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Les influences à niveaux multiples qui s'exercent sur le comportement des enfants canadiens - Mai 2001

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1.1 Introduction

Depuis longtemps, les chercheurs veulent déterminer les variables qui influencent le fonctionnement et le développement des enfants. L'objectif global de notre recherche était d'examiner les influences à niveaux multiples qui s'exercent sur le comportement des enfants. Nous nous sommes notamment intéressés aux répercussions de diverses variables du voisinage et de la famille et variables individuelles sur les comportements des enfants canadiens de 2 à 11 ans qui avaient été signalés par leur mère. Nous avons déterminé le degré de variation dans les comportements des enfants qui se produit au niveau du voisinage, au niveau de la famille et au niveau individuel, afin d'examiner l'influence relative de chaque niveau sur le fonctionnement comportemental. Nous avons retenu quatre comportements (c.-à-d. l'agression physique, l'hyperactivité/inattention, l'anxiété/les problèmes affectifs et les comportements prosociaux) pour examiner les différences possibles dans le degré de variation qu'expliquent les trois niveaux. Enfin, nous avons examiné la corrélation entre un certain nombre de variables du voisinage et de la famille et de variables individuelles et les comportements des enfants.

1.1.1 Effets individuels

Les études précédentes se sont généralement concentrées sur les caractéristiques de l'enfant et de sa famille. L'âge et le sexe sont des variables de niveau individuel qui sont fréquemment intégrées dans les modèles des comportements des enfants. Tremblay et coll. (1996) ont examiné les effets de l'âge et du sexe de l'enfant sur l'agression signalée par la mère à partir des données du premier cycle (1994-1995) de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ). Les résultats ont révélé que les garçons de 4 à 11 ans affichaient des scores plus élevés que les filles à l'échelle de l'agression physique. À mesure que les enfants vieillissaient, l'agression physique diminuait, ce que les auteurs attribuent à des facteurs de socialisation familiaux et environnementaux qui découragent généralement le recours à des actes d'agression physique. Les filles de 4 à 11 ans obtenaient des scores plus élevés que les garçons à l'échelle de l'agression indirecte (p. ex., le commérage, l'exclusion sociale). Les mères signalaient une augmentation de l'agression indirecte jusqu'à l'âge de 7 ans, puis une stabilité relative. Comme l'étude de Tremblay et coll. (1996) est une étude transversale, ses conclusions relatives à l'évolution intra-individuelle au fil du temps sont limitées; cependant, des études longitudinales ont également observé une diminution de l'agression physique chez les filles et chez les garçons entre l'enfance et l'adolescence (p. ex., Brame, Nagin et Tremblay, sous presse; Broidy et coll., 1999; Cairns et Cairns, 1994; Tremblay, 2000). Même si nous disposons de certaines données sur les effets directs de l'âge et du sexe sur les comportements des enfants, ces variables interagissent souvent avec d'autres variables au niveau individuel, au niveau de la famille et au niveau du voisinage pour influencer divers résultats développementaux de l'enfant.

1.1.2 Effets de la famille

De nombreuses recherches ont été menées sur les caractéristiques de la famille qui influencent les comportements des enfants, puisque ceux-ci passent beaucoup de temps dans le contexte familial et qu'un grand nombre de leurs interactions (p. ex., avec l'école) sont gérées par des membres de la famille. Même s'il n'entrait pas dans notre mandat d'examiner les caractéristiques de la famille, nous nous sommes quand même intéressés au Statut socioéconomique (SSE) de la famille, à la pauvreté familiale, à la santé mentale des parents et aux pratiques parentales, parce qu'il s'agit de variables fréquemment examinées qui étaient pertinentes pour notre étude.

