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Partenariat rural canadien
Recherche et analyse rurales
RÉFLÉCHIR SUR LE CANADA RURAL
Une série de groupes de réflexion sur le développement rural organisé pour le secrétariat rural par le professeur Professor Tony Fuller, Université de Guelph.
Du 28 novembre 2001 au 7 mai 2002
Présentations
Les opinions et les conclusions présentées dans ce document de travail sont celles des participants à la recherche et du consultant et ne représentent pas nécessairement l'opinion des ministères et des organismes participants.
RÉSUMÉ
Préparé par : Professeur Tony Fuller, Université de Guelph
Quand on pense au Canada rural, une foule d'images viennent à l'esprit : de jolies petites villes
accueillantes, des terres abondantes, des communautés côtières et de superbes paysages de rochers,
de rivières, d'arbres et de lacs. Bien que ces images bucoliques puissent primer dans l'esprit des gens,
les images positives du milieu « rural » sont rarement le point central des discussions stratégiques. D'un
point de vue stratégique, le Canada rural à toujours été considéré comme un environnement « démuni »,
où nombre des problèmes de privation et de besoins sont exprimés. Cela illustre le fait que le processus
politique est généralement dirigé par « l'évaluation des besoins », une approche bien comprise par les
habitants des régions rurales, les nombreuses institutions de la société civile et l'État.
Le fait d'adopter un point de vue positif des régions rurales (une approche axée sur les atouts) était
l'une des premières « idées » soumises à la discussion dans le cadre de cette série de groupes de
réflexion. Le principe du « verre à moitié plein » plutôt que du « verre
à moitié vide » entraîne de
nombreuses perceptions nouvelles et intéressantes du Canada rural. Dans le cadre de ce premier
groupe de réflexion, on a constaté que le Canada rural détient une foule de biens très positifs et, bien
qu'il soit essentiel de tenir compte des déficits, il peut être plus fructueux de soutenir et de faire croître
ce que nous avons plutôt que de chercher à faire des ajouts potentiellement non durables
à la vie rurale.
Le fait de soutenir les biens ruraux est en soi une tâche phénoménale, car nombre des biens identifiés
dans le cadre d'une étude menée en Ontario et utilisée pour cette séance sont gravement menacés
(système de santé, qualité de l'eau, etc.). Si nous voulons protéger ce que nous avons en atténuant les
menaces et en favorisant les ressources soutenant les biens ruraux, nous devons entre autres tenir
compte des besoins des gens et des communautés. Aussi, on peut tenir compte des « besoins » afin de
soutenir un bien, réduisant ainsi le caractère aléatoire de la réponse
à des besoins « bien définis » dans
le processus d'élaboration des politiques.
Le thème de l'attitude positive a été repris dans le cadre du deuxième groupe de réflexion sur les
moyens de subsistance durables. L'idée des modes de vie durables en tant qu'option stratégique est
une approche de « développement » inspirée du tiers monde et est profondément enracinée dans le
geste positif consistant à partir de là où les gens sont (avec ce qu'ils ont : leurs biens), au lieu de là
où nous pensons qu'ils devraient être. Les modes de vie pouvant résister aux chocs et au stress sans
nuire à l'environnement ou réduire les options offertes aux autres sont considérés comme étant
durables.
Une fois appliquée au milieu rural canadien, cette idée a généré de nombreuses réponses sensées,
plusieurs positions au Canada rural étant considérées non seulement comme étant vulnérables, mais
non durables. Par l'intermédiaire d'un dialogue entre le Dr Naresh Singh, du Programme des Nations
Unies pour le développement (PNUD), et Sheila Regehr, du Conseil national du bien-être social,
l'application éventuelle de l'idée de moyens de subsistance durables
à des cas de pauvreté au Canada
rural a été envisagée, quoique le résultat n'ait pas été concluant. Il semble que les modes de vie sont
une façon innovatrice de bien comprendre et d'estimer la vie des gens au Canada rural.
Le troisième groupe de réflexion portait sur la mesure des valeurs rurales et était fondée sur les
travaux de Dr. Ron Colman (indicateurs de progrès réel, Atlantique (Genuine Progress Indicators (GPI)
Atlantic)). La question des valeurs a été soulevée à maintes reprises lors des deux premières séances,
et le défi consistant à juger des « progrès » a fait l'objet de débats passionnés. On s'est entendu sur le
caractère inadéquat des mesures fondées sur le produit intérieur brut (PIB), mais la question des
solutions de remplacement appropriées n'a pas été réglée. Un point important était la façon de mesurer
les biens que les gens jugent importants au Canada rural, en particulier ceux qui comprennent des
aspects « doux », par exemple le « sens de la communauté ». Même le terme « santé » en tant que
valeur représente un défi, car sa signification varie parmi les personnes qui jugent cet élément important.
Le débat a porté sur des points comme les « sentiments », les notions du capital social et les éléments
non tangibles du développement rural. C'est dans ce contexte que le Dr Ron Colman a présenté le
modèle des indicateurs de progrès réel, offrant des possibilités très intéressantes pour les décideurs
politiques.
Le quatrième groupe de réflexion était axée sur le thème « se déplacer (ou non) dans le Canada
rural ». La première partie de l'ordre du jour était axée sur ceux qui ont de la difficulté
à s'en sortir : les
jeunes, les personnes âgées et les personnes handicapées. La possibilité de se déplacer dans le monde
rural d'aujourd'hui, dans la société d'arène (ou regroupée)(1)
(Fuller, 1994), est essentielle à la santé et à
la productivité. La mobilité personnelle fait partie intégrante du fait d'être « normal » dans le contexte
rural. En l'absence de transports publics, la mobilité devient une question d'accès rural au transport
automobile. La distance et la faible densité de population deviennent des facteurs déterminants négatifs
de la faible mobilité de certaines personnes dans les régions rurales. De récentes recherches
démontrent que le transport dans les régions rurales est un authentique problème rural, qui touche les
plus vulnérables, augmente les coûts de production et, en raison de la dépendance envers l'automobile,
est une question environnementale de plus en plus importante.
La deuxième partie de la séance était axée sur les routes rurales et l'infrastructure connexe comme les
ponts. Il est clair que les routes rurales sont essentielles à la communauté agricole, aux autres secteurs
de production, aux loisirs et au tourisme, aux déplacements et à la viabilité communautaire. Quand la
responsabilité financière des routes rurales est déléguée aux municipalités locales, l'entretien de
l'infrastructure de transport locale représente un défi futur particulier. D'une manière générale, le
transport rural au Canada est la question oubliée.
Les liens changeants entre les intérêts agricoles et ruraux étaient le thème du cinquième groupe de réflexion
« le développement agricole et rural : combler l'écart ». Si l'on se fie
à la notion selon laquelle la
terre est le dénominateur commun des intérêts ruraux (agriculture, fabrication, tourisme, vie résidentielle,
résidences secondaires, etc.), on peut simplifier la situation : si 20 % des fermes sont responsables de
80 % de la production, et que les 80 % de propriétaires fonciers restants ont d'autres intérêts, peut-on
s'attendre à ce que la politique agricole soit une bonne politique rurale ? Selon l'équation relative aux
terres, la réponse est non. La plupart des terres rurales sont occupées, du moins dans le centre du
Canada, par des gens ayant des intérêts autres que l'agriculture ou additionnels
à celle-ci. En général,
leurs responsabilités économiques et environnementales relèvent du développement rural. Cependant, il
n'existe pas de politique cohérente sur le développement rural au Canada qui s'addresse
à l'utilisation
des terres, mais uniquement des éléments d'autres politiques qui touchent les gens et les entreprises
dans les régions rurales. C'était l'une des perspectives soumises à la discussion pendant cette séance.
Une autre idée est la multifonctionnalité. Les propriétaires fonciers pourraient
être payés pour tous les
biens publics qu'ils produisent ou entretiennent sur leur propriété, le marché les payant pour les biens
produits sur les fermes ou les terres rurales. Une mise à jour a été faite sur cette question en Europe par
le Dr John Bryden, de l'Arkleton Centre, à la University of Aberdeen, au Royaume-Uni. La question plus
vaste à savoir si le développement agricole et rural doit faire l'objet d'une seule politique
à également
été activement débattue.
Le sixième groupe de réflexion, dont le thème était « réanimer l'esprit communautaire dans les
colleges communautaires », a été présentée comme suit :
« Il existe un intérêt renouvelé pour le bien-être des endroits ruraux, en particulier pour les façons de
maintenir et d'exploiter les biens ruraux en cette ère de mondialisation. L'objectif est de revoir ce que
sont les éléments communs (compétences de base) du développement rural contemporain et de
s'interroger sur la façon dont les collèges communautaires sont équipés et orientés pour profiter de cette
possibilité ».
L'approche adoptée consistait à revoir les principes de développement économique locaux présentés
par David Douglas (University of Guelph) et soumis comme « compétences de base » par
Carolyn Pletsch (groupe de formation de l'Ontario Agricultural Training Institute (OATI)). Ensuite,
Barbara Brolin (Sir Sandford Flemming College) et Brian Bender (Association des collèges
communautaires du Canada) ont discuté des éléments du développement communautaire étudiés dans
leurs collèges. Le président du groupe de réflexion, Lynden Johnson (Association des collèges
communautaires du Canada), a également commenté le lien existant entre les collèges et leur rôle au
sein de la communauté. Il est clair que de nombreux collèges participent déjà activement
à des travaux
communautaires innovateurs et un examen des ces activités pourrait être utile
à ceux qui ne participent
pas encore au développement communautaire.
D'une manière générale, bien que six groupes de réflexion distincts aient eu lieu, au moins trois thèmes
convergents ont été soulevés, nécessitant des discussions plus approfondies, d'autres recherches et
une plus grande attention sur le plan stratégique. Le premier est celui des valeurs rurales, sujet qui a
été soulevé dans le cadre de toutes les discussions. Le deuxième est la question de la mesure, toujours
jugée importante dans le cadre des implications stratégiques. Le troisième est celui de la complexité.
Pratiquement tous les sujets ont été abordés de façon superficielle seulement, car il était clair qu'il existe
une importante corrélation entre la plupart des idées et que celles-ci nécessitent une évaluation
prudente avant d'être envisagées à des fins stratégiques. Cependant, en ce qui a trait aux idées, cette
série de groupes de réflexion a permis de promouvoir des façons innovatrices de réfléchir au Canada
rural.
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INTRODUCTION
Les discussions sur les nouvelles idées et l'échange d'informations créent un environnement
caractérisé par « l'ouverture » et une forme « d'état de préparation » envers les nouvelles demandes et
possibilités sociétales. Les groupes de réflexion sont un moyen de créer cette atmosphère de
dynamisme et d'intérêt pour l'information et les idées nouvelles.
L'un des principaux objectifs d'un groupe de réflexion consiste à concentrer l'attention d'une grande
variété de personnes sur des sujets d'intérêt et à encourager la discussion, ce qui, autrement, n'aurait
pas lieu. Les résultats ne sont donc pas prévisibles. Si l'objectif consiste
à « sortir de la boîte », ce type
de rencontre est utile.
Les groupes de réflexion en eux-mêmes ne visent pas à trouver des solutions et des réponses aux
questions soumises à la discussion. Elles représentent un investissement dans une culture
d'apprentissage qui peut prendre du temps à mûrir ou à se réaliser. Souvent, les discussions pendant
les séances permettent de faire le point sur ce que l'on fait et de donner confiance au groupe qui
cherche de nouvelles idées.
Le Secrétariat rural a organisé six groupes de réflexion au cours de l'automne 2001 et de l'hiver 2002.
Après chaque séance, le professeur Tony Fuller (Université de Guelph), l'organisateur de ces séances,
a rédigé un « document de discussion » et noté tout suivi ou résultat valant la peine d'être pris en
compte. Les sections qui suivent contiennent un aperçu de chaque séance, le matériel qui fut présenté
et un sommaire de la discussion.
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1. Groupe de reflexion #1 : Une approche axée sur les atouts
Aperçu :
VALORISER LE CANADA RURAL - UNE APPROCHE AXÉE SUR LES ATOUTS
Professeur Tony Fuller
Université de Guelph
Évaluer et mesurer les atouts ruraux est un moyen positif de mettre en valeur ce que nous avons et ce que nous voulons
conserver dans le Canada rural. L'information ainsi recueillie permet d'affirmer ce qui, aux yeux de tous, est important
dans la vie rurale. Cette information devient vitale pour la représentation politique et stratégique du « rural ». Les atouts
sont les choses que l'on veut conserver, développer et maintenir pour les générations à venir.
L'approche axée sur les atouts est à la fois positive et globale :
- Les atouts ruraux soutiennent les gagne-pain, dans les régions rurales et urbaines.
- Les atouts comprennent à la fois des biens publics et privés.
Habituellement, on mesure les atouts en calculant la valeur totale des produits et services dans les régions
rurales, et les atouts sont souvent présentés en termes de produit intérieur brut (PIB). Toutefois, l'évaluation
devient beaucoup plus puissante si on ajoute au calcul un aperçu de ce qui est important au Canada rural,
du point de vue de la population rurale, c'est-à-dire les gens qui vivent et travaillent parmi les atouts ruraux
eux-mêmes. Enfin, au PIB et à la perspective rurale sur les atouts, il faudrait ajouter le point de vue urbain
sur ce qui a de la valeur au Canada rural.
En résumé, les atouts ruraux sont les attributs - reconnus par la population - qui sont jugés essentiels au
maintien des gagne-pain dans les régions rurales et urbaines, et vitaux pour la durabilité de l'économie, de
la société et de l'environnement dans le Canada rural.
Résumé de la discussion :
PREMIÈRE PARTIE : La méthode des actifs pour valoriser la question « rurale »
Les paragraphes qui suivent résume la présentation du professeur Tony Fuller : «
une approche fondée sur
la mise en valeur des atouts de l'Ontario rural ».
Les actifs en tant que valeur. L'idée de percevoir les actifs comme des valeurs a été bien accueillie. On a
estimé en général que les valeurs rurales sont importantes et que nous devons prêter plus d'attention
à la
façon dont elles sont exposées et utilisées pour influer sur les décisions et les comportements. L'argument
a été illustré par les deux emplois généraux du terme « santé »; employé, d'une part, pour désigner les
services médicaux et, de l'autre, comme métaphore, notamment dans les facteurs déterminants de la santé.
Dans l'optique du dialogue rural, de nombreux participants ont jugé qu'« il était sain de vivre dans l'Ontario
rural », tout comme ceux qui ont jugé que les services de santé ruraux étaient importants. Les deux sont
interdépendants et fortement menacés.
Il y a eu des discussions animées sur la façon dont les valeurs peuvent ou doivent
être mesurées. Les
ressources à l'appui des valeurs sont plus faciles à aborder en termes de mesure que de valeurs. Il importe
également de signaler que, même si les gens ont des valeurs, les collectivités n'en ont pas… ou en ont-elles? Si une collectivité décide d'exclure l'aménagement d'un complexe de grosses boîtes, elle exprime une
valeur ou un ensemble de valeurs et, dans ce cas, lesquelles?
La roue des actifs.
On a jugé que c'était là un module
de construction clé du processus et qu'il pouvait prendre des aspects différents selon les objectifs visés. Le
principal lien est que les actifs de la roue des actifs telle que présentée pour le dialogue rural en Ontario
peuvent également être perçus comme des « capitaux ». Étant donné que les capitaux (p. ex. naturels,
financiers, sociaux, etc.) sont « négociables », ils peuvent être virés comme actifs et servir
à produire de
nouveaux actifs. Lorsque les actifs sont perçus comme des capitaux, ils sont particulièrement utiles au
développement communautaire de même que l'évaluation des politiques. Mais, surtout, les capitaux relient
cet aspect de la méthode des actifs aux réflexions sur les moyens de subsistance durables, le thème du
deuxième groupe de réflexion.
Les actifs se conjuguent : les besoins se divisent. Cette maxime a généralement été approuvée par les
participants du groupe de réflexion sur les actifs, même si certains ne se sentaient guère
à l'aise face à la
réduction de la méthode des « besoins », ce qui témoigne de la longue association que nous avons avec
la réflexion sur les besoins.
Les actifs en tant que « droits ». Cette idée, selon laquelle nous pourrions
être les témoins de l'apparition
d'une nouvelle génération de « droits », a suscité un débat animé. D'aucuns ont jugé que l'attente de
l'« eau » comme un droit était à la fois fascinante et probable, alors que d'autres ont jugé que l'« eau » était
une question provisoire (le facteur Walkerton). L'idée que les actifs deviennent des « droits » est attrayante,
surtout lorsque les ressources qui appuient un actif sont fortement menacées, comme l'accès aux écoles
et aux services de santé ruraux.
Échelles de développement. Les deux conférencières communautaires
à la réunion (Ethel Côté et Trish
McNamara) ont déclaré que la cartographie des actifs et, en particulier, l'édification des actifs devaient se
faire au niveau communautaire. Cela a abouti à un débat sur les échelles auxquelles la réflexion sur les
actifs peut le mieux s'appliquer. Outre l'échelle locale de développement des actifs préconisée par Luther
Snow (voir le rapport de North Bay), on a jugé importante l'échelle régionale d'application. Cela reflète la
nature multicommunautaire intégrée de nombreuses régions rurales et est jugé important pour les marchés
de l'emploi et, en particulier, pour les systèmes de prestation des services. On a reconnu qu'il existait des
différences dans les modes de peuplement et la distribution de la population dans les régions rurales et
éloignées du Grand Nord. L'aspect régional de ce débat a permis de faire le joint avec un point abordé
ultérieurement sur le programme de développement des collectivités structuré au niveau
multicommunautaire.
SECONDE PARTIE : Atouts ruraux et incidences des politiques
Enjeux clés : Mary Robertson, conseil ontarien des affaires rurales
Image de la ruralité. La présentation de Mary Robertson du conseil ontarien des affaires rurales (« The
Ontarion Rural Council » - TORC), décrite plus bas, a démontrée l'utilité qu'il y a
à percevoir le concept de
« rural » comme une combinaison d'actifs précieux. Les participants
à ce groupe de réflexion ont jugé que
l'imagerie positive qui se dégageait du concept de « rural » par le biais du TORC était
à la fois inventive et
significative. Un débat animé sur les images rurales-urbaines a abouti
à la conclusion générale que les
questions urbaines et rurales se conjuguent de bien des façons, de sorte que le fait de les comprendre
comme un ensemble constitue souvent une approche conceptuelle et opérationnelle valable. Il reste
à
procéder à une mesure des points de vue urbains sur les besoins « ruraux ».
Cause commune. On a analysé les caractéristiques d'une cause commune, plutôt que d'une cause
morcelée et compétitive (besoins), en particulier par rapport à l'agriculture et
à l'exploitation agricole
familiale. Il est important de savoir que plus de 60 % des participants au dialogue rural de l'Ontario ont voté
pour l'agriculture et les exploitations familiales, ce qui veut dire que les citoyens ruraux sont beaucoup plus
nombreux à soutenir les activités agricoles à la campagne que la population agricole uniquement. L'appui
de l'exploitation agricole familiale trouve toujours un écho dans le Canada rural. Un témoignage d'appui
à
l'agriculture par les citoyens non ruraux est important pour la politique dans le climat actuel de restrictions
et d'incertitudes qui frappent l'agriculture.
Groupement des atouts. Les participants trouvent qu'il est utile de se référer
à des groupes d'atouts pour
en estimer la valeur en termes de politiques et de programmes. Les principaux groupements effectués sont
les suivants :
Atouts ruraux : atouts qui se situent principalement en milieu rural (l'esprit communautaire)
Atouts urbains : atouts communs aux soins de santé en milieux urbain et rural
Atouts publics : routes, etc.
Atouts privés : terres agricoles
Atouts fédéraux : Programme de développement des collectivités
Atouts provinciaux : prestation des soins de santé
Atouts purs (aucune menace) : esprit communautaire
Atouts menacés : système de soins de santé, eau
Enfin, il y a les atouts réputés « chauds » lorsqu'il est question de politiques. Ces atouts pourraient inclure
la santé, l'éducation, la formation et les emplois, c'est-à-dire les domaines où l'État a déjà réalisé des
investissements considérables et exerce une grande influence, par opposition
à l'« esprit communautaire »
qui est important, mais sur lequel les paliers du gouvernement central exercent difficilement une influence.
