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Le développement des coopératives autochtones au Canada

Rapport présenté à l'honorable Andy Mitchell, secrétaire d'État (Développement rural et FedNor) par le Comité consultatif du ministre sur les coopératives

Les membres du Groupe de travail sur les coopératives autochtones sont : Bill Lyall (président), Jim Barr et Jill Kelly

Novembre 2002


Introduction

En 1996, le rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones a fait ressortir le besoin pressant de rétablir les économies autochtones décrites comme désorganisées, marginalisées et grandement dépouillées de leurs terres et de leur base de ressources naturelles. La Commission juge que la situation mérite qu'on s'y attarde de toute urgence, parce que tout progrès vers l'autonomie administrative serait grandement limité par le développement et la capacité des économies autochtones. En outre, la population autochtone connaît la croissance la plus importante au Canada, de sorte que des milliers de jeunes entrent sur le marché du travail chaque année. Le présent rapport étudie le contexte politique, les expériences passées et présentes des coopératives comme modèle de développement pour les Autochtones, et présente des recommandations en vue d'accroître le concours du modèle coopératif au développement de collectivités autochtones fortes.

Contexte stratégique

Le discours du Trône 2001 a confirmé l'importance de l'amélioration de la qualité de vie des Autochtones tout en continuant à se pencher sur les relations avec les dirigeants autochtones.

« La création et le partage de débouchés ne revêtent nulle part autant d'importance que chez les peuples autochtones.
«Trop nombreux sont les autochtones qui vivent encore dans la pauvreté, dépourvus des ressources nécessaires pour construire leur propre avenir et celui de leurs communautés. »

Discours du Trône, le 30 janvier 2001

Plusieurs engagements clés du discours du Trône sont liés à des secteurs où la contribution possible des coopératives est prouvée. En matière d'amélioration de la qualité de vie, les coopératives ont des antécédents avérés dans la prestation de services de logement et de soins de santé, ainsi que dans la création et le maintien d'emplois; au chapitre du renforcement des institutions de gouvernance, le modèle coopératif est fondé sur le contrôle démocratique et il a agit comme une école de processus décisionnel démocratique et d'administration d'entreprise; en matière de promotion des possibilités économiques, les coopératives sont des entreprises saines et prospères qui contribuent au renforcement des capacités entrepreneuriales des collectivités et qui ont été particulièrement présentes dans le secteur des ressources naturelles (agriculture, foresterie, pêches, etc). Dans le Nord, les collectivités utilisent leurs coopératives de détail comme outil de développement et élargissent leurs activités commerciales en s'orientant vers la câblodistribution, l'hébergement touristique, la vente d'équipement de chasse et de pêche, la distribution de produits pétroliers, l'offre de divers contacts pour la construction d'installations, la prestation de services postaux, la location de bureaux, la prestation de services à des collectivités minières, etc.

Récemment, les gouvernements ont mis l'accent sur les programmes et les projets axés sur les résultats et sur l'élaboration d'indicateurs de rendement appropriés pour montrer qu'ils font un usage optimal des ressources et pour répondre aux pressions publiques visant une plus grande responsabilisation.

Parallèlement, les Premières nations ont manifesté un intérêt grandissant pour le développement d'économies autochtones solides, comme il est ressorti des négociations qui leurs permettraient d'accéder aux terres et aux ressources naturelles.

On doit tenir compte d'un autre facteur important, soit le récent transfert des responsabilités de la majorité des dépenses des programmes aux Premières nations. Ceci représente 85 p. 100 des programmes du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Les effets de cette nouvelle tendance sont jugés préjudiciables aux coopératives, particulièrement celles du Nord. Plus de 90 p. 100 des Inuits habitant le Nunavut, le Nunavik et les Territoires du Nord-Ouest sont membres des coopératives, mais de moins en moins de fonds de développement sont versés pour le développement plus poussé de coopératives (agrandissement ou création).

Le récent discours du Trône, prononcé le 30 septembre 2002, a rappelé l'engagement du gouvernement du Canada à améliorer la qualité de vie des Autochtones et à combler l'écart dans les chances de vie entre les Canadiens autochtones et non autochtones.

« Le gouvernement fera la promotion de l'entrepreneuriat et de la création d'emplois auprès des Autochtones en accroissant l'aide apportée à Entreprise autochtone Canada. Il adaptera et ciblera également ses programmes de formation pour aider les Autochtones et les Inuits à participer aux avantages économiques générés par le développement de la baie de Voisey, les gazoducs du Nord ou d'autres projets semblables ailleurs au pays. »

« Dans plusieurs villes, la pauvreté est concentrée de façon disproportionnée chez les Autochtones. Le gouvernement collaborera avec les provinces intéressées et étendra l'application des projets pilotes existants afin de répondre aux besoins des personnes autochtones qui vivent dans les villes. »

« Le gouvernement ciblera ses activités de développement économique régional pour mieux répondre aux besoins de l'économie du savoir et permettre aux communautés urbaines, rurales et nordiques de faire face à des difficultés qui leur sont propres. »

Conditions socio-économiques des Autochtones

1

L'état actuel du développement économique des collectivités et des nations autochtones est, à l'heure actuelle, très insatisfaisant. Par exemple, une étude 2 récente sur le retard économique des Autochtones en Saskatchewan montre qu'ils sont généralement plus pauvres et moins instruits que les non-Autochtones et qu'ils sont victimes de chômage chronique. Selon cette étude, le revenu personnel moyen des Autochtones équivaut à 56 p. 100 de celui des non-Autochtones; 60,4 p. 100 de la population autochtone de la Saskatchewan âgée de plus de 15 ans n'a pas terminé ses études secondaires; et le taux de chômage estimé de l'ensemble de la collectivité autochtone est de 53 p. 100. Les auteurs de l'étude prévoient que ces chiffres vont continuer d'augmenter, ce qui se traduira par une baisse du potentiel économique et du PIB des collectivités autochtones et non autochtones, sans compter les coûts sociaux énormes qu'impliquent invariablement ces chiffres.