Plusieurs études réalisées à partir des données recueillies sur les enfants canadiens lors du premier cycle de l'ELNEJ (Boyle et Lipman, 1998; Tremblay et coll., 1996; Wade, Pevalin et Brannigan, 1999) ont constaté une corrélation entre un SSE familial plus faible et davantage de problèmes chez les enfants, notamment l'agression, les comportements antisociaux, les troubles des conduites et l'hyperactivité. Tremblay et coll. (1996) ont constaté que les enfants de 4 à 11 ans aux niveaux les moins élevés du SSE avaient les scores les plus élevés aux échelles de l'agression physique et de l'agression indirecte. Les garçons affichaient des scores plus élevés que les filles pour l'agression physique à tous les niveaux du SSE, et les différences les plus prononcées entre les garçons et les filles se retrouvaient aux SSE les moins élevés. Les filles, quant à elles, affichaient des scores plus élevés que les garçons à l'échelle de l'agression indirecte à tous les niveaux du SSE, mais les différences entre les sexes demeuraient semblables à tous les niveaux. Des analyses hiérarchiques à deux niveaux (individuel et familial) ont révélé que la variance absolue de l'agression physique et de l'agression indirecte était expliquée par des variables familiales dans des proportions de 38 p. 100 et de 43 p. 100, respectivement. Par ailleurs, la variation totale de l'agression physique et de l'agression indirecte entre les familles augmentait à mesure que le SSE diminuait. Ces résultats signalent que dans les ménages dont le SSE est moins élevé, les facteurs familiaux jouent un plus grand rôle dans les comportements agressifs chez les enfants. Boyle et Lipman (1998) ont également observé que le SSE familial exerçait une grande influence chez les mêmes enfants de 4 à 11 ans de l'ELNEJ. Plus précisément, sur la variance absolue dans les problèmes comportementaux des enfants associés à des variables de la famille et du voisinage (25 p. 100), 18 p. 100 était attribuable au SSE de la famille par rapport à des variables au niveau du voisinage.

Les effets du SSE de la famille ont été démontrés non seulement dans des études transversales comme celles qui s'inspirent de l'ELNEJ, mais également dans des études longitudinales amorcées auprès de jeunes enfants (p. ex., Dodge, Pettit et Bates, 1994; Pagani, Boulerice, Tremblay et Vitaro, 1997). Dodge et coll. (1994) ont suivi un échantillon d'enfants de l'âge préscolaire jusqu'au milieu du cours primaire et ont constaté que le SSE évalué lorsque les enfants étaient d'âge préscolaire était un prédicteur significatif de problèmes prédits d'extériorisation signalés par les enseignants et d'agression signalés par les camarades de la maternelle jusqu'à la troisième année. À l'échelle de l'agression signalée par les camarades, les garçons affichaient des scores plus élevés que les filles. Un faible SSE était également corrélé à une multitude d'autres variables familiales, y compris des mesures disciplinaires plus strictes de la part des parents, une certaine froideur chez la mère et l'exposition à la violence.

Le SSE de la famille semble fortement corrélé à la pauvreté familiale, qui a été reliée à des comportements problèmes chez les enfants. Dans une recension de la littérature, McLoyd (1998) a constaté que les enfants pauvres affichaient des taux plus élevés de problèmes comportementaux que leurs camarades de la classe moyenne, que la pauvreté avait des répercussions plus prononcées sur les problèmes d'extériorisation que sur les problèmes d'intériorisation, et qu'il y avait une corrélation positive entre la durée de la pauvreté et les problèmes comportementaux chez les jeunes. Les effets de la pauvreté sont souvent influencés par des pratiques parentales plus strictes et moins constantes attribuables au stress accru qui s'exerce sur les parents pauvres (Klebanov, Brooks-Gunn et Duncan, 1994; McLeod et Shanahan, 1993; McLoyd, Ceballo et Mangelsdorf, 1997). Par exemple, dans une étude des enfants de 4 à 8 ans, McLeod et Shanahan (1993) ont constaté que les problèmes d'extériorisation signalés par la mère étaient plus nombreux dans les familles pauvres. Cependant, ces effets étaient influencés par les comportements parentaux, et notamment le fait que les mères pauvres infligeaient davantage de punitions physiques à leurs enfants et se montraient moins réceptives sur le plan affectif à leurs besoins de dépendance. On a ensuite observé que chez ces enfants fréquemment punis, les problèmes d'extériorisation sont plus nombreux que chez les enfants moins souvent punis. Des facteurs comme la plus grande probabilité de vivre dans la pauvreté, les responsabilités écrasantes de la monoparentalité, l'exposition accrue à des stresseurs discontinus (p. ex., changements d'emploi, de résidence) et un plus grand isolement social représentent des risques accrus de problèmes de santé mentale, particulièrement chez les parents seuls.

