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Végétaux > Biotechnologie / VCN > Millieu confiné > Essais au champ  

Essais au champ en conditions confinées de canola colza : Révision des conditions particulières
(le 10 septembre 2003)

Compte rendu de l’atelier


Sommaire

Le Bureau de la biosécurité végétale (BBV) de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a tenu un atelier d’une demi-journée afin de réviser les conditions particulières s’appliquant aux essais au champ en milieu confiné de canola colza (Brassica napus) énoncées dans sa Directive 2000-07 (Dir2000-07), La conduite d’essais au champ en conditions confinées de végétaux à caractères nouveaux au Canada. Se trouvaient parmi les participants des représentants d’organismes fédéraux, d’associations de producteurs et de commerçants et de milieux académiques.

Le présent rapport se veut un compte rendu exact des délibérations de l'atelier. Aussi, les vues et les opinions personnelles exprimées par les participants durant l'atelier ont-elles été incluses dans le présent rapport, mais le lecteur est prié de noter que ces vues et opinions ne reflètent pas nécessairement celles de l'ACIA. De plus, il faut savoir que la réunion plénière n'avait pas pour objet de faire le consensus parmi les participants, mais plutôt de leur donner l'occasion de partager leurs expériences, leurs opinions, leurs commentaires et leurs recommandations.

L’atelier a pris la forme de discussions de groupe sur des questions préparées d’avance par le BBV. Le BBV voulait connaître l’avis des participants et leurs préoccupations concernant les conditions actuelles qui s’appliquent aux essais au champ en milieu confiné de canola colza. Le BBV voulait discuter en particulier des méthodes d’isolement reproductif, de la dormance des graines de canola colza, de la compatibilité sexuelle entre le Brassica juncea, leBrassica napus, le Brassica rapa et les espèces sauvages apparentées ainsi que de la viabilité des graines de canola colza à divers stades de développement. Le BBV souhaitait également dégager les éventuels problèmes de gestion des plants spontanés de canola colza apparaissant dans les années suivant la récolte des cultures expérimentales et repérer les nouveaux outils pouvant être utilisés à cette fin.

Les participants étaient d’avis que dans le cas des essais au champ en milieu confiné à faible risque, une augmentation de la distance réglementaire d’isolement reproductif entraînerait des coûts trop élevés pour la faible atténuation des risques obtenue en contrepartie. Par contre, pour les essais au champ en milieu confiné à risque élevé, notamment les essais au champ de VCN pour la moléculture végétale, il y aurait peut-être lieu d’imposer des mesures d’isolement reproductif plus rigoureuses, par exemple, augmenter la distance minimale d’isolement ou exiger un plan intégré d’isolement reproductif.

De même, on gagnerait peu à augmenter la profondeur réglementaire des rangs de garde, puisque au-delà de 10 mètres, le transport de pollen du B. napus de la parcelle d’essai au B. napus non modifié des rangs de garde est négligeable. Les participants étaient d’avis que la Dir2000-07 doit être plus précise en ce qui concerne le périmètre de garde. Il faut souligner que la version révisée de la Dir2000-07 (mise à jour le 17 octobre 2003) contient plus d’information à cet égard.

Certains ont exprimé une réserve par rapport à l’incorporation au sol des résidus du VCN, voyant dans cette pratique un risque accru d’induire la dormance secondaire des graines. Afin de réduire ce risque, il a été recommandé de récolter tout matériel végétal apte à la multiplication, lorsque cela est possible. Après la récolte, les résidus doivent être incorporés au sol à l’aide d’un instrument agissant en surface, de manière à ce qu’ils ne puissent être facilement dispersés par le vent ou la faune tout en défavorisant la dormance des graines.

