2006-11-10 | Volume 19 Numéro 16 | ISSN 1494-1813 | N° d'AAC 2081/F

Australie : situation et perspectives des légumineuses et des cultures spéciales

L'Australie est un des principaux concurrents du Canada sur les marchés internationaux des pois secs, des lentilles et des pois chiches.  Selon les estimations pour 2006 2007, la sécheresse devrait ralentir considérablement la production australienne de pois secs et de lentilles, et fournir, par le fait même, un plus grand nombre d'occasions commerciales pour les exportateurs canadiens.  Toutefois, la production australienne de pois chiches devrait connaître une forte croissance, ce qui intensifiera la concurrence pour les exportateurs canadiens.  Il y a une forte expansion des superficies australiennes ensemencées de pois chiches, et les principales zones de culture de ces légumineuses ont reçu plus de précipitations que les zones de culture des autres légumineuses.  Le présent numéro du Bulletin bimensuel examine la situation et les perspectives des légumineuses et des cultures spéciales en Australie.

La plupart des superficies réservées à la culture des légumineuses sont généralement ensemencées en juin, c'est-à-dire durant l'automne australien.  Les légumineuses poussent durant l'hiver et sont habituellement récoltées  en novembre et en décembre.  Par contre, la production de haricots secs et de graines de tournesol se fait en été.  En Australie, les rendements de la culture de légumineuses et de cultures spéciales varient énormément, selon l'abondance et la fréquence des précipitations dans les zones de culture.

2006-2007 : sécheresse et état des cultures

Pour la campagne agricole 2006-2007, les niveaux des précipitations tombées sur les légumineuses d'hiver pendant la période de croissance critique de juin à octobre ont été très inférieurs à la moyenne et, à certains endroits, les plus faibles jamais enregistrés, sauf au Queensland central et dans certaines zones de la Nouvelle Galles du Sud.  La situation a été exacerbée par des températures bien au-dessus de la moyenne, conjuguées à des périodes de vents forts et de gel en septembre et octobre dans certaines régions de production du Sud.  Plusieurs champs de légumineuses n'ont pas été pas récoltés, les plantes étant trop courtes ou n'offrant qu'un piètre rendement.  Ils ont plutôt servi de pâturage ou ont été fauchés pour faire du foin ou encore, desséchés pour contrôler la croissance des mauvaises herbes.

La récolte de 2006-2007 a commencé plus tôt qu'en temps normal à cause de la sécheresse et des températures anormalement élevées, certains champs au Queensland et du nord de la Nouvelle Galle du Sud ayant été récoltés dès la mi-octobre.

Lupin

Le lupin représente la plus importante culture de légumineuses en Australie.  Ce pays produit deux types de lupin : le lupin à feuilles étroites et le lupin blanc (lupinus albus).  La plupart des années, le lupin à folioles étroites compte pour plus de 95 % de la production.  Les principales zones de culture se situent en Australie-Occidentale  et, de façon moins importante, dans la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie-Méridionale et à Victoria.  Pour 2006-2007, on s'attend à une baisse du volume produit, qui passera de 1,08 million de tonnes (Mt) en 2005-2006 à seulement 0,25 Mt en raison d'une réduction des superficies ensemencées  et d'une baisse des rendements imputable à la sécheresse dans les principales zones de culture.

En général, environ la moitié de la production australienne de lupin est destinée à la consommation intérieure,  et l'autre moitié est exportée.  Le lupin sert surtout à l'alimentation animale, mais est aussi utilisé, dans une moindre mesure, pour nourrir les poissons des bassins d'élevage en aquaculture et pour l'alimentation humaine.  Les exportations sont surtout destinées à l'Union européenne (UE), particulièrement les Pays-Bas et l'Espagne, et aux pays de l'Asie de l'Est, notamment la Corée du Sud et le Japon.  Dans le marché de l'alimentation animale de l'UE, le lupin australien fait concurrence, dans une certaine mesure, aux pois secs du Canada.  Dans les marchés de l'Asie de l'Est, les pois secs canadiens pourraient rivaliser avec le lupin australien.  For 2006-2007, on s'attend à un déclin du volume des exportations de lupin, qui passera de 536 000 tonnes (t) en 2005-2006 à seulement  41 000 t.  La contraction des exportations australiennes devrait contribuer à la hausse des exportations canadiennes de pois secs destinées aux marchés de l'alimentation animale de l'UE.