La pauvreté semble reliée non seulement aux pratiques parentales, mais également à la santé mentale des parents (Klebanov et coll., 1994). La dépression parentale est un problème de santé mentale qui a été fréquemment étudié. Selon la communication de Downey et Coyne (1990), par rapport aux enfants d'âge scolaire dont la mère n'est pas dépressive, les enfants dont la mère est dépressive manifestaient davantage de problèmes d'intériorisation et d'extériorisation et présentaient des risques accrus de troubles affectifs. Ces enfants avaient également divers autres problèmes, par exemple des niveaux plus élevés de traitement pour troubles psychiatriques, des déficits plus graves au chapitre de la compétence sociale et scolaire, et des problèmes de santé physique plus importants. La relation entre la dépression maternelle et l'adaptation de l'enfant semble être influencée par les interactions entre la mère et l'enfant. Plus précisément, Downey et Coyne (1990) ont constaté que les mères dépressives consacraient moins d'énergie à leurs interactions avec leur enfant et qu'elles faisaient preuve de plus d'hostilité et de négativité envers lui. Les mères dépressives avaient également tendance à appliquer des techniques plus coercitives et plus punitives pour gérer le comportement de l'enfant. L'une des constatations importantes de la recension de la littérature est que ces difficultés dans les relations entre les parents et les enfants ne sont pas propres à la dépression, mais qu'elles se retrouvent plutôt communément chez les mères en détresse, parce qu'elles ont des problèmes personnels (p. ex., maladie), des difficultés familiales (p. ex., conflit avec le conjoint) ou à cause des caractéristiques du voisinage (p. ex., pauvreté).

On a également observé des liens entre les comportements agressifs chez les enfants et l'agression et/ou l'introversion dont avait fait preuve la mère dans son enfance. Serbin et coll. (1998) ont examiné la transmission intergénérationnelle du risque psychologique dans un échantillon de femmes ayant des antécédents d'agression et/ou d'introversion dans l'enfance. Selon les résultats qu'ils ont obtenus, l'introversion chez la mère lorsqu'elle-même était enfant était un prédicteur significatif du comportement agressif chez ses enfants. L'agression chez la mère lorsqu'elle était enfant avait également tendance à se révéler un prédicteur du comportement agressif chez ses enfants. Il est intéressant de constater que les problèmes comportementaux des enfants signalés par les mères étaient prédits surtout par le niveau de scolarité, les mères moins instruites signalant davantage de problèmes. Les auteurs postulent qu'il est possible que les femmes plus instruites comprennent mieux le développement de l'enfance, aient moins de problèmes psychiatriques (p. ex., anxiété, dépression) et moins de problèmes financiers et de problèmes de soutien social.

1.1.3 Récapitulation

De nombreuses recherches ont été effectuées relativement aux répercussions de la famille sur le fonctionnement et le développement des enfants. Les résultats d'études transversales et longitudinales montrent une corrélation entre un SSE familial peu élevé et divers comportements comme l'agression et les troubles d'inconduite chez les enfants. Le SSE de la famille est également fortement corrélé à la pauvreté, qui se répercute sur les comportements des enfants, particulièrement les problèmes d'extériorisation. On peut déduire de ces recherches que les effets de la pauvreté sur les enfants sont souvent influencés par les pratiques parentales, qui sont plus strictes et moins constantes à cause du stress accru que subissent les parents pauvres. Les effets des problèmes de santé mentale chez les parents (p. ex., la dépression) sur les comportements des enfants sont également souvent influencés par les pratiques parentales, les parents étant moins réceptifs et plus négatifs envers leurs enfants.

