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L'autonomie acquise par l'entraide les coopératives et le milieu rural

Rapport soumis à l'honorable Andy Mitchell, Secrétaire d'État pour le développement rural et FedNor par le Comité consultatif du Ministre sur les coopératives

Les membres du groupe de travail sur les coopératives et le milieu rural :

Leslie Brown, présidente, Robert Revet, Beverly Kirby, Léonce Losier et Fernand Vermette

Novembre 2002


I   Nouveaux défis et nouvelles possibilités pour le Canada rural et éloigné

Les collectivités et les entreprises du Canada, du fait de forces interdépendantes comme la mondialisation et le changement démographique, ont été contraintes d'évoluer pour devenir plus concurrentielles et novatrices, surtout dans les secteurs d'exploitation des ressources naturelles. Mais les innovations et les gains de productivité qu'il leur a fallu pour rester concurrentielles sur les marchés mondiaux se sont faits aux dépens des emplois dans le Canada rural et éloigné.

Les migrations nettes (en particulier des jeunes) et la lenteur de la croissance économique dans le Canada rural se sont soldées par une pénurie de compétences qu'il faut posséder pour effectuer la transition à l'économie du savoir et exploiter toutes les possibilités de croissance.

Sans possibilités économiques multiples, les travailleurs qualifiés sont difficiles à attirer, les technologies de l'information sont inaccessibles et les services se dégradent au fur et à mesure que la croissance démographique diminue. Or, les collectivités rurales et éloignées ont besoin d'une base pour créer des possibilités, pour perfectionner, attirer et retenir des ressources humaines, et pour renforcer les services indispensables à la qualité de vie.

Le programme d'élaboration des politiques du gouvernement fédéral, qui comprend l'innovation, la santé et l'environnement, les compétences et le savoir ainsi que les infrastructures, notamment les technologies de l'information, pourrait servir de fondements au renouveau rural.

Cet article décrit le rôle important que jouent les coopératives pour relever les défis, à la fois comme pourvoyeurs de services dans les collectivités rurales et éloignées et comme outils du développement économique des collectivités.

II   Pourquoi la structure des coopératives?

« Le Groupe de travail sur les coopératives et le milieu rural est d'avis que l'autonomie acquise par l'entraide permettra de créer des collectivités dynamiques et autonomes, et contribuera à la qualité de vie de tous les Canadiens. »

Les participants à la deuxième Conférence rurale nationale, qui s'est tenue en avril 2002 à Charlottetown, dans l'Île-du-Prince-Édouard, ont admis que les coopératives constituent un excellent modèle de coopération communautaire.

Les coopératives offrent une structure de prédilection car, en termes immédiats, cette structure : permet aux collectivités de mettre leurs ressources en commun; aide les membres de la collectivité à partager ce qui pourrait être autrement une responsabilité redoutable; favorise la légitimité en faisant participer de nombreux citoyens et en faisant des coopératives des organismes démocratiques transparents et ouverts; crée des entreprises enracinées dans la collectivité et qui n'en partiront pas de sitôt. Les coopératives sont un outil que les collectivités rurales et éloignées utilisent pour renforcer leurs capacités à subvenir à leurs propres besoins. Comme on a pu le constater à maintes reprises à travers tout le Canada, les collectivités qui prennent les rênes de leur avenir ont de meilleures chances de réussir. Par exemple, pour ce qui est des travaux réalisés dans la région de Muskoka en vue d'établir des coopératives communautaires, on commence toujours par se poser la question fondamentale suivante : « Quelles sont les ressources qui existent? Que peut faire la collectivité pour elle-même? ». Cette démarche permet à la collectivité de se prendre en charge et de commencer à subvenir à ses propres besoins sans attendre que des ressources extérieures comme le gouvernement s'en chargent pour elle. Si des ressources de l'extérieur deviennent disponibles, elles peuvent alors venir s'ajouter à ce que la collectivité a déjà créé pour elle-même.