Une étude récente, menée à l'échelle nationale, du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien met en lumière bon nombre des problèmes économiques et sociaux que connaissent les personnes vivant dans les réserves indiennes. 3

  • Plus de 29 p. 100 de la population de plus de 15 ans a moins de neuf ans de scolarité, soit plus du pourcentage national.
  • Le pourcentage de la population des réserves ayant une formation universitaire bien qu'en hausse, n'augmente pas plus rapidement que le pourcentage correspondant dans la population en général.
  • Le pourcentage d'hommes dans la population active s'établit à 58 p. 100, soit 15 de moins que chez les non-Autochtones (à caractéristiques comparables) et 24 de moins que la moyenne nationale.
  • Le pourcentage de femmes dans la population active est de 45 p. 100, soit près de 13 p. 100 de moins que chez les collectivités non autochtones équivalentes et 19 points sous la moyenne nationale.
  • Le faible pourcentage de jeunes dans la population active est particulièrement inquiétant : il s'établit à 56 p. 100 seulement, soit 14 points de moins que dans les collectivités non autochtones équivalentes et 18 points sous la moyenne nationale.
  • Le taux de chômage est de 28 p. 100 dans l'ensemble de la collectivité autochtone, ce qui est largement supérieur aux 10 p. 100 qui caractérisent les autres collectivités comparables.

La situation des collectivités inuit, inuvialuit et innu est tout aussi inquiétante.

  • Des taux de chômage de 50 à 70 p. 100 sont fréquents dans beaucoup des collectivités de l'Arctique.
  • Une trop grande proportion des emplois les mieux rémunérés est encore occupée par des personnes originaires du Sud.
« Les chefs autochtones souhaitent que le développement économique soit fondé sur un processus qui tient compte de l'histoire, des aspirations collectives, de la diversité économique et des réalités sous-jacentes de chaque collectivité autochtone. » 4

Le mouvement coopératif autochtone à l'heure actuelle

5

Au Canada, on compte environ 133 coopératives dont les membres sont principalement autochtones. La plupart de ces coopératives se trouvent dans des collectivités peu peuplées et éloignées, même si on remarque un intérêt grandissant dans les grandes collectivités situées plus près des grandes villes et même un certain intérêt chez les Autochtones habitant dans les villes.

Nous avons obtenu beaucoup de renseignements sur 77 (ou 57 p. 100) de ces coopératives parce qu'elles ont présenté des données au Secrétariat aux coopératives. Nous croyons également que pratiquement toutes les plus grandes coopératives ont soumis des données au Secrétariat et que par conséquent les renseignements fournis représentent bien plus que 57 p. 100 des membres et des activités commerciales actuelles des coopératives autochtones au Canada.

Plus de la moitié des coopératives se trouvent dans les Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut et au Nunavik. Elles ont été mises sur pied au cours de la fin des années 1950, et leur nombre a rapidement augmenté au cours des années 1960 et 1970, en grande partie grâce aux efforts des fonctionnaires des Affaires du Nord et d'autres « sudistes » au courant du développement des coopératives et intéressés par le mouvement. L'approche coopérative s'est révélée très populaire dans l'Arctique et, en général, de plus en plus populaire dans le Nord; au milieu des années 1990, pratiquement toutes les collectivités du Grand Nord avaient une coopérative.

Selon Arctic Co-operatives Limited, plus de 95 p. 100 des membres des coopératives du Nord sont autochtones, les 5 p. 100 restants étant des personnes originaires du Sud habitant dans le Nord. Les Inuits forment le plus grand groupe de membres, particulièrement au Nunavut et au Nunavik. Dans l'Arctique occidental, un nombre important d'Inuvialuits et de Dénés sont également membres, et ces dernières années, les Dénés joignent en plus grand nombre des coopératives existantes et mettent sur pied de nouvelles coopératives. Donc, dans le présent rapport, les coopératives de cette région seront appelées « les coopératives de l'Arctique ».

Les coopératives de l'Arctique ont créé deux fédérations distinctes de coopératives : la première, l'Arctic Co-operatives Limited (ACL), dessert les coopératives du Nunavut et des T.N.-O., et la seconde, la Fédération des coopératives du Nouveau Québec, dessert les coopératives du Nunavik. Ces fédérations ont permis de stabiliser les coopératives du Nord, en créant des normes de comptabilité, de commercialisation et d'emploi pour l'ensemble du système, et en représentant les membres auprès des gouvernements. En outre, l'ACL est un membre-propriétaire de Federated Co-operatives, coopérative de gros de Saskatoon appartenant à des coopératives de l'Ouest canadien (et par le biais de l'ACL, dans le Nord canadien).

Au Québec, un deuxième réseau est associé au Mouvement Desjardins. En plus des six caisses populaires que possèdent et exploitent des Autochtones exclusivement; il y existe environ 20 caisses populaires assurant aux Autochtones des services particuliers à leur collectivité. Nous avons également trouvé un petit nombre de coopératives de crédit autochtones en Ontario et plusieurs autres dans le Canada qui répondent aux besoins des Autochtones.

La seule autre grande concentration de coopératives autochtones se trouve dans le nord de la Saskatchewan. Il s'agit de coopératives qui ont été créées dans le cadre d'un programme à grande échelle lancé par le gouvernement de la Saskatchewan au cours des années 1940 et des années 1950. Le reste des coopératives est réparti dans le sud du Canada, leurs origines étant très individualistes et leurs buts, assez divers. Leurs activités sont également très variées : logement, commercialisation d'articles d'artisanat, ventes d'aliments au détail, coopératives de travailleurs forestiers, pêche, transport par autobus, etc.