L'actif sans doute le plus vulnérable aux politiques décrit par les participants au dialogue rural en Ontario
sont les télécommunications. Il est clairement ressorti des groupes sur les télécommunications qui se sont
formés à cinq des six dialogues, de même qu'à la conférence principale qui a eu lieu
à North Bay, que tout
le monde comprend parfaitement les avantages de la « connectivité ». L'aptitude des organismes du
gouvernement central à exercer une influence directe sur l'état des télécommunications dans les régions
rurales et éloignées du Canada a été clairement reconnue
à ce groupe de réflexion, et le débat a confirmé
l'importance de l'initiative à large bande.
Liens entre les actifs. Le « dégroupage » de l'atout concernant les emplois et la diversité économique
atteste les liens qui existent entre les atouts. Pratiquement tous les organismes fédéraux et provinciaux
participent directement ou indirectement au maintien d'une économie diversifiée qui,
à son tour, garantit une
gamme diversifiée d'emplois. Ce lien est en grande partie méconnu; il n'est pas mesuré et demeure sous-évalué.
L'atout hydrique, qui est présenté différemment (n'utilise pas le diagramme circulaire des atouts), n'a fait
l'objet d'aucune discussion en raison du manque de temps. Une autre façon d'envisager les liens entre les
atouts et les ressources est de mettre les atouts liés à la santé au centre et de disposer les cinq principaux
atouts de part et d'autre en indiquant les liens. Il se pourrait que ce diagramme devienne la carte des atouts
du Canada rural.
Dans l'analyse portant sur tous les atouts (dégroupage), on a évalué la complexité des liens et des
interdépendances, ce qui a amené plusieurs personnes à faire remarquer que la « complexité » est un enjeu
important.
Application. On a proposé de mettre à l'essai l'application la plus évidente de l'approche fondée sur les
atouts dans le cadre du Programme de développement des collectivités, en vertu de l'Initiative fédérale du
développement économique dans le nord de l'Ontario (FedNor) d'Industrie Canada. L'aspect local/régional
de l'avenir des collectivités et les structures de gouvernance existante pourraient faciliter l'application de
l'approche fondée sur les atouts en vue de la planification.
C'est dans ce contexte que s'est tenue une discussion concernant l'idée de la « viabilité ». Appuyer et
développer des atouts reconnus à l'échelle locale est considéré comme une possibilité dans le contexte
régional, compte tenu du mode de prestation de services multicommunautaire et du mode d'administration
des régions rurales. Les récentes fusions municipales et les efforts de restructuration des services en
Ontario en sont un exemple concret.
Conclusion :
Les discussions ont surtout porté sur la mesure des atouts, surtout les atouts abstraits, comme « l'esprit
communautaire ». On s'accorde pour affirmer qu'un groupe de réflexion sur pareille mesure serait utile, étant
donné que nombre de ministères travaillent déjà sur des indicateurs servant
à mesurer l'incidence et le
rendement ou à établir des étalons. Le TORC a exprimé son intérêt
à long terme pour la création d'un
système de vérifications rurales.
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2. Groupe de réflexion #2: Moyens de subsistance durables
Aperçu :
LES MOYENS DE SUBSISTANCE DURABLES : UNE NOUVELLE CONTRIBUTION AUX EFFORTS
DE RÉFLEXION SUR LA POLITIQUE RURALE?
Professeur Tony Fuller
Université de Guelph
Le problème avec le débat sur les moyens de subsistance durables (MSD) est qu'il est nouveau,
originaire du Sud et axé principalement sur le soulagement de la pauvreté. Qu'est-ce que les MSD
peuvent alors offrir au Canada quand on compare les niveaux de chômage et de pauvreté de son
économie du G8 à ceux beaucoup plus élevés des pays du tiers monde?
Posée de cette façon, la question n'a pas de réponse facile. Toutefois, elle soulève quelques points
intéressants. En quoi certains problèmes des pays en développement diffèrent-ils de ceux des pays
industrialisés? Lorsqu'on examine la situation particulière des régions rurales, l'adaptation
à la
mondialisation est une question de degré plutôt que de différence absolue. La structure des moyens de
subsistance peut sembler très différente d'un pays à l'autre, mais les forces
à l'origine des activités de
subsistance sont probablement analogues, voire identiques.
Cette assertion sujette à controverse nous amène à poser au moins deux questions qui peuvent
alimenter le débat rural canadien :
- Les MSD dans leur forme originale ont-ils quelque chose de commun avec les problèmes
comme la pauvreté dans le Canada rural?
- La réflexion sur les MSD peut-elle nous aider à examiner l'élaboration de la politique rurale au
Canada sous des angles différents et utiles?
Les deux questions ont plusieurs caractéristiques en commun :
- La réflexion sur les moyens de subsistance durables est une approche positive.
- La réflexion sur les MSD repose sur l'actif.
- L'unité d'analyse est le ménage.
- La gestion publique représente un élément important.
- Les droits sont aussi un aspect important de l'évaluation des moyens de subsistance.
La réflexion sur les moyens de subsistance durables nous permettra d'examiner certains aspects
familiers de la vie rurale selon un point de vue différent et même rafraîchissant. La question lancée
à
tous est de savoir si le concept des MSD aura des répercussions politiques importantes sur le Canada
rural.
Résumé de la discussion :
L'APPROCHE FONDÉE SUR LES MOYENS DE SUBSISTANCE DURABLES, Dr. Naresh Singh,
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
M. Singh a présenté une série de diapositives sur les principales questions de politiques qui, selon lui, sont
importantes pour comprendre l'application possible du concept des moyens de subsistance durables au
développement rural du Canada : Moyens de subsistance durables dans les régions rurales du Canada :
vers un cadre de politique interactif
Un certain nombre de questions soulevées durant la présentation de M. Singh nécessite des
éclaircissements; ces questions concernent principalement l'application des moyens de subsistance durables
à l'échelle internationale. Pour lancer le débat sur les possibilités au Canada et susciter des commentaires
sur certains enjeux essentiels, Sheila Regerh est invitée à présenter sa critique.
Enjeux clés : Sheila Regerh (directrice, Conseil national du bien-être social)
Unité d'analyse
- Il est plus avantageux d'utiliser les « individus en relation » que les ménages comme unité d'analyse.
- Le ménage est une structure sociale, dont chaque membre individuel sollicite d'une manière différente
les ressources, la famille et les amis, les services, les biens publics, les gouvernements, les autorités
et le marché, et entretient une relation distincte avec ceux-ci. Un des problèmes les plus importants posé
par les approches qui se fondent sur le marché tient dans le fait qu'elles tendent
à ignorer le rôle joué
par les enfants et ceux qui en prennent soin; considérer le ménage comme une unité solidaire, c'est
commettre la même erreur de conception. Par exemple, le travail exercé
à l'extérieur de la ferme par les
femmes et les hommes diffère selon le type d'exploitation agricole et selon leur propre situation
personnelle et, de ce fait, ont une influence sur l'accès à un revenu indépendant, aux services,
à
l'assurance-emploi et au régime de pensions du Canada.
- Les références aux individus et aux ménages ou familles sont parfois utilisées de manière imprécise,
ce qui peut compliquer la compréhension d'une situation et l'élaboration de politiques pertinentes. Par
exemple, il est question, au Canada, d'améliorer l'accès des familles
à faible revenu au marché du
travail. Cependant, les familles ne sont pas liées au marché du travail; les individus le sont. Concevoir
une politique en ignorant ce fait peut avoir pour effet d'offrir des incitants aux familles comptant deux
adultes, lesquels ne s'appliquent pas aux familles monoparentales, ou d'encourager l'emploi masculin
au détriment de l'emploi féminin.
- La formation des familles et des ménages est dynamique; chaque individu passe en effet par divers
stades au cours de sa vie - et le profil de cheminement varie pour chaque membre d'une même famille.
Atouts
- La dimension spatiale est très importante, particulièrement dans le contexte rural.
- On accorde toutefois moins d'importance à la dimension temporelle, bien qu'elle aurait une incidence
positive énorme sur le cadre de base des atouts et des biens. L'élément temporel est central parce qu'il
s'agit du principal moyen de mesurer les activités économiques non commerciales et de les comparer
aux activités commerciales (le Canada est sans doute le pays qui se prête le mieux
à cette comparaison,
dans le monde entier). Les activités non-commerciales sont généralement invisibles, négligées ou
jugées sans intérêt, alors qu'en fait, elles monopolisent plus de temps que les activités commerciales.
Dans les régions rurales, il est fréquent que ses activités s'entremêlent continuellement et produisent
des résultats à la fois commerciaux et non commerciaux (par exemple, les aliments issus d'une même
récolte destinés à la vente et à la consommation du ménage).
- On pourrait envisager le temps du point de vue humain, mais également du point de vue naturel, étant
donné qu'il s'agit, pour les individus, d'une ressource finie et non renouvelable (chacun dispose de
journées de 24 heures; on ne peut retourner en arrière si un développement essentiel n'a pas lieu). Sur
le plan du capital humain, le temps disponible représente la main-d'oeuvre disponible, tant pour les
tâches commerciales que non-commerciales, notamment les soins. La capacité reproductrice et
regénératrice nécessaire au développement et au maintien du capital humain est également le
fondement du capital social (relations sociales, confiance dans les institutions sociales). La santé est
également un aspect secondaire du capital humain d'une population (lorsque vous
êtes malade, vos
connaissances, compétences, etc., ne sont pas très sollicitées).
- Il est intéressant de constater que les animaux d'élevage sont inclus dans le cadre, sous « capital créé
par l'homme », mais non les humains; la création de capital humain est un effort humain et requiert, d'un
point de vue conceptuel, des soins, des aliments et un capital semblables pour fonctionner.
Buts
- Il est important d'avoir une idée précise des buts visés par les moyens de subsistance durables. Il
semble que l'on tends fortement à se focaliser sur le marché, y compris dans la terminologie utilisée,
ce qui pourrait limiter ou désorienter le débat sur le concept des moyens de subsistance durables et la
manière dont on peut l'utiliser. Si les buts consistent notamment à répondre aux besoins fondamentaux,
à accroître la productivité et la qualité de la vie ou le niveau de vie, ils englobent plus que le
développement et la croissance économique, pris au sens traditionnel. Le cadre doit dès lors
comprendre la santé, la sécurité, le temps de sommeil, le développement du capital humain, les activités
récréatives, la culture, etc. - les éléments mesurés par les indicateurs de la qualité de la vie.
Sexe
- On en parle beaucoup, mais il reçoit rarement le traitement rigoureux qu'il mérite.
- Le défi consiste à ne plus envisager les hommes et les femmes comme des individus, voire même en
termes d'égalité et d'équité, mais de comprendre la configuration des structures économiques et des
institutions publiques selon le sexe, et quelle est leur incidence sur les efforts visant
à créer des moyens
de subsistance durables, en milieu rural et urbain. Par exemple, la manière dont une société gère le
développement des soins et du capital humain est essentielle pour déterminer sa durabilité et sa
productivité. Ce sont surtout les femmes qui soutiennent l'économie des soins non commerciaux, et
même si nous sommes aujourd'hui capables de mesurer cette dernière, ces renseignements sont
souvent sous-utilisés. En omettant ces travaux, nous négligeons également environ un tiers du temps
de travail masculin.
- Il est également impératif de saisir le concept de l'égalité matérielle, c'est-à-dire lorsque égalité ne
signifie par équivalence (indicateurs économiques de l'égalité entre les sexes et comment atteindre
l'égalité en une génération).
Pays développés et pays en développement
- Comprendre l'économie dans son ensemble et la relation entre les activités commerciales et non
commerciales, mais aussi leurs apports respectifs, est extrêmement important dans tous les pays et
constitue un outil pour allier la théorie à la pratique. Cela permet de mieux déterminer en quoi les
changements influencent les gens, les services nécessaires et comment optimiser leur efficacité. Les
débats entre pays développés et pays en développement,
à l'occasion du Sommet mondial pour le
développement durable, sur développement axé sur les individus, ont permis en grande partie de trouver
des solutions de rechange aux modèles de croissance économique traditionnels unidimensionnels,
lesquels reposent sur les mécanismes du marché. Les avis varient énormément d'un pays ou d'un
délégué à l'autre; le Canada s'est efforcé, comme
à son habitude, d'aplanir les différences.
- Permet de mieux cerner les détails particuliers à différents contextes; au Canada, par exemple, le
secteur officieux est pratiquement inexistant, tandis qu'il est énorme dans les pays en développement.
L'évaluation des activités non commerciales contribue, d'une manière pratique,
à traiter des sujets ou
des concepts vagues ou flous qui peuvent se révéler être des problèmes d'ordre « spirituel », ou des
problèmes liés à un mode de vie privilégié, à un choix personnel, que l'on peut difficilement mesurer et
sur lesquels la politique n'a virtuellement aucune incidence. Nous pouvons, par exemple, quantifier le
travail que représente l'éducation d'un enfant dans une société donnée, laquelle a des implications sur
le plan de la politique publique, en la distinguant des liens affectifs que nous entretenons avec nos
propres enfants.
Milieu rural et milieu urbain
- La théorie des moyens de subsistance durables devrait fonctionner dans les deux cas.
La lutte contre la pauvreté sur la sellette
Nombreux sont ceux qui critiquent la méthode du ciblage utilisée pour prévenir, réduire ou lutter contre la
pauvreté. Cette méthode ne s'est pas avérée très fructueuse dans les pays développés. Au Canada, le taux
de pauvreté a légèrement progressé au cours des 20 à 30 dernières années. Les aînés font exception
à la
règle; la mise en place d'un régime public de retraite universel a considérablement amélioré leur situation.
Des études ont également révélé que notre système d'éducation universel étalé sur 12 ans a permis
d'aplanir les inégalités entre les enfants issus de diverses classes économiques. Les approches politiques
ciblées ont eu tendance à viser les personnes vivant sous le seuil de la pauvreté plutôt que les causes et
les conséquences structurelles de la pauvreté, comme les conditions précaires sur le marché du travail ou
la faiblesse des salaires, ou encore l'insuffisance des fonds publics consacrés aux enfants en âge
préscolaire. Le ciblage n'est peut être pas non plus une stratégie très durable, compte tenu que, avec le
temps, elle tend à éroder le soutien élargi du public envers les programmes.
Se focaliser sur la pauvreté en soulignant le coût qu'elle représente pour la population globale, sur les
problèmes structurels communs et sur l'inégalité au sens large pourrait
être préférable, surtout dans les pays
développés, où des mécanismes de protection sociale sont déjà relativement bien en place depuis
longtemps. La situation est différente dans nombre de pays en développement, où la pauvreté est étendue
et de longue date, où l'infrastructure est pratiquement inexistante et où il est même difficile de répondre
à
ses besoins fondamentaux.
Points de discussion
1. On s'entend pour affirmer qu'en termes de pauvreté, l'approche fondée sur les moyens de subsistance
durables est utile puisqu'elle évalue les atouts dont disposent tous les individus. Cependant, elle ne
résout pas les problèmes systémiques responsables en premier lieu de la pauvreté.
2. Discussions intéressantes sur les « activités » de subsistance, en se fondant sur les différences que
présentent les profils d'activités qui évoluent avec le temps. Les activités changent, mais le profil des
activités demeure souvent inchangé. L'espace nécessaire aux activités contemporaines est néanmoins
beaucoup plus grand que par le passé.
MOYENS DE SUBSISTANCE RURAUX : Le passé et le présent (professeur Tony Fuller)
Les moyens de subsistance dans le Haut-Canada à l'époque de la colonisation s'apparentaient
généralement à ce qui suit :
L'abattage d'arbres et le défrichage de terrains forestiers; le bûcheronnage associé
à l'amélioration
des terres; la fabrication de seaux et de baquets à usage ménager; la filature; la confection de toile
pour les sacs et le linge de maison; la confection de souliers, de gants et de harnais au moyen du
cuir tanné sur une lame; le débitage et la fabrication de bardeaux pour les toitures; la fabrication de
mobilier en rotin; la fonte de gris d'étain et la confection de cuillers au moyen de moules; la
maréchalerie; le lessivage de cendres et l'ébullition de la charrée pour fabriquer de la potasse
destinée à la vente; le labourage des voies publiques, comme l'exigeait la loi; l'abattage pour
produire de la viande destinée à la consommation ménagère; l'acheminement des produits sur les
marchés et le rangement dans les entrepôts; le débitage de traverses de clôture et le creusement
de puits (Wietfeldt, 1976, p. 208).
De nos jours, la description générale des moyens de subsistance en milieu rural s'apparenterait
à ce qui
suit :
On observe qu'un ménage composé de quatre à cinq personnes peut occuper de trois
à quatre
emplois (un assortiment de travaux à temps plein, à temps partiel et occasionnels). Au moins un de
ces emplois devrait se fait depuis la maison, une des personnes doit effectuer une heure de trajet,
au plus, pour se rendre à son travail; le ménage dispose d'au moins cinq sources de revenus;
certaines activités (bénévoles) relèvent du secteur tertiaire (notamment siéger
à des conseils ou des
comités, toutes dépenses payées), ainsi que des activités sociales, qui concernent les adultes et
les enfants, lesquelles nécessitent des déplacements au-delà de 100 km par semaine (Fuller et coll.,
2000).
Deux points sont à souligner dans ce contraste :
- Les deux structures de subsistance (d'hier et d'aujourd'hui), même si par nature elles sont très
différentes, sont semblables dans le fait qu'elles sont pluriactives (c'est-à-dire qu'elles
comprennent une grande variété d'activités).
- Les deux structures de subsistance divergent principalement sur le plan de l'espace qu'elles
occupent. La subsistance du colon repose sur l'agriculture et les activités locales. La
subsistance nécessite, à notre époque, une zone bien plus large pour satisfaire aux besoins de
subsistance.
Points de discussion
- Un nouvel argument ressort des discussions ci-dessus : le « temps » représente un atout en lui-même. D'aucuns diront que nous commençons
à accorder plus de valeur au temps qu'à l'argent.
Nous utilisons l'argent pour acheter le temps que nous avons perdu en heures supplémentaires pour
gagner plus d'argent!
- On a également discuté de ce qu'on considère officiellement comme du travail; on en a conclu que,
dans les régions rurales du Canada, les travaux officieux du secteur tertiaire (travaux d'intérêt
social) contribuent largement au mode de vie de nombreuses personnes. On en tient toutefois
rarement compte et ils demeurent sous-évalués.
- On a discuté de la solidité des modes de vie ruraux (c'est-à-dire s'ils résistent bien aux chocs et aux
tensions) en relation avec les villes monoindustrielles (VMI). On conclut généralement que les VMI
ne sont pas durables, au sens des moyens de subsistance. Les VMI ont peu de contrôle sur les
industries qu'elles soutiennent; la source d'autorité est extérieure et les autres activités de
subsistance sont rares. Même lorsqu'elles sont florissantes, les VMI ne sont généralement pas
considérées durables sur le plan environnemental. Fort de ces connaissances, il ne devrait pas
être
difficile d'axer les politiques sur les moyens de subsistance extrêmement fragiles des résidants des
VMI.
- Ce type de discussion confirme de nouveau l'argument soulevé par Sheila Regerh en ce qui
concerne le ciblage. Peut-être que la politique devrait mettre l'accent sur les groupes ou les
collectivités vulnérables avant qu'une crise ne se produise (planification de l'état de préparation).
- Certains pensent que les moyens de subsistance durables seraient plus prometteurs en Amérique
du Nord s'ils étaient axés sur les personnes plutôt que sur les ménages. D'autres pensent que la
collectivité est le meilleur point d'analyse.
- L'échelle est l'un des principaux points de conclusion. Pour de nombreux participants, il est clair que
le point d'intervention pour l'examen des moyens de subsistance durables dépend fortement de
l'échelle du système dont il est question.
- Lorsqu'on réfléchit aux moyens de subsistance durables, l'autorité transcende les échelles d'activité
et est l'un des motifs pour lesquels il s'agit d'un élément aussi important du développement. La
réflexion sur les moyens de subsistance durables nécessite une interaction descendante et
ascendante.
- La notion de MCTA (moteur continu de transformation des atouts) suscite un grand débat :
à quoi
ressembleraient ces moteurs au Canada.
Conclusion :
On fait remarquer que le prochain groupe de réflexion portera sur la question complexe de la mesure
des valeurs rurales, dont nombre sont des éléments des moyens de subsistance durables.
![En haut de la page](/web/20061210062757im_/http://www.rural.gc.ca/images/up.gif)
3. Groupe de réflexion #3 : Mesure des valeurs rurales
Aperçu :
MISE EN CONTEXTE
Professeur Tony Fuller
Université de Guelph
Une série de questions ont été soulevées relativement aux changements qui se vivent dans le Canada
rural. Ces questions sont nombreuses et ont été répertoriées en trois catégories :
- Questions relatives à la mesure des conditions rurales, par exemple les atouts ruraux (inventaire).