Suite aux entretiens auprès de groupes, à travers le Canada, chargés de créer de nouvelles coopératives, voici les constatations que l'on peut faire. Même s'il est un fait que chaque projet de création de coopératives est unique en son genre et est doté de sa propre histoire, on sait par ailleurs que la création de nouvelles coopératives se fait plus facilement dans certaines circonstances :

  • Lorsqu'il existe un besoin commun dans la collectivité, celle-ci est plus prédisposée à recourir au modèle coopératif. Par exemple, la Fédération canadienne des coopératives de travail affirme que la création de coopératives de travailleurs est plus facile dans les régions où la création d'emplois est un objectif commun de la collectivité.
  • Il existe certaines caractéristiques culturelles qui prédisposent à la création de coopératives. Le Conseil canadien de la coopération croit que l'élément culturel de solidarité qui existe au Québec explique le fait que de nombreuses collectivités se tournent vers les coopératives pour entreprendre des projets présentant un intérêt conjoint. On constate également à travers tout le Canada que les collectivités francophones minoritaires ont souvent recours aux structures des coopératives pour fournir des services en français aux collectivités. L'élément culturel des régions rurales ou éloignées qui consiste « à faire les choses par soi-même » et qui prévaut dans les régions moins urbanisées comme la Saskatchewan penche également en faveur des coopératives pour réaliser certaines choses.
  • La Canadian Co-operative Association croit que les structures des coopératives sont plus facilement acceptées et adoptées dans les secteurs où d'autres fournisseurs de services ne jouent pas un rôle primordial. Elle cite à ce propos des exemples de micro financement à Terre-Neuve, où les petites entreprises artisanales ont de la difficulté à retenir l'attention des institutions financières existantes. Elle cite par ailleurs l'exemple du Nord canadien où Arctic Co-operatives Ltd. a fort bien réussi à fournir des services qui étaient sans doute inexistants au préalable, comme des hôtels, des services de taxis et des contrats de carburant, ou encore des services qui étaient fournis en vertu d'un monopole comme l'approvisionnement en denrées alimentaires.
  • Selon l'expérience de toutes ces organisations, les structures des coopératives sont également plus facilement utilisées et adoptées lorsqu'il existe une masse critique, c'est-à-dire qu'il existe déjà un certain nombre de coopératives dans la collectivité et qu'il y a des ressources techniques pour appuyer la création de coopératives.

Les recherches réalisées par Paul Wilkinson et Jack Quarter dans la région d'Evangeline, dans l'Île-du-Prince-Édouard, et dont ils rendent compte dans Building a Community-controlled Economy, donnent à entendre que la création de coopératives a plus de chances de réussir dans les conditions suivantes : 1) lorsqu'il existe un niveau élémentaire de conscience communautaire - ce qui signifie que les gens tiennent à leur collectivité et ont le sentiment qu'il faut faire quelque chose; 2) lorsqu'il existe des possibilités de participation et que l'on élabore des stratégies d'autonomie - activités d'habilitation; 3) lorsque les activistes peuvent compter sur des structures de soutien comme les organisations communautaires existantes, tandis que des structures de soutien extérieures viennent combler les structures existantes qui en ont besoin. À Evangeline, les premières coopératives et caisses populaires ont joué un rôle appréciable dans le respect de ces trois conditions, et les activités actuelles de création de coopératives profitent grandement du fait que les conditions sont déjà réunies.

Il est fréquent que les premières coopératives créées soient des coopératives d'épargne et de crédit ou des coopératives qui répondent au besoin de biens et de services auxquels la collectivité a difficilement accès, ou qu'elles soient un moyen qui s'offre aux producteurs indépendants de collaborer de façon mutuellement avantageuse (comme dans le secteur de l'agriculture ou des pêches). La génération suivante de coopératives peut alors tirer parti des capacités communautaires renforcées afin de prendre des orientations novatrices, parmi lesquelles figurent la création de nouvelles entreprises ou de nouveaux services qui dépassent souvent les limites de la collectivité ainsi que la participation accrue à l'économie de marché (comme dans les coopératives de nouvelle génération, les coopératives d'emplois d'été pour les jeunes, les coopératives des technologies de l'information, les prises de contrôle par les employés d'entreprises familiales qui soulèvent des préoccupations en matière de succession, etc.).

Dans le cadre de sa recherche Social Auditing and Community Cohesion: The Co-operative Way, Leslie Brown propose que les preuves recueillies dans la documentation et dans l'étude de trois coopératives d'épargne et de crédit à adhésion ouverte démontrent que par leur stabilité, leur appartenance à des intérêts locaux et leur caractère démocratique, ces coopératives contribuent aux capacités des collectivités et à la cohésion sociale, tout en offrant les produits et les services nécessaires. De nombreuses coopératives d'épargne et de crédit vont beaucoup plus loin en devenant d'importants philanthropes locaux, en élaborant des programmes qui s'adressent aux marginaux ou aux exclus de la société, en établissant des partenariats visant le développement économique des collectivités ou au développement des collectivités tout court, en agissant comme hôtes de babillards communautaires, en appuyant ou en offrant des programmes éducatifs novateurs et en organisant quantité d'autres activités. À l'échelle nationale et provinciale dans le réseau des coopératives d'épargne et de crédit, il existe des prix annuels qui soulignent et célèbrent les contributions communautaires des coopératives d'épargne et de crédit au cours de l'année qui s'achève.