Les données scientifiques disponibles et l’expérience pratique acquise démontrent que les conditions actuelles énoncées dans la Dir2000-07 pour les essais au champ en milieu confiné de canola colza sont adéquates. Les participants s’entendent pour dire que des études plus poussées sur la biologie du canola colza sont nécessaires, en particulier sur la dormance des graines de l’espèce, la dispersion du pollen et le potentiel d’hybridation. Tel que précisé dans le résumé des discussions de groupe pour la deuxième question (Q2), le Sinapis arvensis (moutarde des champs) sera rayé de la liste des mauvaises herbes ne devant pas se trouver dans le périmètre d’isolement des parcelles d’essai de canola colza prescrit par la Dir2000-07. Le BBV prendra en considération, dans sa révision des conditions s’appliquant aux essais au champ en milieu confiné de canola colza, l’information apportée par les participants de même que leurs recommandations.

Q1. Y a-t-il des données nouvelles sur la biologie du canola colza, publiées récemment ou en cours de préparation pour la publication, qui seraient pertinentes aux conditions d’essai au champ en milieu confiné?

Robert H. Gulden vient de terminer sa thèse de doctorat à l’Université de Saskatchewan sur la dormance secondaire des graines et l’écologie du réservoir de graines du Brassica napus L. dans l’Ouest du Canada (thèse intitulée « Secondary seed dormancy and the seedbank ecology of Brassica napus L. in Western Canada »). Ses recherches ont révélé que i) dans certaines exploitations, il est possible d’atténuer l’accroissement du réservoir de graines du B. napus avec de pratiques de récoltes plus vigilantes; ii) on peut réduire la persistance du réservoir de graines du B. napus en cultivant des génotypes à faible potentiel de dormance et en prévenant l’enfouissement de graines l’année suivant l’établissement des semis issus du réservoir; iii) l’acide abscissique (AA) et l’abscissate de glucose (ABA-GE) ainsi que la capacité de réaction des graines à l’application d’acide abscissique après induction de la dormance pourraient peut-être servir d’indicateurs du potentiel de dormance des graines de l’espèce (voir Gulden, 2003).

Les conditions actuelles s’appliquant spécifiquement au B. napus précisent que « les graines ou tout autre matériel végétal apte à la multiplication issus des essais de recherche au champ en conditions confinées doivent être récoltés à moins d’une autorisation du BBV. Les plantes du VCN doivent être récoltées avant leur maturité complète, afin de réduire au minimum l’égrenage sur pied des siliques et la dispersion des graines. » Cette directive a pour but de réduire le réservoir de graines dans le sol et, du fait, d’atténuer les problèmes soulignés ci-dessus.

Beckie et coll. (2001, 2003), Hall et coll. (2002) ainsi que Warwick et coll. (2004) ont publié des articles sur l’impact des cultures résistantes aux herbicides sur la production agricole au Canada. D’après ces auteurs, le pollen du B. napus peut être dispersé jusqu’à 800 m. On trouve dans Beckie et coll. (2003) un tableau résumant les résultats de toutes les études publiées sur le flux pollinique des cultures de canola colza. Dans un rapport sur le canola colza génétiquement modifié en Australie, Phil Salisbury (2002) note que le flux génique d’une petite parcelle d’essai vers un grand champ est sensiblement moindre qu’entre deux grands champs. Une petite parcelle produit moins de pollen qu’un grand champ et, par conséquent, un nuage de pollen moins dense.

Le rôle du BBV est d’atténuer le risque lié à la dissémination dans l’environnement d’un VCN (risque = danger x exposition). Un compromis entre qu’est-ce qui a été établi comme étant un niveau acceptable de flux génique et le coût associé à l’aménagement d’un périmètre d’isolement reproductif important. Pour respecter le niveau de risque jugé acceptable pour les essais au champ d’un VCN donné, l’exposition de l’environnement au caractère nouveau doit être de plus en plus moindre le plus grave sont jugées les conséquences réelles ou potentielles qui en découlent.