- Questions relatives à la mesure du changement, de la détérioration ou de l'amélioration, par
exemple la progression vers la durabilité (développement).
- Questions relatives à l'attribution du changement ou de l'amélioration aux interventions politiques,
par exemple l'évaluation des répercussions (causalité).
Le fait que l'on tente continuellement de répondre à certaines de ces questions témoigne de la bonne
marche de l'état des choses, car cela indique que les organismes publics et privés s'intéressent au
Canada rural. Malheureusement, bon nombre de ces organismes ne disposent que de ressources
limitées et sont entravés par les méthodes traditionnelles de mesure du succès. L'objectif de ce groupe
de réflexion est d'apporter une contribution sur les nouvelles façons de penser dans ces domaines.
Nous avons observé quatre tendances qui convergent l'une vers l'autre pour éclairer et influencer la
discussion sur la mesure :
- On constate de plus en plus que les méthodes classiques de mesure des phénomènes ruraux ne
conviennent pas. Les mesures dites « objectives », qui proviennent généralement de sondages du
type recensement, contribuent certainement à décrire les conditions rurales, mais peuvent
être
trompeuses lorsqu'elles sont utilisées pour analyser des dossiers qui aboutissent
à l'élaboration de
politiques.
- L'utilisation plus fréquente de mesures « qualitatives » a créé un champ d'enquête plus ouvert, mais
n'a pas encore reçu l'aval des gestionnaires supérieurs, des économistes et des décideurs.
- La dichotomie qui existe entre les mesures quantitatives et qualitatives se retrouve également dans
le débat opposant les réductionnistes aux holistes. Il est beaucoup plus attrayant pour les décideurs
de ramener la réalité à un problème tangible, car celui-ci devient alors traitable, et ses résultats
peuvent ainsi être mesurés. La complexité, si séduisante sur le plan intellectuel, se transforme en
cauchemar lorsqu'on aborde la question de la mesure et, par conséquent, est généralement évitée.
- La quatrième tendance aborde la question de savoir qui sont les personnes engagées dans
l'ensemble du processus de mesure. D'où proviennent les valeurs utilisées pour évaluer les
résultats? Des planificateurs ou des clients, consommateurs, contribuables, etc.? Dans ce contexte
les valeurs occupent une place primordiale au sein du débat entourant la mesure. Malheureusement,
il est difficile de mesurer des valeurs et de les présenter aux décideurs d'une façon qui soit
acceptable sur le plan opérationnel.
Dans l'ensemble, le besoin croissant de mesurer le rendement, de procéder
à des évaluations, de rendre
des comptes et de poser des jalons rend également nécessaire la mesure de la différence, c'est-à-dire
celle qui existe entre les diverses conditions en raison du temps, de l'espace et des groupes variés. Une
question qu'il est toujours essentiel de se poser dans le domaine de la planification est : « Quelle
différence cela fait-il? »
Enfin, il y a la question difficile du langage. Lorsqu'on discute de mesure et que l'on expérimente de
nouvelles méthodes à cet égard, les termes employés pour décrire ce qui est produit et mesuré, et
à
quelles fins, sont fondamentaux pour saisir l'importance de la mesure. L'expression « mesure » elle-même nous fait penser
à une science exacte fondée sur le calcul et la précision. Cependant, le débat
tourne souvent autour de concepts comme « l'intuition », les équipements sociaux et les notions
intangibles du développement rural, comme la spiritualité. Quels mots,
à part les expressions communes
servant à désigner les indices, ont émergés pour nous aider
à avancer dans ce débat?
C'est dans ce contexte que le Dr. Ron Colman a présenté « les indices de progrès réel », un modèle qui
offre des possibilités fascinantes en développement de politiques. Des présentations sur Indice de progrès véritable Atlantique sont disponibles sur le lien suivant (il est à noter que ces présentations sont disponibles seulement en anglais): www.gpiatlantic.org
Résumé de la discussion :
LE DÉBAT SUR LA MESURE
La discussion débuta en déterminant les trois tâches suivantes :
- la mesure des conditions rurales;
- la mesure du changement;
- l'évaluation de l'incidence de l'interventionnisme politique (causalité).
En récapitulant les principaux thèmes abordés lors des groupes de réflexion précédents, le premier
thème, qui concernait les « atouts ruraux », montre que les atouts sont positifs, mais difficiles
à mesurer.
Par exemple, la santé est un atout majeur, mais comment savons-nous qu'un niveau de santé suffisant
est atteint et maintenu? Nombre d'atouts sont axés sur le thème plus général de la « qualité de la vie ».
Il s'agit non seulement d'un concept difficile à définir, mais encore faut-il déterminer qui établit la
définition. Les personnes qui surveillent le processus de définition et de mesures intègrent leurs propres
valeurs au processus, de sorte que les résultats peuvent varier. La deuxième séance de réflexion sur les
« moyens de subsistance durables » répond à la question de savoir comment les gens occupent leur
temps. Le principal défi consiste à mesurer les « autres » activités qui ne sont pas nécessairement
associées à l'activité économique (c'est-à-dire le bénévolat, les loisirs, etc.) parce que cela complique la
mesure des « moyens de subsistance ». Le concept de « renforcement des capacités d'une collectivité »,
qui est également difficile à définir et à mesurer (comment savoir quand une collectivité exploite
pleinement ses capacités?) est lié à la notion de moyens de subsistance durables.
Sur la base de ces groupes de réflexion, le professeur Fuller fait remarquer que la mesure pose un défi
de taille aux nouvelles idées ou aux bonnes idées parce qu'il en complique la mise en
oeuvre (comment
convaincre votre ministère/votre organisme d'entamer un nouveau programme lorsque vous n'êtes pas
capable d'en mesurer facilement la performance?). Nombre d'idées sont abstraites et difficiles
à
convertir en indicateurs mesurables, ce qui engendre des difficultés le moment venu de rendre compte
de la réussite d'un programme (comme mesurer une chose comme l'esprit communautaire?).
Mesurer n'est pas chose aisée. Par exemple, convient-il de mesurer les normes? En outre, la mesure,
dans le sens traditionnel du terme, peut être problématique, car elle se fonde sur une réflexion linéaire et
tient compte de la cause. Ainsi, si vous vous penchez sur les effets de votre programme au fil du temps,
pouvez-vous réellement prouver que les résultats sont uniquement le fruit de ce programme? Les
répercussions sur l'évaluation doivent être établies avec beaucoup de prudence.
Exercice en groupe
Les participants ont formés des groupes pour définir et décrire les concepts suivants : Confiance,
aliments salubres, santé des océans, collectivité et valeurs des nouveaux venus dans les petites villes.
Voici les résultats de cet exercice :
Confiance
- Croyance en quelque chose
- Communiquer sans craindre d'être jugé
- Une perception/une supposition
- Se mérite
- Une mesure du capital social (autrefois, surtout)
- Partage de vues communes
Aliments salubres
- Aliments qui satisfont aux normes de salubrité et de sécurité
à chaque étape de leur transformation
- Dissémination de l'information et pratiques
Santé des océans
- Vient à l'appui de la vie marine et des écosystèmes
- Absence de polluants, etc.
- Soutient les moyens de subsistance
Collectivité
- Penser en tant que groupe; faire partie de quelque chose
- Coopération
- Participation
- Ne pas être égoïste
- Davantage que le simple fait d'appartenir à un groupe
- Qui a la capacité de se reproduire
Valeurs des nouveaux venus dans les petites villes
- Les personnes y viennent pour diverses raisons, surtout pour la qualité de la vie qu'ils ont perçue
(par exemple, calme, connaissance des voisins, etc.).
Un thème clé qui ressort de cet exercice est la perception. La perception est davantage liée au
comportement qu'il n'y paraît. La politique et les programmes peuvent-ils reposer sur la perception?
Pouvons-nous gérer les perceptions? On reconnaît qu'effectivement, c'est possible. Néanmoins, certains
pensent que cela se fait par le biais de statistiques tandis que d'autres sont d'avis que les politiques
orientent ce processus. On fait remarquer que les gouvernements ont déjà commencé
à mesurer les
résultats comme moyen de résoudre le problème de la « causalité ».
INDICE DE PROGRÈS VÉRITABLE (IPV) : Ron Colman (IPV - Atlantique)
Opposer analyses qualitative et quantitative n'est pas un rapport dichotomique. Pour qu'elles soient
pertinentes, les données, les données qualitatives doivent être confirmées par des données
quantitatives. En général, nous essayons de combler l'écart en utilisant tantôt l'une, tantôt l'autre de ces
analyses, mais nous ne pouvons jamais savoir réellement quelle est l'incidence de nos actes.
Le projet d'indice de progrès des collectivités pose les questions « Que souhaitez-vous laisser en
héritage à vos enfants dans le King's County? » et « Comment le mesureriez-vous? ». L'IPV travaille en
étroite collaboration avec Statistique Canada de manière à pouvoir comparer les résultats. Comment
pourrait-on utiliser des indicateurs à l'échelle de la collectivité? On ne dispose généralement d'aucune
donnée à l'échelle locale, et c'est pourquoi on a lancé ce projet. Il tente de répondre au problème posé
par le fait que les statistiques et les renseignements provinciaux ne peuvent déterminer avec précision la
qualité de la vie à l'échelle locale.
Dans notre société, les mesures du progrès se fondent toujours sur la croissance économique.
Néanmoins, certaines tendances indiquent que les aspects « moins palpables » de la qualité de la vie,
comme la sûreté, la sécurité et la santé, sont en baisse tandis que le matérialisme et la richesse
augmentent. Les gens gagnent peut-être plus, mais il est possible que le bénévolat diminue dans leur
collectivité. Par exemple, on estime que le bénévolat a baissé de 8,5 %, mais le gouvernement ne le
mesure ou ne le mentionne pas, même si les répercussions sont graves, surtout dans les zones rurales.
La diminution du bénévolat coûte aux Canadien l'équivalant en services de 4,7 milliards de dollars.
La mesure, prise au sens traditionnel du terme, présente de nombreuses failles. Par exemple, dans le
Canada atlantique, la matière organique du sol a diminué de 30 %, mais grâce aux substances
chimiques, nous pouvons encore conserver les mêmes niveaux de rendement. Quels seront au bout du
compte les effets de cette politique? Quelles en seront les répercussions futures sur les enjeux comme la
salubrité et la sécurité des aliments?
D'un côté, nous utilisons le mot « saine » pour qualifier une économie forte, mais en réalité, une
économie saine peut avoir des répercussions néfastes sur la santé. Par exemple, l'industrie des pulpes
et papiers est une force économique importante dans de nombreuses régions, mais qu'en sera-t-il quand
il n'y aura plus un seul arbre?
Les désastres environnementaux contribuent davantage à l'économie que nous le croyons. Par exemple,
la marée noire créée par l'Exxon Valdez au large de la côte Ouest a eu sur le PIB de l'Alaska un plus
grand effet positif que le pétrole transporté par le pétrolier.
La société, dans son ensemble, est à blâmer pour cette façon de penser : nous sommes tous séduits par
le concept « plus vous avez, mieux vous vous portez ». Nous utilisons des statistiques, l'indice PIB pour
mesurer le bien-être, mais même l'inventeur initial du PIB affirme que cet indice ne devrait pas
être
utilisé à cette fin.
Il nous faut de nouveaux indicateurs, capables de montrer à une collectivité ce qu'elle veut
être. Les
indicateurs actuels mesurent la croissance économique, mais ignorent des actifs vitaux. Les programmes
de prévention à long terme pour réduire la pauvreté et préserver l'environnement ne sont pas financés
parce que, au bout du compte, le profit économique immédiat surpasse la déperdition sociale. Par
exemple, le gouvernement pourrait, s'il le voulait, interdire le tabac ou imposer des taxes extrêmement
élevées sur les cigarettes, mais quel en serait l'incidence sur l'économie? Ces indicateurs sont
importants parce qu'ils :
- rendent compte de ce à quoi nous accordons de la valeur;
- déterminent ce qui figure dans le programme de la politique;
- influencent le comportement (ce que l'on mesure attire l'attention et est donc jugé
important).
Cela soulève des questions sur les effets réels des produits comme les portions de frites géantes. Quel
est, au bout du compte, le coût réel sur le PIB (part exemple, dans le domaine des soins de santé)?
Devrait-on taxer les beignes comme les cigarettes? Devrait-on apposer des étiquettes de mise en garde
sur les produits riches en sel, en calories ou en gras, comme c'est le cas en Finlande? L'un des défi tient
dans le fait que ce genre de mesures s'étend sur de longues périodes de temps. Cela ne correspond pas
au cycle électoral de quatre ans. En conséquence, ce qu'il convient d'envisager comme un
investissement préventif à long terme dans la société est en fait considéré comme une dépense. Les
valeurs politiques, dans leur ensemble, sont uniformes (c'est-à-dire que tout le monde souhaite un
environnement plus propre), mais les décisions ne reflètent pas ces valeurs.
On soulève la question de savoir qui doit orienter le processus d'établissement des indicateurs. Ce
processus devrait-il être le fruit d'une initiative descendante ou devrait-il
être lancé à l'échelle de la
collectivité et avoir un effet ascendant? Réponse : les deux vont de pair. S'il est lancé
à l'échelle de la
collectivité, c'est cette dernière qui en répond, mais dans quelle mesure le processus peut-il
être
appliqué à un contexte plus large? D'un autre côté, les gouvernements ont énormément d'influence, ce
qui soulève des questions concernant leur rôle à titre d'éducateurs (par exemple, la santé préventive).
Tous les paliers doivent être en mesure de discuter de ces questions.
Dans le contexte rural, l'établissement d'indicateurs devrait se fonder sur de brefs questionnaires, moins
coûteux et plus faciles à distribuer. À Glace Bay, le taux de réponse a été de 81 %! Les collectivités
doivent être capables d'utiliser les renseignements qu'elles recueillent. Les enquêtes doivent
être axées
sur la collectivité, et leurs résultats seront ensuite mis à la disposition des résidents locaux.
Il faut établir une méthode plus systématique, dans laquelle les efforts locaux pour mesurer les valeurs
(en termes de PIB ou d'indicateurs de la qualité de la vie) peuvent être enregistrés et analysés en un
point central pour former une base d'information potentielle. Ces indicateurs de référence devraient
être
contrôlés annuellement pour déterminer les progrès et les lacunes.
Conclusion :
Les participants à cette séance de réflexion ont discuté,
à la suite de quoi ils ont exprimé les inquiétudes
suivantes :
- les mesures surutilisées, comme le PIB;
- les torts que nous causons peut-être à l'environnement;
- le système alimentaire;
- le système de santé;
- le profit dans ce que l'on pourrait appeler le secteur d'« intérêt public » (par exemple, l'eau, les
océans, etc.);
- les éventuelles attentes (droits) de la population envers les gouvernements centraux?
- les affaires liées aux collectivités.
Selon les participants de cette séance, les valeurs sont presque toujours le fruit d'une perception
commune.
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4. Groupe de réflexion #4 : Se déplacer (ou non) dans le Canada rural
Aperçu:
SE DEPLACER (OU NON) DANS LE CANADA RURAL
Professeur Tony Fuller
Université de Guelph
Ce groupe de réflexion, composée d'exposés entrecoupés de discussions, porte sur quatre analyses
entreprises entre 1999 et 2001. Bien que ces analyses concernent avant tout les régions rurales de
l'Ontario, elles établissent également une comparaison avec les autres provinces et les états américains
frontaliers. Il a souvent été observé que même si le transport ne constitue pas un enjeu critique en tant
que tel, il revient constamment dans la plupart des questions touchant à la prestation des services et au
marché du travail en milieu rural.
La société rurale au Canada est une société mobile. Les déplacements en milieu rural sont un élement
important pour le maintien d'une économie productive et en santé, aussi bien que pour l'integrité sociale.
La mobilité en l'absence de transport publique dans la plupart des zones rurales devient une question
d'accessibilté aux moyens de transport. Chacun n'a pa plein accès a un vehicule que ce soit pour des
raisons revenus, d'age ou de localisation. Dans une societé contemporaine, la mobilité est requise pour des
raisons sociales et récréationnelles aussi bien que pour faire des achats ou des raisons de santé. Le
navettage est probablement la plus importante demande de mobilité. La livraison des services
à domicile
(nos politiques limitent les coûts reliés a l'institutionalisation prematurée), dépendent largement de la
réduction de l'espace rural dans le but de faire la livraison des services tels que les soins
à domicile,
popottes roulantes et visites de courtoisie.
En plus de la dependence en termes de moyens de transport, la société rurale depend aussi sur les
routes en milieu rural. Les routes et les infrastructures routières sont une partie intégrale de l'économie
rurale, et sont aussi importantes pour les besoins sociaux de la société. Les fermes dependent tous
spécialement des routes - dans les Prairies ou un déplacement du transport ferroviaire vers le transport
routier pour le grain est en cours, et ou les les citernes laitières doivent se déplacer et ou les fermiers
doivent déplacer leurs machinerie agricole. Le tourisme rural depend aussi largement sur la capacité des
gens a transiter vers et à partir des zones rurales. Le navettage pour le travail dans les régions
adjacentes aux centres urbains requiert des routes bien entretenues et le pellatage de la neige en hiver.
Les routes sont probablement un actif sous-évalué en milieu rural au Canada.
La question des déplacements en milieu rural dans le but de satisfaire les besoins, de rencontrer les
obligations, d'aller au travail ou a l'école, aussi bien que d'augmenter la qualité de vie requiert des elements
privés et publiques. Le transport automobile est privé mais le système routier peut
être considéré comme
un bien publique. L'influence sur les déplacements est une question de politique publique, de moyens et de
capacité des communautes à s'organiser.
Ces problématiques publiques, privées et communautaires en termes de transport rural sont le sujet de
discussion du quatrième groupe de réflexion. De nouvelles idées tirées de la recherche (c-à-d. tirées de
la littérature et des dicussions avec les résidents ruraux en Ontario) vont formés la base de la
discussion. Étant donné le rôle central que le transport prend dans la vie des citoyens ruraux, il est
important d'examiner ce que nous savons et ce que nous pouvons faire pour améliorer le transport en
milieu rural au Canada.
POURQUOI IL EST IMPORTANT DE POUVOIR SE DÉPLACER ?
Professeur Tony Fuller
Université de Guelph
Se déplacer est ressenti comme un aspect important de la vie active normale dans les campagnes
canadiennes. Sur le plan personnel et familial, ne pas pouvoir se déplacer est un désavantage difficile
à
surmonter dans la plupart des régions rurales, compte tenu de l'absence de transports en commun.
Aujourd'hui, les problèmes liés au transport en milieu rural sont généralement associés
à l'accès aux
véhicules motorisés et à leur utilisation.
Autrefois, il était certes important de pouvoir se déplacer, mais c'était nettement moins fréquent. Les
déplacements étaient plus rares et les distances plus courtes. À l'époque où le cheval était le seul
moyen de locomotion, les trajets se limitaient à la ville la plus proche. On implantait les villes
à une
distance comprise entre 10 et 12 milles, de manière à pouvoir rallier en un jour les centres de services
au moyen d'un véhicule tracté par des chevaux. Étant donné que les déplacements se limitaient
à la
distance que pouvait parcourir un cheval ou un véhicule hippomobile, nous appellerons cette époque la
société dite de la « courte distance ». Dans la majeure partie du Canada, les moyens de transport
utilisés par la société dite de la « courte distance » sont demeurés les seuls moyens de se déplacer
durant 50 à 150 ans. Utiliser le concept de la société dite « regroupée » (Fuller, 1994) nous permet de
mieux appréhender l'incidence de l'automobile sur la mobilité des personnes et sur les collectivités
rurales du Canada au vingtième siècle. Les services (écoles, hôpitaux, commerces) étant aujourd'hui
situés à des endroits différents dans un réseau de petites villes, les personnes doivent se déplacer si
elles souhaitent que les membres de leur famille participent aux activités « normales » de la vie en milieu
rural. Enfin, les distances que les personnes semblent être disposées à parcourir pour se rendre sur leur lieu
de travail jouent également un rôle. Plutôt que de déplacer tous les membres de leur famille, les gens
préfèrent de plus en plus rester à la maison et parcourir des distances de plus en plus longues pour se
rendre au travail. Tous ces facteurs créent une « culture de la mobilité ». Même si les Nouvelles
Technologies de l'information et des communications ont quelque peu réduit la distance dans plus d'une
région rurale, le nombre de personnes qui ont accès à ces technologies demeure relativement restreint.