Dans des articles qu'ils ont rédigés pour l'Association canadienne pour les études sur la coopération, Laurie Mook Schugurensky et BJ Richmond ont eu recours à des méthodes de comptabilité sociale pour déterminer les contributions directes et indirectes que les coopératives de logement comme la Waterloo Co-operative Residence Incorporated apportent au capital humain et social. Ils en recensent un grand nombre, notamment la fourniture de logements pour les étudiants, le renforcement des capacités dirigeantes et le perfectionnement des techniques d'organisation. Un autre type de coopérative de logement, La coopérative Chez Nous Ltée de Wellington, dans l'Île-du-Prince-Édouard, offre une résidence-services aux personnes âgées. Ouverte en 1993, cette coopérative avait pour but d'apaiser les préoccupations des personnes âgées francophones dans la région d'Evangeline qui se voyaient contraintes d'habiter dans un milieu à prédominance anglophone à proximité de Summerside. La propriété collective, dont le but est d'assurer que la résidence reflète la vie dans la région, était également un élément important, ce qui explique pourquoi la coopérative a été constituée en société.

Enfin, il faut souligner que l'un des rôles tout à fait exceptionnels des structures des coopératives est qu'en raison de leur caractère démocratique et communautaire, elles se polarisent simultanément sur des objectifs économiques et sociaux. L'importance de ce caractère des coopératives est de nouveau soulignée dans un récent article de Caroline Beauvais et Jane Jenson préparé pour les Réseaux canadiens de recherche en politiques publiques et intitulé Social Policy: Updating the State of the Research. Dans cet article, les deux auteures font valoir que les récentes politiques adoptées dans l'Union européenne ont mis à jour l'interdépendance des paramètres économiques et sociaux en liant expressément les politiques sociales, les politiques économiques et les politiques sur l'emploi. Ce modèle interactif tripartite s'éloigne radicalement de la notion que la cohésion sociale est soit une variable indépendante, soit une variable dépendante. Les tenants de ce modèle font valoir que les dépenses sociales, qu'il s'agisse des dépenses de santé ou d'éducation, sont des investissements dans les ressources humaines qui ont des effets économiques positifs. De même, les transferts sociaux qui couvrent à la fois les retraites et la sécurité sociale ne contribuent pas seulement à égaliser et à redistribuer le revenu au cours de la vie et entre les groupes sociaux, mais ils favorisent une amélioration de la « qualité » de l'emploi, ce qui a des retombées d'ordre économique. On peut en déduire que les organisations comme les coopératives qui se font les défenseurs à la fois des dimensions sociales et économiques contribuent pour beaucoup à la cohésion sociale des collectivités rurales et éloignées.

III   Qui doit prendre l'initiative?

Quantité de recherches prouvent que l'édification de collectivités durables et autonomes doit se faire « à partir de la base » par le biais « d'initiatives ascendantes ». Alors que les initiatives locales ont besoin de structures de soutien et de possibilités permanentes de formation, d'éducation et de perfectionnement des qualités de chef, ce dont elles ont besoin avant tout, c'est de contribuer à planifier l'avenir de leur propre collectivité. Il arrive qu'elles aient besoin de concepteurs de coopératives ou de conseillers en développement des collectivités pour faciliter la planification et la réflexion stratégique.

Dans leur rapport intitulé Les dimensions institutionnelles du rapport entre l'État et le secteur des coopératives dans le développement : expériences européennes, Martine Vézina, Daniel Côté et Luc Bernier examinent l'expérience de quatre pays européens, soit l'Espagne, la France, l'Italie et le Portugal, et concluent que « la responsabilité de la création d'une coopérative doit être assumée avant tout par les intervenants du domaine ». Ils font valoir que l'élan et l'initiative « doivent provenir de la base ».