Le mouvement coopératif autochtone est plus vaste que ce que la plupart pourraient croire. La coopérative est un véhicule pour le développement économique de la collectivité et permet de prospérer et de conserver à long terme des bénéfices dans la collectivité. Les 77 coopératives déclarées comptent plus de 24 000 membres. Ce chiffre est quelque peu trompeur, car le nombre de résidents du Nord s'approvisionnant dans les magasins est supérieur à ce qu'il laisserait croire. D'abord, les magasins servent également les non-membres, c'est-à-dire qu'il n'est pas nécessaire d'être membre pour acheter aux magasins. Ensuite, la plupart des membres sont en réalité des familles, et comme la plupart des familles autochtones dans le Nord sont plus nombreuses que la moyenne canadienne (et comprennent souvent des familles élargies), le nombre d'Autochtones présentement affiliés aux coopératives est sensiblement supérieur à 24 000.

Au total, les données révèlent que les Autochtones sont plus susceptibles d'être membres d'une coopérative que tout autre membre de la société canadienne bien que ce fait surprenant soit attribuable en grande partie à la percée des coopératives dans l'économie du Nord. En fait, les Autochtones du Nord sont quatre fois plus susceptibles d'être membres d'une coopérative que ceux du Sud.

Les coopératives autochtones faisant rapport au Secrétariat vendent annuellement près de 250 millions de dollars de services et de produits, et ce montant augmente de façon constante chaque année depuis les dix dernières années. Elles possèdent un actif de près de 190 millions de dollars, et les capitaux propres des membres s'élèvent à près de 90 millions de dollars. Les coopératives gèrent leurs liquidités de manière appropriée et entretiennent généralement bien leurs immeubles. Leurs économies nettes se situent autour de 7 millions de dollars chaque année, selon la mesure dans laquelle les coopératives ont amélioré leurs installations physiques. En 2001, Arctic Co-operatives Limited a payé un total de 3,6 millions de dollars en ristournes à leur coopérative locale des collectivités de l'Arctique.

Les 133 coopératives autochtones au Canada, particulièrement celles qui sont situées dans l'Arctique, contribuent énormément à l'économie des collectivités qu'elles servent par l'entremise d'entreprises locales et de grossistes qu'elles possèdent, et dont les profits ou les surplus leur reviennent.

Il est facile de ne pas accorder d'importance aux 7 millions de dollars d'économies nettes annuelles. Cet argent est entièrement généré par les entreprises de la collectivité, ce qui fait des coopératives l'une des formes les plus efficaces de développement économique dans la collectivité où elles existent. Presque toutes les économies sont réparties dans la collectivité et la majeure partie est dépensée dans la collectivité, stimulant les activités commerciales et économiques. L'« effet multiplicateur » a une certaine importance, bien qu'aucune étude n'ait été menée pour le mesurer.

Les coopératives emploient plus de 1 400 personnes, la coopérative moyenne en comptant environ 18. La majorité des employés sont Autochtones, sauf le plus souvent les gestionnaires, qui sont surtout non-Autochtones, même si cette tendance commence lentement à s'inverser. La formation et le maintien des gestionnaires autochtones sont l'un des défis les plus pressants auxquels font face les coopératives autochtones. En moyenne, les coopératives emploient généralement un peu plus de personnel que les entreprises comparables que des non-Autochtones possèdent et exploitent. Elles semblent également plus susceptibles de conserverses employés pendant les périodes difficiles.

Les coopératives paient mieux leurs employés que les autres entreprises locales équivalentes. Le taux de rémunération est toutefois inférieur à la moyenne nationale, ce qui peut poser problème à long terme. Cela peut également expliquer que certaines coopératives aient de la difficulté à garder leurs employés autochtones une fois qu'ils ont reçu la formation nécessaire.

Un aspect très important du rôle joué par les coopératives est qu'elles apportent une éducation et une formation considérables aux personnes qui leurs sont associées. Au cours d'une année, environ 1 000 personnes, pratiquement toutes Autochtones, occupent des postes d'agents élus au sein des coopératives. À ce titre, elles apprennent à analyser les états des résultats, travailler avec les gestionnaires, et en faire rapport de façon efficace à leur collectivité. Elles suivent des programmes de formation, se rendent à des séminaires et étudient les activités des fédérations. Elles étudient les procédures démocratiques officielles; en fait, plus de la moitié des membres de la Législature du Nunavut ont reçu une formation importante et ont de l'expérience à titre de dirigeant dans leur coopérative locale.

De même, les coopératives servent d'incubateurs alimentant les emplois dans les collectivités autochtones. Les employés se déplacent entre les coopératives associées aux fédérations de l'Arctique. Bon nombre ont obtenu des emplois dans la fonction publique et dans des entreprises privées grâce à la formation reçue dans les coopératives. D'autres ont lancé des entreprises privées qui font parfois concurrence aux coopératives, après avoir acquis les compétences nécessaires en affaires.

Les coopératives emploient beaucoup d'Autochtones. Elles ont fait et font d'importantes contributions par l'entremise de la formation et de l'éducation qu'elles offrent à leurs dirigeants élus et à leurs employés.

Un trait distinctif des coopératives autochtones est qu'elles sont engagées dans une large gamme d'activités commerciales, la plus commune étant le commerce au détail. La coopérative est le seul magasin dans certaines collectivités de l'Arctique; dans d'autres, il s'agit d'un important concurrent d'autres magasins, dont la plupart appartiennent à deux chaînes de magasins du Nord. Compte tenu de l'imputabilité inhérente à la structure coopérative, les magasins sont d'importants garants de la vente de produits au prix le plus raisonnable.

La plupart des coopératives de l'Arctique participent toutefois à diverses activités, y compris la commercialisation d'articles d'artisanat, la réparation de motoneiges, l'exploitation d'hôtels et l'organisation d'activités touristiques. Bon nombre exercent des activités dans le domaine des pêches et de la chasse aux mammifères marins, et certaines, dans la distribution d'électricité et la câblodistribution. Trois sont des coopératives de logement. Une des coopératives exploite une entreprise de transport par autobus qui assure le transport scolaire aux enfants de ses membres.