Le BBV a fixé à 200 m la distance d’isolement pour les essais au champ en milieu confiné de B. napus. Cette règle est inspirée des recommandations de l’Association canadienne des producteurs de semences (ACPS) pour la production de semences de généalogie contrôlée. Selon les participants, la différence dans la fréquence d’hybridation observée pour des distances d’isolement de 200 m, de 400 m et de 800 m est négligeable (Beckie et al., 2001, 2003). Le BBV reconnaît qu’il peut y avoir des cas d’hybridation au-delà de 200 m; cependant, comme la dissémination du caractère nouveau d’une petite parcelle d’essai à l’environnement est très faible à une distance de 200 m ou plus, la fréquence de ces cas est négligeable. Dans les cas où des produits toxiques sont en cause, la distance d’isolement peut être augmentée afin de réduire encore plus ce risque.

Au Danemark, Christian Damgaard et Gösta Kjellsson du département d’écologie des milieux terrestres de l’institut national de recherche environnementale du Danemark (Danmarks Miljøundersøgelser (DMU)) ont créé un mégamodèle à partir de l’ensemble des données publiées sur le flux génique des essais au champ. Lors de leur étude, ces auteurs ont constaté que pour les cultures dont les conditions de confinement exigent une distance d’isolement de 100 m, qu’un rang de garde de 5 m de profondeur est aussi efficace pour empêcher le flux génique qu’une distance d’isolement de 50 m. Pour les cultures dont la distance d’isolement reproductif est plus importante, un rang de garde de 100 m de profondeur serait l’équivalent d’une distance d’isolement reproductif de 200 m. Les auteurs concluent qu’un périmètre de garde constitue une mesure efficace d’isolement reproductif et peut limiter le transport de pollen (il a été démontré que les rangs de garde limitent dans une certaine mesure la pollinisation par les abeilles). À noter : Les résultats de cette étude n’ont pas encore été publiés mais sont en cours de révision par les pairs en vue de leur publication.

Q2. Existe-t-il de nouvelles données sur la compatibilité sexuelle entre le B. juncea, le B. napus, le B. rapa et les espèces sauvages apparentées dont il faudrait tenir compte dans la définition des conditions d’essai au champ en milieu confiné de canola colza?

Ginette Séguin-Swartz, Hugh Beckie et Suzanne Warwick étudient en Saskatchewan le flux génique entre des populations de B. napus, des cultures commerciales de B. juncea, des cultures commerciales de B. rapa et des repousses spontanées de B. rapa. Les études sur le flux génique du B. napus vers le B. juncea ne sont pas terminées, mais les résultats préliminaires indiquent qu’il est plus élevé dans les premiers 50 m. Des chercheurs ont observé dans l’Ouest canadien un faible flux génique (0,01 %) de cultures commerciales de B. napus vers des cultures commerciales de B. rapa et des repousses spontanées de B. rapa jusqu’à une distance de 240 m (Warwick et al., 2003b). Dans un article récent, Warwick et coll. (2003) mentionnent également des cas d’hybrides de B. napus tolérant aux herbicides et de B. rapa (moutarde des oiseaux) observés au Québec en 2001. Ils ont observé chez les hybrides F1 une diminution de la fertilité (fertilité d’env. 60 %). L’autopollinisation, un caractère du B. napus, a aussi été détecté chez les hybrides F1 résultant. Depuis 2002, Warwick et al étudient la persistance et l’introgression du caractère de résistance aux herbicides chez deux colonies sauvages d’hybrides de B. rapa (Warwick et al., 2004, études en cours). Warwick et coll. (2003) ont aussi publié un article sur l’hybridation entre le Brassica napus L. transgénique et les espèces sauvages apparentées Brassica rapa L., Raphanus raphanistrum L., Sinapis arvensis L. et Erucastrum gallicum (Willd.), dans lequel ils mentionnent qu’aucun hybride interspécifique entre le B. napus et le Sinapis arvensis (moutarde des champs), leRaphanus raphanistrum (radis sauvage) ou l’Erucastrum gallicum (moutarde des chiens) n’a été décelé dans les cultures commerciales de B. napus tolérant aux herbicides.