Pour ce qui est du rôle du gouvernement, une étude réalisée en 1999 par Brett Fairbairn, du Centre for the Study of Co-operatives de la University of Saskatchewan, et intitulée Co-operative Development and the State: Case Studies and Analysis, propose des études de cas des États-Unis et d'Australie et affirme ceci : « Lorsque les organismes gouvernementaux sont proactifs tout en respectant l'autonomie des coopératives, comme c'est le cas du ministère de l'Agriculture des États-Unis ou de certains gouvernements des États australiens à certaines périodes, il en résulte de grands nombres et de nouveaux types de coopératives ». Cela incite à croire qu'un gouvernement proactif peut tenir lieu de structure de soutien extérieur.

Dans un article paru en mai-juin 1996 dans le Harvard Business Review, Henry Mintzberg préconise une société équilibrée avec des secteurs privé et public puissants et une grande force dans les secteurs situés entre les deux. Il en tire quatre conclusions :

  • le secteur privé n'est pas entièrement bon, le gouvernement n'est pas entièrement mauvais;
  • le secteur privé peut autant apprendre du secteur public que le secteur public peut apprendre du secteur privé, et les deux ont beaucoup à apprendre des coopératives et des organisations non gouvernementales (ONG);
  • nous avons besoin d'un gouvernement fier et puissant;
  • avant tout, nous avons besoin d'un équilibre entre les différents segments de la société.

Les recherches déjà mentionnées de Paul Wilkinson et Jack Quarter dans la région d'Evangeline, dans l'Île-du-Prince-Édouard, appuient résolument ce point de vue, comme le font les travaux de Stewart Perry et Mike Lewis, qui prétendent que les collectivités doivent en définitive se doter d'un amalgame d'organisations, y compris celles qui ciblent des catégories précises de citoyens et celles qui oeuvrent avec une base hétérogène et éparpillée de résidants et d'institutions disséminées sur un vaste secteur géographique. Les structures des coopératives sont adaptables sur un tel continuum de portée et d'échelle. Par exemple, la structure est utilisée dans certains cas pour fournir des services de soins à domicile à certains groupes, notamment aux personnes âgées, aux personnes ayant une déficience physique et à d'autres qui ont besoin de soins à domicile. On peut mettre cet exemple en contraste à l'utilisation des structures des coopératives pour prodiguer des soins de santé à un niveau plus général afin de répondre aux besoins diversifiés de nombreuses collectivités ou même d'une région.

Cela cadre étroitement avec le point de vue du Groupe de travail selon lequel :

« Les professionnels de la création de coopératives, avec le concours des résidants des collectivités locales et des membres des organismes communautaires existants, doivent diriger le processus, les gouvernements et autres intervenants faisant partie d'une structure de soutien à l'intérieur comme à l'extérieur de la collectivité. »

« Il faut que les associations de coopératives et les organismes gouvernementaux compétents recueillent des histoires sur ce qui se passe à travers le pays et les affichent sur un site Web accessible à toutes les collectivités. Une liste d'expédition pourra être créée si les participants des collectivités estiment que cela leur serait utile. »

IV   Quels sont les obstacles?

Le secteur des coopératives a fort bien illustré les obstacles qui empêchent l'utilisation des structures des coopératives dans toute situation de développement économique des collectivités, et ces obstacles concordent avec l'analyse du Groupe de travail. Ces obstacles sont les suivants : manque de connaissance du modèle; image des coopératives; absence de capitaux; résistance face au modèle; le fait de ne pas toujours être inclus dans l'élaboration des politiques et des programmes gouvernementaux; le nombre restreint de personnes qualifiées dans la création des coopératives et le soutien permanent des nouvelles coopératives; les autres problèmes propres aux collectivités rurales et éloignées.

Les tableaux qui suivent décrivent les rôles respectifs du secteur des coopératives et du gouvernement pour affronter ces obstacles.

1. Visibilité et sensibilisation

Obstacles Rôle du secteur des coopératives Rôle du gouvernement
Méconnaissance du modèle; ne constitue pas une option qui vient à l'esprit en même temps que d'autres modes d'organisation d'une entreprise. Mettre au point ses propres organes de communication et d'éducation : Atlantic
Co-operator; présentations du Worker Co-operative Development Fund (WCDF) aux groupes intéressés; Nova Scotia Co-op Council; programmes scolaires de coopératives d'épargne et de crédit.
Le gouvernement doit s'assurer que les citoyens se voient offrir la chance de choisir la structure qui répond le mieux à leurs besoins. Par exemple, en 1999, une trousse d'information sur les coopératives a été conçue pour les Centres de services aux entreprises du Canada.
Les coopératives sont perçues comme étant compliquées, non rentables, les solutions d'hier aux problèmes d'aujourd'hui -résistance face au modèle. Organiser des tribunes et nouer des relations avec les médias, faire la promotion des coopératives auprès des divers groupes d'intérêt. Par exemple, la conférence Women Work in Co-ops (Vancouver, 1998) a attiré les femmes vers les nouvelles coopératives ainsi que ceux et celles qui souhaitaient en savoir plus long sur le modèle; camps et programmes pour les jeunes (CCA - bureaux régionaux); couverture médiatique du lauréat du prix national (boeuf tendre de Coop Atlantique).