Les coopératives autochtones, particulièrement celles de l'Arctique, ont fait preuve d'un esprit d'entreprise remarquable en participant à une vaste gamme d'activités économiques.

Caractéristiques du modèle coopératif soutenant le développement de collectivités autochtones

Le mouvement coopératif octroie la propriété et le contrôle aux membres; ce mouvement a une longue histoire et a prouvé sa capacité à satisfaire tous les types de besoins.

  1. Les coopératives doivent être axées sur les besoins de leurs membres. Elles soulignent l'importance de la satisfaction des besoins des membres et de la réaction aux tensions locales. Ce sont des entités englobantes qui respectent les droits des particuliers et les valeurs des collectivités. De la sorte, elles peuvent devenir la meilleure manifestation des besoins et de la fierté de la collectivité. Elles peuvent être le genre d'institution entrepreneuriale et responsable dont de nombreux Autochtones veulent et ont indiscutablement besoin.

  2. Les coopératives reposent sur le principe démocratique « un membre, un vote », l'imputabilité des dirigeants élus et la nécessité pour les membres d'être renseignés sur leur coopérative. Elles peuvent, comme c'est le cas dans l'Arctique, reposer sur la tradition autochtone de la participation communautaire. Les sujets de préoccupation passent par un processus par lequel les groupes parviennent au consensus en réfléchissant et en discutant ensemble. Normalement, des traditions de ce genre peuvent être assimilées facilement à la prise de décision collective, qui est caractéristique d'un développement coopératif harmonieux.

    Neechi Foods, une coopérative de travailleurs du centre-ville de Winnipeg, est un exemple d'intégration réussie de la prise de décision participative dans une coopérative appartenant à des Autochtones. Cette entreprise a pu prospérer et continue de fournir de l'emploi, alors que les autres épiceries ont fermé leurs portes. Alors qu'elle appartient à une industrie extrêmement exigeante et très concurrentielle, la coopérative poursuit des objectifs nobles sur le plan social : harmonie, sensibilisation à l'environnement, justice sociale, et elle pratique un processus décisionnel prise de décision qui tient compte de l'opinion de ses employés.

  3. Les coopératives contribuent à resserrer les liens entre les membres au fil du temps en les encourageant systématiquement à investir davantage dans leur coopérative et en les faisant participer à diverses activités de l'entreprise. Elles peuvent aussi accroître de diverses façons créatives l'éventail des services économiques et sociaux qu'elles offrent à leurs membres; en fait, elles sont le type d'entreprise qui peut répondre aux besoins de la collectivité et qui peut être exploitée efficacement.

    Dans de nombreuses collectivités de l'Arctique, par exemple, non seulement les coopératives exploitent des commerces et vendent des objets d'art inuit, mais encore elles exploitent des hôtels, des entreprises de tourisme, des ateliers de réparation de machines et des bureaux de poste, de câblodistribution, etc.

  4. La priorité accordée aux besoins des membres et de la collectivité, les structures démocratiques et l'accroissement du degré de participation des membres sont des traits qui impliquent que la formule coopérative pourrait devenir une réponse puissante au défi lancé dans la Déclaration de Wahbung de la Fraternité des Indiens du Manitoba à la fin des années 1960 :

    Un siècle d'administration gouvernementale et de contrôle exercé par l'État et l'Église et les effets de vivre tributaires de l'État - où presque toutes les décisions touchant votre vie et votre avenir sont prises par d'autres - nécessitent une redéfinition de l'engagement communautaire. [Traduction libre]

    Frank Cassidy and Robert Bish, Indian Government: Its Meaning in Practice (Lantzville, BC: Oolichan Books and The Institute for Research on Public Policy, 1995), p. 94.
  5. Les coopératives tiennent à être indépendantes de la politique et de l'entreprise privée, et cette autonomie est souvent gage de succès. Par exemple, l'une des raisons expliquant le succès des coopératives de l'Arctique est qu'elles ont pris leurs distances par rapport à la politique et elles ont entretenu des rapports fructueux avec les gouvernements.

  6. La tradition coopérative souligne l'importance de la collaboration entre coopératives. Une fois de plus, l'expérience d'Arctic Co-operatives Limited montre largement l'importance de ce principe. Le Co-operative College of Canada a donné de la formation aux dirigeants élus et aux gestionnaires des coopératives de l'Arctique lorsqu'elles étaient au stade embryonnaire. De son côté, Federated Co-operatives a fait preuve de beaucoup de souplesse et de constance en offrant soutien durable aux coopératives du Nord au cours des années, et la compagnie d'assurances Les Coopérateurs a été un investisseur et un bon partenaire commercial.

  7. Les coopératives sont profondément attachées à leur collectivité. Elles ne peuvent être vendues sans l'accord des membres, ce qui devrait dissiper les craintes qu'entretiennent les Autochtones quant à la possibilité que leurs entreprises les plus prospères échappent à leur contrôle. Les coopératives sont une forme d'entreprise qui ne peut être vendue, quels que soient les intérêts des principaux. Autrement dit, lorsqu'elle est bien administrée, la coopérative contribuera en permanence au bien-être économique et social de la collectivité.

    Caractéristiques fondamentales des coopératives
    • axées sur les besoins des membres;
    • fondées sur les principes de la démocratie;
    • développent progressivement le sens de l'appartenance chez les membres;
    • favorisent la responsabilisation;
    • indépendantes de la politique, des pouvoirs publics et de l'entreprise capitaliste;
    • établissent des rapports de coopération entre elles;
    • préoccupées du sort des collectivités;
    • prônent un développement progressif et ordonnée.

