OTTAWA, 17 décembre 2002 - Droits et Démocratie presse les participants à la conférence des pays donateurs pour la reconstruction de l'Afghanistan qui s'ouvre aujourd'hui à Oslo, d'inciter le gouvernement Karzai à mettre l'accent sur les questions liées aux droits humains, particulièrement les droits des femmes, afin d'assurer une véritable reconstruction du pays.
« prês d'un an aprês la réunion des donateurs à Tokyo, nous constatons que la situation des femmes et des filles a peu évolué en Afghanistan. Les femmes n'ont toujours pas accès à l'éducation, à la santé ou au marché du travail. Elles ont peu de liberté de mouvement et sont victimes de harcèlement. Même la Commission du vice et de la vertu, qui a joué un rïle important dans la répression des femmes, a été réinstaurée il y a six mois, » a déclaré le président de Droits et Démocratie, Monsieur Jean-Louis Roy en rendant public une lettre ouverte aux pays donateurs, ainsi que le rapport d'une récente mission effectuée par Droits et Démocratie en Afghanistan.
De concert avec le Groupe international de soutien à l'Afghanistan (Medica Mundial - Allemagne, All Afghan Women Union Kabul, Afghan Women Lawyers Professional Association et Canadian Women for Women in Afghanistan), M. Roy a invité les pays donateurs à adopter une série de mesures visant l'aide humanitaire, le maintien de la paix, les droits des femmes (à la santé, à l'éducation, à la formation, à la protection juridique) et rappelant à la communauté internationale ses obligations.
Une des recommandations vise l'interdiction de la pratique de la badla qui consiste à donner des jeunes filles ou des enfants pour payer une dette ou se laver d'un meurtre. Non seulement ces réglements permettent-ils l'échange d'être humains comme compensation, mais les femmes qui sont emprisonnées en Afghanistan n'ont commis aucun crime : elles sont obligées de purger les peines de leurs p'res, maris ou fr'res. Ces pratiques devraient être clairement interdites et sanctionnées sévèrement, a indiqué M. Roy.
« La reconstruction de l'Afghanistan ne doit pas être que physique », a-t-il rappelé. Lors de sa mission à Kaboul l'automne dernier, Droits et Démocratie s'est penché sur la question de l'aide humanitaire dans la foulée des promesses des donateurs de Tokyo de janvier 2002 et a constaté que les engagements n'ont pas été respectés. La mission a observé que la « militarisation de l'aide humanitaireπ a de graves conséquences pour les bénéficiaires et pour l'avenir du pays.
En confiant le travail humanitaire aux militaires ceux-ci peuvent améliorer la logistique de l'acheminement de l'aide mais cela permet également la collecte de renseignements, ce qui s'me l'inquiétude au sein de la population, explique le rapport de Droits et Démocratie. « Cette pratique affecte les rapports entre les travailleurs humanitaires et les populations locales et peut mener à une qualité inégale de l'assistance; la mauvaise coordination entre les divers acteurs faisant que les capacités locales sont laissées de cïté, ce qui peut alors ouvrir la porte à des manipulations politiques, » avertit Droits et Démocratie en précisant : « Le nouvel agenda pour la sécurité et la militarisation de l'aide vont à l'encontre des principes fondamentaux de l'assistance humanitaire, à savoir l'impartialité et la neutralité. »
Droits et Démocratie recommande que les états membres des Nations Unies s'assurent de la mise sur pied d'un mécanisme de reddition de comptes pour surveiller tous les aspects de la livraison de l'aide humanitaire en Afghanistan.
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On peut lire la lettre ouverte à la Conférence des pays donateurs et le rapport de la mission de Droits et Démocratie en Afghanistan sur notre site.
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