Un récent sondage d'opinion réalisé par le CCC et la CCA démontre que les Canadiens perçoivent les coopératives d'un oeil très favorable.

Il faut subventionner les recherches d'étudiants inscrits à un programme spécialisé ou de 2e ou 3e cycles. Par exemple, diverses bourses : Laidlaw, Bromberger, etc.
Il faut songer à trouver de nouveaux usages aux structures des coopératives pour atteindre les objectifs actuels en matière de politique publique. Par exemple, en 2000, une étude a été entreprise moyennant l'aide financière du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien pour examiner le rôle des structures des coopératives dans le développement des communautés autochtones.

2. Ressources pour les nouvelles jeunes entreprises

Obstacles Rôle du secteur des coopératives Rôle du gouvernement
Absence de capitaux. Trouver de nouvelles sources de capital-risque et fournir des conseils sur les structures novatrices pour attirer des capitaux et les mettre en commun. Par exemple, le Community Catalyst Fund du Centre régional de développement coopératif (CRDC) à Moncton; structures novatrices - coopératives de la nouvelle génération, coopératives engageant des intervenants multiples. Il faut traiter les coopératives sur un pied d'égalité pour s'assurer qu'elles ont accès aux outils financiers dont elles ont besoin pour construire une solide assise financière. Par exemple, la nouvelle Loi canadienne sur les coopératives procure aux coopératives les mêmes outils dont disposent d'autres types d'entreprises pour assurer un niveau de financement suffisant.

Un projet coopératif de deuxième phase financé par le FCADR et le secteur des coopératives se penchera sur les problèmes de capitalisation des coopératives, en particulier des coopératives agricoles.

Régime d'investissement coopératif au Québec.
Elles ne sont pas toujours incluses dans l'élaboration des programmes et des politiques de l'État qui s'adressent aux entreprises ni dans l'élaboration de la politique générale d'emploi. Surveillance par la CCA et le CCC; conseils provinciaux; participation à des conférences avec les membres du gouvernement. Il faut traiter les coopératives sur le même pied que les autres types d'entreprises. Par exemple, les formulaires de demande de fonds dans le cadre des programmes d'innovation environnementale et de technologies de l'information qui précisent le type d'incorporation doivent mentionner les coopératives.

3. Expertise technique à l'appui de la création de coopératives

Obstacles Rôle du secteur des coopératives Rôle du gouvernement
Pénurie de concepteurs de coopératives expérimentés et bien informés. Déterminer le bassin existant et dispenser une formation aux parties intéressées. Par exemple, le Worker Co-operative Development Fund (WCDF).

Collaboration avec d'autres établissements d'enseignement.

Le registre du B.C. Institute of Co-operative Study.

Élargir les liaisons en dehors des coopératives.

Les coopératives de développement régional au Québec.

Participation aux réseaux de développement économique des collectivités (DEC) et formation des concepteurs de collectivités au sujet du potentiel des coopératives et des réussites passées.
Prendre des mesures en faveur de la création de coopératives qui contribuent aux objectifs des politiques publiques. Par exemple, le fonds renouvelable des coopératives de travailleurs, qui comporte un volet d'assistance technique. Ce programme vise les régions où le taux de chômage est élevé.

Le projet coopératif de deuxième phase financé par le FCADR offrira certaines séances de développement du leadership aux membres des conseils d'administration des coopératives.

Le fonds d'investissements stratégiques fédéraux annoncé récemment pour la création de coopératives renforcera les capacités de création de coopératives.
Soutien suivi après la création d'une coopérative. Procurer l'appui nécessaire aux coopératives existantes. Par exemple, la Co-op Housing Federation et ses programmes; le Worker Co-operative Development Fund (WCDF); les instituts de recherche partiellement subventionnés par le secteur des coopératives.

Établir des réseaux de dirigeants de coopératives.