  8. Huitièmement, les coopératives se développent progressivement, en reconnaissant les difficultés du développement personnel et du développement communautaire, en comptant sur l'effet cumulatif des programmes d'éducation et de formation, et en accumulant lentement des ressources en capital. Elles ne sont pas des « solutions miracles », mais lorsqu'elles sont prospères, elles favorisent à coup sûr la sécurité économique, la prise en main personnelle et la stabilité communautaire.

Obstacles à l'utilisation et à l'expansion du modèle coopératif

Plusieurs entraves à l'utilisation des structures coopératives sont communes à de nombreux secteurs d'activités et situations de développement. L'analyse du Comité correspond aux opinions du Secteur coopératif, et le rapport étoffe l'analyse des entraves faite dans d'autres rapports du Comité consultatif. Ces entraves sont les suivantes : méconnaissance du modèle; image des coopératives; manque de capitaux; résistance au modèle; oubli des coopératives, parfois, dans les programmes et politiques de l'État; faible nombre d'organisateurs expérimentés de coopératives et peu d'appui permanent aux nouvelles coopératives; autres problèmes propres aux collectivités autochtones.

Dans les tableaux qui suivent, nous exposons les rôles respectifs du Secteur coopératif et de l'État pour délier ces entraves.

1. Visibilité et sensibilisation

Entravess Rôle du secteur des coopératives Rôle de l'État
Méconnaissance du modèle, qui n'est pas une solution de rechange que l'on évoque avec d'autres formes d'organisation de l'entreprise
 
C'est particulièrement vrai des chefs autochtones, des sociétés de développement autochtones et des analystes de la politique et des agents de programme de l'État. Dans le Nord, c'est plus un problème d'image et de perception que de sensibilisation.
Élaborer ses propres organes de communication et d'éducation : p. ex. périodiques et journaux de coopératives comme l'Atlantic Co-operator, (Le Coopérateur).
 
Faire des présentations auprès des groupes intéressés et des autorités : p. ex. le Fonds d'investissement pour les coopératives de travail (FICT), programmes scolaires de coopératives d'épargne et de crédit.
 
Organiser des campagnes pour augmenter la visibilité des coopératives : p. ex. Semaine de la coopération et Journée internationale des coopératives d'épargne et de crédit.
Faire en sorte que les citoyens ont la possibilité de choisir la structure commerciale la plus conforme à leurs besoins : p. ex., en 1999, on a conçu une trousse d'information sur les coopératives pour les centres de services aux entreprises du Canada.
 
Lorsque les coopératives contribuent sensiblement à un secteur, les inclure dans l'analyse stratégique : p. ex. la Société canadienne d'hypothèque et de logement englobe les coopératives dans son analyse du secteur du logement social.
 
Appuyer l'effort des coopératives pour mieux faire connaître le modèle aux Canadiens, aux décideurs et aux promoteurs.
Perception des coopératives comme étant des organisations lourdes, non profitables, constituant des solutions obsolètes aux problèmes d'aujourd'hui -  résistance au modèle. Organiser des forums et nouer des relations avec les médias, promouvoir les coopératives dans les divers segments de la société : p. ex. La Conférence sur le travail des femmes dans les coopératives (Vancouver, 1998) a attiré les femmes dans des coopératives nouvelles et en devenir et les personnes intéressées au modèle; camps et programmes s'adressant à la jeunesse (bureaux régionaux de la Canadian Co-operative Association [CCA]); prix national à la couverture médiatique (bœuf tendre de Coop Atlantique).
 
Selon un sondage d'opinion récent du Conseil canadien de la coopération (CCC) et de la CCA, les coopératives sont très favorablement perçues par les Canadiens.
 
Bourses aux étudiants méritants et aux étudiants des cycles supérieurs en recherche : diverses bourses : Laidlaw, Bromberger, etc.
 
Nouer des alliances avec d'autres organismes de développement économique.
Envisager des applications novatrices du modèle coopératif pour répondre aux objectifs actuels de la politique publique : p. ex. en 2000 on a entrepris une étude avec l'aide financière du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien pour examiner le rôle des structures coopératives dans le développement des collectivités autochtones.
 
Appuyer la recherche montrant l'efficacité du modèle : p. ex. l'Initiative de développement coopératif annoncée en juin 2002 appuiera les projets d'innovation et de recherche démontrant l'étendue de l'emploi du modèle.


2. Ressources pour le développement coopératif

Entravess Rôle du secteur des coopératives Rôle de l'État
Manque de capitaux Susciter des sources de capitaux de risque et donner des conseils sur des structures innovatrices pour attirer et réunir les capitaux : p. ex. fonds de développement coopératif de l'Arctique; Capital régional et coopératif Desjardins (Québec); Fonds catalyseur pour les collectivités du Centre régional de développement coopératif (CRDC) de Moncton.
 
Structures novatrices : coopératives de la nouvelle génération; coopératives à partenaires multiples; coopératives de travailleurs actionnaires.
Traiter équitablement les coopératives pour faire en sorte qu'elles auront accès aux moyens fiscaux nécessaires au renforcement de leur assise financière : p. ex. la nouvelle Loi canadienne sur les coopératives donne à ces entités les mêmes moyens qu'aux autres formes d'entreprise pour leur assurer une capitalisation convenable : p. ex. régime d'investissement coopératif (Québec).
 
Un projet de coopérative financé par la phase II du Fonds canadien d'adaptation et de développement rural (FCADR) et le Secteur coopératif examinera les questions de capitalisation des coopératives, en particulier agricoles.
Pas toujours incluses dans les programmes et politiques de l'État visant les entreprises et la politique générale d'emploi Surveiller, par l'intermédiaire de la CCA et du CCC, des conseils provinciaux, la participation aux conférences avec le gouvernement. Collaborer étroitement avec les analystes de la politique pour démontrer la contribution des coopératives aux questions de politique et assurer leur inclusion dans les politiques et les programmes. Traiter les coopératives sur au moins le même pied que les autres formes d'entreprises : p. ex. les formulaires de demande de financement dans le cadre du Projet d'innovation environnementale et des technologies de l'information énumérant les types de sociétés devraient englober les coopératives.
 
