Numéro 40
12 février 2004

 Questions?

Les spécialistes d'Environnement Canada répondent à des questions sur les espèces sauvages, la pollution de l'air, l'eau, la météo, le changement climatique et tout autre aspect de l'environnement.

  Version imprimée     Envoyez cette page    Questions additionnelles

D'un point de vue environnemental, quand il fait extrêmement froid, par exemple -30 °C et moins, est-il meilleur de faire tourner le moteur au ralenti pour réchauffer celui-ci avant de conduire ou de réchauffer le moteur en conduisant le véhicule? Est-ce une bonne chose d'utiliser un chauffe-moteur? Marc Ballard, Hull (Québec)

Quelles sont les incidences environnementales de l'utilisation des démarreurs à distance? Lewis Poulin, Montréal (Québec)

Quand les températures dégringolent, les gens tendent davantage à faire tourner le moteur de leur véhicule au ralenti pour le laisser se réchauffer. Normalement, une telle pratique est jugée nuisible à l'environnement. La consommation d'essence augmente tandis que le moteur brûle du carburant, ce qui accroît la quantité d'émissions rejetées dans l'atmosphère.

Cependant, divers enjeux entrent en ligne de compte quand on examine l'incidence du temps froid sur les moteurs. Si on laisse tourner le moteur au ralenti pendant quelques minutes après un démarrage à froid, on peut réduire certaines émissions de gaz d'échappement. Quand on lui permet de se réchauffer, le moteur utilisera moins de carburant quand il fonctionnera à un régime plus rapide et en charge que lorsqu'il est froid.

Les chercheurs du Centre de technologie environnementale d'Environnement Canada ont testé plusieurs modèles de véhicules à des températures basses. Après avoir démarré à froid à -18 °C une Buick Regal de 1993 dotée d'un moteur V6 de 3,8 litres, on a constaté que, quand on avait laissé tourner le moteur au ralenti entre 5 et 10 minutes avant de conduire, il y avait réduction des émissions régies de gaz d'échappement pour ce qui est de la quantité totale d'hydrocarbures, de monoxyde de carbone et d'oxydes d'azote rejetés sur un circuit de conduite en ville.

Chaque fois, le véhicule avait été stationné à -18 °C pendant au moins 10 heures. Les chercheurs ont aussi calculé les émissions de dioxyde de carbone (CO₂) rejetées pendant que le moteur tournait au ralenti. Quand la marche au ralenti durait 5 minutes, la quantité de CO₂ émise augmentait de 7 p. 100 pour la totalité du trajet. Ce pourcentage augmentait à 12 p. 100 quand la durée de la marche au ralenti était de 10 minutes.

On a testé dans les mêmes conditions un véhicule plus petit, une Sunbird de 1996 dotée d'un moteur de 2,2 litres. On a constaté une augmentation de l'émission de CO₂ de 14 et de 19 p. 100 après une marche au ralenti de 5 et de 10 minutes respectivement. Les résultats relatifs aux émissions régies de gaz d'échappement font état de l'augmentation de certaines émissions et de la diminution d'autres.

Enfin, on a mis à l'essai une sous-compacte munie d'un moteur de 1,3 litre. Selon les résultats obtenus, les émissions régies de gaz d'échappement avaient diminué, mais la quantité de CO₂ avait augmenté dans les mêmes proportions que pour la Sunbird.

Par temps plus froid, l'incidence sur la consommation de carburant est plus grande, en raison de l'accroissement de la friction de toutes les pièces mobiles et du fait qu'il faudra plus d'essence pour la combustion jusqu'à ce que le moteur se soit réchauffé. À des températures extrêmement froides, il est également important de faire tourner le moteur au ralenti pendant un certain temps, afin que les composantes mécaniques se réchauffent avant de les assujettir aux tensions liées à la conduite normale.

Chauffe-moteurs

Servant surtout au démarrage par temps froid, les chauffe-moteurs peuvent diminuer énormément le temps de réchauffement et la durée nécessaire de marche au ralenti du moteur. Ils n'ont qu'à être utilisés que pendant une à deux heures pour être efficaces. Quand on calcule les émissions de gaz à effet de serre, il faut tenir compte de la source d'électricité, étant donné que la production d'électricité par la combustion du charbon ou du mazout entraîne des rejets de CO₂ plus importants.

Dans le contexte d'un programme d'essais réalisé par le Centre de technologie environnementale, un véhicule stationné à -25 °C a été réchauffé à l'aide d'un chauffe-moteur pendant deux heures, puis conduit sur le circuit de conduite en ville. Il en est résulté une amélioration de 25 p. 100 de la consommation de carburant par rapport au démarrage à froid d'un véhicule et à sa conduite sur le même circuit.

Démarreurs à distance

Étant donné que la marche au ralenti d'un moteur de véhicule par temps froid pendant plus de quelques minutes augmente les émissions de gaz à effet de serre, le recours aux démarreurs à distance aura, dans la majorité des cas, le même effet. Malheureusement, beaucoup de gens utilisent un démarreur à distance pour réchauffer le moteur au point où la chaufferette réchauffe l'intérieur de la voiture et dégivre le pare-brise. Par temps très froid, il faut jusqu'à 10 à 15 minutes pour parvenir à ce stade, selon l'âge du véhicule.

Si possible, réchauffez votre véhicule au préalable avec un chauffe-moteur et limitez le temps de marche au ralenti à deux ou trois minutes au maximum. Cela suffit à réchauffer le moteur et à assurer que les pièces mobiles ne sont pas assujetties à des tensions. Bien entendu, conduire moins ou opter pour les transports en commun constituent les meilleurs moyens de réduire les émissions nuisibles de gaz à effet de serre.

Liens connexes :

La vérification des émissions de véhicules au Canada

Le Transport et l'environnement

Fiche d'information sur le smog

La réduction du smog