1.1.4 Effets du voisinage

Même si la plupart des études qui se sont intéressées aux comportements des enfants ont porté sur les caractéristiques individuelles et familiales, les chercheurs ont commencé récemment à se pencher également sur les variables qui caractérisent l'environnement de l'enfant. Cependant, les études empiriques sur les variables du voisinage demeurent limitées par rapport aux études qui examinent les répercussions des variables individuelles et familiales sur les comportements. Selon Boyle et Lipman (1998), cela s'explique en partie du fait que jusqu'à récemment, il n'y avait pas de méthode statistique appropriée pour analyser des données à niveaux multiples (c.-à-d. le niveau individuel, la famille et le voisinage). Il se peut également que les études précédentes n'aient pas disposé d'information sur le voisinage, parce qu'aucune donnée à ce sujet n'était recueillie. Nous avons également constaté qu'un grand nombre des études qui ont porté sur le voisinage se basaient sur des échantillons composés d'adolescents, peut-être parce que les adolescents ont des interactions plus nombreuses avec le voisinage que les enfants.

Les études qui ont intégré des variables du voisinage à des échantillons composés d'enfants ont constaté un lien entre certains problèmes d'intériorisation et d'extériorisation et des variables du voisinage comme la défavorisation, mesurée en fonction du chômage, de la pauvreté et du peu d'instruction (Boyle et Lipman, 1998; Dubow, Edwards et Ippolito, 1997; Wade et coll., 1999), des logements surpeuplés (Chase-Lansdale et Gordon, 1996), des ménages monoparentaux (Boyle et Lipman, 1998; Shumow, Vandell et Posner, 1998), des voisins à faible revenu (Klebanov et coll., 1994; Shumow et coll., 1998), l'exposition à la violence (Shahinfar, Fox et Leavitt, 2000), et plus de dangers perçus et moins de cohésion sociale perçue (Shumow et coll., 1998). Diverses recensions de la littérature ont montré que les indications les plus systématiques des effets du voisinage se retrouvent chez les enfants d'âge scolaire, que l'influence du voisinage est plus marquée pour des mesures cognitives et des mesures des réalisations que pour des mesures du comportement et de la santé mentale, et que parmi les variables du voisinage les plus communément étudiées, c'est le SSE qui exerce l'effet le plus systématiquement puissant (Duncan et Raudenbush, 1999; Leventhal et Brooks-Gunn, 2000).

En plus de recueillir des preuves des effets directs du voisinage (p. ex., SSE, pauvreté) sur les comportements des enfants, diverses études (Dubow et coll., 1997; Shumow et coll., 1998) ont montré de quelle façon les perceptions du voisinage peuvent influencer cette relation. Par exemple, Shumow et coll. (1998) ont constaté que les perceptions de la mère à l'égard des dangers présents dans le voisinage (p. ex., trafiquants de drogues, gangs, violence) influençaient la relation entre les caractéristiques démographiques du voisinage et les troubles psychologiques et l'inconduite signalés chez les enfants d'âge scolaire. De plus, les perceptions des enfants à l'égard des dangers présents dans le voisinage influençaient la détresse psychologique autosignalée. L'efficacité collective, c'est-à-dire la cohésion sociale et les rapports de confiance entre les voisins, parallèlement au fait que les voisins sont disposés à intervenir pour le bien commun, est une autre variable dont on a constaté qu'elle influence la relation entre les caractéristiques démographiques du voisinage et les comportements. Même si l'on ne dispose pas actuellement de données sur les comportements des enfants, une étude menée par Sampson, Raudenbush et Earls (1997) auprès des adultes vivant dans divers quartiers de Chicago illustre bien l'influence de l'efficacité collective dans la relation entre les risques présents dans le voisinage (p. ex., défavorisation concentrée, concentration d'immigrants, instabilité des résidents) et les crimes de violence. Les résultats montrent qu'il y avait une relation négative statistiquement significative entre la façon dont les voisins perçoivent l'efficacité collective et les crimes de violence, même une fois pris en considération les risques présents dans le quartier.