Consulter les dirigeants de coopératives sur les politiques et programmes et les inviter à faire partie des conseils consultatifs de l'État.
Manque d'organisateurs expérimentés et instruits en matière de coopératives Déterminer le bassin actuel et former les intéressés : p. ex. le réseau d'organisateurs de coopératives de travailleurs
 
Collaborer avec d'autres établissements d'éducation: le répertoire de l'Institute of Co-operative Studies de Colombie-Britannique
 
Élargir les contacts à l'extérieur des coopératives.
 
Les coopératives de développement régional (Québec).
 
Participation aux réseaux de développement économique des collectivités et sensibilisation des organisateurs communautaires concernant le potentiel des coopératives et leurs réussites effectives.
Entreprendre des mesures de promotion sociale dans les domaines de l'organisation des coopératives qui contribuent aux objectifs de la politique publique : le fonds d'investissement des coopératives de travail possède un volet d'aide technique. Ce programme cible les régions de chômage élevé. En vertu du projet de coopérative de la phase II du FCADR, on donnera de la formation en leadership aux membres des conseils d'administration des coopératives. L'initiative fédérale pour le développement coopératif, annoncée récemment, appuiera la capacité de développement de coopératives.
Soutien permanent, une fois la coopérative en place Fournir ce soutien, au besoin, aux coopératives existantes : la Fédération de l'habitation coopérative du Canada et ses programmes; le Fonds FICT; les instituts de recherche partiellement financés par le Secteur des coopératives. Établir des réseaux de chefs de coopératives. Établir des fédérations : p. ex. Arctic Co-op Ltd. et la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec. Offrir aux coopératives les mêmes services de soutien permanent qu'aux autres types d'entreprises : p. ex. crédits d'impôts à la recherche et programmes d'aide à l'exportation.


3. Entraves propres aux coopératives autochtones et aux collectivités éloignées

Entravess Rôle du secteur des coopératives Rôle de l'État
Ressources limitées pour satisfaire aux besoins des collectivités Développer et promouvoir des modèles pour l'utilisation efficace des ressources disponibles : p. ex. modèle de coopérative communautaire, modèle à partenaires multiples. Offrir aux autochtones un accès aussi équitable aux services que l'accès offert aux communautés non autochtones : p. ex. Programme des infrastructures.
Capacité sociale ou éviter de surmener les dirigeants des petites collectivités Élargir la base de la participation communautaire en donnant l'occasion de participer à divers niveaux pour acquérir des compétences : p. ex. cours de formation et de perfectionnement des administrateurs offerts en raison de l'effort des coopératives; participation des administrateurs financée par chaque coopérative; la Metro Credit Union et le comité de bilan social comme bassins de candidats au Conseil; initiative de Desjardins sur la coopération au niveau communautaire. Appuyer les approches visant à augmenter le potentiel de mise en valeur des collectivités : p. ex. l'Initiative de développement rural.
Isolement, éloignement Travailler à vaincre l'isolement en utilisant de façon originale les techniques de communication, les téléconférences et le téléapprentissage : p. ex. réunions annuelles des centrales de caisses de crédit; appui des caisses de crédit au développement de technologies nouvelles dans les collectivités : p. ex. ordinateurs dans les succursales et formation à leur emploi. Offrir aux autochtones, plus particulièrement ceux du Nord, un accès aussi équitable aux services que les Canadiens non autochtones : p. ex. accès à Internet haute vitesse par communications à large bande.
 
S'assurer que les besoins des Inuit ne seront pas dilués dans les règlements avec l'ensemble des autochtones, en raison de leur population relativement petite.
Formation et conservation des gestionnaires autochtones doués Concevoir et donner des programmes de formation pour les employés et les gestionnaires : p. ex. Arctic Co-op Ltd et la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec consacrent annuellement plus d'un million de dollars à la formation. Offrir aux autochtones un accès aussi équitable aux services que l'accès offert aux communautés non autochtones
 
p. ex. Programme des infrastructures.
Manque d'information et de recherche sur les coopératives autochtones pour en appuyer le développement Participer à l'élaboration de programmes de recherche dans les universités (plus particulièrement les centres se spécialisant dans la recherche coopérative) : p. ex. l'Institute for Co-operative Studies (institut pour l'étude des coopératives) de la Colombie-Britannique, le Centre for the Study of Co-operatives (centre d'étude des coopératives) de la Saskatchewan et le Centre d'études Desjardins en gestion des coopératives financières. Appuyer la recherche sur les coopératives.
 
Appuyer les universités qui offrent des programmes post gradués en étude sur les coopératives.
 
Appuyer les centres de recherche spécialisés dans l'étude des coopératives
 
Inclure la recherche sur les coopératives dans les analyses des politiques gouvernementales.

La contribution des coopératives au développement économique et social des collectivités autochtones

Au cours des années, les coopératives ont été en mesure d'apporter une contribution importante parce qu'elles comprennent comment répondre aux besoins de leurs membres. Les tableaux qui suivent identifient les enjeux sous de grands thèmes du développement des populations autochtones et fournissent de l'information sur la contributions des coopératives à ces enjeux ainsi que des exemples de réalisations.

1. Création et renforcement de l'infrastructure économique et matérielle des collectivités

Enjeux et vision Contribution des coopératives Exemples de réalisations
Enjeux
 
- difficulté d'avoir les infrastructures économique et matérielle nécessaire au maintien de la qualité de vie et du développement économique des collectivités autochtones.
 