Mettre au point une structure fédérée pour tous les secteurs au Québec.
Les coopératives doivent avoir accès aux mêmes services de soutien que les autres types d'entreprises. Par exemple, les crédits d'impôt à la recherche et les programmes d'appui aux exportations.

4. Obstacles propres aux collectivités rurales et éloignées

Obstacles Rôle du secteur des coopératives Rôle du gouvernement
Assiette fiscale limitée. Concevoir et promouvoir des modèles qui font un usage efficace des ressources disponibles. Par exemple, modèle coopératif communautaire, modèle à intervenants multiples. Les citoyens des régions rurales et éloignées du Canada doivent disposer de chances égales d'accès aux services par rapport à leurs homologues citadins. Par exemple, un programme d'infrastructure.
Capacité sociale, éviter le surmenage des dirigeants des petites collectivités. Élargir la base de la participationdes collectivités en offrant des chances de participation à divers niveaux pour acquérir des compétences. Par exemple : des cours de formation et de perfectionnement des administrateurs sont offerts grâce aux efforts des coopératives, et la participation des administrateurs est financée par chaque coopérative; le Metro Credit Union et le Social Audit Committee peuvent être un bassin de recrutement pour les candidats aux conseils; l'initiative Desjardins sur la coopération au niveau communautaire. Appuyer les démarches de renforcement des capacités des collectivités. Par exemple, l'Initiative de développement rural.
Isolement et distance S'efforcer de surmonter l'isolement en faisant un usage inventif des technologies des communications, des conférences et de l'enseignement à distance. Par exemple, assemblées annuelles de la Centrale des caisses de crédit; les coopératives d'épargne et de crédit financent la mise au point de nouvelles technologies dans les collectivités; installation d'ordinateurs à l'interne et séances sur la façon de s'en servir. Les citoyens des régions rurales et éloignées du Canada doivent avoir les mêmes chances d'accès aux services que leurs homologues citadins. Par exemple, accès Internet à haute vitesse et large bande.

V   Orientation déterminante

En dépit des obstacles mentionnés ci-dessus, les coopératives ont réussi à apporter une précieuse contribution avec le temps car elles savent comment faire des affaires dans les collectivités rurales et éloignées et qu'elles adoptent une démarche ascendante. C'est pourquoi les gouvernements doivent cibler leurs ressources destinées au développement économique des collectivités (DEC) et des entreprises sur les structures d'entreprise propres aux collectivités rurales et éloignées comme les coopératives, les entreprises autochtones et les petites et moyennes entreprises (PME).

Toutefois, comme nous l'avons vu plus haut, loin de considérer les coopératives uniquement comme des entreprises, il faut y voir des outils de développement économique des collectivités. Le développement économique des collectivités désigne le processus qui consiste à créer de nouvelles possibilités d'emploi, à rehausser le revenu des ménages, à accroître la richesse des collectivités et à améliorer la qualité de vie locale, de même qu'à concilier les préoccupations d'ordre économique, social et environnemental.

Les coopératives sont des vecteurs essentiels du développement économique des collectivités (DEC). Les coopératives développent les économies locales :

  • elles bloquent les capitaux au sein de la collectivité;
  • elles ont une structure de propriété collective;
  • elles emploient des gens locaux ET aident à perfectionner leurs compétences et à renforcer leurs capacités;
  • elles exploitent les avantages économiques qui peuvent ne pas donner de résultats dans le modèle de marché;
  • elles ont des comptes à rendre à la collectivité;
  • elles permettent l'élaboration d'infrastructures organisationnelles et offrent le potentiel d'établir des partenariats;
  • elles ont de solides antécédents de résolution des problèmes d'exclusion sociale et aident les marginalisés à s'aider eux-mêmes.

Les coopératives réussissent à apporter cette précieuse contribution aux collectivités rurales et éloignées en raison des quatre caractéristiques des structures des coopératives décrites dans les pages qui suivent.