Plusieurs participants s’interrogent sur la nécessité d’inclure le Sinapis arvensis (moutarde des champs) dans la liste des espèces de mauvaises herbes apparentées qui ne doivent pas se trouver à moins de 50 m d’une parcelle d’essai de B. napus. Bien qu’aucun cas d’hybridation entre B. napus et S. arvensis n’ait été signalé en rapport avec les essais au champ de B. napus (Warwick et al 2003b), le S. arvensis a été ajouté à la liste afin de faciliter le travail du personnel d’inspection. Le S. arvensis est parfois difficile à distinguer de certaines espèces du genre Brassica, ce qui peut rendre les inspections des lieux d’essai très difficiles et laborieuses. Les conditions s’appliquant aux essais au champ en milieu confiné de B. napus exigent une distance minimum d’isolement reproductif de 200 m entre le B. napus et toutes les autres espèces du genre Brassica et de 50 m entre le B. napus et les espèces sauvages apparentées, sauf si d’autres mesures d’isolement reproductif éprouvées ont été prises. On a fait remarquer que s’il est difficile de distinguer le S. arvensis de certaines espèces du genre Brassica, il serait peut-être plus logique de le supprimer dans un périmètre de 200 m plutôt que 50 m autour des parcelles d’essai de B. napus. Le BBV a accepté de rayer le S. arvensis de la liste des espèces à proscrire dans le périmètre d’isolement reproductif des parcelles d’essai de B. napus après 1) consultation du personnel d’inspection à propos de la difficulté de distinguer le S. arvensis de certaines espèces du genre Brassica et 2) examen des données présentées dans l’article de Warwick et coll. (2003). Les participants se demandent également si la distance réglementaire de 50 m entre une parcelle d’essai de B. juncea et des sujets de S. arvensis est suffisante : d’après les recherches courantes de Suzanne Warwick, une distance de 200 m serait peut-être plus appropriée, puisque ces deux espèces sont sexuellement compatibles.

Q3. Parmi les méthodes approuvées pour assurer l’isolement reproductif des parcelles d’essai, lesquelles sont privilégiées et pour quelles raisons? Y a-t-il des changements à apporter aux méthodes approuvées? Y a-t-il moyen de rehausser l’efficacité des rangs de garde? Y a-t-il lieu d’étudier plus avant l’usage de rangs de garde?

Il semble que la plupart des demandeurs choisissent la distance d’isolement ou les rangs de garde (ou les deux à la fois) pour assurer l’isolement reproductif des parcelles d’essai. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte avant d’opter pour les rangs de garde. Les rangs de garde doivent être ensemencés avec des variétés à floraison hâtive, tardive et intermédiaire de manière à ce qu’ils soient en fleurs en même temps que la parcelle d’essai. En cas de défaillance des rangs de garde, le demandeur doit être préparé à ménager la distance réglementaire d’isolement reproductif; sinon, il doit récolter ou détruire la culture expérimentale. Il a également été proposé d’ensemencer les rangs de garde en deux temps pour assurer leur floraison durant toute celle de la parcelle d’essai.

Certains se demandent si un rang de garde de 10 m de profondeur est suffisant pour les essais de B. napus. Les résultats d’études compilés par Beckie et coll.(2001, 2003) montrent des fréquences d’hybridation de 0,19 % à 50 m, comparativement à 1,25 % à la limite entre des parcelles d’essai et des cultures commerciales de B. napus. Certains avancent que d’après leur expérience personnelle, les rangs de garde des parcelles d’essai de B. napus devraient avoir 15 à 20 m de profondeur. Selon une étude de Cuthbert et McVetty (2001), la fréquence d’hybridation demeure à peu près la même à partir de 10 m (donc, elle est à peu près la même à 15 m de la parcelle d’essai qu’à 30 m). Il a été souligné que les rangs de garde ont l’avantage de limiter la pollinisation par les abeilles, mais n’empêchent pas nécessairement la pollinisation par le vent. Cependant, il ne semble pas que le vent intervienne pour une part importante dans la fréquence d’hybridation du B. napus, puisque le pollen de l’espèce est très lourd (ACIA, 2001).

Les participants ont demandé plusieurs précisions sur les rangs de garde.

i Que faut-il entendre exactement par « ouverture ».