S'il est normal de se déplacer, ceux qui ne le peuvent souffrent alors d'un désavantage sur le plan du
transport. Ce désavantage varie et n'est pas facile à définir. Tout dépend des multiples causes possibles
de l'immobilité (personnelles, institutionnelles, structurelles, environnementales et situationnelles) et des
autres moyens de transport dont dispose le ménage et/ou la collectivité.
LES PERSONNES DÉSAVANTAGÉES SUR LE PLAN DU TRANSPORT : Se déplacer (ou non) dans le Canada rural.
A. PREMIÈRE ANALYSE : LES JEUNES EN MILIEU RURAL ET LA MOBILITÉ :
UN NOUVEL ENJEU POUR LE TRANSPORT
Par : Kathleen Kaye
De mai à août 2000, on a mené une étude sur les problèmes de transport auxquels sont confrontés les
jeunes dans les régions rurales de l'Ontario. On a organisé neuf groupes de discussion dans plusieurs
petites villes de la province. On a recueilli d'autres renseignements grâce
à une brève enquête, une
analyse de documents et les témoignages de jeunes sur Internet.
Les documents examinés ont révélé que plusieurs facteurs avaient une incidence sur la capacité des
jeunes à accéder à des moyens de transport dans les régions rurales. On dépend beaucoup des
véhicules à passager unique en milieu rural, et nombre de jeunes n'ont pas accès
à leur propre
véhicule ou au véhicule familial, ou ne possèdent pas de permis de conduire. Dans cette optique, le
système d'immatriculation par étapes progressives est un facteur contraignant qui concerne plus
directement les jeunes en milieu rural puisqu'il limite l'utilisation du permis et allonge le délai nécessaire
pour obtenir un permis complet. Il y a également le problème posé par l'absence de transports en
commun qui, à son tour, limite la mobilité d'un grand nombre de résidents des zones rurales, y compris
les jeunes. Cela est associé à la disparité, par rapport au milieu urbain, qui caractérise le développement
de services de transport, laquelle a une incidence négative sur les résidents des régions rurales.
Près de 80 jeunes vivant en milieu rural ont participé aux neuf groupes de discussion tenu dans des
zones rurales, dans les différentes régions de l'Ontario, à savoir Bracebridge, Barry's Bay, Durham,
Manitoulin Island (Sheguiandah), Paris, Strathroy, Tweed, Winchester et Woolwich. Les participants
étaient tous âgés entre 15 et 24 ans; on a ciblé ce groupe d'âge sur la base de la définition du mot
« jeune » des Nations Unies.
Les réunions des groupes de discussion s'intitulaient « Faut que ça bouge » et s'inspiraient de la trousse
pour la planification d'actions collectives élaborée par Wayne Caldwell. La méthodologie des groupes de
discussion reposait sur une série de quatre questions, à partir desquelles les jeunes discutaient de leurs
besoins en matière de transport et des solutions possibles. Ils ont examiné les idées tous ensemble et
en petits groupes de travail, de manière à formuler et à recenser des propositions sur la manière de
répondre à leurs besoins en matière de transport.
Les principales constatations tirées de l'étude découlent des discussions des groupes « Faut que ça
bouge ». Les quatre problèmes communs auxquels sont confrontés les jeunes en milieu rural sont les
suivants :
- la nature rurale des problèmes de transport en terme de distance à parcourir pour atteindre la
destination souhaitée;
- les aspects financiers/le coût des transports;
- l'accès à des personnes disposées à les véhiculer;
- les conditions météorologiques.
Les activités hebdomadaires qui requièrent un moyen de transport pour les jeunes sont
les activités sociales, les amis et le travail; les moyens de transport les plus courants pour se rendre au
lieu où se font ces activités sont l'automobile, l'auto-stop ou la bicyclette. Les activités pour lesquelles le
transport pose problème sont les activités sociales, rendre visite
à des amis ou assister à des
événements sportifs ou récréatifs. En général, les trois principaux défis de mobilité auxquels les jeunes
font face sont liés au prix du carburant, au manque de transports en commun et
à l'accès à une
personne disposée à les véhiculer.
Les solutions proposées par les jeunes aux problèmes de mobilité sont notamment la mise en place de
lignes d' autobus régulières, l'achat de véhicules, la réduction des difficultés liées
à l'obtention du permis,
l'élargissement des réseaux de covoiturage, l'aménagement de nouvelles pistes cyclables et une plus
grande coopération de la part des parents. Les constatations faites à partir des discussions ultérieures
en petits groupes ont permis de dégager les thèmes suivants :
- le covoiturage, réseau de conducteurs et de coopératives automobiles;
- l'utilisation des services déjà existants (autobus affrétés pour des événements spéciaux/bus
scolaires);
- la formation de partenariats avec des organismes et des entreprises pour y améliorer l'accès;
- l'amélioration des normes de sécurité à l'intention des cyclistes et l'aménagement de nouvelles
pistes cyclables;
- la modification du système d'immatriculation par étapes progressives dans les régions rurales;
- l'installation de nouveaux téléphones d'urgence payants.
En conclusion, les jeunes gens en milieu rural admettent qu'ils sont aux prises avec certains défis en
matière de transport, auxquels ils apportent des solutions créatives. La nature rurale des transports peut
en elle-même représenter un défi, qui peut être particulièrement difficile
à surmonter par les plus jeunes.
Nombre des propositions avancées par les jeunes participants pourraient être facilement mises en
oeuvre, ou pourraient faire appel à des ressources existantes. Il faut prêter une plus grande attention
à
ce sujet, de manière à répondre avec plus d'efficacité aux problèmes que rencontrent les jeunes des
régions rurales aujourd'hui.
Discussion
Rares sont les documents qui traitent de ce sujet, néanmoins, les documents existants démontrent
que certains problèmes auxquels sont confrontés les jeunes sont exacerbés par les facteurs suivants,
propres aux régions rurales :
- La proportion d'emplois saisonniers est élevée dans les zones rurales.
- Les fonds alloués aux transports dépendent souvent de la population.
- Posséder une automobile est un investissement onéreux pour un jeune, et les droits de transport
sont élevés en raison des longues distances.
- L'obtention d'un permis demande du temps et survient à la fin de l'adolescence.
- L'aménagement du territoire et la dispersion des lotissements, des emplois, des écoles, etc.
compliquent les déplacements des jeunes (la société « regroupée »).
- Forte dépendance vis-à-vis des parents pour les déplacements.
- Les règlements des autobus scolaires ne sont pas souples.
- L'auto-stop peut poser problème, mais pas autant au Canada que dans d'autres régions du
monde.
On fait remarquer durant l'exposé que 30 % des
jeunes déclarent ne pas pouvoir se rendre sur un lieu de travail à certaines périodes, tandis que 50 %
des jeunes en milieu rural affirme avoir refusé un emploi en raison des besoins en transport. Ce
problème est lié à celui de la migration des jeunes vers les centres urbains. Les problèmes de transport
peuvent limiter les activités sociales, ce qui peut à son tour avoir une incidence sur l'estime de soi :
- Les limites à la recherche d'emploi est un problème clé pour les jeunes résidant en milieu rural. Il
peut y avoir des emplois dans la région, mais pas dans leur collectivité locale.
- Définir ce qu'on entend par « jeunes » est crucial : les jeunes plus âgés ont des expériences et des
moyens de transport différents que les jeunes moins âgés.
- Quelle est l'incidence sur les jeunes de l'augmentation des taxes sur le carburant? Les dépenses
comme le carburant et l'assurance sont très élevées.
- La masse critique est un enjeu. Des pratiques très dangereuses ont eu lieu en Ontario (par exemple,
à Strathroy) où des jeunes sautaient à bord des trains pour se déplacer.
- Aller vers les jeunes est également une solution. Le ministère de Développement des Ressources
Humaines Canada a tenté de remédier à certains problèmes en offrant des services dans les
collectivités plus petites. Par exemple, le Ministère possède un semi-remorque équipé d'ordinateurs
qui peut se déplacer dans les régions rurales.
- La technologie offre un plus large accès à l'information et
à la communication, mais elle ne résout
pas tous les problèmes. Par exemple, les gens doivent toujours se rendre aux entrevues
d'embauche.
- Nombre d'emplois en milieu rural exigent d'être mobile et de se déplacer; cela constitue une entrave
pour les jeunes.
- Les choses ont-elles tant changé? Un point soulevé était que le système d'immatriculation par
étapes progressives ne concerne en réalité que les enfants en âge de scolarité.
- La distance n'est pas le seul problème : nous devons également nous pencher sur le temps. La
durée des déplacements n'a pas beaucoup changé, à l'inverse des distances. Dans les collectivités
côtières et les villes à industrie unique, il en va tout autrement lorsqu'il s'agit du temps nécessaire
pour se déplacer (par exemple, pour se rendre à la ville la plus proche).
- Les transports se révèlent un problème chaque fois que nous examinons d'autres facteurs sociaux,
comme la violence, la santé et l'économie.
- Il existe des transports en commun dans les régions rurales : les autobus interurbains traversent
certaines régions rurales et s'arrêtent dans les petites villes. Ces bus sont généralement utilisés par
des gens qui n'appartiennent pas à la population active ou par des groupes particuliers comme les
Mennonites.
En général, les revenus sont différents dans les collectivités rurales. Ils doivent
être
abordés parallèlement aux transports. Les transports sont-ils un déterminant de la santé?
À Prescott-Russell, on mène des recherches pour déterminer combien d'emplois requierent une voiture. En outre,
Statistique Canada travaille sur une enquête relative aux trajets domicile-travail : Recensement de 1996 : Activités sur le marché du travail, profession et industrie, lieu de travail,
mode de transport pour se rendre au travail et travail non rémunéré (diffusé sur Le Quotidien par Statistiques Canada - le mardi 17 mars 1998). Cet article se trouve à l'adresse suivante :
http://dissemination.statcan.ca/Daily/Francais/980317/q980317.htm#ART1
B. DEUXIÈME ANALYSE : LES PERSONNES ÂGÉES ET HANDICAPÉES DES RÉGIONS RURALES
DU CANADA
Par : Marni Herold
Introduction
Le problème de transport auxquels sont confrontées les personnes âgées en milieu rural ne date pas
d'aujourd'hui. Dès la fin des années 1970, les chercheurs et les planificateurs des services de santé ont
noté ce problème, alors que l'on tentait de désinstitutionnaliser les citoyens du troisième âge. Les
personnes âgées qui vivent chez elles plus longtemps dépendent de plus en plus de leur famille, de
leurs amis et de leurs voisins qui les véhiculent pour satisfaire à leurs besoins. Cette constatation cadre
avec la notion de la continuité des soins, laquelle remonte également
à la fin du siècle dernier : selon ce
concept, les logements, les soins de santé et les transports sont les conditions essentielles pour
subvenir aux besoins des personnes âgées dans les campagnes et les petites villes canadiennes. Même
si on a porté une attention toute particulière aux soins de santé (surtout gérontologique) et, dans une
moindre mesure, au logement, on ne sait pas quelle attention est portée aux moyens de
transport pour les personnes âgées vivant en milieu rural.
Cette analyse de documents tente de remédier à ce problème. Quels sont les changements ou les
améliorations, le cas échéant, apportés aux transports ruraux
à la disposition des personnes âgées ou
handicapées en milieu rural? Cette question est centrale, certes, mais d'autres questions affluent
également : quelles sont les données démographiques actuelles? Par exemple, les aînés continuent-ils
de déménager dans les petites villes? Quels sont les besoins satisfaits en matière de transport? Par qui
et à quel coût? D'une manière générale, ces moyens sont-ils suffisants et satisfaisants?
Afin de répondre à ces questions, les chercheurs ont interrogé les principales personnes-ressources. Le
nombre de documents traitant des problèmes de transport s'étant avéré décevant, ils ont récolté d'autres
renseignements à partir de diverses enquêtes et sources. Il semble que peu de progrès aient été
réalisés et d'aucuns pourraient prétendre que le transport est le « problème oublié » dans les zones
rurales. Concrètement, on a pourtant pris des dispositions dans de nombreuses collectivités rurales pour
aider les personnes âgées et handicapées, de sorte qu'on ne peut déterminer avec certitude ce qu'il en
est de la situation des personnes âgées en milieu rural et de leurs besoins en matière de transport.
Le présent rapport tente d'examiner la situation, de commenter les documents, d'établir des
comparaisons avec les connaissances précédentes et de formuler des propositions concernant
l'évolution et les problèmes. Cet exercice est limité par les conditions de l'analyse, étant donné qu'il ne
s'agit pas d'un examen systématique ou d'une analyse de données brutes. La première section consiste
en un examen documentaire approfondi. Dans la deuxième section, on utilise une brève enquête menée
auprès des fournisseurs de services pour rendre compte des problèmes d'ordre institutionnel. Dans la
quatrième section, on trouve une analyse documentaire sur les problèmes liés au transport et sur les
personnes handicapées. Enfin, le rapport comprend un examen approfondi des problèmes de transport
dans les régions rurales d'Amérique pour donner une dimension comparative
à la présente analyse.
Présentation
Les ménages ruraux canadiens font souvent face à plusieurs situations qui ont une incidence sur leur
mobilité. Ces situations sont de plus en plus problématiques pour les résidents âgés ou handicapés des
zones rurales. Ces situations sont les suivantes :
- La majorité des ménages ruraux possèdent un véhicule privé ou ont accès
à un tel véhicule.
- Il existe peu de services de transport publics.
- Les personnes âgées vivant en milieu rural dépendent de l'accès
à un véhicule privé.
- Les problèmes surgissent dès lors qu'un véhicule n'est pas disponible.
- Les solutions de rechange pour combler les besoins de transport des personnes âgées ou
handicapées en milieu rural sont peu nombreuses.
Pourquoi cela pose-t-il encore un problème? Qu'en disent les documents?
Le transport est un problème courant pour les personnes âgées ou souffrant d'une incapacité physique
résidant en milieu rural, et ce, malgré l'augmentation du nombre de personnes possédant un véhicule :
- Ce fait est attesté par des études menées pendant plus de 30 ans.
- Les problèmes évoluent dans le temps, au fil des divers changements sociétaux.
Actuellement, les facteurs qui reportent au XXIe siècle le problème des transports en milieu
rural sont la déinstitutionalisation, la centralisation, le nombre croissant de résidents âgés en
général, la professionnalisation du bénévolat (le secteur de l'économie sociale) et le fait que
l'on dépende de véhicules privés.
- Le principal problème est le même depuis plus de 25 ans : l'absence de services de
transport accessibles et abordables où la mobilité des personnes est un élément essentiel
du bien-être. Les problèmes qui persistent depuis 20 ans sont, entre autres, la grande
diversité des collectivités rurales, l'augmentation du coût liée
à la prestation et à l'utilisation
des services de transport en milieu rural et les entraves courantes à l'obtention d'une
assurance et à la délivrance d'un permis.
Changements sociétaux récents
Le problème posé par les transports a diminué grâce aux services de soins
à domicile, lesquels
favorisent l'autonomie par le biais de la désinstitutionalisation. Des problèmes subsistent toutefois dans
les régions où les aînés doivent se déplacer pour bénéficier de ces services.
La centralisation des services éducatifs, sociaux et de santé s'est traduit par le regroupement des
services, lequel a modifié la dynamique des transports dans les collectivités rurales. Les résidents des
régions rurales doivent parcourir de plus longues distances, pendant plus longtemps, comparativement
à
leurs homologues urbains, pour avoir accès aux cliniques, aux hôpitaux, aux écoles et aux centres
d'activités communautaires.
Les aînés représentent au Canada une tranche de la population
à croissance rapide. D'ici 2021, on
estime que le Canada comptera environ 7 millions d'aînés, soit 19 % de la population totale. En 2000, le
nombre de résidents canadiens âgés de plus de 65 ans était estimé
à 3,8 millions. Quelque 24 % de
cette population vit en milieu rural.
On a adapté les programmes de financement en fonction de la dépendance accrue
à l'égard des
véhicules privés. Puisqu'il est plus facile pour les personnes ayant accès
à un véhicule de se déplacer
(améliorations des infrastructures, etc.), un fossé encore plus grand sépare les personnes qui possèdent
un véhicule de celles qui n'en possèdent pas (les personnes qui n'ont pas accès
à un véhicule ou qui ne
peuvent se permettre de parcourir les distances nécessaires risquent de ne pas accéder aux services de
première nécessité).
Suite aux réductions de plus en plus nombreuses des services sociaux, le secteur bénévole se voit de
plus en plus sollicité pour fournir des services de transport. Cette situation est peut-être exacerbée par la
tendance récente touchant la participation de bénévoles (c.-à-d. recruter et garder un nombre adéquat
de bénévoles).
Problèmes courants
Le coût lié à l'utilisation et à l'organisation de services de transport en milieu rural pose problème pour
les personnes âgées et handicapées, et pour les fournisseurs de services qui desservent ces
populations. Il existe plusieurs autres entraves à l'organisation de services de transport
à l'intention des
résidents âgés et handicapés en milieu rural :
- L'utilisation des solutions en matière de transport est conditionnée par les comportements,
les préférences et les tendances qui caractérisent les personnes âgées en milieu rural. Si
l'on en croit les documents, les services de transport officieux, offerts par les amis ou les
parents, ont la cote. Toutefois, tous les résidents âgés des zones rurales ne bénéficient pas
de ce genre de services.
- Les femmes âgées vivant en milieu rural sont moins susceptibles de posséder un permis de
conduire valide et/ou d'avoir accès à un véhicule que celles vivant en milieu urbain.
- Les entraves politiques.
- Les entraves organisationnelles.
- Les entraves financières.
- Les entraves administratives.
- Les entraves géographiques.
Les différents besoins et problèmes auxquels font face les personnes âgées des zones rurales, de
même que les différences entre les zones rurales elles-mêmes, sont une réalité qui incite
à envisager
d'autres possibilités en matière de systèmes de transport, pour disposer de solutions dont la souplesse
permet de les adapter à toute une série de problèmes de transport. Dans le cadre des stratégies
récentes de rationalisation, les zones rurales ont été associées
à des villes plus grandes, de sorte qu'il
est plus difficile pour les résidents des zones rurales de se faire entendre.
Quelles mesures de politique prenons-nous à l'égard des transports en milieu rural?
Le débat se poursuit sur la manière de répartir adéquatement les responsabilités pour répondre aux
besoins en matière de transport (secteurs public et privé, et les différents niveaux associés
à chaque
secteur). Néanmoins, on admet généralement qu'il est nécessaire d'offrir des services de transport. En
Ontario, les fonds alloués aux programmes dans le domaine des transports relèvent notamment des
ministères de la Santé, des Transports, de la Citoyenneté, de la Culture et des Activités récréatives, de
l'Éducation et de la Formation, des Services sociaux communautaires.
Le financement provincial a permis à des organismes à but non lucratif d'offrir des services de transport
sous différentes formes, à leur clientèle spécifique. Cette situation s'est traduite par le chevauchement
des services de transport, mais a également créé des lacunes.
Comment faire mieux en terme de politique?
La fragmentation de la prestation des services de transport, assurée par des organismes publics, privés
et à but non lucratif, donne lieu à des « cloisonnements », où les besoins de certains groupes cibles sont
satisfaits, tandis que d'autres personnes n'ont pas accès à ces services, notamment parce qu'ils ne
répondent pas aux critères requis. La fragmentation de la prestation des services fait également que des
programmes semblables convoitent les mêmes ressources limitées en matière de transport. Ces
problèmes pourraient être atténués :
- si les ministères gouvernementaux géraient de concert les programmes sur les transports,
de manière à réduire les problèmes de financement;
- si on accordait de l'attention à l'amélioration des systèmes de transport communautaires,
surtout dans les zones rurales;
- si on mettait en place des mesures incitatives plus efficaces pour intégrer la planification des
transports à chaque palier, d'autant plus lorsque les groupes travaillent en vue d'instaurer
une coordination multisectorielle.
Que faisons-nous à l'échelle communautaire?
Environ 25 collectivités rurales ont pris part à une initiative interministérielle du gouvernement provincial
de l'Ontario, le Programme d'action en transport communautaire (PATC) (1998-2000). Ces collectivités
ont toutes tenté de coordonner les ressources existantes en matière de transport, et certaines continuent
de le faire.
En réponse au besoin permanent en nouveaux services de transport plus élargi, plusieurs projets de
transport communautaires proposent des solutions pour satisfaire les besoins en matière de transport de
certains sous-groupes de la population rurale, comme les personnes âgées et handicapées. Nombre de
projets et de programmes ont vu le jour à l'échelle locale, à l'initiative de groupes communautaires, de
paroisses et de bénévoles locaux. Ces « micro » programmes fonctionnent souvent en marge des
programmes financés par le gouvernement.