1. Détermination, facilitation et formation des dirigeants

Enjeux et vision Contribution des coopératives Exemples de réalisations
Enjeux
  • Surmenage des bénévoles
  • Fossé entre les régions urbaines et rurales au niveau des compétences
  • Renforcement des capacités des collectivités
  • Vision partagée et élan positif
  • Capacité de retenir et d'attirer les jeunes
  • Capacité de tirer des leçons de l'expérience de la population vieillissante
  • Approche « ascendante »
Vision du Groupe de travail

« De par leur nature démocratique, les coopératives font appel à la participation des citoyens et elles forment des dirigeants qui entreprendront d'autres projets dans la collectivité. »

  • Collaborer avec les collectivités pour déterminer les principales organisations et personnes vouées au leadership.
  • Déterminer les atouts et les besoins de la collectivité, de même que les principaux objectifs, en favorisant la conciliation des priorités sociales et économiques.
  • Déterminer les secteurs auxquels les coopératives ont le plus de chances de contribuer : la création d'emplois (nouveaux projets et projets de fusion par absorption); prestation de services financiers, soins de santé, soutien des familles et autres services sociaux; alimentation (à la fois dans les magasins et dans l'agriculture communautaire); installations de loisirs communautaires; emploi et formation des jeunes; etc.
  • Collaborer avec les dirigeants pour atteindre les objectifs de la collectivité, en renforçant les compétences locales en cours de route.
Plus de 50 p. 100 des membres de l'assemblée élue du Nunavut ont suivi une formation en tant que représentants élus de leurs coopératives locales.

Le Regroupement québécois des coopérateurs et coopératrices de travail permet aux jeunes de vivre des expériences qui les instruisent sur la démocratie, la gestion d'une entreprise et le monde du travail. Ces coopératives de jeunes, qui comptent de 12 à 15 jeunes âgés de 14 à 17 ans, mettent sur pied des entreprises coopératives afin de créer des emplois pour eux-mêmes au sein de la collectivité. Ces coopératives insistent toutes sur la coopération, la gestion d'une entreprise et la participation communautaire.

2. Possibilités existant dans les collectivités (expressément pour régler les problèmes de rétention et de renouveau)

Enjeux et vision Contribution des coopératives Exemples de réalisations
Enjeux
- Attirer des investisseurs
- Retenir le capital humain
- Attirer des entreprises et les retenir
- Tenir compte des besoins d'une population vieillissante, notamment dans le domaine des soins de santé
- Mettre en place des infrastructures pour avoir accès à l'autoroute de l'information

Vision du Groupe de travail

« La prédominance des structures des coopératives au service de nombreuses collectivités rurales et éloignées au Canada signifie que ce type d'entreprise joue un rôle appréciable qui permet aux collectivités d'effectuer la transition vers "l'économie du savoir".»
-Renforcer les capacités de la collectivité en créant stratégiquement des coopératives dans les secteurs clés pour qu'elles deviennent des points d'ancrage et qu'elles donnent de l'élan à un développement plus poussé. Les coopératives contribuent au capital humain, à la capacité institutionnelle de la collectivité, au capital nominal (en particulier les actifs qui appartiennent à la collectivité), au capital social, à de nouveaux modes de gouvernance (axés sur la responsabilisation et la transparence).
-Bâtir des structures de soutien à l'intérieur comme à l'extérieur de la collectivité.
Arctic Co-operatives Limited (ACL) a créé une coentreprise avec NorthwestTel et la Northern Aboriginal Services Company (NASCO), qui a abouti à la création de ARDICOM Digital Communications Inc., laquelle veille à ce que les collectivités du Nord aient accès aux toutes dernières technologies de communication (vidéoconférence, Internet, télémédecine et télésanté).

Accessible Technologies est un cabinet-conseil en informatique qui offre une expertise dans les domaines suivants : multiples systèmes d'exploitation; technologies de constitution de réseaux; formation assistée par ordinateur. L'entreprise est constituée en coopérative de travailleurs à Westmount, en Nouvelle-Écosse.

3. Gérance des terres et des ressources

Enjeux et vision Contribution des coopératives Exemples de réalisations
Enjeux
- Base de ressources durables
- Des communautés et un environnement sains

Vision du Groupe de travail

« Les structures des coopératives représentent les intérêts de la collectivité, notamment pour l'environnement, la qualité de l'eau, le développement culturel et les services de santé. »
-Tirer parti de l'écologisme, par exemple avec de nouveaux projets respectueux de l'environnement et d'autres projets dans le secteur de l'environnement.
-Recourir à des vecteurs comme les projets agricoles soutenus ou partagés par la collectivité pour établir des liens entre les citadins et les agriculteurs, tout en préservant la terre et l'exploitation familiale. -Qualité de l'eau, énergie renouvelable, etc.
À Terre-Neuve, la Gros Morne Co-operating Society on Environment regroupe des intervenants qui tiennent à protéger le milieu naturel lié à ce site du patrimoine mondial de l'UNESCO.