Exemples:
- habitation
- connectivité
- affaires
- services financiers et capitaux
- transport

 
Vision
 
«Le mouvement coopératif rend la propriété et le contrôle accessibles aux personnes qui y sont engagés en tant que membres; c'est un mouvement qui a une longue histoire et qui a prouvé sa capacité à satisfaire divers types de besoins.»
Les coopératives offrent des solutions économiques en matière de logement, principalement pour les autochtones en milieu urbain.

Les coopératives identifient les besoins et offrent les services nécessaires pour y répondre.

Les coopératives travaillent en partenariat pour établir la connectivité des régions éloignées.

En regroupant les ressources de la communauté, les coopératives livrent des services selon les règles du marché, lancent des entreprises et créent des emplois.

Les caisses populaires et le credit unions donnent l'accès aux services financiers et aux capitaux aux collectivités autochtones.

En milieu urbain, les autochtones ont participé à la création de logement coopératif au Canada; soit occupé entièrement par des autochtones ou parti de résidants diversifiés et inclusifs. (Par exemple la Nation Inter-Tribal Housing Co-operative et la First Nations Housing Co-operative à London, Ontario ou encore, la New Beginnings Housing Co-operative à Prince Albert, Saskatchewan).
 
Arctic Co-operatives Ltd. (ACL) s'est joint à NorthwestTel et Northern Aboriginal Services Company (NASCO) pour créer ARDICOM Digital Communications Inc. afin de donner aux communautés du Nord un accès aux technologies de communication les plus récentes (video conférences, internet, télémédecine et télésanté)
 
Les coopératives de l'Arctique ont développé deux fédérations indépendantes : la première, Arctic Co-operatives Limited (ACL), pour desservir les coopératives des Territoires du Nord Ouest, du Nunavut et du Nord du Manitoba, et l'autre, la Fédération des coopératives du Nouveau Québec, pour les coopératives du Nunavik. La présence de ces fédérations a été déterminante pour la stabilisation des coopératives du Nord canadien en développant des systèmes comptables communs, des normes d'emploi et de commercialisation, et en présentant une seule voix forte aux gouvernements. De plus, ACL est membre et propriétaire de Federated Co-operatives, un grossiste basé à Saskatoon et possédé par les coopératives de l'Ouest canadien et de l'Ontario (et par l'intermédiaire de ACL, du Nord canadien).
 
Au Québec, six caisses populaires sont possédées et opérées exclusivement par les populations autochtones qu'elles desservent, et une vingtaine de caisses populaires additionnelles offrent des services financiers pour rencontrer les besoins des collectivités autochtones avoisinantes. Des exemples similaires existent dans d'autres régions du Canada au sein du réseau des credit unions.
 
La Blood Reserve School Bus Co-op Ltd a été créé pour satisfaire les besoins en transport scolaire de cette communauté autochtone de l'Alberta.


2. Création et renforcement de l'infrastructure humaine

Enjeux et vision Contribution des coopératives Exemples de réalisations
Enjeux
 
- développement des qualités de "leader"
 
- maintien du capital humain
 
- rencontrer le défi des compétences
 
Vision
 
« Les coopératives se développent progressivement, conscientes de la complexité du développement individuel et collectif, en se fondant sur l'impact cumulatif de l'éducation et des programmes de formation, et en accumulant lentement les capitaux nécessaires.-
 
- ... lorsqu'elles réussissent, elles sont des pourvoyeurs de sécurité économique, d'autonomie personnelle et de stabilité communautaire. »
Les coopératives contribuent à l'identification des leaders et des organismes clé de la communauté.

Les coopératives contribuent au capital humain par le développement des habilités de ses dirigeants et employés.

Les coopératives travaillent avec les leaders de la communauté pour identifier les cibles et commencer à atteindre les objectifs communautaires en développement les habilités localement au cours de la démarche.

La structure coopérative est un modèle de prise en charge par les individus et les communautés.

Au Canada, il y a 133 coopératives autochtones qui sont la propriété d'environ 25 000 personnes et qui sont dirigées par 1,400 membres élus aux conseils d'administration. Par leur engagement, les membres des conseils d'administration développent leurs habilités de dirigeant et leur expertise et expérience en gestion.
 
Plus de 50 % des membres élus de l'Assemblée du Nunavut ont été formés comme dirigeants de leur coopérative locale.
 
Les coopératives autochtones emploient près de 1,400 personnes. Dans plusieurs communautés, elles sont le plus important employeur.
 
Dans le Nord, les coopératives sont collectivement le deuxième plus important employeurs. Elles ont contribué aux développement d'habilités en matière de nouvelles technologies et en gestion qui accroissent les aptitudes à l'emploi.


3. Création et renforcement de l'infrastructure sociale

Enjeux et vision Contribution des coopératives Exemples de réalisations
Enjeux
 
- Bâtir des communautés saines et un environnement
sain.
 
- Donner un accès adéquat à des services sociaux et de santé
 
- Rencontrer les besoins des jeunes
 
- Rencontrer les besoins des aînées
 
Vision
 
« Des organisations coopératives bien enracinées ne sont pas seulement l'imposition d'une forme institutionnelle; elles sont souvent la manifestation externe d'une compréhension profonde des bénéfices d'un comportement basé sur la collaboration ... »;
Les coopératives contribuent à la fierté locale et à la cohésion sociale, ainsi qu'au contrôle et au réinvestissement local.

La coopérative est un modèle d'organisation éprouvé que les individus et les collectivités peuvent utiliser pour mettre en oeuvre des solutions concrètes aux défis locaux.

Les coopératives comblent les vides lorsqu'ils y a des besoins à satisfaire.

Située à Winnipeg, la Neechi Food Co-op limited souscrit pleinement au développement de sa communauté. Elle a orienté ses efforts sur les enjeux que posent la nutrition dans sa communauté, particulière chez les enfants; en vendant, par exemple, des paniers de fruits au lieu des bonbons. Elle fait la promotion des modes de vie sains en offrant du matériel éducatif et en développant des partenariat avec les autres organismes communautaires du milieu, comme les écoles, les centres de jeunes et les cliniques communautaires de santé. Elle a aussi créé de l'emploi dans son milieu en vendant les produits d'artisanat fait à la maison par les habitants du voisinage.
 