Comment faire mieux au niveau communautaire?
Les organismes de service pourraient mettre en place ou renforcer les stratégies de coordination. La
plupart des services de transport existants dans les zones rurales ciblent des tranches précises de la
population, comme les personnes âgées et handicapées, ce qui leur permet de conserver leur
autonomie. Ce ciblage, généralement étroit, des services de transport donne lieu
à des répercussions
indésirables dans les zones rurales de l'Ontario, surtout lorsque les fonds publics accordés
à la
fourniture de moyens de transport accessibles sont limités. Les lacunes qui en résultent, de même que le
chevauchement des services, nous amènent à envisager des efforts de coordination.
L'idée que la coordination en tant que solution possible aux problèmes de mobilité des résidants des
zones rurales de l'Ontario est largement partagée. Les avantages potentiels de la coordination ont été
largement étayés par la documentation et sont décrits dans le tableau ci-dessous.
Avantages de la coordination mentionnés dans la documentation
Intervenant |
Avantages de la coordination |
Client |
- Plus de clients reçoivent les services
- Plus de points d'accès aux services
- Contact accru des clients avec d'autres fournisseurs de services
|
Administration |
- Élaboration commune de nouveaux services/produits
- Obtention et affectation de ressources accrues
- Partage du coût lié à l'élaboration des produits et services
- Plus grande continuité des services due au financement conjoint, à
l'achat de services, à l'affectation de personnel et à
l'uniformisation des critères d'admissibilité
- Efficience accrue due à l'identification des programmes qui se
chevauchent et possibilités de réorienter les ressources
- Occasion accrue pour la gratification du personnel
- Occasions d'apprendre et de s'adapter
- Gain sur le plan du soutien mutuel, de la synergie de groupe, des
alliances et des milieux de travail harmonieux
|
Bailleurs de
fonds |
- Obtenir et offrir plus de ressources
- Partage du coût lié à l'élaboration des produits et services
- Efficience accrue due à l'identification des programmes qui se
chevauchent et possibilités de réorienter les ressources
- Gain sur le plan du soutien mutuel, de la synergie de groupe, des
alliances et des milieux de travail harmonieux
|
Source : Adapté de Rogers & Whetten, Inter-organizational Coordination, Iowa State University Press, 1982
La coordination de services de transport multisectoriels pourrait mener à des services de transport plus
efficaces, pour autant que les ressources en matière de transport (programmes, bénévoles, véhicules,
personnel et financement) soient disponibles. Il existe cependant divers types de « ruralité » et plusieurs
niveaux de coordination. Il est important de comprendre qu'une stratégie de coordination ne répond pas
à toutes les questions. Il faut être conscient que les efforts de coordination doivent
être structurés et
adaptés à chaque zone rurale en particulier.
Un autre aspect auquel il faut prêter attention lorsqu'on s'achemine vers la coordination en matière de
services de transport ruraux est la participation existante des divers intervenants dans les services de
transport. Pour combler les lacunes, nombre de projets de transport ont été mis en
Oeuvre, grâce au
temps consacré et aux services fournis par les bénévoles. Bref, tout effort de coordination doit
être
envisagé sous plusieurs angles pour tenir compte des groupes (particuliers, conseils d'aînés,
organismes, associations, etc.) qui participent à l'amélioration de la mobilité des résidents des zones
rurales.
Au cours des dernières années, on s'est concentré sur le développement économique communautaire, la
qualité de la vie, les logements avec services de soutien, la restructuration des écoles et la fourniture
des soins de santé dans les zones rurales. Tous ces enjeux sont essentiels aux résidents des zones
rurales. Toutefois, un thème commun à tous ces enjeux est la capacité pour tous les résidents des zones
rurales à se déplacer.
Discussion
Généralement, la
plupart des problèmes liés au vieillissement et au transport en milieu rural demeurent inchangés depuis
30 ans. Quoiqu'il existe aussi une myriade d'organismes qui peuvent participer aux services de transport
à l'échelle des collectivités.
Points de discussion
- Des différences importantes subsistent entre les zones rurales (par exemple, l'éloignement, la
nordicité, etc.).
- En termes de comportements et de préférences, la plupart des personnes âgées préfèrent les
réseaux de transport officieux, mais ils ne sont pas accessibles à tous.
- Les transporteurs gèrent leurs services depuis longtemps et ne sont pas nécessairement enclins
à
modifier leurs pratiques ou leur comportement.
- Le financement a subi des coupures.
- Le rôle du secteur de l'économie sociale s'est accru au fil du temps.
- On notait des différences entre les sexes dans les années 1970 et 1980, alors que les femmes
n'avaient pas autant accès à un véhicule ou au permis que leurs homologues urbaines ou que les
hommes en milieu rural.
- Certaines tranches précises de la population sont regroupées dans les documents sur les personnes
âgées car il est courant que les services offerts et les politiques sociales se recoupent.
Autres points de discussion
- Le nombre de personnes âgées est en augmentation dans les zones rurales (pas moins de 30 % de
la population rurale est âgée de plus de 65 ans), mais dès qu'elles atteignent l'âge de 75 ans, elles
ont tendance à déménager pour se rapprocher des hôpitaux. Nous assisterons
à une augmentation
de la population de la strate plus jeune des personnes âgées au cours des prochaines années.
- La masse critique est toujours un problème.
- Les initiatives communautaires essaient de combler l'écart, mais elles sont nombreuses et elles
devraient être mieux coordonnées.
- Les personnes âgées ne peuvent pas toujours compter sur l'aide de leur famille parce que ces
dernières sont plus mobiles que jamais. Les plus jeunes prennent souvent le large pour saisir des
occasions d'emploi ou de logement, de sorte qu'il arrive que les parents âgés déménagent là où se
trouvent leurs enfants.
- Le soutien social est essentiel pour appuyer les personnes âgées fragiles vivant chez elles dans les
zones rurales.
- Au Québec, on a tenté de mettre en place des coopératives, mais celles-ci ne se sont pas toujours
révélées une réussite. Les services qu'elles offrent sont souvent sous-utilisés.
- La Nouvelle-Écosse conçoit présentement un site Web, lequel est un projet pilote pour la
coordination des services de transport.
- Le secteur privé a un rôle à jouer et doit s'y atteler (par exemple, les services de navettes dans le
Canada atlantique). Il faut néanmoins que ces services soient rentables. Le déménagement des
personnes qui atteignent l'âge de la retraite dans les collectivités rurales est une occasion d'affaires
à saisir.
- Les personnes âgées en milieu rural ont de l'argent à consacrer
à ces services. Mais la situation en
ce qui a trait à la fourniture de services s'apparente à celle du petit citoyen contre les grandes
compagnies (toutefois, les entreprises plus grandes trouvent qu'il est moins rentable de desservir les
zones rurales et éloignées et ont tendance à réduire les services).
- Il est capital de disposer d'une vue d'ensemble du transport en milieu rural. Les services sont
actuellement cloisonnés. Nous devons adopter un mode de pensée horizontal.
- Les formalités administratives, les règlements et les exigences en matière de permis posent
problème, particulièrement en Ontario. Ces problèmes sont devenus des entraves
à la prestation
des services. Un rôle essentiel du gouvernement consistera à modifier les politiques qui les
encadrent.
C. TROISIÈME ANALYSE : LES ROUTES
Par : Todd Gordon
Introduction
Certaines études et renseignements récents semblent attester indirectement de l'état de dégradation
dans lequel se trouvent les routes locales des régions rurales de l'Ontario. Ce document présente les
conclusions tirées d'une analyse portant sur la situation actuelle en ce qui a trait aux routes rurales de
l'Ontario et donne un aperçu des problèmes auxquels font face les usagers de ces routes et les
administrations municipales qui fournissent des services de voirie. Utilisant la méthode dite du balayage,
cette étude passe les problèmes en revue, principalement du point de vue des intervenants, dans le but
d'offrir un aperçu à jour, propre à susciter un débat politique et
à promouvoir d'autres recherches.
Rapport sur les routes rurales - Todd Gordon
Malgré les changements économiques et sociaux résultant de phénomènes tels que la mondialisation et
la transition vers l'ère de l'information, les transports routiers demeurent essentiels aux régions rurales
de l'Ontario. Néanmoins, le réalignement provincial-municipal dans la province, ainsi que les
changements économiques et démographiques, pèsent sur la capacité des municipalités rurales à
fournir des services de voirie efficaces. La présente analyse démontre clairement que les contraintes
imposées aux routes rurales ont augmenté dans nombre de cas. On constate, en général, plusieurs
tendances ayant une incidence sur les routes rurales. Ces tendances sont les suivantes :
Tendances associées à la demande
- L'activité agricole dans les régions rurales de l'Ontario est en mutation. La nature de
l'activité agricole de la province évolue. L'agriculture ontarienne est de plus en plus
confrontée aux pressions concurrentielles à travers le monde. L'évolution de la production
pourrait se traduire par une utilisation plus intense des routes rurales à des fins agricoles, à
mesure que la circulation des intrants et des extrants s'intensifie et se
diversifie.
- La province connaît également une demande accrue pour le tourisme rural et les activités
récréatives. Cette demande résulte en partie du changement démographique : la population
vieillissante des baby-boomer représente une tranche importante de la population,
relativement aisée et disposant de beaucoup de temps libre.
- Le secteur de la fabrication a connu un regain d'activité dans les régions rurales de l'Ontario
et l'essor pourrait se poursuivre. Dans l'ensemble, cette activité économique croissante a eu
tendance à accroître le fardeau imposé au réseau routier rural existant. Il est impératif de
posséder un réseau routier rural sûr et efficace pour garantir la réussite de toutes les
activités économiques rurales.
- Dans de nombreuses régions de l'Ontario, on a constaté un trafic plus dense sur le réseau
routier rural, en raison du navettage et des activités routinières auxquelles vaque une
population rurale plus diversifiée. Les problèmes de voirie propres aux zones périphériques
pourraient s'étendre davantage aux campagnes, étant donné que les travailleurs parcourent
quotidiennement des distances plus longues et que les modes de transport associés à la vie
moderne sont de plus en plus complexes.
Tendances en matière d'approvisionnement
- En vertu de la nouvelle donne des responsabilités en matière de services entre provinces et
municipalités, la province a supprimé certaines subventions directes allouées pour les routes
locales. L'établissement de l'assiette de l'impôt foncier, source de capitaux pour l'entretien
de la voirie, relève désormais exclusivement des municipalités. Le financement des routes
est un problème majeur pour les municipalités rurales qui éprouvent de la difficulté à
financer leurs besoins en infrastructure.
- La nouvelle législation sur les municipalités et la responsabilité accrue des municipalités en
matière d'entretien de la voirie se sont traduites par l'établissement de nouvelles normes
volontaires sur l'entretien des routes locales.
- La responsabilité accrue, la réduction des sources de financement et l'importance continue
d'offrir des services de voirie ont amené les municipalités à recourir davantage au mesurage
du rendement.
- Les municipalités rurales ne semblent pas avoir accès à la même gamme de sources de
financement et de solutions de gestion que leurs consœurs urbaines et que les paliers de
gouvernement supérieurs.
Le présent rapport souligne plusieurs des problèmes et défis importants que rencontrent actuellement
les routes rurales en Ontario. Il analyse ensuite une enquête réalisée pour mieux cerner la portée de ces
problèmes et de ces défis. Après l'analyse de l'enquête, le rapport décrit le contexte pour évaluer ce qu'il
en est des routes rurales en Ontario, en examinant les caractéristiques et l'état des routes rurales dans
d'autres provinces canadiennes et dans certains états américains.
Dans un premier temps, les travaux se sont centrés sur deux groupes qui représentaient les usagers des
routes ontariennes. Ces groupes comprenaient, sans s'y limiter, les organismes suivants :
- L'Ontario Good Roads Association (OGRA)
- L'Association of Ontario Road Superintendents (AORS)
- La Rural Ontario Municipal Association (ROMA)
- La Fédération de l'agriculture de l'Ontario (FAO)
- L'Ontario Trucking Association (OTA)
- La Canadian Automobile Association of Ontario (CAA-Ontario)
- La Municipal Engineers Association (MEA)
- La Ontario Motor Coach Association (OMCA)
On a communiqué directement avec certains de ces groupes d'intervenants. La plupart nous ont fourni
divers documents exposant et expliquant leurs perceptions des problèmes de voirie en Ontario,
notamment des problèmes qui concernent directement les routes rurales ontariennes. Ces problèmes
touchaient notamment à :
- l'état de détérioration des routes rurales;
- l'entretien insuffisant des routes rurales;
- l'état de détérioration des ponts;
- l'inadéquation des programmes d'entretien et de remplacement des
ponts;
- divers problèmes liés à la sécurité sur les routes rurales.
Ces renseignements de premier et de second ordre fournis par les groupes d'intervenants ont inspiré les
questions posées dans l'enquête postale. Chaque enquête était adaptée à chaque groupe, en posant
des questions économiques concernant chaque groupe en particulier, et en apportant des modifications
mineures à la formulation des questions portant sur les autres sujets. Néanmoins, toutes les enquêtes
avaient pour but de recueillir le même type général de renseignements concernant les routes rurales de
l'Ontario. Les groupes de départ comprenaient :
- les municipalités;
- les associations municipales;
- le secteur et les industries agricoles;
- le tourisme;
- le développement économique;
- les autres industries rurales.
La réaction à l'enquête varie d'un groupe à l'autre, mais est généralement favorable à environ 28 %. La
participation des municipalités est la plus forte et, cela va de soi, est sans doute la plus riche en
information sur l'état actuel des routes rurales et sur les enjeux du point de vue des municipalités. On
constate également un degré élevé de similitude sur le plan des enjeux mis en évidence dans l'ensemble
des groupes sondés, même s'il y a quelques différences au niveau de la priorité accordée aux enjeux. En
général, les principaux résultats de l'enquête se définissent comme suit :
- Les routes rurales de l'Ontario sont soumises à des contraintes et se détériorent.
- Tous les groupes d'utilisateurs pensent qu'il faut prendre davantage de mesures pour améliorer
l'état des routes rurales ou, à tout le moins, empêcher qu'elles se détériorent
davantage.
- Les municipalités s'efforcent d'entretenir et d'améliorer les routes rurales. Nombre d'entre elles
reportent les projets d'immobilisations et se sentent contraintes de négliger ou de minimiser
certaines activités d'entretien.
- Nombre de ponts dans les zones rurales de l'Ontario se trouvent dans un état de dégradation
avancé. L'inadéquation des ponts pourrait constituer la menace la plus importante pour la
viabilité économique de certaines zones rurales, à long
terme.
- La plupart des répondants ont fait explicitement allusion à la nécessité d'un programme de
reconstruction des ponts ruraux.
- Tous les groupes interrogés recommandent vivement de consacrer une partie des revenus
générés par l'impôt provincial sur le carburant à l'entretien des routes rurales, sans quoi les
répondants pensent qu'une autre forme de financement stable est nécessaire pour permettre aux
municipalités d'entretenir efficacement les routes rurales de la province.
- La réaction des municipalités au transfert de la responsabilité des autoroutes des provinces aux
municipalités est généralement neutre. La plupart des municipalités interrogées ne s'opposent
pas aux transferts en principe. Cependant, nombre d'entre elles se disent insatisfaites des
indemnités, des conditions dans lesquelles les tronçons sont transférés et, dans certains cas,
des critères utilisés pour procéder aux transferts.
- Les répondants de tous les groupes citent une vaste gamme de problèmes de sécurité sur les
routes rurales, notamment :
- les excès de vitesse;
- le fait que les automobilistes n'adaptent pas leur mode de conduite à l'état des
routes rurales;
- l'état précaire du revêtement;
- l'étroitesse des bandes de circulation et des accotements;
- le manque de visibilité et l'inadéquation des lignes de visibilité, particulièrement aux
carrefours;
- la médiocrité du tracé;
- les usages conflictuels (c'est-à-dire les autos, les camions, les véhicules agricoles,
etc.);
- l'insuffisance de l'entretien hivernal.
- Nombre de groupes d'usagers de la route se disent inquiets du trafic accru des camions sur les
routes rurales, à la fois pour des raisons de sécurité et pour les dégâts causés par les gros poids
lourds, sans aucun dédommagement. Comme pour la plupart des autres problèmes, celui du
camionnage est plus compliqué qu'il n'y paraît. D'abord, la perception du public, qui considère
que les camions sont dangereux par nature, peut être biaisée. Ensuite, les véhicules
commerciaux paient des droits d'utilisation semblables, voire plus élevés, au gouvernement
provincial. Il pourrait être bon, dans le cas de ce problème, de consacrer également une partie
des revenus générés par les droits d'utilisation à l'entretien des routes rurales, ce qui
compenserait en partie l'absence de dédommagement pour les dégâts causés aux routes.
- Les répondants des municipalités ont cité un large éventail de pratiques novatrices utilisées, en
partie, pour atténuer les contraintes financières. Il s'agit, pour la plupart, d'innovations
techniques utilisées dans les activités courantes d'entretien et de construction. Néanmoins,
certaines pratiques visent directement à améliorer la gestion et l'administration, comme un
logiciel de gestion routière.
- La plupart des répondants de tous les groupes interrogés ont fait savoir qu'ils pensaient que l'état
actuel des routes rurales de l'Ontario avait une incidence négative sur de nombreux secteurs
industriels.
L'étude fournit également un aperçu de la situation des routes rurales dans d'autres provinces
canadiennes et dans certains états américains. Cette analyse comparative comprend un examen de
plusieurs caractéristiques économiques, démographiques et liées au réseau routier dans chacune de
ces entités territoriales. Ces caractéristiques sont présentées pour établir les similitudes et les
différences entre les entités, lesquelles ont une incidence potentielle sur la situation actuelle, au-delà du
financement et des enjeux précis.
Une caractéristique dominante que l'on retrouve dans toutes les provinces canadiennes tient dans le fait
que la plupart de ces dernières ont effectué, ou effectuent, une restructuration de leurs municipalités et
un réalignement des responsabilités provinciales-municipales. Outre le fait qu'elles connaissent toutes
certains changements, il semble exister des différences considérables entre les provinces sur le plan de
ce qui change et de la manière dont ces changements touchent les routes rurales. En Alberta, par
exemple, il y a eu un changement au niveau de la responsabilité de certaines routes. Contrairement à
l'Ontario, à la suite du réalignement des responsabilités, la province s'est vue conférer la responsabilité
de certaines routes de campagne, plutôt que de transférer les autoroutes provinciales aux municipalités.
Un autre thème récurrent à l'échelle du pays est l'avis que le revenu généré par l'impôt fédéral et
provincial sur le carburant doit être investi dans les routes, à tous les paliers de l'autorité. Cela est vrai,
même dans les provinces où l'on semble moins se soucier de l'état des routes rurales.
C'est dans les provinces de l'ouest, surtout dans la Saskatchewan, que la situation relative aux routes
rurales suscite autant d'inquiétudes qu'en Ontario. Les motifs de cette situation sont, encore une fois,
complexes, mais un facteur prépondérant est l'utilisation accrue des routes rurales qui résulte de la
politique fédérale sur les transports en ce qui a trait au mouvement du grain. La suppression des
plantureuses subventions consacrées au transport du grain s'est traduite par l'abandon de certaines
voies ferroviaires et par le regroupement et la rationalisation de l'exploitation des grandes lignes de
chemin de fer. En conséquence, on transporte plus de céréales par camion et la majeure partie de ce
transport a lieu sur les routes rurales. Dans la Saskatchewan, ce changement s'accompagne du
dépeuplement des régions rurales. Ce phénomène est en partie attribuable à l'instabilité relative de
l'agriculture au cours des dernières années.
En revanche, les provinces de l'Atlantique semblent relativement silencieuses en ce qui concerne les
routes rurales. Les motifs exacts de ce silence ne sont pas clairs, même s'il apparaît que les
gouvernements provinciaux sont plus directement impliqués dans les routes rurales et que cela peut
avoir créé une stabilité relative. De plus, le réseau routier de ces provinces est relativement peu étendu
(à l'exception de Terre-Neuve).
Les résultats de l'analyse comparative avec certains états américains sont quelque peu différents. Les
états utilisés dans cette comparaison ont été sélectionnés sur la base de plusieurs caractéristiques,
notamment :
- l'accès de renseignements pertinents;
- la proximité relative par rapport à l'Ontario;
- la similitude des conditions climatiques(3);
- la similitude de la topographie;
- la taille et l'importance des collectivités rurales et la perception relative de la « ruralité »;
- l'importance relative de l'agriculture et/ou de la foresterie et/ou de l'exploitation minière, et
donc l'importance relative des industries primaires;
- l'importance relative des activités touristiques dans les zones rurales;
- l'importance relative des activités de fabrication en milieu rurale;
- le degré de similitude des tendances dans tous les domaines susmentionnés, y compris la
démographie.