La Cowichan Lake Community Forest Co-operative en Colombie-Britannique permet aux résidants locaux de participer à la planification, l'entretien et l'utilisation des ressources dans la région. La structure des coopératives permet à la collectivité d'aménager ses ressources forestières de manière à créer des emplois et à les maintenir tout en adoptant une approche responsable à l'égard de l'environnement.

La Glen Valley Organic Farm Co-operative en Colombie-Britannique a pour vision de nourrir et d'éduquer les générations actuelles et futures en détenant les terres sur le mode coopératif et en en assurant la gérance et l'exploitation durable.

4. Fourniture de produits et de services

Enjeux et vision Contribution des coopératives Exemples de réalisations
Enjeux

- Besoins d'une population vieillissante
- Satisfaction des besoins des nouveaux immigrants
- Taux de mortalité généralement supérieurs en milieu rural
- Approche « ascendante »
- Satisfaction des besoins des jeunes et des familles

Vision du Groupe de travail

« Les coopératives sont souvent les seuls agents de prestation des services dans les collectivités rurales et éloignées du Canada. »
-Cadre avec les décisions de la collectivité sur l'ampleur des produits et des services nécessaires localement. Une étude réalisée en 1998 par le Centre for the Study of Co-operatives de la University of Saskatchewan et intitulée The Social and Economic Importance of the Co-operative Sector in Saskatchewan a affirmé que les coopératives se comportent différemment des autres établissements sur le plan des prix, de l'engagement à l'égard de la collectivité, de la capacité à fournir certains types de biens et de services et de la capacité à conserver une plus grande partie de la valeur engendrée dans l'économie locale au sein de la collectivité. Cela est particulièrement vrai dans les plus petites collectivités et celles qui sont isolées sur le plan géographique.

Les Federated Co-operatives Ltd. (FCL) et les coopératives de détaillants qui en sont membres servent quelque 750 000 membres par le biais de plus de 300 coopératives de détaillants autonomes, dont la plupart sont situées en milieu rural.

Dans plusieurs régions du Canada, mais en particulier dans les Prairies, les coopératives d'épargne et de crédit ont pris le contrôle des succursales des grandes banques situées dans les régions rurales pour assurer le maintien des services dans ces collectivités alors que ces succursales auraient autrement fermé leurs portes.

VI Recommandations

Comme en témoigne cet article, les coopératives jouent un rôle important pour relever les principaux défis auxquels sont confrontées les collectivités rurales et éloignées, à la fois comme pourvoyeurs de services et comme outils de développement économique des collectivités. En outre, il importe de noter que la plupart des coopératives servent leurs membres et leurs collectivités moyennant le minimum d'appui, sinon aucun, de la part de groupes extérieurs, y compris les gouvernements. C'est pourquoi, pour ajouter de la valeur à ce que fait déjà ce secteur, le Groupe de travail sur les coopératives et le milieu rural recommande ce qui suit :

  1. Il faut accroître la notoriété de l'option « coopérative » comme outil de développement des collectivités rurales et éloignées en assurant qu'elle entre en ligne de compte dans toutes les activités d'élaboration de politiques et de programmes. Cela englobe des organisations comme la Fondation canadienne pour l'innovation, qui subventionne les recherches et l'excellence, et des programmes comme le Fonds pour l'adaptation des services de santé, qui appuie les approches novatrices à la prestation des soins de santé.
  2. Les ressources consacrées au développement économique des collectivités et à la création d'entreprises doivent être axées sur les structures propres aux collectivités rurales et éloignées du Canada comme les coopératives, les entreprises autochtones et les petites et moyennes entreprises (PME).
  3. Les coopératives doivent être traitées sur le même pied que toute autre entreprise en ce qui concerne le traitement fiscal des bénéfices non répartis, le réinvestissement des ristournes dans la coopérative et d'autres mesures visant à attirer les investisseurs, notamment les divers produits financiers offerts par les institutions financières de l'État.
  4. Les collectivités rurales et éloignées doivent avoir accès à des services consultatifs pour les groupes qui veulent créer de nouvelles coopératives pour subvenir aux besoins locaux. L'annonce récente de l'investissement fédéral de 15 millions de dollars au cours des cinq prochaines années contribuera à atteindre cet objectif.
  5. Les structures des coopératives doivent être considérées comme un outil de renforcement des capacités des collectivités rurales et éloignées. Les coopératives communautaires servent de modèle de gestion excellent en permettant aux résidants locaux, aux entreprises et aux ONG de relever les défis auxquels ils sont confrontés.
Mise à jour : 2006-11-30
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