Une ouverture est inacceptable si elle dépasse 50 cm ou si elle réduit la largeur du rang de garde en-deçà de 10 m.

ii) Comment amener le matériel agricole dans la parcelle d’essai?

Dans les parcelles d’essai, l’ACIA autorise des ouvertures maximales de 50 cm (à peu près la largeur des pneus) dans les rangs de garde pour le passage des machines agricoles; cependant, les machines ne doivent pas endommager les plantes poussant dans l’intervalle entre les ouvertures. Le demandeur peut également proposer une entrée en chicane.

iii) Quelle distance doit-il y avoir entre le périmètre de garde et la parcelle d’essai?

La distance entre les rangs de garde et la parcelle d’essai ne doit pas être inférieure à 3 m ni supérieure à 10 m.

iv) Qu’est-ce qui est considéré comme une floraison suffisante?

La densité de plantes en fleurs dans les rangs de garde doit être au moins égale à la densité de plantes en fleurs dans la parcelle d’essai.

Les réponses à ces questions se trouvent dans la version mise à jour de la Dir2000-07, La conduite d’essais au champ en conditions confinées de végétaux à caractères nouveaux au Canada.

Des études sont en cours dans des champs de soja afin de recueillir des données sur l’efficacité des rangs de garde en tant qu’outil d’isolation reproductif pour ceux qui utilisent des semences à généalogie contrôlée. Ces essais indiquent que les rangs de garde sont plus efficaces qu’une distance d’isolement pour empêcher le flux génique. En outre, les rangs de garde ensemencés avec la même espèce sont plus efficaces que ceux ensemencés avec une espèce différente. Cependant, le soja est généralement considéré comme essentiellement autogame, tandis que les espèces du genre Brassica sont plutôt perçues comme allogames. Il faudra donc que des études soient réalisées sur les différentes espèces du genre Brassica avant que le BBV puisse se prononcer sur l’efficacité des rangs de garde pour ces espèces et prendre des décisions éclairées à cet égard.

Il a également été question de l’efficacité des sacs et des tentes en filet comme moyens techniques d’isolement reproductif. Les tentes semblent efficaces pour empêcher la pollinisation par les abeilles et les mouches mais non par les insectes plus petits. Elles réduisent également la pollinisation par le vent; en fait, la probabilité que le vent transporte le pollen des plantes sous la tente et que celui-ci pollinise des plantes à l’extérieur est très faible. Il y a lieu cependant d’établir des normes quant à la grandeur d’ouverture des mailles du filet. Les sacs semblent plus difficiles à mettre en place correctement et sont plus fragiles; ils sont par conséquent moins efficaces que les autres moyens d’isolement reproductif. La version révisée de la Directive Dir2000-07 exige du demandeur désirant utiliser des sacs ou des tentes comme moyen d’isolement reproductif des parcelles d’essai qu’il démontre scientifiquement l’efficacité de la méthode d’isolement de son choix.

Il serait peut-être plus rassurant d’avoir deux normes d’isolement reproductif selon le niveau de risque associé à la dissémination du caractère nouveau. Ainsi, les essais au champ de VCN à risque élevé, par exemple certains VCN pour la culture moléculaire, seraient assujettis à des exigences plus strictes d’isolement reproductif que les essais de VCN à faible risque. À l’heure actuelle, pour les essais à risque élevé, le BBV renforce ses exigences ou ajoute des conditions au cas par cas.

Q4. Les repousses spontanées de canola colza dans les années suivant la récolte posent-elles de nouveaux problèmes, ou existe-t-il de nouvelles méthodes de gestion des repousses spontanées permettant de rendre les lieux d’essai conformes aux exigences?

