de faible revenu persistante plutôt que temporaire.

Il est important de comprendre la différence entre le fait de vivre une situation de faible revenu durant une seule année au cours d'une période de plusieurs années consécutives, durant toutes les années de la période et de façon persistante durant la période¹¹. Prenons l'exemple d'une jeune femme qui vivait seule en 2000, avait un revenu disponible de 12 500 $ et un seuil de faible revenu de 15 000 $. Elle se marie en 2001 et, comme elle et son conjoint connaissent des épisodes de chômage, leur revenu familial disponible est de 22 000 $, pour un seuil de faible revenu de 21 000 $. En 2002, elle a un enfant et cesse de toucher un revenu, mais son conjoint obtient un emploi à plein temps et le revenu familial disponible augmente à 25 000 $, pour un seuil de faible revenu de 25 500 $. De 2000 à 2002, le revenu disponible total de cette femme a donc été de 59 500 $ et le total des seuils de faible revenu pour les familles dont elle faisait partie de 61 500 $. On considère par conséquent qu'elle a vécu dans une situation de faible revenu persistante durant la période de 2000 à 2002, même si durant la première année de son mariage (2001) le revenu disponible de sa famille était supérieur au seuil de faible revenu.

De toutes les personnes âgées de 18 à 62 ans en 2000, 19 % ont connu une situation de faible revenu, selon la MPC, durant au moins une des trois années visées; toutefois, 9,5 % (la moitié) ont vécu une situation de faible revenu persistant durant cette période. Selon les SFR-API, 15,6 % ont connu le faible revenu durant la même période et 7,7 % ont vécu une situation de faible revenu persistant.

Si l'on examine la situation des enfants de moins de 16 ans vivant dans des familles dont le principal soutien économique était âgé de 18 à 62 ans, 22,8 % ont vécu dans une situation de faible revenu au moins une année entre 2000 et 2002, selon la MPC; alors que 12,5 % seulement (un peu plus de la moitié) d'entre eux ont vécu une situation de faible revenu persistant. Lorsque l'on utilise les SFR-API, 17,3 % ont vécu une année de faible revenu entre 2000 et 2002 et 8,8 %, une situation de faible revenu persistant.

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¹⁰ Pour toutes les estimations de ce rapport, des poids bootstrap (c'est-à-dire, appropriés à la taille de l'échantillon visé par l'estimation) ont été utilisés pour calculer l'écart-type et les intervalles de confiance. Lorsqu'il est précisé que la différence entre deux estimations est statistiquement significative, cela signifie que les intervalles de confiance liés à chaque estimation ne se chevauchent pas.

¹¹ Voir les tableaux 3a et 3b du rapport.

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