Sur la base des critères ci-dessus, les états suivants ont été sélectionnés pour les besoins de l'analyse :
- le Minnesota;
- le Wisconsin;
- le Michigan;
- l'Ohio;
- la Pennsylvanie;
- l'État de New York.
Les routes rurales dans nombre de ces états sont soumises aux mêmes contraintes que celles dans le
sud de l'Ontario. Cependant, la situation des routes rurales aux États-Unis diffère considérablement de
l'Ontario pour plusieurs raisons. D'abord, il s'avère que les états investissent généralement davantage
dans le transport routier qu'en Ontario. Ensuite, l'investissement et la participation du fédéral dans le
transport routier sont généralement considérables. Même si les investissements du gouvernement
fédéral dans les routes locales sont rares, voire inexistants, le soutien solide qu'accordent les états
profite indirectement aux routes locales. Enfin, la coopération entre tous les paliers de gouvernement
est, semble-t-il, nettement plus grande en ce qui a trait au transport routier. Par exemple, le
gouvernement fédéral joue un rôle important dans la gestion de l'information et le transfert
technologique, tandis que les autorités des états et les administrations locales participent beaucoup à la
planification des activités, qu'il s'agisse de transport ou d'aménagement des terres.
Malgré les attributs positifs cités ci-dessus, les états sélectionnés sont aux prises avec des problèmes au
niveau des routes rurales. Le Minnesota, en particulier, semble connaître les problèmes de transport de
produits agricoles auxquels font face les sept provinces de l'ouest. Des signes attestent également de la
détérioration, au cours de ces dernières années, des ponts et chaussées dans les régions rurales. La
situation semble s'être améliorée grâce à un récent regain d'intérêt pour l'infrastructure des transports au
niveau fédéral. De nouveau, l'influence sur les routes rurales est probablement indirecte, mais il apparaît
que la détérioration des ponts et chaussées à tous les niveaux a été ralentie, voire inversée. Cela
contraste nettement avec la situation qui prévaut en Ontario où, si les résultats de l'enquête sont
représentatifs, l'état des routes rurales continue de se dégrader et où les principaux intervenants doivent
encore trouver un moyen d'améliorer la situation d'une manière significative.
La dernière partie du rapport fournit un bref aperçu du rôle joué par l'innovation dans la prévention de la
détérioration et l'amélioration des routes rurales. Les réponses à l'enquête révèlent plusieurs méthodes
novatrices employées par les municipalités pour mettre en oeuvre des pratiques nouvelles visant à
améliorer l'efficacité et l'efficience de leurs activités d'entretien et de réfection. Cependant, il existe
plusieurs limites à l'application de l'innovation à la gestion des routes rurales. Une d'entre elles tient
dans le fait que la mise en œuvre de l'innovation en elle-même nécessite un investissement
considérable. En outre, l'évaluation des résultats de la mise en oeuvre d'une pratique novatrice peut
prendre des années. Enfin, l'innovation n'est pas le substitut parfait au financement adéquat. L'entretien
efficace du réseau routier rural de l'Ontario nécessitera un financement important et stable, quel que soit
le niveau ou le type de pratiques novatrices que les municipalités sont en mesure d'utiliser.
Discussion
L'analyse part du principe qu'une contrainte accrue est imposée aux routes rurales. Il est démontré que
l'augmentation de l'activité économique se traduit par une intensification de la circulation, une plus
grande usure, des coûts plus élevés, des besoins accrus en entretien et un besoin accru en méthodes
novatrices pour résoudre les problèmes de transport en milieu rural. Les coûts associés
à la présence
de plus gros camions sur la route en raison de l'expansion du secteur de la fabrication, les coûts du
navettage pour le travail, le tourisme ou les activités récréatives deviennent un problème central pour
l'entretien des routes rurales.
Cette partie de la présentation souligne le fait que
les routes rurales sont plus importantes que jamais et que le financement est insuffisant. On fait
également remarquer que les municipalités se préoccupent des enjeux plus larges liés aux routes :
l'entretien, les coûts et le financement, ainsi que les besoins futurs associés aux routes rurales.
Autres points de discussion
- La crise est-elle imminente?
- Comment appuyons-nous la diversification économique?
Le transport est-il la solution?
- L'insuffisance du financement est associée à une méconnaissance du problème des routes rurales.
- Avec
la diversification de l'économie naissent de plus en plus d'entreprises fondées sur la connaissance.
Toutefois, à mesure que l'économie de la connaissance se développe, les besoins en matière de routes
augmentent également. En fin de compte, il faut déplacer le produit du point A au point B.
- Nous avons
élargi et étiré abusivement un réseau de transport mal financé.
- Les décisions en matière de transport ont parfois été politiques. Un kilomètre d'autoroute coûte 1 million
de dollars. S'agit-il de la meilleure façon d'investir l'argent du contribuable? Certains pensent qu'il
vaudrait mieux investir dans des domaines comme la formation professionnelle et le perfectionnement
des compétences parce qu'à long terme, l'entretien des routes est extrêmement coûteux.
- La meilleure
politique consisterait à retourner au gravier!
- Le transport ne concerne par que les personnes, mais
également les marchandises.
- Il faut également tenir compte du coût environnemental des routes et des
transports ruraux, lequel est un facteur extérieur auquel il faut répondre.
- Les voies ferroviaires sont
sous-utilisées et en régression.
- La rationalisation est une approche. Il faut un certain niveau de circulation pour justifier l'investissement,
mais il faut également soupeser la question en tenant compte des avantages politiques et économiques.
Les chemins de fer de courtes lignes sont une possibilité.
- Le camionnage est un secteur à forte
croissance (nouveaux emplois ruraux dans le camionnage).
- L'entretien du réseau routier existant suscite
un débat dans les prairies. L'emplacement des silos à céréales dans la partie septentrionale des prairies
a été déterminé à l'époque où le transport se faisait à l'aide de chariots et de chevaux, chaque silo étant
distant de 8 milles. Ce système est désuet, de sorte que certains silos ferment. Cette situation, sans
parler du fait que l'amélioration de la technologie a réduit le besoin en routes, soulève la question
suivante : où devraient se situer les routes? Les routes les plus utilisées devraient être entretenues et
toutes les autres devraient déboucher sur les principaux couloirs (Nord - Sud?).
- Les camions surchargés imposent un fardeau aux routes qui ne sont pas conçues pour les recevoir.
Cette situation continue à poser problème car on n'applique pas les règlements.
- Il est important de
partager les renseignements concernant ces problèmes - quelles sont les stratégies utilisées dans les
divers régions/secteurs?
- Les gens ne sont pas vraiment conscients du coût des routes.
- Qu'en est-il des subsides?
Est-ce efficace
d'un point de vue économique? Comment évaluons-nous les coûts social, politique, économique et le
coût de la durabilité? Comment prend-on les décisions? Par exemple, le projet de payage entre Moncton
et Fredericton pourrait coûter leur emploi à certains politiciens leur emploi.
- On devrait se concentrer sur l'entretien et
la rationalisation. Mais taille et qualité vont-elles de pair?
D. QUATRIÈME ANALYSE : RÉPONSES DES COLLECTIVITÉS AUX PROBLÈMES DE TRANSPORT
DANS LES RÉGIONS RURALES DE L'ONTARIO : Un examen du programme d'action pour les
transports communautaires (PATC) de l'Ontario, 1998-2000
Par : Professeur Tony Fuller
La nature problématique du transport dans les collectivités se mêle invariablement
à pratiquement toutes
les discussions sur les problèmes liés aux régions rurales de l'Ontario, quel qu'en soit le sujet. Le
transport est réputé être un problème urgent lié
à la restructuration des municipalités, à la violence
familiale, à la fermeture des écoles et à la restructuration des soins de santé, pour ne nommer que
quelques sujets. Compte tenu de la nature très vaste du problème que représentent les transports
à
l'échelle rurale, on a décidé qu'il était nécessaire de mener des recherches exploratoires pour
déterminer la politique, la planification communautaire et les mesures que l'on pouvait prendre pour
améliorer les services de transport offerts aux collectivités dans les zones rurales.
Le présent rapport porte sur les deux premières années de recherche et se limite
à une évaluation du
programme d'action pour les transports communautaires (PATC), une initiative multisectorielle du
gouvernement de l'Ontario, menée de 1996 à 1999. Il traite principalement de la participation des
collectivités au PATC.
Les objectifs de l'étude sont les suivants :
- évaluer le problème du transport dans les régions rurales de l'Ontario au moyen d'un
examen comparatif de documents;
- déterminer, en utilisant des techniques d'évaluation, l'efficacité des programmes
gouvernementaux sur le plan de la promotion du transport rural en Ontario;
- examiner des exemples de systèmes de transport locaux dans les régions rurales de
l'Ontario pour recenser les leçons apprises et tirer des idées utiles;
- décrire un ensemble de modèles de systèmes de transport communautaires qui pourraient
être utilisés dans les régions rurales de l'Ontario. On a adopté une approche de triangulation
pour atteindre les objectifs fixés pour les deux premières années du projet.
La méthode utilisée comprend trois parties :
- une synthèse des renseignements tirés de recherches antérieures sur l'accès
à une
automobile, sur la coordination des services sociaux et sur la politique des transports en
milieu rural;
- un examen des politiques et des programmes qui incitent à l'établissement de projets de
transport communautaires;
- un examen d'études de cas pour réaliser une analyse détaillée des collectivités.
Les documents ne manquent pas de preuves attestant que le transport rural pose un problème de taille
à
de nombreux résidents des régions rurales, plus particulièrement les aînés, les jeunes et les personnes
atteintes de handicaps physiques. Le transport rural est peut-être un problème récent pour les
jeunes en milieu rural, mais ce fut établi depuis longtemps que c'est un problème généralisé.
La fourniture de services de transport est, d'un autre côté, beaucoup plus fragmentée et inégale. Selon
les documents consultés, en l'absence de transports publics et compte tenu des tarifs prohibitifs
pratiqués par les taxis, il est nécessaire de fournir plus de services et de mieux coordonner les services
existants.
On a utilisé le programme d'action pour les transports communautaires (PATC) dans les régions rurales
de l'Ontario (1996-1999) pour illustrer un programme financé par le gouvernement qui encourage la
réalisation de projets de transport communautaires. Le PATC a été conçu et est soutenu par le ministre
des Transports, le ministre de l'Éducation et de la Formation, le ministre de la Citoyenneté, de la Culture
et des Activités récréatives, le ministre des Services communautaires et sociaux et le ministre de la
Santé de l'Ontario.
Sur 14 collectivités rurales financées en vertu du PATC examinées, trois formes de coordination en
matière de transport rural se sont démarquées. Les catégories élaborées sont souples et de nature
générale, reflétant la singularité de chaque collectivité rurale et les ressources disponibles en matière de
transport. Les trois types de projets de transport sont les suivants :
- centralisation urbaine - ressources élevées;
- centralisation rurale - ressources faibles;
- dispersé ruralement.
Les études de cas fournissent des exemples de modèles de coordination
à chacun des trois niveaux et
soulignent les améliorations autoprescrites et les étapes franchies avec succès.
Les trois types de modèles recensés peuvent être utiles aux collectivités et aux organismes désireux
d'explorer des méthodes pour coordonner les systèmes de transport, ou de créer un projet qui répond
aux besoins de leur région, dans les limites des ressources disponibles. Des renseignements utiles ont
été rassemblés en termes d'approches susceptibles d'améliorer la vie des personnes désavantagées sur
le plan des transports résidant dans les zones rurales.
On formule plusieurs recommandations concernant le partage de l'information, l'établissement de la
politique et des programmes futurs pour les initiatives liées au transport rural.
Discussion
L'analyse part du principe qu'une contrainte accrue est imposée aux routes rurales. Il est démontré que
l'augmentation de l'activité économique se traduit par une intensification de la circulation, une plus
grande usure, des coûts plus élevés, des besoins accrus en entretien et un besoin accru en méthodes
novatrices pour résoudre les problèmes de transport en milieu rural. Les coûts associés
à la présence
de plus gros camions sur la route en raison de l'expansion du secteur de la fabrication, les coûts du
navettage pour le travail, le tourisme ou les activités récréatives deviennent un problème central pour
l'entretien des routes rurales.
Cette partie de la présentation souligne le fait que
les routes rurales sont plus importantes que jamais et que le financement est insuffisant. On fait
également remarquer que les municipalités se préoccupent des enjeux plus larges liés aux routes :
l'entretien, les coûts et le financement, ainsi que les besoins futurs associés aux routes rurales.
Autres points de discussion
- La crise est-elle imminente?
- Comment appuyons-nous la diversification économique? Le transport est-il la solution?
- L'insuffisance du financement est associée à une méconnaissance du problème des routes rurales. Avec
la diversification de l'économie naissent de plus en plus d'entreprises fondées sur la connaissance.
Toutefois, à mesure que l'économie de la connaissance se développe, les besoins en matière de routes
augmentent également. En fin de compte, il faut déplacer le produit du point A au point B.
- Nous avons
élargi et étiré abusivement un réseau de transport mal financé.
- Les décisions en matière de transport ont parfois été politiques. Un kilomètre d'autoroute coûte 1 million
de dollars. S'agit-il de la meilleure façon d'investir l'argent du contribuable? Certains pensent qu'il
vaudrait mieux investir dans des domaines comme la formation professionnelle et le perfectionnement
des compétences parce qu'à long terme, l'entretien des routes est extrêmement coûteux.
- La meilleure
politique consisterait à retourner au gravier!
- Le transport ne concerne pas que les personnes, mais
également les marchandises.
- Il faut également tenir compte du coût environnemental des routes et des
transports ruraux, lequel est un facteur extérieur auquel il faut répondre.
- Les voies ferroviaires sont
sous-utilisées et en régression.
- La rationalisation est une approche. Il faut un certain niveau de circulation pour justifier l'investissement,
mais il faut également soupeser la question en tenant compte des avantages politiques et économiques.
Les chemins de fer de courtes lignes sont une possibilité. Le camionnage est un secteur à forte
croissance (nouveaux emplois ruraux dans le camionnage).
- L'entretien du réseau routier existant suscite
un débat dans les prairies. L'emplacement des silos à céréales dans la partie septentrionale des prairies
a été déterminé à l'époque où le transport se faisait à l'aide de chariots et de chevaux, chaque silo étant
distant de 8 milles. Ce système est désuet, de sorte que certains silos ferment. Cette situation, sans
parler du fait que l'amélioration de la technologie a réduit le besoin en routes, souléve la question
suivante : où devraient se situer les routes? Les routes les plus utilisées devraient étre entretenues et
toutes les autres devraient déboucher sur les principaux couloirs (Nord - Sud?).
- Les camions surchargés imposent un fardeau aux routes qui ne sont pas conçues pour les recevoir.
Cette situation continue à poser problème car on n'applique pas les règlements.
- Il est important de
partager les renseignements concernant ces problèmes - quelles sont les stratégies utilisées dans les
divers régions/secteurs?
- Les gens ne sont pas vraiment conscients du coût des routes.
- Qu'en est-il des subsides? Est-ce efficace
d'un point de vue économique? Comment évaluons-nous les coûts social, politique, économique et le
coût de la durabilité? Comment prend-on les décisions? Par exemple, le projet de payage entre Moncton
et Fredericton pourrait coûter à certains politiciens leur emploi.
- On devrait se concentrer sur l'entretien et
la rationalisation. Mais taille et qualité vont-elles de pair?
D. QUATRIÈME ANALYSE : RÉPONSES DES COLLECTIVITÉS AUX PROBLÈMES DE TRANSPORT
DANS LES RÉGIONS RURALES DE L'ONTARIO : Un examen du programme d'action pour les
transports communautaires (PATC) de l'Ontario, 1998-2000
Par : Professeur Tony Fuller
La nature problématique du transport dans les collectivités se mêle invariablement
à pratiquement toutes
les discussions sur les problèmes liés aux régions rurales de l'Ontario, quel qu'en soit le sujet. Le
transport est réputé être un problème urgent lié
à la restructuration des municipalités, à la violence
familiale, à la fermeture des écoles et à la restructuration des soins de santé, pour ne nommer que
quelques sujets. Compte tenu de la nature très vaste du problème que représentent les transports
à
l'échelle rurale, on a décidé qu'il était nécessaire de mener des recherches exploratoires pour
déterminer la politique, la planification communautaire et les mesures que l'on pouvait prendre pour
améliorer les services de transport offerts aux collectivités dans les zones rurales.
Le présent rapport porte sur les deux premières années de recherche et se limite
à une évaluation du
programme d'action pour les transports communautaires (PATC), une initiative multisectorielle du
gouvernement de l'Ontario, menée de 1996 à 1999. Il traite principalement de la participation des
collectivités au PATC.
Les objectifs de l'étude sont les suivants :
- évaluer le problème du transport dans les régions rurales de l'Ontario au moyen d'un
examen comparatif de documents;
- déterminer, en utilisant des techniques d'évaluation, l'efficacité des programmes
gouvernementaux sur le plan de la promotion du transport rural en Ontario;
- examiner des exemples de systèmes de transport locaux dans les régions rurales de
l'Ontario pour recenser les leçons apprises et tirer des idées utiles;
- décrire un ensemble de modèles de systèmes de transport communautaires qui pourraient
être utilisés dans les régions rurales de l'Ontario. On a adopté une approche de triangulation
pour atteindre les objectifs fixés pour les deux premières années du projet.
La méthode utilisée comprend trois parties :
- une synthèse des renseignements tirés de recherches antérieures sur l'accès
à une
automobile, sur la coordination des services sociaux et sur la politique des transports en
milieu rural;
- un examen des politiques et des programmes qui incitent à l'établissement de projets de
transport communautaires;
- un examen d'études de cas pour réaliser une analyse détaillée des collectivités.
Les documents ne manquent pas de preuves attestant que le transport rural pose un problème de taille
à
de nombreux résidents des régions rurales, plus particulièrement les aînés, les jeunes et les personnes
atteintes de handicaps physiques. Le transport rural est peut-être un problème récent pour les
jeunes en milieu rural, mais ce fut établi depuis longtemps que c' est un problème généralisé.
La fourniture de services de transport est, d'un autre côté, beaucoup plus fragmentée et inégale. Selon
les documents consultés, en l'absence de transports publics et compte tenu des tarifs prohibitifs
pratiqués par les taxis, il est nécessaire de fournir plus de services et de mieux coordonner les services
existants.
On a utilisé le programme d'action pour les transports communautaires (PATC) dans les régions rurales
de l'Ontario (1996-1999) pour illustrer un programme financé par le gouvernement qui encourage la
réalisation de projets de transport communautaires. Le PATC a été conçu et est soutenu par le ministre
des Transports, le ministre de l'Éducation et de la Formation, le ministre de la Citoyenneté, de la Culture
et des Activités récréatives, le ministre des Services communautaires et sociaux et le ministre de la
Santé de l'Ontario.
Sur 14 collectivités rurales financées en vertu du PATC examinées, trois formes de coordination en
matière de transport rural se sont démarquées. Les catégories élaborées sont souples et de nature
générale, reflétant la singularité de chaque collectivité rurale et les ressources disponibles en matière de
transport. Les trois types de projets de transport sont les suivants :
- centralisation urbaine - ressources élevées;
- centralisation rurale - ressources faibles;
- régionalement dispersé .
Les études de cas fournissent des exemples de modèles de coordination
à chacun des trois niveaux et
soulignent les améliorations autoprescrites et les étapes franchies avec succès.
Les trois types de modèles recensés peuvent être utiles aux collectivités et aux organismes désireux
d'explorer des méthodes pour coordonner les systèmes de transport, ou de créer un projet qui répond
aux besoins de leur région, dans les limites des ressources disponibles. Des renseignements utiles ont
été rassemblés en termes d'approches susceptibles d'améliorer la vie des personnes désavantagées sur
le plan des transports résidant dans les zones rurales.
On formule plusieurs recommandations concernant le partage de l'information, l'établissement de la
politique et des programmes futurs pour les initiatives liées au transport rural.
Discussion
Ce programme visait à garantir un effort coordonné et rentable à l'échelle locale, incluant un ministère
chef de file, des sociétés d'entraide, des municipalités, le secteur privé et le secteur de la santé. Nombre
d'entités offraient déjà des programmes très étroitement définis. En conséquence, on a formé des
partenariats aux niveaux provincial et local pour coordonner les services.