Dans le cadre d’études récentes, Beckie et coll. (2004) ont réalisé des essais en serre afin de déterminer la réaction à différentes doses d’herbicides de trois variétés de canola colza à résistance unique (résistance au glyphosate, au glufosinate et à l’imidazolinone), d’une variété non résistante et de sept lignées expérimentales (doubles ou triples) à résistance multiple. Les sujets ont été traités à plusieurs étapes de leur croissance avec du 2,4-D (amine), du 2,4-D (ester), du MCPA (ester) et de la métribuzine. Les résultats montrent que les sujets à tolérance multiple ont la même sensibilité aux herbicides employés couramment contre les repousses spontanées que les sujets non tolérants ou à tolérance unique. Les repousses spontanées de canola colza, qu’il s’agisse de variétés non tolérantes, à tolérance unique ou à tolérance multiple aux herbicides, doivent être traitées au moment où elles sont le plus vulnérables (deux ou quatre feuilles) afin de réduire leurs effets indésirables sur les cultures et de restreindre la dissémination de leurs gènes.

Q5. Existe-t-il des données récentes sur la dormance des graines de canola colza dont il faudrait tenir compte dans les conditions appliquées aux essais au champ en milieu confiné de l’espèce?

Gulden (2003) a observé une fréquence élevée de dormance secondaire des graines de B. napus au champ. La sélection de semences de phénotype à faible potentiel de dormance secondaire pour les essais au champ en milieu confiné de B. napus serait donc avantageuse, puisqu’elle permettrait de réduire le problème des repousses spontanées.

À l’heure actuelle, le BBV exige pour les essais au champ en milieu confiné de B. napus que les résidus de matière végétale après la récolte soient incorporés au sol de manière à ce qu’ils ne puissent être dispersés par le vent ou la faune. Or, l’incorporation des résidus au sol favorise la dormance secondaire des graines et, par conséquent, augmente la quantité de repousses spontanées le printemps suivant. Une des options adoptées par le BBV pour atténuer cet effet est d’exiger la récolte du matériel d’essais au champ avant la pleine maturité afin d’éviter autant que possible la dispersion des graines. Cependant, il y a des cas où cette option ne convient pas, notamment lorsque le scientifique cherche à recueillir les données requises en vue d’une demande de dissémination en milieu ouvert. En outre, la récolte à l’état vert peut causer l’enrayage du matériel de récolte et, par suite, une plus grande dispersion de matériel végétal au sol. Il faut donc trouver d’autres options pour contrer la dormance secondaire des graines. Les participants sont d’avis que le sens à donner à la directive est le suivant : récolter les semences des parcelles d’essai de manière à réduire au minimum leur dispersion, c’est-à-dire avant la déhiscence des siliques; après la récolte, incorporer les résidus de matière végétale au sol à l’aide d’un matériel travaillant en surface afin d’empêcher qu’ils soient dispersés par le vent ou la faune et de défavoriser la dormance secondaire des graines.

Un nombre croissant d’études indiquent que la dormance des graines de B. napus peut durer jusqu’à cinq ans. Récemment, Légère et coll. (2001) ainsi que Simard et coll. (2002) ont observé des repousses spontanées jusqu’à 4 ans après la récolte dans l’Ouest du Canada et jusqu’à 5 ans dans l’Est). Cependant, les participants ont observé très peu de sujets spontanés dans la troisième année après la récolte et dans les années subséquentes.

Il a été soulevé que la période de cinq ans de restrictions d’utilisation du sol après la récolte qui s’applique aux essais au champ de B. juncea est peut-être exagérée. Il ne semble pas que le B. juncea produise de repousses spontanées. Le BBV attend la publication de données scientifiques avant de songer à modifier les conditions d’essai au champ en milieu confiné de B. juncea.

Q6. Y a-t-il lieu d’adopter une politique à l’égard de la viabilité des graines (à quel stade de développement les graines sont-elles viables)?

Aux termes des conditions actuelles, si une espèce apparentée est décelée dans le périmètre d’isolement reproductif d’une parcelle d’essai ou si des sujets spontanés du VCN portant des siliques bien développées sont décelés sur les lieux d’essai durant la période visée par les restrictions d’utilisation du sol après la récolte, des restrictions supplémentaires sont imposées; par exemple, le périmètre d’isolement peut être inclus dans la zone à surveiller après la récolte, ou la période visée par les restrictions d’utilisation du sol après la récolte peut être prolongée d’un certain nombre d’années.