Pois secs

Les pois secs sont surtout cultivés en Australie-Occidentale et en Australie-Méridionale, mais aussi, à moins grande échelle, à Victoria et en Nouvelle-Galles du Sud.  Environ 90 % des pois secs australiens sont des pois « dun », mais le pays produit aussi des pois jaunes, des pois verts et des pois perdrix.  Les pois dun ont un tégument brun verdâtre et un cotylédon jaune.  Pour 2006-2007, bien que la superficie ensemencée ait augmenté, on s'attend à une baisse de la production, qui passerait de 478 000 t (2005-2006) à 206 000 t en 2006-2007 en raison du déclin marqué des rendements causé par la sécheresse.

Les pois secs australiens sont essentiellement destinés aux marchés alimentaires de l'Inde et d'autres pays de l'Asie du Sud, où ils font concurrence aux pois jaunes canadiens.  Au pays, ils servent surtout à l'alimentation animale et à l'ensemencement.  Pour 2006-2007, on prévoit une baisse des exportations australiennes, dont le volume devrait passer de 215 000 t (2005-2006) à seulement 73 000 t.  Cette situation devrait favoriser la hausse des exportations canadiennes de pois jaunes vers l'Inde et d'autres pays de l'Asie du Sud.

Pois chiches

L'Australie produit surtout des pois chiches desi et, en quantité moindre, des pois chiches kabuli.  Les principales régions de production sont la Nouvelle-Galles du Sud,  le Queensland et Victoria.  Pour 2006-2007, le volume produit devrait pratiquement doubler pour atteindre 239 000 t en raison de l'ensemencement de zones beaucoup plus vastes et de rendements presque normaux, les principales zones de culture des pois chiches bénéficiant de meilleures conditions d'humidité que celles qui sont réservées à la culture d'autres types de légumineuses.

Les pois chiches de l'Australie sont surtout exportés vers les marchés alimentaires de l'Inde, du Bangladesh et d'autres pays de l'Asie du Sud, où ils se disputent le marché directement avec les pois chiches desi et kabuli du Canada, et, indirectement, avec les pois jaunes canadiens, parce que ceux-ci peuvent servir de produit de remplacement des pois chiches dans les marchés où les prix sont plus bas.  Pour 2006-2007, les prévisions indiquent que les exportations australiennes progresseront de 26 % pour s'élever à 225 000 t, ce qui devrait rendre la concurrence plus serrée pour les exportateurs canadiens.

Féveroles et féveroles à gros grains

Les féveroles et les féveroles à gros grains (gourganes) appartiennent à la même espèce, la différence entre les deux résidant dans la grosseur des grains.  La production de féveroles est beaucoup plus importante que celle des féveroles à gros grains.  Les féveroles sont généralement cultivées en Australie-Méridionale, à Victoria et en Nouvelle-Galles du Sud, tandis que les féveroles à gros grains sont surtout produites en Australie-Méridionale et à Victoria.  Pour 2006-2007, on s'attend à un brusque recul du volume produit, qui devrait passer de 359 000 t  (2005-2006) à 141 000 t, en raison d'une réduction de la superficie ensemencée et d'une diminution considérable des rendements imputable à la sécheresse.

Les féveroles australiennes sont exportées en grande partie vers les marchés alimentaires de l'Égypte et d'autres pays du Moyen-Orient, où elles font concurrence aux féveroles canadiennes.  Les féveroles à gros grains sont exportées au Moyen-Orient et dans des pays de l'Asie du Sud-Est.  Selon les prévisions, le volume des exportations australiennes chutera, passant de 220 000 t (2005-2006) à seulement 50 000 t en 2006-2007, ce qui pourrait contribuer à la hausse des exportations canadiennes de féveroles au Moyen-Orient.

Lentilles

Pratiquement toutes les lentilles produites par l'Australie sont des lentilles rouges.  Les lentilles sont surtout cultivées en Australie-Méridionale et à Victoria.  Pour 2006-2007, le volume de la production devrait fortement décliner, passant de 210 000 t (2005-2006) à seulement 66 000 t,  car l'expansion de la superficie en culture n'a pas suffi à compenser l'importante baisse des rendements due à la sécheresse.