Les prestataires de services butent souvent sur des problèmes liés aux frontières et aux autorités. Cela
est particulièrement vrai dans les régions rurales, où les services sont assujettis
à certains critères. Le
PATC a tenté de répondre à ces problèmes en finançant les efforts de coordination
à raison de 2
millions de dollars, en fournissant de l'orientation, des conseils et des fonds de démarrage aux
collectivités (pour réaliser l'inventaire des services, établir un plan de coordination et prouver la
formation de partenariats). Cinquante-cinq collectivités rurales y ont participé.
Le programme s'est achevé au bout de deux ans. Les solutions proposées au palier supérieur ont été
rares et espacées. Deux des 5 ministères sont demeurés improductifs.
Autres points de discussion
- Le covoiturage pose problème parce que vous êtes avec des personnes que vous ne connaissez
pas; les besoins des gens en termes de déplacements sont différents; ils ne se rendent pas aux
mêmes endroits; il y a des problèmes d'assurance, de sorte que les services ne sont pas autant
utilisés que prévu. Cela donne lieu à un problème de « masse critique », particulièrement pour le
secteur privé.
- La manière dont sont conçus la plupart des programmes fait que les coûts associés au transport ne
figurent pas dans leur budget et dans leurs besoins financiers. Cela pose problème lorsque les
programmes doivent dépendre d'autres services de transport qui ne sont pas nécessairement
conçus pour répondre aux besoins de la clientèle (par exemple, la santé mentale).
- Il faut gérer les sièges vides et trouver un moyen de les payer. Les gens ont toujours compté sur le
transporteur pour le financement des voyageurs. Cela n'est pas une utilisation efficace du temps du
transporteur. Les organismes doivent assumer la responsabilité et injecter des fonds pour financer le
coût du transport.
- Il faut éliminer la duplication. Les organismes accepteraient-ils de verser de l'argent dans une
grande tirelire communautaire?
- Les programmes et les services sont efficaces dans les zones rurales (par exemple, les programmes
de jour), mais les services de transport sont insuffisants. Cela pose un problème
à la personne
souffrant d'un handicap qui doit se rendre dans un atelier protégé ou
à un programme de jour.
- Il suffit que deux organismes viennent à la table des négociations pour discuter de ces problèmes
pour que l'on considère cela comme une réussite.
- La notion de réussite diffère à l'échelle provinciale et
à l'échelle municipale. Il faut se pencher sur
les extrants et les effets au niveau provincial comme au niveau municipal et reconnaître qu'ils sont
distincts.
- En Nouvelle-Écosse, une initiative fédérale prévoit la création d'un site Web fournissant des
renseignements sur les moyens de transport accessibles partout au Canada. Ce service est
disponible au niveau des localités et entre les localités.
- Une synergie s'impose.
- Il faut considérer le groupe des zones rurales et éloignées; quels sont les modèles existants?
- Il y a de nombreux problèmes, mais les solutions sont rares. L'accessibilité est la clé.
D'une manière générale, on fait remarquer qu'il existe une contradiction manifeste entre les tendances,
laquelle contribue à l'absence d'amélioration. Par exemple, la centralisation des services provinciaux et
fédéraux suit son cours, parallèlement à la décentralisation des responsabilités municipales. Ces deux
tendances tendent à désavantager les jeunes, les aînés et les handicapés qui ne jouissent pas de
l'accès direct à un véhicule automobile.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES TIRÉS DES QUATRE RAPPORTS
SUR LES TRANSPORTS RURAUX, 1999 - 2001
Professeur Tony Fuller, Marni Herold, Todd Gordon, Kathleen Kaye et
Emily Brockie
Université de Guelph, janvier 2002
Il est possible de formuler plusieurs observations générales à l'intention des décideurs en matière de
politique à partir des quatre analyses contextuelles réalisées sur les transports dans les régions rurales
de l'Ontario, et des deux comparaisons établies avec certains états américains frontaliers :
1. Les personnes désavantagées sur le plan du transport
La situation des personnes qui n'ont pas directement accès à un véhicule automobile s'est très peu
améliorée depuis que la question relative au désavantage sur le plan des transports a été soulevée pour
la première fois, il y a plus de 30 ans.
2. Tendances sociopolitiques
Les tendances sont manifestement contradictoires, ce qui contribue à l'absence d'amélioration.
La centralisation des services fédéraux et provinciaux suit sont cours, parallèlement
à une
décentralisation des pouvoirs municipaux..
Ces deux tendances ont pour effet de désavantager les jeunes, les personnes âgées et les
handicapés qui n'ont pas directement accès à un moyen de transport motorisé. Les gens doivent
parcourir de plus grandes distances pour se rendre jusqu'aux services essentiels et les autorités
locales ont peu de ressources à consacrer à des programmes de transport locaux.
3. Exode de la jeunesse dans les campagnes
L'une des raisons invoquées par les jeunes lorsqu'on leur demande pourquoi ils quittent les zones
rurales est qu'ils ne peuvent se déplacer.
4. L'importance des routes rurales pour le maintien de l'économie rurale ne cesse de croître, compte
tenu du déclin du chemin de fer et de la naissance de nouvelles entreprises dans de nombreuses
zones rurales. L'économie agricole, le tourisme rural et le secteur des ressources dépendent
particulièrement des routes rurales au Canada. L'investissement dans les routes rurales n'est pas
à
la hauteur de l'importance de l'économie rurale : les transports ruraux sont la question
à laquelle le
Canada oublie de répondre.
5. Les programmes de transports ruraux qui coordonnent et utilisent efficacement les ressources
disponibles à l'échelle locale sont peu coûteux et simples à mettre en
Oeuvre.
6. Les partenariats auxquels prennent part des intervenants multiples, qu'ils soient horizontaux ou
verticaux, sont le gage de la réussite des efforts consentis pour améliorer la fourniture de moyens de
transport.
Conclusions :
« Le transport rural est la question à laquelle le Canada oublie de répondre ».
Une approche holistique de l'économie rurale exige que l'on tienne compte des moyens de transport.
Même si le choix laissé aux localités est important, les décisions doivent, en bout de ligne, cadrer avec
les règlements provinciaux. Les collectivités locales doivent avoir la possibilité de prendre des décisions
et de mettre en place des services locaux.
Les gens sont rarement conscients du lien qui existe entre l'argent de leurs impôts et la route sur
laquelle leur rue aboutit. Il faut davantage sensibiliser le public à la logistique liée
à la construction et à
l'entretien des routes (coûts, processus décisionnels, etc.).
Dans quelle mesure cela est-il important? À quel niveau l'administration locale devrait-elle assumer une
responsabilité? On devrait mettre à la disposition des administrations locales des ressources
proportionnelles à leurs responsabilités. Mais les enjeux liés au transport doivent également
être
débattus à l'extérieur de la collectivité locale car ils relient les individus et les biens
à d'autres zones :
- La fragmentation est l'un des problèmes généraux auxquels font face les zones rurales.
- La transparence est nécessaire. Quels sont les coûts réels?
- La durabilité est une autre grande question. Comment les collectivités rurales vont-elles
gérer l'augmentation des coûts associés au transport à l'avenir?
- Les enjeux liés à la planification et à l'utilisation des terres sont également primordiaux : la
faible densité, la séparation des propriétés pour retraités, les installations
à bétail, les
installations d'élevage intensif, etc. sont toutes des questions importantes qu'il convient
d'examiner.
![En haut de la page](/web/20061210062757im_/http://www.rural.gc.ca/images/up.gif)
5. Groupe de réflexion #5 : Le développement agricole et rural : combler
l'écart
Aperçu :
PAR-DELÀ LA LIGNE DE PARTAGE
Professeur Tony Fuller
Université de Guelph
Franchir la ligne de partage qui sépare le développement rural et agricole signifie réunir ces deux entités
distinctes afin d'examiner leurs relations dans la perspective actuelle de la mondialisation et du
développement communautaire.
À l'origine, les deux éléments semblaient ne faire qu'un. La production primaire a été au Canada la
raison d'être de la politique d'établissement; des exploitations agricoles, des villages et des municipalités
ont été créés afin d'appuyer la culture de la terre, l'extraction des minéraux, la récolte des arbres ou la
mise à terre du poisson. Dans l'économie de première nécessité qui s'est constituée par la suite, le
régime rural était au service de la production primaire, laquelle produisait la richesse grâce
à
l'exportation de produits primaires. « Ce qui était bénéfique pour le secteur primaire l'était également
pour la collectivité. » Avec le temps, ce rapport unitaire est devenu tendu
à mesure que la technologie a
permis à la production de s'intensifier et que l'emploi s'est raréfié dans les secteurs primaires, ce qui a
affaibli le lien entre ville et campagne. Récemment, cette rupture est devenue plus radicale en terme de
politique de sorte que l'attention puisse se porter vers les secteurs primaires et qu'on puisse commencer
à répondre aux besoins quelque peu différents de la population rurale (non agricole).
L'agriculture démontre l'interdépendance et les changements survenus progressivement entre la production
et le régime d'établissement; en effet, dans de nombreuses régions du Canada, ces deux réalités ont évolué
depuis un état d'interdépendance totale vers une indépendance relative. Il est dorénavant futile de prétendre
que « la politique agricole constitue une bonne politique rurale », car pour subvenir
à leurs besoins, les villes
et les villages dépendent de moins en moins de l'économie agricole. L'expression « centre de services » au
sens où les petites municipalités sont les prestataires de services du monde agricole avoisinant n'est pas
très pertinente aujourd'hui. Les changements que subissent la structure de l'agriculture, la technologie
agricole et les pratiques agricoles réduisent le nombre des échanges au niveau strictement local. Bien que
de nouveaux liens se soient tissés entre l'agriculture et l'économie locale, comme le signalent Cummings
et associés, l'essentiel de la relation entre l'agriculture et la réalité rurale a changé.
Repenser les liens actuels et futurs entre le développement rural et agricole, voilà le sujet du cinquième
groupe de réflexion. Il s'agit de prendre acte et de discuter des diverses perspectives qui s'offrent quant
à la façon de rétablir cette relation. Afin de renouveler la réflexion et de susciter un défi au cours du
débat, on se propose de considérer la ruralité comme l'élément moteur de cette relation. On pourrait, par
exemple, avancer que l'agriculture fait maintenant partie de l'économie rurale. Si cela est vrai, quels sont
alors les aspects constructifs et négatifs de cette nouvelle relation? La ruralité sera-t-elle la légataire des
retombées des enjeux relatifs à la santé animale et à la gestion des déchets qui influent actuellement sur
l'agriculture? (À preuve, l'influence de la fièvre aphteuse sur le tourisme rural au Royaume-Uni). Le
monde rural peut-il faire siens certains des avantages de l'économie fondée sur les sciences de la vie
qui s'annoncent? Peu importe comment on conçoit les rapports économiques entre la ruralité et
l'agriculture, les liens sociaux entre les deux demeurent très réels, ne serait-ce qu'au chapitre des
contributions que consentent les familles agricoles au secteur des organismes bénévoles, aux structures
de la société civile ou à l'administration locale.
Une des perspectives saisie à ce groupe de réflexion est celle de la « terre. » Dans l'évolution des relations
entre la ruralité et l'agriculture, la terre est une constante. Le sol et l'eau sont deux des éléments essentiels
de l'agriculture tout en étant les composants dominants du paysage rural et tout en constituant une
formidable valeur en matière de tourisme, de retraite et de lotissement pour chalets, chaque élément
représentant en soi une économie multimillionnaire. En outre, puisque la production agricole est en grande
partie attribuable à moins de 20 % des exploitations agricoles (et des terres agricoles?), il s'ensuit que les
terres agricoles et rurales appartiennent en majorité aux propriétaires fonciers dont l'intérêt primordial n'est
peut-être pas l'agriculture intensive.
Le monde rural possède des intérêts légitimes dans les deux types de régime de propriété foncière, d'une
part, pour servir l'agriculture de production et, d'autre part, pour encourager l'utilisation économique et
sociale des terres selon un mode écologiquement compatible. Bien qu'ils puissent permettre de contester
la sagesse traditionnelle des décideurs et les droits des propriétaires fonciers, de tels arguments méritent
qu'on les étudie. Dans cette perspective, on considère la terre comme le moyen grâce auquel la campagne
pourrait être le théâtre de contestations et de leurs règlements. L'utilisation du sol devient alors l'enjeu
central, car le territoire rural peut servir à de nombreuses fins. Certaines terres sont privées (par exemple,
une entreprise récréative commerciale) et d'autres peuvent être considérées comme publiques (des fiducies
foncières écologiques). On peut donc concevoir que, sous cet angle, la politique d'aménagement du territoire
pourrait à nouveau servir d'instrument aux fins de la politique publique. De plus, selon cette façon de voir,
de nombreuses familles agricoles pourraient peut-être s'engager dans une agriculture
à fonctions multiples
et contribuer ainsi à la production alimentaire et aux avantages de la ruralité comme la protection des sites,
l'agrotourisme et d'autres entreprises vertes.
Cette perspective unique réunit la ruralité et l'agriculture afin de produire
à la fois des biens publics et privés
qui continueront à dégager de la richesse tout en subvenant aux besoins des ressources naturelles et
humaines fondamentales du Canada rural.
Résumé de la discussion :
À une époque, la plupart des régions rurales du Canada étaient aménagées et prévues pour servir les
intérêts du secteur primaire (agriculture, foresterie, mines et pêche); il y avait une sorte d'unité dans le
paysage. Les principales ressources économiques avaient une incidence sur les activités de la plupart
des gens et, à l'échelle locale, on dépendait fortement d'un endroit qui était le principal foyer de l'activité
économique et sociale. Cette unité s'est désagrégée au fil du temps, avec le développement de
l'industrie dans les régions rurales du Canada; les activités se sont diversifiées sur le marché du travail.
Les villes autrefois appelées « centres de services » ont développé leur propre économie et,
à mesure
que baissait le nombre de familles vivant de l'agriculture par rapport aux résidents des régions rurales,
un écart s'est creusé entre l'agriculture et les tranches rurales de la population. On a pris conscience
que les intérêts associés à l'agriculture ne coïncidaient pas nécessairement aux intérêts des résidants
des régions rurales.
Un second élément de l'introduction est le lien présumé entre deux collectivités, lequel dépend de
l'intérêt commun dans la terre. Nombre de familles qui occupent le sol ne pratiquent pas l'agriculture
à
des fins commerciales, de sorte qu'une grande partie du paysage rural dans certaines régions du
Canada est peu ou pas exploité à des fins agricoles.
Question : Si 80 % de la valeur de la production agricole provient de seulement 20 % des agriculteurs,
quelle est la proportion de terre nécessaire pour produire cette portion? Est-elle aussi faible que 30 % ou
40 %?
Cette assertion suscite un débat animé et on conclut qu'il faut mener des recherches pour établir la
superficie de terres (par région) qui sont effectivement utilisées pour produire la majeure partie, en
termes de valeur, de la production canadienne du secteur primaire.
L'autre point de discussion principal découle de l'observation suivante : si 80 % des propriétaires
terriens n'appartiennent pas au groupe des agriculteurs « productivistes », quels sont les programmes et
les incitatifs existants pour aider ces gens à maintenir leurs moyens de subsistance d'une manière qui
leur permette d'utiliser la terre d'une façon durable? Les idées concernant la production « écologique »,
l'agrotourisme, le patrimoine sont contrebalancées par les problèmes que posent les nouveaux arrivants
dans les régions agricoles, etc.
On pense toutefois que le développement rural possède, à juste titre, un intérêt dans la terre et, de ce
fait, peut apporter de l'eau au moulin au moment du débat sur les biens publics.
EXAMEN DE L'ÉCART EN EUROPE - M. John Bryden (University of Aberdeen)
Multifonctionnalité, agriculture et développement rural :
Optique européenne
John Bryden(2)
Introduction
La multifonctionnalité est un enjeu de développement rural, non un enjeu agricole. Nous verrons
pourquoi la plupart des grands problèmes liés à la multifonctionnalité doivent s'inscrire dans une cadre
de politique rurale, à l'échelle territoriale ou locale, complètement distinct de la politique agricole
sectorielle. Cependant, nous verrons également que, jusqu'à ce jour, la multifonctionnalité est devenu le
monopole des groupes de pression et de la politique agricoles. La question consiste
à savoir comment
changer cette situation?
Agriculture multifonctionnelle et la politique européenne
Discussion
La discussion soulevée par l'exemple européen met l'accent sur le débat de la « multifonctionnalité ».
L'alliance entre les agriculteurs européens et les environnementaux pour appuyer le programme
multifonctionnel de l'union Européenne (UE) n'est pas considérée par John Bryden comme utile au
développement rural en Europe. Cela nécessite plusieurs éclaircissements et soulève un problème. De
nombreux participants ont réservé un accueil étonné, mais favorable
à cette critique de la
multifonctionnalité.
Le reste de la discussion était centré sur les programmes agroruraux ciblés de l'UE. Par exemple, la
mention du programme européen LEADER a suscité plusieurs questions sur le programme de
développement des collectivités au Canada et l'opinion que le développement ciblé était également
efficacement mis en oeuvre au Canada. On a souligné le fait que le coût de la multifonctionnalité et du
programme LEADER en Europe n'était rien comparativement au coût du financement de l'agriculture.
Conclusion :
La conclusion de la séance de réflexion est que le développement rural est mieux assuré s'il
n'est pas présenté sur le même plan que l'agriculture à l'Organisation mondiale du commerce (OMC),
etc. On pense également que l'interaction ciblée entre le développement rural et l'agriculture serait très
difficile à séparer pour ce qui est des politiques et des programmes. Le problème qui consiste
à combler
l'écart entre développement agricole et développement rural est un débat important qui mérite d'être
poursuivi.
![En haut de la page](/web/20061210062757im_/http://www.rural.gc.ca/images/up.gif)
6. Groupe de réflexion #6 : Réanimer l'esprit communautaire dans les
collèges communautaires
Aperçu :
Professeur Tony Fuller
Université de Guelph
On assiste à une résurgence du développement communautaire en milieu rural. On s'intéresse de
nouveau à créer une ambiance saine au sein des collectivités rurales et on se penche surtout sur les
moyens de préserver les atouts du milieu et de les mettre à profit
à cette époque de la mondialisation.
Une grande partie de cette énergie est canalisée vers « la mise en valeur du potentiel et le
développement économique des collectivités », deux démarches modernes pour réaliser le
développement des collectivités rurales du Canada.
Le sixième groupe de réflexion eut pour but de recenser les éléments communs (compétences de base)
de la modernisation des collectivités rurales, quelle qu'en soit la méthode, et de se demander si les
collèges communautaires ont les moyens de contribuer à cette modernisation et s'ils sont orientés en ce
sens.
Le développement de la collectivité dans le contexte rural pourrait
être une façon de réanimer l'esprit
communautaire dans le système d'enseignement collégial. Cela ne signifie pas que l'esprit
communautaire n'est pas déjà présent dans la plupart des activités collégiales. Par contre, en mettant
l'accent sur les compétences de base nécessaire à l'amélioration des capacités des collectivités ou de
leur développement économique, nous nous demanderons si les collèges pourrait faire davantage et
jouer un rôle plus important pour viabilité du milieu rural.
Résumé de la discussion :
Lynden Johnson (association des collèges communautaires du Canada) a introduit le sujet de ce groupe
de réflexion en rappelant ses propres réflexions et questions sur le développement communautaire : la
signification de ces mots, les trois C (collectivité, capacité et compétences), pourquoi faut-il
impérativement penser toujours « économie » et ce que les institutions peuvent/doivent faire pour
garantir un avenir meilleur aux collectivités rurales du Canada.
Tony Fuller confirme l'objectif visé de cette séance et rappelle aux participants qu'« il faut savoir semer
pour récolter » en les incitant à poser des questions et à avancer des idées novatrices. Pour les besoins
de cette discussion, on fixe les trois postulats suivants :
- Le développement communautaire est un concept axé sur le milieu (villes, villages, campagnes).
- Le développement est le processus par lequel les collectivités évoluent et prospèrent. Le
développement peut prendre diverses formes et n'est pas normatif. Le développement est un
processus.
- L'expérience canadienne en matière de développement communautaire est riche et variée… de
Coady à New Dawn en passant par le programme de développement des collectivités.
L'État participe au développement communautaire (DC) et a fini par reconnaître l'intérêt de l'approche
« ascendante ». Toutefois, cette situation présente un paradoxe classique. Comment l'État intervient-il
de manière à promouvoir la croissance endogène? Peut-être indirectement, grâce
à des instruments
comme les collèges communautaires ou directement, au moyen de programmes comme le programme
de développement des collectivités?