Il a été proposé de soumettre des graines à divers stades de développement à des essais de germination afin de déterminer à quel stade les graines sont viables. Les résultats pourraient servir à établir une échelle que les responsables des essais et le personnel d’inspection de l’ACIA utiliseraient pour déterminer la présence de graines viables. Une graine est généralement considérée viable lorsque le tégument est formé, ce qui est très difficile à déterminer au champ, puisqu’il faut une loupe pour distinguer le tégument.

Pour l’heure, le mieux est de supposer que toutes les graines, mûres ou non, sont viables et d’agir en conséquence (c.-à-d. imposer des restrictions supplémentaires de surveillance ou d’utilisation du sol après la récolte).

Q7. Y a-t-il d’autres questions concernant les essais au champ en milieu confiné de canola colza qui demandent à être examinées?

Au cours des ans, le BBV a vu diminuer les cas de non-respect des conditions s’appliquant aux essais au champ en milieu confiné de VCN à mesure que les demandeurs devenaient plus familiarisés avec la réglementation. Les cas de non-respect des exigences sont inévitables, puisque l’objet en cause est la biologie des végétaux, domaine où l’imprévu peut toujours survenir, même lorsqu’on applique la plus grande rigueur. Le mieux dans ces circonstances est d’atténuer les risques dans la mesure où cela est possible.

CropLife Canada a mis au point un programme interactif de formation aux essais au champ de VCN et compte mettre sur pied un programme d’accréditation qui exigerait de réussir à un examen. Ce programme pourrait aussi être jumelé aux programmes d’agrément et d’accréditation de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada et de l’Institut canadien des semences (ICS) ainsi qu’à d’autres programmes d’agrément ou d’accréditation des exploitants, classificateurs, etc. Cependant, il n’est pas assuré que le programme d’accréditation de CropLife Canada sera reconnu par le BBV.

Les participants sont d’avis que si le BBV reconnaît ce programme de formation aux essais au champ en milieu confiné, cette formation devrait être suivie non seulement par la personne responsable des essais (le demandeur ou l’agent canadien), mais aussi par toute personne appelée à travailler sur les lieux de l’essai.

Certains représentants de l’industrie ont fait savoir qu’ils souhaiteraient qu’au terme de la période réglementaire de surveillance des lieux d’essai après la récolte, le BBV fasse parvenir un avis écrit au demandeur confirmant qu’il a satisfait à toutes les exigences s’appliquant au lieu d’essai.

Les participants sont unanimes pour dire qu’il est plus utile de réunir un petit groupe d’experts, comme cet atelier, pour discuter des changements à apporter aux conditions s’appliquant aux essais au champ en milieu confiné de VCN, que de tenir de grandes réunions multilatérales. Le BBV compte organiser des ateliers semblables à celui-ci pour l’examen des conditions s’appliquant aux essais au champ en milieu confiné de blé, de luzerne et de cultures vivaces en général.

Liste des participants

Arbuckle, Heather - (ACIA, BBV)

Berg, Gord - (ACIA, Opérations)

Brûlé-Babel, Anita - (Université du Manitoba)

Buth, JoAnne - (Conseil canadien du canola)

Dewar, Denise - (CropLife Canada)

Downey, Keith - (AAC)

Finstad, Kirsten - (ACIA, BBV)

Girard, Cécile - (ACIA, BBV)

Kaminski, David - (Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation du Manitoba)

Macdonald, Philip - (ACIA, BBV)

MacDonald, Rob - (Bayer CropScience)

Marshall, Peter - (Monsanto Canada)

Morris, Shane - (ACIA, Opérations)

Perron, France - (ACIA, BBV)

Preater, Randy - (ACPS)

Thomas, Krista - (ACIA, BBV)

Urbanic, Kevin - (ACIA, Opérations)

Warwick, Suzanne - (AAC)

Références

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Beckie, H.J., Johnson, E., Séguin-Swartz, G., Nair, H., Warwick, S.I. (2004). Multiple herbicide resistant canola (Brassica napus) can be controlled by alternative herbicides. Weed Science 52. Sous presse.

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