1.1.5 Récapitulation

À l'heure actuelle, il y a peu de recherches relatives aux répercussions des caractéristiques du voisinage sur le comportement des enfants. Les données accessibles semblent indiquer que c'est le SSE dans le quartier/la pauvreté qui affichent la corrélation la plus forte et la plus systématique avec les problèmes de comportement. Selon d'autres indications, la perception que se font les répondants des dangers et des problèmes présents dans le quartier et leur sentiment de cohésion sociale et de contrôle social informel peuvent influencer les effets des caractéristiques objectives du voisinage. Par rapport à l'influence des familles, l'influence de voisinage est généralement faible ou modérée. Dans une étude se basant sur les données recueillies dans le cycle de 1994-1995 de l'ELNEJ, Boyle et Lipman (1998) ont constaté que la variance absolue dans les problèmes de comportement des enfants de 4 à 11 ans qui était expliquée par un modèle à deux niveaux comportant des variables du voisinage et de la famille était de 25 p. 100. Cependant, seulement 7 p. 100 de cette variance s'expliquait par les variables du voisinage (c.-à-d. le chômage, le faible revenu, le faible niveau de scolarité et la monoparentalité), tandis que 18 p. 100 s'expliquait par des variables de la famille (p. ex., pauvreté, monoparentalité, faible SSE et enfants plus nombreux dans la famille). L'étude de Leventhal et Brooks-Gunn (2000) concluait également que les variables du voisinage représentent approximativement entre 5 et 10 p. 100 de la variance dans les résultats développementaux des enfants et des adolescents.

1.1.6 L'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes

Comme il est important de comprendre les variables du voisinage et de la famille et les variables individuelles qui influencent les comportements des enfants, Développement des ressources humaines Canada a lancé une Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ) qui suivra jusqu'à l'âge adulte un échantillon représentatif composé d'enfants canadiens de la naissance à 11 ans, et qui recueillera des données sur eux tous les deux ans. L'objectif consiste à constituer une base de données nationales sur les caractéristiques des enfants et leur vécu depuis la petite enfance jusqu'à l'âge adulte, qui servira à l'analyse des politiques et à l'élaboration des programmes. Notre étude s'est inspirée des données du premier cycle de l'ELNEJ (1994-1995) pour examiner les répercussions des variables du voisinage et de la famille et des variables individuelles sur les comportements des enfants canadiens de 2 à 11 ans. À l'instar de Boyle et Lipman (1998), qui ont utilisé ces mêmes données, nous avons exploré les effets qu'exercent des variables au niveau de l'enfant, au niveau de la famille et au niveau du voisinage sur tout un éventail de comportements, notamment l'agression physique, l'hyperactivité/inattention et l'anxiété/les problèmes affectifs. Nous avons élargi la portée de notre étude en tenant compte des comportements prosociaux sains (p. ex., gestes d'obligeance, coopération, encouragement des autres), en y intégrant des données concernant les enfants de 2 à 3 ans et en utilisant des mesures du voisinage subjectives aussi bien qu'objectives.

La définition opérationnelle du « voisinage » que nous avons retenue est un élément important qui distingue notre étude de celle de Boyle et Lipman (1998). Ces auteurs ont eu recours aux secteurs de dénombrement (SD), c'est-à-dire les unités géographiques les plus petites pour lesquelles on peut facilement saisir des données du recensement. Chaque SD compte au moins 375 ménages dans les grandes régions urbaines et au moins 125 ménages dans les régions rurales. Notre étude, quant à elle, repose sur des voisinages définis selon les secteurs de recensement utilisés aux fins du Recensement de 1996 de Statistique Canada, qui constituent des secteurs plus vastes que les SD. Étant donné la petite taille des SD, il est arrivé souvent que l'étude de Boyle et Lipman (1998) utilise des données concernant un ménage ou quelques ménages seulement. Si on recourt à des variables multiples de la famille et du voisinage pour décrire ces SD particuliers et examiner les interactions entre les variables, on commet de nombreuses erreurs de mesure. Des analyses reposant sur des secteurs aussi limités confondent les effets au niveau de la famille et les effets au niveau du voisinage, de sorte qu'il est difficile de distinguer leurs répercussions relatives.

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Mise à jour :  2006-01-26 haut Avis importants