Il existe présentement deux approches en matière de développement communautaire, lesquelles sont les
plus courantes dans les pratiques en cours dans les régions rurales du Canada : le développement
économique des collectivités (DEC) et le renforcement des capacités communautaires (RCC). David
Douglas (Université de Guelph) fut invité pour se pencher sur ces approches courantes afin d'en tirer les
principes généraux et communs. Suivant cette présentation, l'intention était de discuter des compétences
clés essentielles à ces principes de DC. Conscients de ces compétences clés, les participants au groupe
de réflexion ont ensuite examinés comment les collèges répondent actuellement aux besoins et aux
opportunités en matière de DC.
EXPOSÉ de David Douglas (University of Guelph)
COMPÉTENCES CLÉS - Carolyn Pletsch (Directrice générale, Ontario Agricultural Training
Institute - « institut Ontarien de formation en Agriculture »)
Cet exposé sur les compétences clés porte essentiellement sur l'individu en tant que pivot du processus
vu l'importance capitale de la capacité et des connaissances individuelles
à l'apprentissage
communautaire.
- Communication :
- Responsabilisation - transparence
- Rendre possible - faciliter
- Comprendre et cerner le problème, « être à l' affût » et pénétrer le système
communautaire
- Faire appel à l'innovation et au changement :
- Première étape de la création de capacités
- Stratégies
- Conseils
- Déterminer ce qui compte et qui compte
- Gestion de soi :
- Habileté cognitive et esprit d'analyse
- Voir les choix et en garantir la faisabilité
- Faire des choix.
- Gestion des gens et du personnel :
- Solliciter la participation
- Déterminer la méthode adéquate - intégré
- Habileté à réunir des ressources et à prendre des décisions
- Gérer les conséquences
INTRODUCTION AUX RÔLES EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE (DC) AU
SEIN DES COLLÈGES COMMUNAUTAIRES - Lynden Johnson (Association des collèges
communautaires du Canada) et le professeur Tony Fuller
Il est très difficile de présenter les compétences clés (CC) sous la forme d'un modèle qui rend compte de
toutes les complexités d'une collectivités (un objet inanimé) et des individus, quel que soit le niveau. La
question consiste à savoir comment les CC s'expriment (au-delà du modèle théorique bidimensionnel) et
en quoi un programme offert par les collèges communautaires et les institutions en général peut faciliter
le DC.
Le DC est-il la réunion de toutes les diverses compétences et activités existantes dans une collectivité,
ou s'agit-il de quelque chose que l'on enseigne délibérément (intervention intentionnelle ou effet
d'ensemble)? Par exemple, il est possible de transférer des compétences individuelles au public (la
collectivité dans son ensemble) par le truchement d'une formation en vue de siéger au conseil d'une
collectivité (approche d'ensemble ou évolutive).
D'un autre côté, une collectivité peut disposer d'une personne qui a reçu une formation sur le DC dans
un collège et tente de coordonner les enjeux liés au développement et d'attirer l'attention sur ces enjeux
(intentionnel). Cette position nécessitera divers compétences essentielles.
Le contenu possible d'un cours devrait se concentrer sur la relation réciproque entre l'étudiant et sa
collectivité. Les collèges communautaires tentent d'intégrer cela
à leurs programmes. C'est le cas avec
les 30 heures obligatoires de services communautaires, à titre bénévole, que les étudiants des collèges
ontariens doivent faire pour obtenir leur diplôme. Les étudiants apprennent comment fonctionne leur
collectivité et en quoi consiste l'éthique du bénévolat.
Question : Qu'est-ce que les collèges communautaires offrent par le bais de leur programme et leurs
relations avec la collectivité; ceux-ci sont-ils liés d'une manière systématique (intentionnelle) aux
compétences essentielles requises pour le DC? Quelles sont les lacunes et qu'est-ce qui fonctionne?
LA RÉPONSE DES COLLÈGES
Barbara Brolin, directrice du Sir Sanford Fleming College à Haliburton parle des activités et des
valeurs qui sont celles de son collège :
- La participation communautaire est fondamentale. La croissance est impossible sans le soutien de la
collectivité. Les collèges entretiennent une relation de longue date avec les collectivités dans
lesquelles ils sont implantés.
- Il est important d'avoir une vision. Par exemple, il y a 9 ans, Mme Brolin a eu l'idée de faire de
Haliburton une collectivité artistique. Le comté possède aujourd'hui un comité des arts, une piste des
sculptures et 4 600 inscrits au collège.
- Le collège a fait siens nombre de rôles assumés autrefois par DRHC (DRHC les sous-traitent
aujourd'hui au collège), de sorte qu'un bureau centralisé a été ouvert dans le collège.
- Le leadership est essentiel, à la fois de la part du collège lui-même et de la part de ses étudiants. Le
collège devient une partie intégrante de la collectivité en mettant
à sa disposition ses locaux et ses
ressources (par exemple, pour des conférences), en faisant connaître son nom autant que possible,
en participant à autant de comités et de conseils que possible, en utilisant différents médias pour
promouvoir la valeur des étudiants et en agissant à titre de responsable pour la collectivité, même
s'il n'en tire pas directement profit.
- Le fait est que tandis que le collège souhaite participer au renforcement de capacités en général, la
province souhaite qu'il se spécialise. Plus les cours se spécialisent, moindre est l'expertise
à offrir à
la collectivité.
- Il est difficile de saisir les occasions offertes par le gouvernement; il faut donc consentir un effort
pour que ces occasions coïncident avec votre programme. Il faut prouver à la collectivité que cela
en vaut la peine.
- Quelques exemples parlants de programmes qui utilisent déjà le DC sont le travail social (TSA,
travailleur social agréé; DTS, docteur en travail social) et les programmes
à l'intention des
infirmières praticiennes. Le George Brown College, par exemple, possède un programme de
développement communautaire fondé sur des sous-groupes urbains. Comment peut-on le transposer
dans le contexte rural?
- La province pourrait avoir à se pencher sur la demande de travailleurs en DC et leur salaires
éventuels pour accepter un programme de DC.
Brian Bender, anciennement du College d'Alfred, parle d'une occasion qui s'est offerte dans sa
collectivité. Alfred a pu former un partenariat avec l'Ontario Rural Water Association (OWRA)
à la suite
des problèmes rencontrés par l'établissement au sujet de la qualité de l'eau. L'OWRA était située dans
trois collectivités : Guelph, Ottawa et Alfred. L'OWRA a pu fournir de la formation concernant la gestion
des eaux usées rurales au collège. En un sens, ce partenariat a servi au programme des terres humides
d'Alfred. En fait, le collège gère un site d'eaux usées constitué de terres humides au nom de la
collectivité, en tant que site de démonstration. Le cours offre aujourd'hui un cours adéquat en matière de
gestion de l'eau et possède en conséquence une expertise dans ce domaine. La collectivité n'est
cependant pas réellement consciente de ces initiatives et plus de publicité est nécessaire.
Discussion :
Il est dommage que les collèges ne soient pas réputés et financés pour la recherche appliquée. Il
faudrait investir dans l'innovation. Pour la première fois, nous voyons sur un même plan formation
professionnelle et apprentissage, mais ce qui se trouve sur la table est généralement motivé par des
considérations politiques. Il est nécessaire d'acquérir des compétences pour mener des recherches
novatrices. Il y a toutefois un manque d'engagement en matière de formation professionnelle de la part
du gouvernement. Cela peut être illustré par l'absence de financement pour les programmes
d'apprentissage. Le secteur privé était supposer reprendre ce rôle, mais 50 % des apprentis ne se
rendent pas toujours au terme de leur programme.
La question est de savoir comment l'apprentissage professionnel se répercute au niveau
communautaire. La formation est-elle un bien public? Le transfert se produit le plus fréquemment dans le
secteur du bénévolat, lequel n'est pas toujours reconnu. Les collèges et leurs collectivités s'intègrent
très bien, mais cela n'est ni reconnu ni financé.
Conclusion :
Les universités sont financées pour faire de la recherche technologique tandis que les collèges
communautaires ne le sont pas. L'innovation est donc un enjeu technologique, par opposition
à
un enjeu social. En bout de compte, la question de l'innovation sera importante et il y aura une
augmentation de l'innovation sociale. Dans la société actuelle, nous allons devoir aller au-delà
de l'aspect technique et commercial de l'innovation vers l'« innovation novatrice ».
Tony Fuller présente deux conceptions simples du développement communautaire (DC). La première
concerne l'idée de DC officieux lorsque les efforts de nombre de citoyens de milieux divers avec
une formation professionnelle générale contribuent à la société de plusieurs manières qui
résulte dans le DC (gradualisme ou incrémentalisme). L'autre est la notion de DC officiel,
lorsque la formation sur le développement rural donne des leaders et des spécialistes externes
qui engagent les collectivités dans le DC intentionnel.
Le DC est un problème tellement complexe. Il n'est pas possible de tirer des conclusions ou de créer
une formule. Nous devons retourner au modèle des CC et voir les différences qui existent. La
plupart des interventions se produisent d'une manière appliquée. Quels types de cours abordent
les différentes compétences?
Il serait intéressant de rencontrer les agents de l'Association nationale de développement économique
communautaire et voir ce qu'ils font.
Les collectivités ignorent souvent quels réseaux existent. Les collèges communautaires pourraient jouer
un rôle critique dans l'éducation des citoyens à propos des réseaux et des ressources.
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OBSERVATIONS FINALES
Professeur Tony Fuller
Université de Guelph
Les six groupes de réflexion ont permis de définir trois thèmes convergents et de soulever diverses
questions devant être étudiées. Il est rare que ces séances permettent de tirer des conclusions finales, mais
si elles sont réussies, elles génèrent un débat. Les trois thèmes convergents sont les valeurs rurales, la
mesure du développement rural et la complexité grandissante de nos systèmes ruraux.
Valeurs Rurales
Les valeurs sont des convictions profondes reflétant les fondements généraux et les croyances sociales
de la société. Ce sont des indicateurs utiles de ce qui compte pour les gens et permettent d'évaluer ce
qui est « important au moment présent ». Les valeurs sont personnelles, mais touchent le domaine
public. Elles peuvent être particulièrement importantes pour les politiques publiques si elles sont mal
comprises ou sous-estimées. Cela s'explique par le fait que les valeurs, par leur nature, sont sources de
conflits dans un sens collectif, car elles sont souvent contestées et peuvent
être sujettes au contrôle
social et à la pression publique. De plus, compte tenu du fait que les valeurs peuvent varier en fonction
de l'âge, du sexe, de l'endroit et de l'environnement social, il est difficile, voire dangereux, de les
généraliser. Compte tenu de la complexité qui entoure les valeurs, il importe de s'interroger sur la
mesure dans laquelle elles devraient faire l'objet de recherches et de débats stratégiques.
Malgré cette complexité, les valeurs ont régulièrement été soulevées lors des séances de réflexion. Elles
ont été exprimées en termes de biens, en relation avec des modes de vie durables et dans le cadre de
l'intérêt renouvelé pour les « terres » en tant qu'élément primordial des régions rurales. L'observation qu'il
importe de faire ici est que les valeurs sont utiles aux divers débats stratégiques. Cette émergence - la
volonté d'inclure les valeurs dans les activités de recherche et les débats stratégiques - est une étape
importante, une volonté d'aborder la complexité de diverses façons.
Finalement, les séances de réflexion ont permis de noter que certaines valeurs sont communes. De
nombreuses personnes estiment que l'aspect « rural » a une valeur particulière dans la société, la plupart
des gens estiment grandement la « santé », et l'« agriculture et la ferme familiale » sont toujours considérées
comme d'importantes valeurs sociales au Canada. Dans ce cadre, les valeurs exercent une influence
conjointe. Dans un cadre plus précis, les valeurs personnelles risquent plus de créer des conflits au sein de
la communauté rurale. Même si elles sont difficiles à mesurer, les valeurs, peu importe le degré, contribuent
réellement à la complexité de la vie rurale et doivent être prises en compte dans le processus d'élaboration
des politiques.
Mesure du développement rural
La « mesure » fait depuis longtemps l'objet de débats dans le cadre du développement rural. Les faibles
densités de population et l'absence générale de statistiques sur les régions rurales sont des obstacles de
longue date. Dans le contexte des séances de réflexion, la question de la mesure a été soulevée car on
craignait que les mesures standard de la « croissance », du « rendement », du « progrès » et du
« développement » soient trop restrictives pour permettre de bien comprendre la véritable nature des valeurs
et des conditions rurales.
Cette déception quant à la « pauvre » mesure ne cesse de s'intensifier depuis un certain temps, et s'illustre
habituellement par l'intérêt manifesté pour la mesure qualitative des conditions de vie rurales. Comme c'est
le cas avec de nombreuses nouvelles idées, la majeure partie de la volonté de bouger provient du monde
en voie de développement, où il n'existe pratiquement pas de statistiques démographiques et où les
conditions sont telles que les mesures standard comme le revenu et les biens matériels sont très souvent
sans pertinence. On parle beaucoup de la « qualité de vie », en particulier en milieu rural, mais l'entente sur
ce que cela signifie et la façon dont on peut en tenir compte est très faible. Comment calculer, évaluer et
mesurer les facteurs intangibles de la vie dont nous commençons à tenir compte, ou concevoir des moyens
applicables à un grand nombre de personnes ? C'est dans ce sens que les valeurs comme la « spiritualité »
prennent une importance grandissante dans le développement des communautés rurales de l'ouest.
Complexité
Cette série de groupes de réflexion a confirmé la prise de conscience grandissante que le Canada rural,
contrairement à son image bucolique et simple, est en réalité très complexe. L'association étroite et
inextricable entre la majeure partie des activités rurales et l'environnement illustre une interface dont les
agriculteurs et d'autres personnes sont conscients, et ne représente généralement que le point de vue du
contrôle et de la gestion. Le fait de prendre en compte les biens ruraux incluant l'environnement, de vivre
au Canada rural, de se débrouiller dans les régions rurales et de déterminer comment les « terres »
devraient être utilisées à des fins publiques et privées illustre combien il est difficile d'évaluer et de mesurer
les questions « complexes » et de prendre des mesures connexes. La combinaison de questions publiques
et privées, la nature sectorielle « silo » des organismes gouvernementaux et de leur nombreux paliers de
responsabilité, compliquent encore plus l'examen des questions rurales. Le résultat est que nous abordons
de plus en plus de petites parties gérables afin de rendre compte et de faire état de « progrès » alors qu'en
fait, nos actes sont souvent dommageables pour l'ensemble. Nous reconnaissons que « l'ensemble » est
complexe, c'est-à-dire que les régions rurales sont un système dynamique complexe, en perpétuel
changement et prenant des formes nouvelles et inattendues, mais notre capacité de faire face
à cette
complexité est très limitée, surtout en matière de stratégie. Nous préférons les abstractions qui représentent
la simplicité, alors qu'en réalité nous devrions tirer avantage du fait de prendre la complexité au sérieux.
Une première étape positive dans cette direction consiste à discuter des idées les plus récentes et les plus
intéressantes, ce qui nous permettra de savoir ce que nous ignorons et de trouver des réponses aux
questions stratégiques qui ne sont pas toujours simples. Les groupes de réflexion sont un bon point de
départ. Adopter une attitude positive, mesurer les progrès autrement que par le PIB et aborder la question
« rurale » comme un tout complexe et riche de biens sont trois idées méritant un examen plus approfondi.
1Dans la société d'arène, les fonctions des commnautés changent et la direction des nouvelles activités sont
mal comprises. Elles sont complexes et superposées sur une infrastructure traditionelle, mettant en cause le
maintien et l'identification des responsabilités au niveau du partage des frais et la mise
à jour des collectivités
(Fuller, 1994).![Retourner](/web/20061210062757im_/http://www.rural.gc.ca/images/up.gif)
2 Codirecteur, Arkleton Centre for Rural Development Research
à la University of Aberdeen, Écosse, et
actuellement membre du RUPRI, 2002, sis au Rural Policy Research Institute, University of Missouri-Columbia, É.-U.
![Retourner](/web/20061210062757im_/http://www.rural.gc.ca/images/up.gif)
3 On entend ici au moins une certaine similitude avec une ou plusieurs des multiples conditions climatiques que l'on rencontre dans le vaste territoire de l'Ontario.
![Retourner](/web/20061210062757im_/http://www.rural.gc.ca/images/up.gif)
![En haut de la page](/web/20061210062757im_/http://www.rural.gc.ca/images/up.gif)
Annexe 1
Séries de groupes de réflexion: Réféchir sur le Canada rural
Liste de présentateurs
BENDER, Brian, Agent principal de projet, Initiative rurales et éloignées, Association des
collèges communautaires du Canada, Ottawa, ON
BROCKIE, Emily, Étudiante de 2ieme cycle, École d'aménagement de l'environnement et du
développement rural, Université de Guelph, Guelph, ON
BOLIN, Barbara, Collège Sir Sandford Flemming, Haliburton, ON
BRYDEN, John, École des ressources, de l'environnement et de la société, Université
d'Aberdeen, Aberdeen, Royaume-Uni
COLMAN, Ronald, Directeur exécutif, Indice de progrès véritable - Atlantique, Halifax, N-É
COTE, Ethel, College d'Alfred, Alfred, ON
DOUGLAS, David, École d'aménagement de l'environnement et du développement rural,
Université de Guelph, Guelph, ON
GORDON, Todd, Consultant, Guelph, ON
HEROLD, Marni, Consultante, Tavistock, ON
JOHNSON, Lynden, Conseiller spécial, Initiative rurales et éloignées, Association des collèges
communautaires du Canada, Ottawa, ON
KAYE, Kathleen, Coordinnatrice de projet, Secrétariat rural, Guelph, ON
McNAMARA, Trish, Focus Consulting (consultante)
SINGH, Naresh, Conseiller principal, Bureau du développement des politiques, Programme des
Nations Unies pour le développement, New York, NY
PLETSCH, Carolyn, Directrice générale, Institut ontarien de formation en agriculture, Guelph,
ON
REGERH, Sheila, Directrice, Conseil national du bien être social, Ottawa, ON
ROBERTSON, Mary, Conseil ontarien des affaires rurales, Guelph, ON
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Annexe 2
BIBLIOGRAPHIE
BRYDEN, J. Rural Change in a Northern & North-Western European Context. Report prepared
for the Peripheral Regions Workshop (Rapport de la conférence sur les régions périphériques),
Montréal, Canada, 11-13 Octobre, 2001.
CUMMINGS, Harry and Associates, Elgin, Middlesex and Oxford County Area Agricultural
Sector Assessment study, Novembre 2000.
FULLER, A. M. (Ed.), «Farming and the Rural Community in Ontario: An Introduction», Toronto,
ON: Foundation for Rural Living, 1986.
FULLER, A. M., «Sustainable Rural Communities in the Arena Society», dans BRYDEN, J. M.,
«Towards Sustainable Rural Communities», Guelph, ON: University School of Rural Planning
and Development, University of Guelph, 1994, pp. 133-39.
FULLER, Tony., and NICHOL, Paul, Dynamics of the New Rural Economy: An Exploration of
Community-Sponsored Research from Huron County, Guelph, ON: University of Guelph, 1999.
MAHÉ, L.-P., ORTALO-MAGNÉ, F., Politique agricole un modèle européen. Presses de
Sciences Po, Paris, 2001.
SNOW, L. K. «The Organization of Hope: A Workbook for Rural Asset-Based Community
Development», Chicago, IL: ACTA Publications, 2001.
TERLUIN, I.J. and J.H. POST, eds, Employment dynamics in rural Europe. Wallingford, Oxon:
CABI Publishing, 2000.
WIETFELDT, R., «Attitudes of Farmer's Unions Towards Part-Time Farming - Implications for
Rural Policy», dans FULLER, A. M. et MAGE, J. A. (Eds.), «Part-time Farming: Problem or
Resource in Rural Development», Guelph, ON: Department of Geography, University of
Guelph, 1976, pp.207-212.
Recensement de 1996 : Activités sur le marché du travail, profession et industrie, lieu de travail,
mode de transport pour se rendre au travail et travail non rémunéré,
Diffusé sur Le Quotidien
par Statistiques Canada, le 17 mars 1998.
Lien : http://dissemination.statcan.ca/Daily/Francais/980317/q980317.htm
Partenariat rural canadien, Dialogue rural : Conférence rurale régionale 2001 de l'Ontario, En
vue d'un programme d'action commun à l'intention du milieu rural en Ontario, North Bay
(Ontario) du 26 au 28 août 2001.
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