Les exportations australiennes de lentilles sont essentiellement destinées aux marchés alimentaires de l'Asie du Sud et du Moyen-Orient.  Elles devraient chuter, passant de 200 000 t (2005-2006) à seulement 55 000 t en 2006-2007.  En conséquence, la concurrence sera moins grande pour les exportateurs canadiens de lentilles rouges.

Graines de tournesol

Parmi les cultures spéciales, seules les graines de tournesol sont produites en quantités substantielles en Australie.  Presque toute la production de graines de tournesol, dont la culture est estivale, se fait en Nouvelle-Galles du Sud et dans le Queensland.  Plus de 90 % des graines de tournesol produites en Australie sont de type oléagineux et le reste est utilisé en confiserie.  Pour 2006-2007, la production ne devrait que légèrement augmenter pour s'établir à 100 000 t, car la diminution des rendements neutralise en grande partie les résultats de l'accroissement de la superficie en culture.

Les graines de tournesol d'Australie servent principalement à la consommation intérieure.  On en exporte de faibles volumes surtout dans des pays de la région du Pacifique Sud et du Sud et de l'Est de l'Asie.

Autres légumineuses et cultures spéciales

L'Australie produit aussi plusieurs autres types de légumineuses et de cultures spéciales en petites quantités, notamment :

 (1) légumineuses - des haricots secs (surtout des ambériques, mais aussi des haricots adzuki et des petits haricots blancs) et des vesces, et (2) cultures spéciales - des graines de carthame, des graines de l'alpiste des Canaries et du millet.  Les volumes annuels approximatifs de production de ces cultures sont les suivants : haricots secs : 45,000 t, vesces : 25 000 t, graines de carthame : 40 000 t, graines de l'alpiste des Canaries : 5 000 t, et millet : 40 000 t.

La plupart des haricots secs de l'Australie sont destinés à l'exportation (environ 40 000 t par année), surtout vers des pays de l'Asie du Sud et de l'Asie de l'Est.  Comme l'Australie exporte surtout des ambériques, elle n'est généralement pas en concurrence avec le Canada pour ces produits.  Les vesces sont réservées à la consommation intérieure et servent généralement à l'alimentation animale.  Les graines de carthame, les graines de l'alpiste des Canaries et le millet sont essentiellement consommés au pays, mais chaque année, l'Australie exporte environ 5 000 t de graines de carthame, surtout dans des pays de l'Asie du Sud et de l'Asie de l'Est, et à peu près 5 000 t de millet dans de nombreux pays d'Asie et d'Europe.

Importations

L'Australie est un petit importateur de légumineuses et de cultures spéciales.  Les quantités annuelles approximatives qu'elle importe s'établissent comme suit : haricots secs,  8 000 t, pois secs, 3 000 t,  lentilles, 1 000 t, et graines de tournesol, 1 000 t.

Échanges commerciaux avec le Canada

En ce qui a trait aux légumineuses et aux cultures spéciales, il y a peu d'échanges entre le Canada et l'Australie.  Le Canada exporte annuellement en Australie environ 2 000 t de haricots secs, 500 t de pois secs, de lentilles et de graines de moutarde respectivement, et importe à peu près 500 t de haricots secs de ce pays.

Avantage sur le plan du transport

Les exportateurs australiens bénéficient d'un avantage énorme par rapport aux exportateurs canadiens, du fait que les superficies cultivées en Australie sont beaucoup plus proches des installations portuaires que ne le sont les emblavures canadiennes.  De plus, tous les ports australiens sont ouverts à l'année.  La proximité des ports réduit les coûts et la complexité des expéditions depuis les zones de production.  En outre, les ports australiens se trouvent à une distance beaucoup moins grande des principaux marchés de légumineuses de l'Asie du Sud et du Moyen-Orient que les ports canadiens.

par M. Stan Skrypetz, Analyste, légumineuses et cultures spéciales

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Bien que la Division de l'analyse du marché assume l'entière responsabilité de l'information présentée dans ce document; elle tient à reconnaître les organismes suivants qui ont contribué à sa préparation : Pulse Australia, Pulse Canada, Direction générale des services à l'industrie et aux marchés (AAC)