Nor'West Co-op Health and Social Services Centre dessert une large portion de la communauté autochtone de Winnipeg en offrant une vaste gamme de programmes intégrés incluant des cliniques pour bébés, d'évaluation de la santé et d'immunisation, et des programmes pour les aînés.
 
La majorité des cliniques coopératives de santé de la Saskatchewan offrent leurs services à un grand nombre d'autochtones qui vivent dans leur voisinage.

Conclusions

De nombreux rapports ont montré l'étendue et la stabilité des coopératives autochtones au Canada, spécialement lorsqu'elles sont soutenues par une fédération. Le modèle coopératif apporte une solution de rechange aux dirigeants autochtones qui recherchent un modèle de développement économique qui tienne compte de l'histoire, des aspirations collectives, de la diversité économique, et soit attentif à la collectivité.

Le développement des coopératives dans des collectivités autochtones est certainement limité par un environnement culturel, politique et stratégique, complexe et compliqué, qui s'exprime de manière différente dans le Nord, à l'intérieur et à l'extérieur des réserves.

Recommandations

Promotion et sensibilisation

  1. Les gouvernements devraient soutenir adéquatement les activités de la promotion du modèle coopératif chez les collectivités autochtones et leurs dirigeants, et également chez les fonctionnaires de tous les échelons gouvernementaux. Ces activités comprennent le développement de matériel promotionnel, des séminaires, des conférences, et des camps de vacances pour les jeunes.
  2. L'ensemble des échelons du gouvernementaux et le secteur coopératif devraient s'employer ensemble à rehausser la visibilité des modèles coopératifs auprès des Autochtones.

Formation et éducation

  1. Il est recommandé que la formation des gestionnaires de coopératives autochtones soit une priorité des programmes de formation financés par le gouvernement fédéral. Une attention spéciale devrait être accordée aux coopératives du Nord pour les aider à remplacer les gestionnaires du Sud (lorsqu'ils quittent leur emploi). L'un des défis les plus déterminants que les coopératives autochtones doivent relever tient dans le perfectionnement et le maintien des gestionnaires autochtones, car ils sont très en demande. Comme les coopératives ont de la difficulté à offrir les mêmes salaires et avantages que certains autres employeurs (p. ex. les gouvernements), elles perdent un grand nombre d'employés qualifiés. Les coopératives doivent continuellement former leur personnel de gestion, ce qui est coûteux et ne favorise pas leur croissance. Il est nécessaire de promouvoir le soutien des projets de formation et d'enseignement coopératif. Ce soutien pourrait venir en bonne partie d'organismes existants, dans la mesure où ils connaissent et appuient les coopératives.
  2. Les deux fédérations de l'Arctique représentant les coopératives devraient être consultées lorsque les gouvernements conçoivent de nouveaux programmes de formation et d'enseignement.

Reconnaissance des coopératives comme des acteurs socio-économiques importants

  1. Il est recommandé que les Autochtones ayant de solides antécédents en entreprises coopératives soient invités à participer aux conseils et aux comités consultatifs fédéraux, plus précisément au Conseil national de développement économique des Autochtones. Les coopératives sont trop souvent ignorées lorsqu'il faut désigner des dirigeants autochtones aux conseils et aux comités consultatifs du gouvernement, mais elles devraient être représentées de manière systématique, car elles ont de solides antécédents de participation au développement économique et social au Canada.

Accès au capital

  1. Il est recommandé que les programmes existant d'aide financière aux Autochtones du gouvernement fédéral (notamment les garanties d'emprunt, les emprunts, les placements en actions, etc) soutiennent l'établissement d'un fond de capitalisation spécialisé pour les coopératives autochtones. L'accès au capital est un problème permanent pour toutes les coopératives. Il est très difficile pour ces dernières d'obtenir le capital nécessaire au développement et à la diversification de leurs activités. Au début des années 1980, Arctic Co-operatives Limited a créé, avec le soutien du gouvernement fédéral, les fonds de développement des coopératives de l'Arctique pour aider son réseau à financer leur croissance. Cet outil financier a été un élément clé dans la diversification des services et a permis de stabiliser le réseau. Il est perçu par beaucoup d'observateurs comme un succès.

Recherche

  1. Il est nécessaire d'encourager les universités à entreprendre plus de recherches sur les coopératives autochtones et pour atteindre cet objectif, il est recommandé qu'un fonds spécial de recherche sur les Autochtones soit créé. L'expérience des coopératives autochtones doit être mieux documentée et les recherches entreprises sur le modèle coopératif doivent montrer comment, et dans quelle situation il s'applique.
  2. Il est recommandé de mener une enquête spéciale sur les coopératives autochtones afin de recueillir plus de renseignements sur les facteurs touchant les coopératives et la collectivité.

1 Lou Hammond Ketilson, Ian MacPherson, « Les coopératives autochtones au Canada - situation actuelle et potentiel de croissance », Centre for the Study of Co-operatives, University of Saskatchewan, 2001, 400 pages.

2 M. Painter, K. Lendsay, and Eric Howe, "Managing Saskatchewan's Expanding Aboriginal Economic Gap," Journal of Aboriginal Economic Development 1, no 2 (Winter 2000).

3 Analyse des conditions socioéconomiques de 1991 et de 1996 (Ottawa: Affaires indiennes et du Nord Canada, 2000).

4 Hammond Ketilson and MacPherson... page 25

5 Cette section a été élaborée selon le rapport « Profil socio-économique des coopératives autochtones au Canada » par Bachir Belhadji, analyste socio-économique au Secrétariat aux coopératives, Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Mise à jour : 2006-11-30
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